Kro Kru Kri Kri. Voilà 22-23 ans que ce bruitage hante mon esprit, la mélodie métallique que faisaient les Transformers, un des dessins animé les plus classe du cosmos. Résumé de l’idée de base : des robots gentils (les Autobots) poursuivis par leurs némésis (les Decepticons), s’écrasaient sur Terre où ils continueront leur guerre. Particularité, ils sont transformables. Comme toutes les séries des années 80 imaginées autour d’un concept-roi (=> dont le pitch est suffisamment fort pour ne faire qu’une ligne ou deux, tout en restant suffisamment puissant), ce qui est cool, c’est la robotique. Franchement, à quoi bon s’être farci Tonnerre Mécanique, K2000, Supercopter ou même Jayce et les Conquérants de la lumière si ce n’est pour la classe des caisses ou des engins ? En l’occurrence, tout le scénario et le background a été développé autour de jouets… Transformers avait aussi le bon goût d’avoir globalement assez peu de contact avec les humains. C’était surtout au cours des combats que l’histoire se permettait de développer les caractères de chacun des robots. Déjà, ils avaient tout compris ! Pas de perte de temps !

2007, les américains récupèrent les droits et tri-dimentionnalisent un univers volontairement binaire et cool. Aux commandes, Spielberg (bientôt Tintin en CG) et Michael Bay, qui ne peut pas filmer une voiture qui fait un créneau sans faire un parcmètre qui explose. On est en droit d’avoir peur. Il faut adapter un dessin animé de garçons en massive blockbuster de l’été, il faudra s’adapter aux codes. Tranformers 2K7 est assez rassurant dans la mesure où cette version a conçue selon le principe « qu’est-ce qu’on peut garder » au lieu du triste « bon, faut modifier tout ce qu’on peut » (et là, on pense tous Daredevil). Optimus Prime est bien le chef charismatique qu’il a toujours été, poussant le mimétisme jusqu’à quoter ses répliques les plus cultes (« One shall stand… »). Megatron n’est plus un gun mais un jet de l’espace. Les transformations ont été repensées pour garder une logique de masse. Fini donc Soundwave gigantesque qui devient un radiocassette de la taille d’un Kinder Surprise. Une croix de plus dans la checklist des concessions.

Revenons à « Kro Kru Kri Kri » qu’on entend, parfois, pas systématiquement. C’est un peu la madeleine, le crédit donné aux fans qui viendront crier leur passion ou leur haine du film sur internet qui verront leur nostalgie glissant sur la pente du >LOL PTDR<. Transformers est donc devenu un objet « entertainement », un peu comme la Wii a dérivé hors de la sphère jeu vidéo pour devenir autre chose. Shia Labeouf est le Tintin du robot et s’en sort pas trop mal d’ailleurs, tout comme Meggan Fox (ouch, ze bimbo de l’année, accrochez-vous) tandis qu’on appréciera des petites perfs de « Sucraaay » de Prison Break et d’Aaron Pierce, le highlander de 24. A noter la composition de John Turturro qui joue un mec du FBI comme s’il était dans un film des frères Cohen, totalement lunatique et improbable. Il est d’ailleurs le seul qui cabotine vraiment, car ils jouent tous de manière assez sérieuse en évitant aussi l’effet écran bleue à la Star Wars (« bon, là, vous regardez par là et vous imaginez qu’une galaxie explose devant vous »). Quand TF version Bay ne fait pas exploser des trucs, on est dans de la dramaturgie « sauvé par le gong », oscillant entre dérision et le « on me la fait pas, à moi », en beaucoup moins agressif que Spider-Man et X-Men. C’est sa principale qualité, il ne se moque pas du concept, il y va à fond, sans se poser de questions. On pourra regretter ces petits passages Spielberg 80’à la « vite, cache E.T dans la boite des jouets ! », très ringard. Mais pour être l’évènement de l’été, il faut que ça putain de blaste comme dit Lord Jean-Marc. Les Decepticons sont binairement méchant comme il faut et cassent tout, sans pitié. L’arrivée de Devastator est assez géniale dans le genre qu’on pardonne les histoires de cube cosmique qui donne vie à des ipods et ses petits robots méchants comme des gremlins.

Transformers sera donc au mieux un actioner standard, une espèce de checklist complète par des artisans calibrés, on peut difficilement enlever ça à Bay, un machin qui fait énormément de bruits (attention au premier rang !). Au pire, ce sera aussi agréable à regarder qu’un épisode d’Airwolf et ses scénarios plan-plan jusqu’à ce qu’arrive les séquences de dégommages de communistes en hélicoptère qu’on attend tous. Transformers est un film des années 80 où l’on a collé des scènes de baston kaboum qui claquent et des trucs qui explosent.

C’est l’occasion d’inaugurer un système spécial de notation pour ce type de films.

Note Airwolf (sur 5):