Kamui
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Les films Disney en 2010
Dec 23rd
Petit préambule. Pendant des années, j’ai vécu dans une aversion profonde de Disney, une haine entretenue par une détestation familiale dont seule l’inteligencia russe dont je suis issu a le secret (t’as pas idée). Et puis par ce qui me semblait être la médiocrité de leur production d’alors, l’époque irritante où n’importe quelle croûte sortant de leur studio était estampillée immédiatement “classique”. Et dernière couche, Disney savait me rendre si abject ce prisme déformant qui neutralisait (au sens propre) ses emprunts à la culture populaire mondiale une fois syphonné. (sidebar: bizarrement, cette détestation de l’adaptation a toujours été à géométrie variable pour les versions canines des classiques. Me souvenir du Holmes de Miyazaki m’est assez pénible tandis que la classe low-key des 3 Mousquetaires version clébards marche à merveille. Pire, même sans chien, Sous le Signe des mousquetaires avait l’outrecuidance d’ajouter un sidekick à d’Artagnan et de transformer Aramis en fille. Non mais sans déconner, Le-Japon. Fin de la sidebar). Bref, j’ai été entrainé comme un soldat à détester Disney, leurs plagiats patentés et leurs petits arrangements et trahisons.
Quadruple dose de Disney cette année. Non, quintuple si l’on compte EuroDisney que j’ai visité. Pour la première fois. 2010 on risque tout, t’as vu. Mais causons cinoche. Il y a eu Waking Sleeping Beauty, un documentaire qui raconte “les années noires du Disney modernes”. Un doc bien ficelé mais moins indispensable que cette Master class d’Ed Catmull (co-fondateur de Pixar) qui te raconte qu’ils ont foutu Toy Story 2 à la poubelle à peine quelques mois avant sa sortie pour le refaire entièrement. J’insiste, tu dois la voir, cette master class. Mais pour en revenir à Waking Sleeping Beauty, j’ai du mal à encaisser un doc qui part du principe que Black Cauldron (Taram) est un échec. Parce qu’il a fait moins d’argent que le film des Bisounours sorti la même année. Donc c’est un échec et voilà. À partir de cet acte manqué où a quand même officié toutes une nouvelle génération de gonz (plan de coupe sur Tim Burton, la gueule plus que jamais en mode étudiant d’art qui a raté une marche d’escalier, Lasseter, Bluth etc), Disney file les clefs de son studio d’anim à des mecs qui ne peuvent pas s’encadrer mais qui vont modifier de fond en comble la maison. Une lutte entre businessmen, dont le plus brillant va glamouriser le métier de l’animation, finira par aligner les records.
Sur tous les films qu’ils produisent au cours de cette décennie post Taram, je crois que je n’en sauverai pas un seul dans ma mémoire. Tous ces succès du new Disney (les adapt en tout cas) ont pour point commun de les twister de manière à me les rendre méprisable. J’ai entendu toutes les raisons (toutes valables hein, « c’est des récits pour les enfants », qu’on ne peut pas les montrer tel quel aux gosses … Et puis les frères Grimm, c’est trop noir pour les enfants et puis et puis…). Un monde avec des théières qui chantent, pourquoi pas mais pour le reste, sans une fin dramaturgique, la Belle et la Bête (mais aussi Pocahontas et tous les autres), c’est du canigou-ronron. Surtout quand la bête se change finalement en homme avec les traits non-charismatiques d’un Julian Assange. Random mec. Le pire, c’est sans doute Notre Dame de Paris qui prie Dieu et réussit à vaincre le méchant juge… Qui était un prêtre dans l’original (mais j’imagine qu’un juge, c’est tellement plus maléfique et facile à haïr qu’un prêtre ?). Et faire d’une œuvre profondément anticléricale un hymne au bon Dieu, c’est comme faire d’Elephant Man un pamphlet pour les bienfaits de la chirurgie esthétique. Et la petite sirène et ses crabes qui chantent du reggae… Ah et puis le pompon c’est toujours l’autocongratulation autour du Roi Lion qui fait toujours comme si de rien n’était. Le reconnaitre pour Disney, ce serait la mort… Et pourtant ce mensonge de plus donne au documentaire un angle purement business qui, lui, est passionnant. Mais aujourd’hui, j’ai essayé de faire comme si.
2010. C’est avec tout ce bagage que je vois le nu-Disney, la Princesse et la Grenouille, une héroïne noire qui lutte contre sa condition sociale de manière beaucoup plus contemporaine que Cendrillon. Sa famille est de la Nouvelle Orléans. Via une ellipse subtile, on nous explique que son père est mort à la guerre, “vu qu’il était au front comme la majorité des noirs”. Un moment de repentance si exécrée par Eric Zemmour et pourtant si salutaire. Et elle, son rêve, c’est d’ouvrir un resto. C’est tout. Vient un “prince” arrogant qui va se faire dépouiller par son majordome à la tête de Raffarin, poussé dans ce retour d’ascenseur social par un sorcier vaudou. Ça, c’est vraiment du bon background.
C’est assez étonnant de voir que les petites filles se sentent plus proches d’un personnage secondaire, une princesse blonde, et un peu tarte, une métaphore de la fille noblio-bourge un peu ronde qui ne rêve que de prince au mépris de tout risque de consanguinité, toujours à la limite de l’arrivisme social mais en fait une peste mais au bon cœur, sur l’air de “les riches vous comprennent aussi”. Mais depuis quelques temps la patte Pixar se mélange à Disney sous l’impulsion de Lasseter. Il y a deux éléments d’une maturité incroyable. Tout d’abord, il y a un crocodile trompettiste Louis, rendu mélancolique à cause de son impossibilité de se mélanger aux humains. Et puis il y a un personnage qui va mourir. Sans rire, on le voit à l’écran… Un peu comme Cassios dans Saint Seiya.
Mais c’est la première fois (je crois) qu’on va voir un rite funéraire, pas si éloigné de celui du Retour du jedi si ce n’est qu’ici, les Ewoks ne seront pas invités à la teuf.
pour le Settei comme on dit en Japon, pour tout le background plein de sous-entendus assez fous.
Avant d’embarquer pour le prochain Disney, il y a eu cette année Fantastic Mr Fox, le dernier Wes Anderson. Lui joue la continuité : c’est le même film que les anciens avec des acteurs, tournant toujours autour du thème de la structure familiale, de son éclatement et la manière qu’ont ses membres à s’étouffer les uns les autres pour mieux se retrouver. Ce qui est presque énervant, c’est cette attitude désinvolte globale à reprendre une histoire de Dahl, lui coller des musiques trendy (tu sais, cette agaçante playlist “qui veut te plaire”. Mais Mr Fox reste toujours dans une zone de confort assez frustrante, à l’image de ces renards qui, une fois en danger, bah ils creusent un terrier encore plus profond pour s’en sortir. Heureusement que la fin est assez jouissive, elle sauve un peu l’entreprise du sceau du film « gentil ».
Raiponce a commencé sur un grand malentendu : son titre. Annoncé un temps comme Razpuncel, le titre original du conte de Grimm, c’est finalement sous le nom de Tangled (« emmêlé » en v.o) que j’ai pris connaissance du dernier Disney. Il y a une raison du volte-face du studio : après la princesse et la grenouille, les pontes de Disney ne voulaient pas s’aliéner le public des garçons (that’s shônen to ya, kid). D’où le changement d’angle, mettant bien plus en avant Flynn (devineras-tu à qui s’adresse cet hommage appuyé ?). Ce switch est si débile qu’il évoque le changement de titre de The Great Mouse Detective / Basile dans un passage de Waking Sleeping Beauty, une modification devenue une vanne en interne car un mec s’est amusé à renommer tous les classiques du Studio de la même manière pour le LoL.
Raiponce 2.0 Disney custom. suit vaguement la trame originelle, une adapt libre qui ne posera problème à personne. C’est bien le parti pris de l’équipe : pas de vague, pas de message gauchiste soujacents comme dans la Princesse & la Grenouille. La seule véritable audace, ici, est d’utiliser de la 2D traditionnelle morphée en 3D. Kinda cool mais qui donne un peu l’impression de voir la réalité augmenté sur Ds : elle nous semblera bien ringarde d’ici quelques années.
Ah et ces lunettes 3D, je.n’en.peux.plus.
En fait, Raiponce a une qualité majeure à mes yeux : les animaux ne chantent pas.
Attention, je vais spoiler Toy Story 3. Et comme c’est un des films de l’année, je n’aimerai pas te faire ça. Attention donc, SPOILERS. C’est parti.
Mais s’il y a un gagnant cette année, c’est Toy Story 3. Pas certain que ça soit le meilleur Toy Story (donc encore moins le Best Pixar)… Il y a toujours des problèmes ici et là comme le rôle de Buzz, devenu sidekick transparent et dont on sent que Pixar ne sait pas trop quoi en faire. Un danseur de flamenco ? Pourquoi pas, au point où on est avec lui.
Tout le film est une redite des thèmes déjà tous cernés dans les précédents : la quête de l’amour dans les yeux de l’autre, la peur de la mort / de l’extinction, le courage, la crainte du changement de statut quo. Et puis dans le genre redite, il y a ces séquences d’évasion à ne plus savoir qu’en foutre (au moins 3 de plus rien que dans cet épisode, ça doit nous faire quoi, 8 au total sur 3 films ?) comme si Pixar avait quelque chose à prouver de ce côté là en ajoutant à chaque une ou deux références cinéphiles. Toy Story 3 a sans doute un des meilleurs némésis ever dans un film pour enfants. Sans rire, il a tout des plus grands, à savoir (la référence pour moi) Doctor Doom : une douleur originelle qui le fait basculer du coté du mal. Et qui refusera toute rédemption que tous les films Disney offrent systématiquement. Brillant.
Mais en fait, l’air de rien, Pixar touche à la grâce miyazakienne des plus belles années. Elle tient à cette scène assez lourde de métaphore (un four). Cette scène, c’est LA scène où les jouets se regardent avant le grand bond, avant de mourir. Cette grâce, c’est le silence. Le silence est un des éléments clefs des plus grandes scènes du cinema. La tension des gunfights, des sabres au clair de lune des samouraï, ne rien dire, c’est une technique si maîtrisée dans les films de Miyazaki où ses pics sont souvent muets. Là, les jouets se regardent et communiquent une dernière fois dans la langue que ne parlent plus les vivants. Pixar les a fait vivre dans l’angoisse, ils vivront désormais dans l’espoir.
Et donc sur ce silence, je crois que je n’ai plus rien à ajouter sur Disney en 2010.
Barking Dogs never bite
Dec 21st
Pas de surprise, Barking Dogs never bite est un film fantastique. Robotics ne parle généralement que des films vu en salle ou se contente des daubes visionnées au cours d’un trop long voyage en avion car je n’arrive pas à me résoudre à regarder un DVD. T’auras toujours un problème de téléphone qui sonne, de SMS qui fait digidong, A vrai dire, je ne possède que très peu de DVD par rapport à la masse de ciné que j’ingurgite par an (ça tourne autour de la centaine and counting) mais je me garde 2-3 classiques et une ou deux valeurs sûres mais sous blist, à voir un jour de joie ou de vague à l’âme. Et tout indiquait ce jour-là que je verrais Barking Dogs never bite, le tout premier film de mon réalisateur culte Bong Joon-ho.
« Aucun animal n’a été blessé ni maltraité sur le tournage », tu parles. Même sans souffrir pour les besoins du cinéma, les toutous prennent chers. Tout d’abord parce que le héros, un prof wanabee, typiquement ce genre de mec lambda comme seul le ciné coréen sait les inventer, harassé par les aboiements, finit par prendre en grippe tous les clebs de son voisinage et décide de les tuer. Ou de les enfermer là où personne ne les trouvera. Il se fera devancer dans l’échelle du cradingue par d’autres mecs qui font du ragout-toutou la nuit tombée, en cachette. En bonus, l’inévitable portée sociale avec justement une aide (sociale) qui veut donner un sens à sa vie en recueillant les avis de recherche des propriétaires de chiens disparus. C’est une jolie coréenne grimée en moche (Bae Doona, déjà elle, avant Airdoll ou The Host). Et puis il y a ces plans incroyables sur l’architecture post-dictatoriale et une démarche artistique inimaginable pour une comédie noire… on pourrait continuer pendant des heures. A chaque fois, avec Bong, le même choc de l’ambition formelle, d’un amour des classiques et de la volonté de faire un cinéma populaire qui ne se moque pas du monde. En boxe on parlerait de catégorie. Dans la sienne, Barking Dogs met K.O debout tout ce qui s’est fait depuis une décennie.
Kirby (Wii)
Dec 18th

Pires films 2010
Dec 17th
Normalement, ce genre d’articles est gardé pour la toute fin de l’année, histoire de ne pas oublier la moindre croute cinématographique. Mais il m’est impossible d’imaginer un autre contact avec des étrons pires que ceux qui sont namedroppés et spoilés ici. (note: il m’en reste quelques uns, que je me garde pour un soir de fin d’année alcoolisé). En tout cas, now, aujourd’hui, aucune pitié. Let’s begin.
Ah, bon sang. Sex & The City 2. L’évocation de ce nom est un signal fort à la merde cinématographique. J’avais écrit un article bien vénère sur la première daube.. Qui, d’après mes souvenirs, autant le film était immonde et abject, mais autant je reconnais quelques idées nouvelles et même pertinentes dans la première saison de la série qui finira par tourner aussi vite que le lait en dehors du frigo. C’est comme Prison Break, passé l’évasion, bah ta série elle sert plus à rien.
Nos célibatantes (terme de merde unleashed), elles ont basculé en mode Marie Claire. Et pour te donner une idée de ce que ça veut dire, voici, en vrac, les accroches de couv’ des derniers numéros qui me sont passés sous la main entre deux numéros de Batman : “Savoir recevoir, des compliments, des invités, des cadeaux… et y prendre du plaisir. Devenez Super Chef. Je travaille à 700 km de mes enfants. D’où vient la fatigue et comment la soigner. Demi Moore: “La sérénité est le privilège de l’âge.” Mode, beauté, déco, quoi (s’) offrir de 4 à 60 €. Pas envie ce soir… vous lui dites ? On ne naît pas chef, on le devient, des femmes de pouvoirs témoignent. Amoureuse d’un homme marié, le bonheur à mi-temps. Cheveux, corps, teint au top, tout un hiver pour S’OCCUPER DE SOI.
Je suis presque déçu de n’avoir pas trouvé le classique des classique “mes enfants ne s’entendent pas avec les tiens” ce qui décrit exactement le cœur de cible de Marie Claire. Mais en gros, tu vois, les nanas de Sex & the City étaient déjà devenues reloues et dans le 2, je n’arrive toujours pas à croire ce que je vais écrire… dans le 2, c’est PIRE.
Écrire une série avec quatre personnages différents permet d’imaginer 4 histoires, 4 angles intéressants. Ou des mélanges. Le staff de Sex City 2 a choisi de rien écrire du tout et de laisser la narration se faire en roue libre. Et, mon dieu, c’était vraiment pas le choix à faire avec nos bécassines. De toute manière, S&C2, c’est comme les Chevaliers du Zodiaque, il n’y a que l’héroïne / Pégase qui compte vraiment, les autres, c’est des faire-valoirs. D’ailleurs, je te spoile, ils ne leur arrivent rien à la fin, pas plus qu’au début. La rouquine décide que son boulot, c’est des connards et se casse fonder son cabinet d’avocats écolo ou quelque chose du même accabit cheezy. La brune suspecte son mari de se taper la fille au pair car hé C’EST À ÇA QUE SERT UNE FILLE AU PAIR, à se faire sauter par papa. Mais ouf, même pas, la meuf est lesbienne. Quand à la Blonde, elle reste le quota libertaire puisqu’elle se tape encore un mec à la fin. L’air de dire “hé les fans, regardez, elles ne sont pas complètement nazes les filles, la blonde aime toujours baiser”. Et tout ça, sans déconner, est balancé en 5 mn chrono. Car le gros bifsteak arrive.
Le scénario : elles se voient offrir un voyage à Abu Dhabi (qui en fait se trouve au Maroc pour des besoins de production mais chut, on fait tout comme). Et… c’est à peu près tout. Vraiment. Sans déconner. Comme si une équipe de scénaristes s’étaient réunis et qu’ils avaient gardé le premier jet au bout de 10 minutes de réunion. Le voyage : moment conseillé pour dormir, car il ne se passe RIEN. Mais tu risques de manquer le meilleur moment wtf quand, poursuivies par les extrémistes, elles se réfugient chez des résistantes locales qui se montrent leur Louis Vuitton (pouah) qu’elles cachent sous leur burka. La résistance, c’est du Vuitton. Quel paradoxe quand on sait que Vuitton fut un collaborateur honteux durant la guerre. Autant de marques-dropping est à gerber. Et puis, intrigue, Carrie Bradshaw/Seiyar l’héroïne revoit son ex, petit bisou, crise d’angoisse sur le couple et pouf, c’est réglé en musique sur voix off vite fait. Même Grey’s Anatomy n’ose pas ranger ses bouts de scénario aussi rapidement sous la moquette.
Allez je vous le dis : ça se termine bien. Nul du début à la fin.
Enter the void n’est malheureusement pas un film qui sert à grand chose. Mais il a un gros point commun avec Lost in Translation : il se passe au Japon alors qu’en fait, il pourrait se passer n’importe où ailleurs. Mais Lost a un sujet assez clair : « le difficile passage dans la vie adulte d’une adolescente ». Le même que tout ses autres films d’ailleurs, à la Coppola Girl. Mais Enter the Void, y’a pas la queue d’une idée. 1mn de concept étalé en deux heures qui montrent irrémédiablement leur limite. Un show en mode FPS ultra narcissique, avec mains du héros et clignements d’œil pour faire plus vrai à défaut d’avoir des acteurs super impliqués. 2h de souffrance, une véritable agonie cérébrale quand Gaspard Noé (fallait que je le cite quand même) balance la rotative lourde, avec les screen-savers assommant qui font passer ceux de Blueberry (remember) pour du Ozu. Si tu veux voir du cinéma de petite canaille, choppe-toi Enter The Void en blu-ray, label coup de poing décerné par une ribambelle de chroniqueurs TV, le cosmo-nanar que les 2.0. méritent.
Après le malentendu “ne le dis à personne”, Canet revient avec son film “le plus sincère”. Faut le voir sur la couverture de Première en train de chialer (littéralement !) que c’est son plus beau film, 100% de la sincérité comme Alliance Ethnik.
Mais trêve de plaisanterie, l’heure est grave, Jean Dujardin vient de se faire défoncer en scooter par une voiture. Pour fêter ça, ses super potes (tout le monde est forcement un peu super dans les Petits Mouchoirs), décident de partir en vacances sans lui. Le Jean, on ne comprendra donc pas qu’il est super, vu qu’on ne l’évoquera quasi plus durant 2h30. Sauf une minute pour dire qu’il va mieux. Puis pour voir son cercueil à la fin. Donc au final, on ne saura jamais ce qu’il avait de si génial, le gus. Par contre, ses potes, on a bien le temps de les voir, dans tout ce qu’il y a de plus caricatural, à l’acting en mode kilotonnes + alpha. C’est à se demander qui est le moins clownesque… Ce ne sera pas Magimel et sa calamiteuse scène de coming out et son déjà mythique “tu vois mon garçon, pédé c’est une insulte. C’est juste un homme qui aime un autre homme, mais c’est pas grave car il y a de l’amour quand même », une tirade automatique peut-être censée désamorcer l’homophobie globale du film. Les femmes n’auront pas cette chance.
Attendez, je ressors mon logo grigri:
Le moins ridicule du lot, ce n’est pas François Cluzet, les yeux gorgés de sang quand il part chasser le furet avec une hache. Hé, c’est qu’il joue avec subtilité le mec surexcité, t’as vu. Ce n’est pas non plus, au nom du ciel, Gilles Lellouche qui arrive à surjouer un mec qui n’apparait pas à l’écran, une performance pas même atteinte par le master du genre, Tom Allmighty Cruise. Alors qui ? Hé non, même pas Marion Cotillard, fraichement médiatisée pour Inception et dont on ne doute plus de la capacité à jouer les hystéros depuis la môme Piaf. Réussite totale encore si l’on espérait voir la prestation d’une queutarde surjouée qui fait la vaisselle compulsivement de peur de s’engager avec « un mec idéal » (on le reconnait facilement, il est indiqué par des néons lumineux : il est boténébreux, il aime les enfants, la bande des petits mouchoirs l’adore car il chante trop bien des chansons passablement nulles et il veut s’engager mais a quand même peur de souffrir par amour). Les amateurs d’écritures cinématographiques subtiles vont se régaler. Mais alors qui est le vainqueur de cette compet de nullité? Le gros paysan amené dans l’histoire pour rappeller à ces couillons de Parigots les Vraies Valeurs du Terroir dans un final absurde où tout le monde s’étreint comme pour nier 2h30 de film, si seulement… Non le vainqueur, c’est Laurent « mais il jouait dans Classe Mannequin, lui » Lafitte, dont le jeu halluciné, entre Emmanuel Mouret et du neuneu époque Premiers Baisers. Ce mec est un génie car il donne l’impression d’avoir encore l’essentiel d’une pièce de théâtre de boulevard dans les tripes à la moindre de ses répliques lunaires. Un vrai happening, le film dans le film à la hauteur de la pertf’ Lynchéènne de Dubosc dans Disco.
Seul point positif, ça ne chialait pas vraiment dans ma salle malgré tout le mal que s’est donné Canet. Vivement un director’s cut de 4h en 3D pour être au plus fort de l’émotion.
Mais ce n’est pas mon pire film 2010. Le winner toute catégorie, c’est l’amour c’est mieux à deux. Un titre hommage à Max Pécas qui ne laisse pas présager réalisé par un mec lambda et Farrugiat qui s’est rajouté au générique, histoire de faire un maximum de promo, forcément dans le sens du poil. Une précision avant de se lancer : je suis sorti de la salle devant toute cette intensité étronique, pour finalement terminer la torture dans l’avion. Et en deux fois car endormi la première fois. Sacrifice Robotics.
Clovis Cornillac donne toute la portée de son talent dès sa première réplique. Annonçant une bonne nouvelle, son ami incarné par Manu Payet (ni bon ni à refaire) lui répond Mazel Tov. Ce à quoi Clovis répond avec une tête d’ahuri qui mériterait un gif animé « mais pourquoi tu me dis Mazel Tov, je ne suis pas juif ». Deux qualités, d’un coup, dans la gueule. L’écriture nulle “mais qui essaye de faire dans l’air du temps” (et personnellement je me serais bien contenté du « simplement nul ». Et puis l’acting de Clovis qui va chercher au bout de lui-même les ressources pour avoir l’air le plus ahuri possible. Je vais te confesser un truc mais tu gardes pour toi : avant j’avais comme une tendresse pour ce mec. Il jouait le paysan bourru dans les films de Bourdieu fils (label direct to Arte). Et puis il a fait une kadmérization de son esprit. Il a dit oui à tout. Oké, il joue mieux Christian Clavier que Christian Clavier ne joue Astérix, mais c’est pas une raison. Là, avec un tel niveau, il était en droit de réclamer un rôle dans les petits mouchoirs.
Clovis est seul dans la vie mais lui ne rêve que d’une rencontre AU.HA.SARD. Pas de Meetic pour lui, oké, mais pas non plus de rencontre arrangée. Genre « hé, j’te présente une bonne copine », pour lui, c’est le premier pas vers une relation flouée. Son référent castrateur freudien, pour parler vrai, c’est ses grands-parents (dont il apprendra à la fin que papy il ne sautait pas que mamie, du coup, son idéal débile appliqué à longueur de film volera en éclat). Son pote, le fameux Payet va lui arranger « un coup » avec la présentatrice de «à la recherche de la nouvelle star », qui joue euuu… comment dire… Au moins elle ne demande pas de voter 1 en envoyant des Textos. Mais pour Clovis, c’est le coup de foudre « ouuuuah qu’elle est belle », lancé le regard vitreux. Malheureusement vers la moitié du film (la première fois que j’ai décroché, en salle), il la rejette en apprenant que leur rencontre était arrangée. Au cours de ce long vol, j’ai pu découvrir que l’autre moitié à encore moins de sens.
Farrugia était en première ligne à vociférer en faveur de la loi Hadopi, d’affirmer que c’était la fin de la culture si on ne mettait pas en place une loi pour foutre des taloches à tous les pirates. Hep, Dominique. Ton film est si pourri qu’il ferait fondre le disque qui le téléchargerait. L’amour c’est mieux à deux est officiellement la pire séance de torture de 2010. Une fraude à l’intelligence.
Machete
Dec 14th
Machete, tout un programme monosyllabique. Un pitch, un spoof, et splash, nous y voilà, quelques années plus tard avec un vrai film. Ce cinéma de la poudre déshydratée, tu fous de l’eau dessus et ça te fait une vraie soupe. Bah là, même motif, même punition, tu te retrouves avec un vrai film.
Machete est donc un pseudo film de la “chicanosploitation“, basé sur ce fameux trailer balancé entre Death Proof et Planet Terror. Personnellement j’ai toujours cru qu’il était trop génial pour être vraiment de Roberto Rodriguez. Et en même temps, j’ai vu Predators cette année donc je suis préparé au pire. Et pourtant, Rodriguez, même pas peur, produit un Machete qui singe exactement le trailer génial en y ajoutant un golden casting où personne ne manque. Seagal, Johnson, De Niro, la teuf. Nanas à tomber par terre, keufs véreux le tout dans une irrévérence calculée et sans doute une joie adolescente pour tous ces cabotins. Y’a juste Danny Trejo, au charisme un peu modulable, un peu absurde comme Toxic Avenger. Rodriguez est ce qu’il est, pas de miracle, c’est donc réalisé à la truelle. Pas le mo-moche volontaire, non plutôt le genre pas malin. Ce qui est paradoxal pour du volontairement cra-cra… Ce serait comme reprocher à Mars Attack d’être kitch. Et bon sang, je ne reprocherais jamais rien au dernier Burton vraiment bon (Et après, fut la Planète des Singes).
Mais le problème de Machete est qu’il doit affronter de plein fouet des spoofs plus intelligents que lui. Cette même année, Black Dynamite, un bijou d’hommage à la blaxpo. Machete, pour rester dans le monosyllabique, c’est un casting plus glam mais pas 100% pimp comme il faudrait. Ow et Jessica Alba, pas naked dans Sin City « parce que j’ose pas » offre une scène de douche totalement gratuite. On lui pardonnerait presque le speech où elle motive la foule, au moins aussi mou que celui d’Orlando Bloom dans Kingdom of Heaven, d’une mollesse encore indétrônable aujourd’hui. Un résultat pas tout à fait Dans les Dents mais un
pour la bonne humeur de l’ensemble.
Com-Robot