Babel
Inárritu avait déjà fait fort avec l’horripilant 21 grams, sirupeux mélo uniquement basé sur la forme « je me prends pour un artiste et je bricole le film dans le désordre ». Chaque scène était un appel à une attaque lacrymale. Si ce n’était pas l’accident mortel, c’était la belle blonde qui se drogue et ainsi de suite jusqu’à ce que l’histoire se dégoupille d’elle même, le scénario se siphonnant dans la cuvette.
Babel, c’est le concept vu et revu du battement d’ailes d’un papillion. Tout commence par 2 mômes au Maroc qui tirent sur un bus avec un fusil, arme que leur père a acheté à un autre mec qui s’est lié d’amitié avec un japonais lors d’un safari, ce même japonais ayant une fille sourde et muette (ce qui n’a absolument aucun rapport mais on pourra insérer ainsi des plans clichés « lost in translation »). Leur bavure a fait une victime. La femme d’un couple, parti loin pour oublier la mort de leur troisième enfant (attention les violons), agonise loin de tout hôpital (forcement, au Maroc, y’a pas d’hôpitaux) pendant que ses jeunes enfants franchissent la frontière mexicaine accompagnés par leur baby-sitter qui désire se rendre au mariage de son fils. Que de destins qui se croisent, et tant de raison de se dire « ah la vie, c’est vraiment trop béta quand ça se goupille ainsi ». Ce ramassis de mélo simplistes au possible est d’autant plus risible que sa cohérence même est mise à mal par tout un tas de détail interne : miracle balistique de début qui ferait passer toute la filmo de John Woo pour du documentaire sur les armes à feux, détail à l’avenant, liens qui unissent les personnages absolument minuscules, improbables et poussifs. C’est simple, après ce long exercice de style, on se rend compte qu’il n’y a RIEN durant ces 2h15. Du vide soi-disant auteuriste. Ah et toute l’ironie de la vie cruelle quand les pièces du puzzle se réassemblent. Dans un Lelouch, Bernard Tapie n’avait plus que quelques jours à vivre, et puis miracle, son cancer est guéri. Wow, trop jouasse ! Juste après, il monte dans son hélico, qui s’écrase tout de suite après. Babel, c’est pareil mais en international. Trop con.
Print article | This entry was posted by Kamui on 10/12/2006 at 21:53, and is filed under Cinématographe. Follow any responses to this post through RSS 2.0. You can leave a response or trackback from your own site. |
about 16 years ago
Ce film met en lumière l’insondable dualité du hazard. A ce sujet, j’en ai tiré la double pensée suivante (team thinking):
"La vie, c’est un peu comme un nouveau PC Windows XP. Au début, ça marche super vite, mais un jour, ça commence à ramer et puis ça plante. Mais la vie, c’est également comme un nouveau PC Windows XP. Si tu veux vraiment pouvoir t’en servir correctement, tu es obligé de passer des heures pour l’instaler et le configurer avant de pouvoir en profiter pleinement."
A méditer…
about 16 years ago
C’est quoi l’insondable dualité du hasard ? (avec un s)
Qu’y a-t-il de double dans le hasard ?
about 16 years ago
Ola, non mais on va user tous les dialogues de cinéma français en 2 temps, 3 mouvements.
Gaor, "le hasard, c’est comme une pièce de monnaie, parfois elle tombe sur pile et alors tout marche, et parfois sur face, et là, t’as plus qu’à déballer ta salade en boite Saupiquet".
about 16 years ago
Ah bah non Gaor, "l’insondable dualité du hasard (avec un s)" ça ne veut rien dire. C’est bien pour ça que je parlais du haZard qui lui peut aussi être triple ou quadruple. Mais, c’est un autre débat.
about 16 years ago
j’ai rien compris aux commentaires mais j’aime ta critique Kamui
about 16 years ago
Tonyo, les critiques de cinéma, c’est comme les pommes, parfois c’est acide mais ça fait du bon cidre.
about 16 years ago
je milite pour un best of de vos aphorismes parce que je me bidonne toute seule derrière mon écran, là!!
(par contre, j’ai rien compris au résumé du film, je suppose que c’est normal…)
about 16 years ago
"Ça ne te fait pas peur le bonheur ? Ce serait bien si on pouvait l’épargner, le placer…"
Alessandra Martines in "Hasards ou coïncidences" by Claude Lelouch. Sans le contexte c’est moins drôle, mais dans le film, sa mère la garce, hilarant.
Ce fut un running gag de longs mois durant.
about 16 years ago
I have this thing pour les running gags
about 16 years ago
Ce n’est pas vraiment un aphorisme, mais ça doit être la réplique la plus hors ton dans un film recemment,
"James, même s’il ne restait de toi que ton sourire et ton petit doigt, tu serais toujours l’homme le plus viril que je connaisse".
James Bond, l’idéal masculin
about 16 years ago
@Cobed: casquette in character: je crois que c’est tout à fait dans le ton du bouquin. De plus, tous les Bond sont toujours assujetti à des répliques sexuelles qui illustreraient bien 2,3 films pornos.
La vie, c’est comme un James Bond, c’est toujours celui qui carresse un chat qui est maléfique.
about 16 years ago
@Cobed: casquette in character: je crois que c’est tout à fait dans le ton du bouquin. De plus, tous les Bond sont toujours assujetti à des répliques sexuelles qui illustreraient bien 2,3 films pornos.
La vie, c’est comme un James Bond, c’est toujours la personne qui carresse un chat qui est maléfique.
@Gaor: ah quelle nostalgie, on se la ressortait régulièrement. Limite on regrette que Lelouch ne soit pas allé jusqu’au bout de sa trilogie.