Posts tagged Airwolf
Iron Man
May 9th
« You gotta believe ». C’est le mantra de Richard Donner qui alpaguant Christopher Reeves, harnaché en équilibre sur le tournage de Superman, premier du nom. Bizarrement, les deux-trois meilleurs films de super-héros de l’humanité (Superman, donc, et Rocketeer*) mettent toujours en scène des mecs qui volent. Bon signe pour Iron Man.
Aussi loin que mes souvenirs me portent, j’ai toujours aimé Iron Man. Passionnément. J’ai noirci des centaines de feuilles quadrillées en cours de math de 6ème C en tentant de concevoir une armure qui pourrait fonctionner. J’aime plus que de raison l’époque Romita. J’idolâtre encore plus le run formidable de Layton et Michelinie. Un petit détail justement datant de cette période-là : à un moment, Stark se fait faire une manucure juste histoire de draguer une belle nana, ce qui lui vaut des vannes de Rhodey. Léger mais sérieux à la fois. Note : il a beaucoup « changé » en comics aujourd’hui. Récemment, il passait surtout ses week-end à envoyer ses copains super-héros dans des camps de concentration cosmiques, pour la déconne, ce qui peut le ranger dans la case « uncool »). L’original cabotine, mais avec un grand recul sur lui-même, à la limite du Bruce Wayne, le génie technologique en plus. Ce n’est pas un mec complexe, on peut le comprendre en une histoire. Robert Downey Jr (formidable dans Für, intriguant mais trop bref dans Zodiac) le joue exactement comme il doit l’être, à la drôle mais sans perdre son sérieux d’acteur. Il ne se fait pas un trip à la Timothy Dalton (Licence to Kill) du genre « j’ai joué Shakespeare, je peux quand même faire de la bédé pour mômes ». Les adaptations de bédé, c’est un peu comme la lutte interne du PS, chacun pense voir clair dans la direction à prendre pour un parti qui n’existe plus que pour essayer de rester en Ligue 1. Le parti pris de Favreau, c’est d’aller droit au but sans faire de relectures qui, en général, ont pourri les précédentes adaptations. Pas de méta-références, de vannes LOL qui se moquent du genre (à la X-Men 1 ou Spider-Man, avec l’inévitable clin d’œil démago de connivence avec le public), Iron Man ze movie est vraiment fidèle, dans ses très grandes lignes au comics original. Pas non plus de relectures psy (« Tu vois, Hulk, c’est finalement qu’une vision postfreudienne des rayons gamma Œdipien »), ni de pamphlets (« Les mutants, ce peuple opprimé », sans parler des lourdes métaphores de Superman Returns, toujours de l’indigeste Singer). Pas besoin de défaire des idées qui ne sont pas cassées, comme ne s’était pas privé de faire les Fantastic Four 1&2. Il y a certes pas mal de lectures possibles dans l’attitude de Stark qui découvre, tel un ado son premier téléfilm érotique, les méfaits de ses armes dans le monde ce qui le pousse à changer de fusil d’épaule. Tout ça, c’était déjà dans le génialissime arc Armor Wars.
Favreau prend même des risques en passant pas mal de temps, plus que de raison, à expliquer les personnages, à tel point qu’il reste vraiment peu de combats (D’ailleurs le jeu vidéo est lamentable). On quitte la règle canonique qui stipule qu’un blockbuster d’aujourd’hui doit commencer par une scène de baston « dans ta face » pour bien tester ton Full HD et ton 5.1 de bourgeois. Les effets spéciaux font tous pour normaliser une technologie de ‘ouf, mais sans trop forcer la main comme les Transformers qui jouent à cache-cache. D’ailleurs, le moment le plus improbable, c’est quand Gwyneth Paltrow (Pepper) se tape un sprint en talons hauts. Autre risque supplémentaire : le premier Némésis est un doppelganger, un simple clone d’Iron Man. Imaginez Venom en ouverture de Spider-Man 1 ? Ou la baston des Supermen dans le premier film ? Heureusement Jeff Bridges est bon même s’il campe un personnage radicalement différent de l’original, plus en badass. C’est d’ailleurs une des rares films du genre où le casting se tienne vraiment. Un détail qui fait qu’il se passe quelque chose, c’est quand on reçoit mail, SMS vous disant « mec, je suis hétéro mais Robby Downy c’est quand il veut ! » ou encore « Je n’ai pas eu envie de noyer Gwyneth, c’est fou ! ». Bah oui, c’est fou, mais le Hollywood-verse choisit aujourd’hui des acteurs talentueux ET qui ressemblent physiquement aux personnages originaux. Tout ne se décident plus sur une disponibilité d’emploi du temps… A moins que…
jeez
En général, un projet de film de super-héros, ça se traine pendant 20 ans. 20 ans qu’on entend des trucs infâmes, que Tom Cruise a racheté les scripts pour le jouer, et puis que Selleck, l’autre Tom, a été casté pour jouer Stark (oui, vous voyez, il a une moustache). Sans parler des rumeurs avec Nicolas Cage, jamais très loin quand il s’agit de comics. 20 ans et plus pour monter Watchmen ou Spider-Man. Du coup, c’est presque comme une bénédiction de voir Sexadelicious Downey incarner Stark, de voir un Rhodey qui se tient ou une Pepper gentiment cruche. Le coup de génie fanboy aura été de caser 3 armures d’un coup et pas que pour sortir de superbes jouets. Elles ont été adaptées aux contingences modernes. Pas d’armure polarisée. C’est un choix judicieux qui rappelle le Bat-char d’assaut, suite logique des Batmobiles adaptés à un monde embouteillé par les vélibs et les couloirs de bus. Même dans son mecha design « conventionnel », Iron Man impressionne. Le jet privé de Stark est tout simplement sublime. Ses robots qui l’aident à gérer son atelier et qui coupent le gaz en été parce que GDF n’arrête pas d’augmenter ses tarifs en cabotinant gentiment avec Downey sont tops !
Evidemment, il reste pas mal de trucs en suspens pour l’inévitable suite. Comment intégrer le Mandarin ou Fin Fan Foom dans la situation géopolitique de l’Afghanisthan ? La suite, l’étape casse-gueule.
Au final, superbe adaptation d’illustré qui mérite bien ses
- Rocketeer. Sérieusement. Enfin, il y a aussi Master of The Universe qui vaut son pesant de cacahuètes pour les amateurs de Kirby.
Un mot sur la fin, donc tu zappes. L’idée d’outer Stark à la fin. Mouif, une pilule assez difficile à avaler pour un fan de l’Iron Man pré-2000 mais vendue assez bien par Downey Jr. Par contre, la surprise de Nick Fury « motherfucka » après le générique final, c’est non !
Death Proof
Jul 25th
On pourrait résumer le cinéma de Tarantino à des gens habillés un peu retro qui badinent sur de la pop culture en fumant des clopes (si possible de belles femmes hargneuses), suivi d’une fusillade ou d’une baston. Du cinoche totalement futile, pop-corn grand format et explosions, jubilatoire, quasi primaire mais limité. On restait dans l’anecdotique et la pertinence d’un remake. Death Proof est aussi malicieux que ses prédécesseurs, sinon plus, car mieux maitrisé. Astucieux, il évacue sa tarantinerie gentiment crâneuse dans une première partie pur sucre, pour basculer dans la thèse antithèse des scènes de courses des années 70. Bobine cracra, fausses bandes annonce (pas en Europe), problème de projo, tout est fait pour y croire. Tel un lego, Tarantino construit quelque chose, l’essore et le recrache, pour faire une espèce de film viscéral, qui prends aux tripes et dont on sort en remuant les bras en l’air de bonheur. Au passage, son avenir de DJ est toujours autant assuré, en « providant » une bande son assez exceptionnelle qui ne manquera pas d’être repiquée dans des pubs ou dans les futurs sujets de Confessions intimes. Jouissif, hormonalement chargé et totalement décompléxé, Death Proof récolte donc logiquement un
sur 5 sur le barème altercinéphilique Airwolf. Du cinoche sous amphet rigolo.
Sin City mon Amour
Jun 4th
Sin City… un nom qui fleure bon la nostalgie pour moi. Mon premier contact avec ce monstre de violence et de classe remonte à il y a facilement 13 ans sinon plus. A l’époque, j’avais cessé de lire des comics, à part deux trois occasions bien précises. Dont Dark Horse Present qui pré publia la première saga. Depuis j’ai lu chacun des chapitres de ce qui devint un multi graphic novel sur des centaines de pages. Frank Miller a crée un monde cohérent, puisant dans les clichés du polar, du roman noir pour en sortir quelque chose d’atypique, puissant, qui déchire la rétine visuellement parlant. Circa 15 ans, j’avais tenté de le prêter à mon père sans succès: “bien mais trop violent”. Sin City n’est pas à mettre entre toutes les mains. On est dans des bas fonds où se côtoie la lie de l’humanité. Mafieux, assassins, chasseurs de primes, putes, violeurs, la vie n’y est pas rose. Les hommes y sont cruels et les femmes, fatales. Le film de Rodriguez et Miller suit de nombreuses scènes de 3 des récits majeurs de la série (ainsi qu’une short story), plan par plan, et d’une manière hallucinante. Certaines séquences sont mêmes transcendés dans la version ciné. J’ai simplement halluciné devant Bruce Willis, acteur que je déteste pour sa mono expressivité faciale, mais là, wow ! Il a le rôle de sa carrière. Mickey Rourke est absolument brillant dans le rôle de Marv et Carla Gugino est belle à se damner (notons un seul manque de fidélité, normalement Jessica Alba aurait du être topless). Alors évidement, vu la fidélité, le film n’a aucune forme de surprise pour le connaisseur, à part jouer avec sa mémoire. Certaines scènes sont meilleures en BD (la pendaison de H. est un des plus grands moments de bédé mis sur page à ce jour), certains manquent (le délire du même H. lorsqu’il se fait tabasser), mais on est dans un concentré d’efficacité. A certain moment, les catchlines fantastiques du film me sortait de la bouche avant que Willis ou Rourke les prononce. Sin City est un film fantastique, un film de genre construit autour de clichés, de gueules. Chaque plan sent le travail, le bon goût caractérisé d’une concertation des réalisateurs entre eux. Et c’est ça la puissance de Sin City, un film ambitieux et poseur. Il y a une énergie ébouriffante, une espèce de laboratoire à idées visuelles, narratives, un moment d’allégresse de cinéphiles. Un film grandiose.
Com-Robot