Archive for year 2005
Sin City mon Amour
Jun 4th
Sin City… un nom qui fleure bon la nostalgie pour moi. Mon premier contact avec ce monstre de violence et de classe remonte à il y a facilement 13 ans sinon plus. A l’époque, j’avais cessé de lire des comics, à part deux trois occasions bien précises. Dont Dark Horse Present qui pré publia la première saga. Depuis j’ai lu chacun des chapitres de ce qui devint un multi graphic novel sur des centaines de pages. Frank Miller a crée un monde cohérent, puisant dans les clichés du polar, du roman noir pour en sortir quelque chose d’atypique, puissant, qui déchire la rétine visuellement parlant. Circa 15 ans, j’avais tenté de le prêter à mon père sans succès: “bien mais trop violent”. Sin City n’est pas à mettre entre toutes les mains. On est dans des bas fonds où se côtoie la lie de l’humanité. Mafieux, assassins, chasseurs de primes, putes, violeurs, la vie n’y est pas rose. Les hommes y sont cruels et les femmes, fatales. Le film de Rodriguez et Miller suit de nombreuses scènes de 3 des récits majeurs de la série (ainsi qu’une short story), plan par plan, et d’une manière hallucinante. Certaines séquences sont mêmes transcendés dans la version ciné. J’ai simplement halluciné devant Bruce Willis, acteur que je déteste pour sa mono expressivité faciale, mais là, wow ! Il a le rôle de sa carrière. Mickey Rourke est absolument brillant dans le rôle de Marv et Carla Gugino est belle à se damner (notons un seul manque de fidélité, normalement Jessica Alba aurait du être topless). Alors évidement, vu la fidélité, le film n’a aucune forme de surprise pour le connaisseur, à part jouer avec sa mémoire. Certaines scènes sont meilleures en BD (la pendaison de H. est un des plus grands moments de bédé mis sur page à ce jour), certains manquent (le délire du même H. lorsqu’il se fait tabasser), mais on est dans un concentré d’efficacité. A certain moment, les catchlines fantastiques du film me sortait de la bouche avant que Willis ou Rourke les prononce. Sin City est un film fantastique, un film de genre construit autour de clichés, de gueules. Chaque plan sent le travail, le bon goût caractérisé d’une concertation des réalisateurs entre eux. Et c’est ça la puissance de Sin City, un film ambitieux et poseur. Il y a une énergie ébouriffante, une espèce de laboratoire à idées visuelles, narratives, un moment d’allégresse de cinéphiles. Un film grandiose.
Nintendogs
Jun 3rd
Matisse le marabout
May 30th
Parfois on est triste. De la vie, du non à l’Europe, etc On ne voit guère plus que les rails du métro comme échappatoire. Il existe un remède insensé. Le meilleur. Matisse. Il y’a 2 ans, j’étais tombé sur une photo de Matisse “dernière période”, les 10 dernières années. Après une opération qui l’a laissé proche de l’infirmité, Matisse a continué à peindre et à créer. Il n’a pas baissé les bras devant le sort qui le frappait. La photo le montrait avec un pinceau attaché à la main, impuissant qu’il était à le manipuler normalement. L’expo que lui consacre en ce moment le Sénat, présente ses dernières années, ses pochoirs, ses découpages et ses correspondances. Il n’a jamais perdu sa joie de vivre, malgré le sort qui lui a imposé de lourdes épreuves sur son chemin. C’est poignant comme un récit de survivant de la Shoah, émouvant à en chialer. Matisse devrait être remboursé par la sécu.
Robert Mallet-Stevens
May 23rd
Il est des expos qu’on choisit exprès pour éviter des statues cubistes qui feraient peur à un bébé. Robert Mallet-Stevens est de celles-ci. L’expo canonique du moment lui est consacré à Pompidou et il serait sacrement dommage de la louper, d’autant qu’elle est, contrairement aux habitudes, pas gigantesque. On plonge dans l’archi post WWI. A priori, je ne suis pas 100% acquis d’avance. On va dire qu’avec l’arrivée des nouveaux matériaux comme le béton, l’archi des années 30 entre dans une espèce de classicisme moderne (oui, j’ai une passion pour l’archi parisienne, et plus particulièrement les façades. Un jour je parlerais de différents bouquins là-dessus). R M S lui est dans une espèce de cubisme fonctionnel, doublé d’un goût certain pour l’art moderne. Enfin, je n’en sais rien mais ça se devine. Faut l’avoir l’idée, de fabriquer en 1930 des arbres en béton^^ Enfin si vous voulez voir une expo consacrée à l’archi, avec quelques designs de mobilier, foncez. Ce type était clairement une classe au dessus de pas mal de ses contemporains français.
le site: http://www.cnac-gp.fr/
Star Wars Episode III
May 22nd
Passons sur l’histoire que tout le monde connaît et allons directement dans le vif du sujet. Marié en secret à la petite nana de Leon, Anakin va basculer du côté obscur. Et c’est encore une fois la faute indirecte de la femme si tout part en vrille. Attention, personnages subtils: Anakin fait un cauchemar où il voit sa gonzesse mourir en donnant naissance à leur(s) enfant(s). Il va voir le sénateur Palpatine, en fait le grand méchant de la galaxie mais ça, personne ne le sait, qui lui dit que “p’tet bien que le côté obscur on peut redonner vie à des gens morts”. Un combat et 2 minutes plus tard, il est à genoux devant son nouveau maître. Transition subtile. Avant cela notons une séquence d’ouverture assez géniale, avec des droides redevenus hilarants. C’est sans doute le point fort du film. Les combats aux sabres, loin des duels épurés des épisodes d’il y’a 20 ans, sont enrichis en images de synthèses. Alors entre Ian McDiarmid (61 ans), Christopher Lee (83 ans) et Yoda (qui n’existe pas), le résultat est déséquilibré, très jeu vidéo, assez brouillon. Palpatine d’ailleurs joue d’ailleurs en utilisant tout son savoir acquis dans la Christian Clavier Actors’ studio, surjouant, grimaçant: il est en roue libre. Les autres s’en sortent nettement mieux (le sobre Hayden et Ewan).
Mais au fond, “pourquoi filmer ça?”. Quelqu’un qui découvre les Star Wars aujourd’hui dans le nouvel ordre aura-t-il des frissons à l’arrivée imposante de Darth Vador dans épisode IV ? Aura-t-on plaisir à découvrir la Force comme le fait Luke avec l’enseignement d’Obiwan (“la Force est dans toute chose de l’univers”) alors que maintenant on sait que c’est une connerie dans le sang, comme des globules blancs ? Et le noble Obiwan ment de fait à Luke ? De plus, tout le propos des nouveaux films n’est plus l’héroïsme, mais le repentir d’Anakin. Ok, il bascule gentil à la fin, mais le simple fait d’émettre l’hypothèse de repentance sur un mec qui est sans doute à l’origine de milliards de morts dans la galaxie est assez gerbante. En dire trop gâche clairement les effets des films passés. Le Retour du Jedi faisait déjà l’erreur de montrer la gueule de Darth Vador (autrefois indubitablement un des meilleurs bad guys de l’histoire du cinéma), là on a eu droit à son enfance, sa puberté, la totale. Alors le fan vous cherchera les petits détails qui ne collent pas, les trucs qui se contredisent, les differents patchs scénaristiques rajoutés par Lucas, mais franchement en dehors Star Wars et Empire Strike Back, ce n’était pas la peine d’aller vraiment plus loin. Enfin maintenant c’est fini. Circulez, y’a plus rien à voir.
Lemming
May 21st
Après un intéressant Harry, un ami qui vous veut du bien, Dominik Moll revient avec le même genre de thriller psychologique lent, en y ajoutant une touche de fantastique. On commence à comprendre ses fixettes (l’hélico-web cam, réminiscence des délires de singes volants dans Harry, les musiques etc). Ici l’histoire repose sur la théorie du grain de sable (un lemming coincé dans un tuyau) qui vient déglinguer la vie d’un couple modèle. C’est assez chiadé visuellement mais c’est surtout le côté sonore qui est vraiment traité avec une grande classe. Le problème tient dans son côté “fantastique”, absolument pas crédible et c’est vraiment dommage. Les effets en images de synthèse sont aussi risibles qu’inutile. Et alors la fin racontée en voix off, c’est assez hallucinant, on dirait que ça a été bricolé au dernier moment. Dommage donc, mais bon, parait-il que l’étape du deuxième film c’est dur dur.
Kingdom of Heaven
May 17th
Ridley Scott revient à son style majeur depuis Gladiator, la grosse machinerie façon grosses trompettes derrière. Kingdom of Heaven nous téleporte à Jérusalem, à l’époque des croisades, à un moment assez peace & love. D’ailleurs, tous les personnages sont gentils. Les seuls méchants (qui provoquent une guerre, niark niark qu’ils sont méchants) sont caricaturaux au possible. Sinon, tout est là. Il faut du vieux charismatique. Toujours. Il faut une fille européenne, on l’a aussi (l’absolument sublime Eva Green).Et chose bizarre, ce seront des “gentils” qui finiront par se taper sur la gueule. La chose qui manque vraiment, c’est un méchant crédible. Et comme d’habitude, l’unité linguistique (Troy déjà, tout le monde en anglais…) est horripilante. Même les arabes parlent entre eux en anglais. Il manque sans doute l’aspect épique de Gladiator, à coup de super monologues de Russel Crowe. C’est quand même un bon film de chevaliers quand même, où l’on ne sent pas trop le photoshop lors des scènes de batailles (ce genre de détail me fait carrément sortir de ces genres de films). Le montage est toujours un peu hasardeux, toujours à la Gladiator, mais a le bon goût d’expédier l’amourette à une vitesse hallucinante. Et en même temps, malgré tous ces petits défauts, Ridley Scott sait insuffler de l’intelligence et de l’efficacité dans ses plans. Il a une espèce de bon goût évident, des tentatives d’élévation de débats. Faire co-produire un tel film par Fox, avec tout le côté subversif sous-jacent, c’est gonflé. Du cinoche pas parfait mais quand même assez haut de gamme.
Com-Robot