Indigènes méritait-il les éloges, la palme aux acteurs, le déluge d’éloges et d’émotions ? Il faudra bien distinguer deux choses : les effets du film, qu’on ne saluera jamais assez. Une des trop nombreuses injustices faites aux arabes de France (n’oublions pas qu’ils étaient tous français, les gus). Un film qui change la politique, la vie, la société, jeunes lecteurs, ça peut tomber au bac, prépare-toi à ça. Reste le film, et là c’est une autre histoire. Autant Roschdy Zem, sa vraie gueule de cinéma et sa filmo audacieuse peut enthousiasmer comme une petite pucelle qui s’égosillerait devant « Fan de », autant Nacery (Taxi 1234) et Djamel Debouze, coproducteur du film peuvent laisser perplexe. Pari à demi réussi : Samy ne joue qu’une dizaine de répliques dans ce (long) film, mais il est dedans, à fond. Djamel sautille sur le champ de bataille, un bras dans la poche, le fusil de l’autre, on dégage plus facilement un rictus. L’histoire de ce film, volontairement linéaire, unilatérale et ultra partiale ne dessert en rien son propos (souvenons-nous des Sentiers de la Gloire). En dehors de son gimmick de justice historique fort juste, ce n’est « qu’un » ultra-prévisible film de guerre de série B, lorgnant volontairement vers Private Ryan. La fin, dans le genre « fluo stabiloboss », on veut bien vous faire comprendre que c’est une injustice, est vraiment en trop. 10 mn too much à enlever, facile. Idéologiquement juste, Indigènes n’est qu’acceptable cinématographiquement. Ce n’est pas si mal vu la difficulté qu’on peut imaginer à monter un tel film. Oh et Roschdy Zem est super. Fan de la première heure, je vous dis.

*

  • Scène “solitude du sniper” absolument pas dans le film, mais quand on y pense, le sniper ne se mets absolument pas en position idéale pour tirer… pas très logique.