Archive for year 2006
Miami Vice
Aug 22nd
Mann, éblouis-nous. Un slogan répété sans cesse depuis que je vois les affiches de sa prochaine croûte, un Shin Miami Vice, série mythique des années 80 où il a fait ses premières armes. Mais maintenant, le père Mann, il est devenu auteur, il tourne en HD et veut bien faire comprendre qu’il est le meilleur pour filmer la nuit. Fini donc les années 80, le babibel, la belle des champs, les Cités d’Or, Phil Collins et les Karaté Kid, téléportation dans notre dure réalité. La drogue, c’est mal, le maïs est transgénique, les gens sont tristes et Phil Collins ne fait plus que de la daube. Le réveil est rude. Du coup, Billy & Jimmy (on les appellera comme ça) n’ont rien à voir avec les flics rigolards de nos souvenirs. Ils tirent la gueule, jamais une parole, pas un clin d’œil, même pas une vanne sur la cravate de son partenaire. Sinistrose d’ un film de Kitano. Mann leur a confié les reines de l’acting, l’air de dire « faites votre daube, moi je réalise ». Et c’est ce qu’il fait, démarrant direct par la boîte de nuit, séquence obligé de n’importe quel Hollywood Night ou des Dessous de Palm Beach, qui n’ont fait que repomper les codes. La modernité n’est pas poussée à l’extrême puisqu’on a droit à des petits clins d’œil à ces années fantômes, grâce à des scènes de cul pathétiquement délicieuses. Le scénario est un peu à leur image, inconsistante voire inappropriée. Il y a des trous scénaristiques dans lesquels on pourrait engouffrer tout le stade de France, des trucs vraiment grotesques, et des questions qui vous tarauderont l’esprit. La présence de Gong Li, qui est pourtant (avis perso) un cadeau de Dieu aux hommes, est ici risible, la caméra allant presque jusqu’à l’insulter. Bon dieu, Gong Li, une secrétaire d’un caïd de la drogue cubain… Soit c’est un pari, soit Michael Mann rêvait de tourner avec elle, tendance fanboy. Pareil pour Colin Farell, quand même assimilable à un beau gosse (non ?) qui est ici enlaidi de manière cruelle, filmé dans sa virilité moche la plus cash. Alors c’est sûr, si on s’intéresse aux conditions de réalisations et de « santé » de son acteur principal, on peut facilement comprendre que son cabotinage éthylique horripile son partenaire Jamie « Melon » Foxx, mais cela ne rend ce film que plus agréable. Oui, car malgré toutes ces incohérences, le maniérisme poseur de Mann s’exprime, rendant sublime le regard perdu de veau mort de Farell se posant sur l’océan, perdu lui-même dans l’indigence du scénario, une manière supplémentaire de dire « même avec ces boulets, cette histoire sans queue ni tête, je suis le seigneur du château. Tel Rocky IV aujourd’hui, Miami Vice sera célébré par les altercinéphiles dans les 20 prochaines années. Crâneur, stylisé, ébouriffant.
Volver
Aug 17th
La ligne sensible entre comédie et drame est toujours difficile à tenir, et pourtant Almodovar réussit avec une classe incroyable et un panache unique. Volver est un petit concentré de drame familiaux, de conflits générationnel, de haine voire d’oubli patriarcal, surfant vaguement sur le fantastique, puisant dans toute la cinéphilie de Pedro, avec son cortège de kitsch mais qui retombe sur ces pieds avec une agilité féline. Rien que la première scène est colossale. Penelope Cruz qui soutient en grande partie ce film bâtard est bouleversante, dans son rôle de mère courageuse, étouffant beaucoup de non-dits mais aussi une rage incroyable. Elle est magnifique, que cela soit dans sa peine, son tour de chant, sa manière de se débarrasser d’un cadavre ou de faire la vaisselle. La mort qui plane au dessus de toutes les scènes, celle des hommes, limogés dès les premières minutes, celle des mères solitaires des villages, tout cela n’est qu’un trompe l’œil. Volver, habilement dissimulé par tout un stratagème de réalisateur malin, nous balance de la vie à la gueule, de manière magistrale. Estomaquant de génie.
(illustration expérimentale exceptionnellement disponible en autre chose que du format 2cm sur 3 en cliquant dessus)
Playlist estivale Mk I
Aug 15th
De usuahia a la quiaca, un extrait de la b.o de The Motorcycle Diaries (Carnets de voyage). Un film délicat, un peu naïf et simpliste, mais dont l’un des points forts est une super soundtrack.
Simple Plan, Welcome to my life. Le collège rock, c’est particulier. Ca ne remuera jamais rien, c’est des catchy tunes consensuelles, à la superficialité parfois charmantes. Ici Simple Plan nous vend un mal de vivre de Chocapic et de Nutella. Mais voilà, c’est mignon, ça pourrait être dans la BO d’un épisode de Dawson.
Tupac, Still Rise. Tupac Shakur est le meilleur rappeur de tous les temps. « était ». C’est juste le hasard que ce soit celle-là, plutôt inoffensive, sans insultes gratos envers les femmes, pour rester dans une espèce d’osmose bon enfant avec le reste.
Enfin, vu le beau temps Here comes the rain again d’Eurythmics, qu’il faut réussir à synchroniser avec la tombée de la pluie sur son ipod.
V For Vendetta
Aug 12th
Ma dernière lecture de V for Vendetta remontant à une date éloignée du siècle précédent, j’allais d’un pas enjoué voir cette Hollywoodisation de plus de l’œuvre d’Alan Moore (qui ne veut comme d’habitude pas être cité dans cette entreprise. Il prend juste l’argent, et si possible en cash sur un parking de Manchester, à 3h du matin, de l’argent qu’il réinvestira dans divers psychotropes, messes noires et documentations pour League of Extraordinary Gentlemen Vol 3). Cette version ghost-réalisée par les frères Wachowsky reprend bon nombre de leurs gimmicks (monde hostile où une force supérieure ment, un chaos qui submèrge le personnage principal pour finalement donner l’Eveil puis la victoire du Bien). Rien de mal, si ce n’est l’adjonction de l’Amoûûr, comme pour donner une motivation supplémentaire à l’anarchisme nihiliste et radical de V. Le film accouche d’une idéologie bancale, ayant l’aspiration politico-révolutionnaire conventionnelle d’un Besancenot ou pire, d’un Henry Emmanuelli. Demain le grand soir ? Evitons, y’a Mondial et puis après, c’est la période pré-électorale.
Bonux, une version pré Sin-Cityisé de l’illustration
The Devil’s Rejects
Aug 5th
Attention film de genre. Rob Zombie (un pseudonyme ?) bricole ici une espèce de Thelma & Louise tendance « la famille massacre ». Une famille de fous, sadiques assassins en série, passent entre les mailles des filets tendus par la police. Imaginez un « Sherif, Fais moi peur » à la sauce « Train fantôme » de la fête à neuneu. L’histoire se passant dans les années 70, M.Zombie (le verlan de M.Bison) s’en donne à cœur joie pour habiller son histoire de multiples effets d’époque, en y collant un maximum de filtres granulés, servis par un montage « Drôles des Dames ». C’est bourré de références futées (Peckinpah) qui trahissent la cinéphilie décalée du réa. Y’a pas à dire, c’est soigné avec son petit air de ne pas y toucher. Malheureusement, le film est totalement contemporain dans son écriture, et après une heure en trombe, on voit débouler un flic ultra fanatique, un ersatz de Charlie Branson. On tombe dans la métaphore à la noix « le policier, gardien de la justice, sensé faire respecter l’ordre n’est finalement qu’un fou comme les tarés qu’il poursuit ». “CRS,SS. Shérif, vomitif” etc etc. Et franchement, j’en peux plus, de cet activisme gaucho-nihiliste américain à la Carpenter qui malheureusement nous présente un cinéma bicéphale : d’un côté le conservatisme tendance born again christian de pacotille à l’image de leurs « actioners » (Superman, MI :3 pour ne citer que les plus récents) et de l’autre ce ciné d’anar, de ces réalisateurs qui jouent aux plus malins alors qu’ils ne déversent eux-mêmes qu’un propos ultra conventionnel et balisé de décalage politique, à l’image de Joey Starr qui vous invite les djeunz à voter ou de feu le vrai journal de Karl Zéro ou de la filmo de Michael Moore. Le plus agaçant, c’est que les spectateurs (forcement conquis, il n’y a qu’eux qui vont les voir, ce genre de ciné est aussi sectorisé que ne l’est la FM) gobent aussi facilement cette alter-cinéphilie fatigante.
Com-Robot