Cinématographe
Transformers
Jul 16th
Kro Kru Kri Kri. Voilà 22-23 ans que ce bruitage hante mon esprit, la mélodie métallique que faisaient les Transformers, un des dessins animé les plus classe du cosmos. Résumé de l’idée de base : des robots gentils (les Autobots) poursuivis par leurs némésis (les Decepticons), s’écrasaient sur Terre où ils continueront leur guerre. Particularité, ils sont transformables. Comme toutes les séries des années 80 imaginées autour d’un concept-roi (=> dont le pitch est suffisamment fort pour ne faire qu’une ligne ou deux, tout en restant suffisamment puissant), ce qui est cool, c’est la robotique. Franchement, à quoi bon s’être farci Tonnerre Mécanique, K2000, Supercopter ou même Jayce et les Conquérants de la lumière si ce n’est pour la classe des caisses ou des engins ? En l’occurrence, tout le scénario et le background a été développé autour de jouets… Transformers avait aussi le bon goût d’avoir globalement assez peu de contact avec les humains. C’était surtout au cours des combats que l’histoire se permettait de développer les caractères de chacun des robots. Déjà, ils avaient tout compris ! Pas de perte de temps !
2007, les américains récupèrent les droits et tri-dimentionnalisent un univers volontairement binaire et cool. Aux commandes, Spielberg (bientôt Tintin en CG) et Michael Bay, qui ne peut pas filmer une voiture qui fait un créneau sans faire un parcmètre qui explose. On est en droit d’avoir peur. Il faut adapter un dessin animé de garçons en massive blockbuster de l’été, il faudra s’adapter aux codes. Tranformers 2K7 est assez rassurant dans la mesure où cette version a conçue selon le principe « qu’est-ce qu’on peut garder » au lieu du triste « bon, faut modifier tout ce qu’on peut » (et là, on pense tous Daredevil). Optimus Prime est bien le chef charismatique qu’il a toujours été, poussant le mimétisme jusqu’à quoter ses répliques les plus cultes (« One shall stand… »). Megatron n’est plus un gun mais un jet de l’espace. Les transformations ont été repensées pour garder une logique de masse. Fini donc Soundwave gigantesque qui devient un radiocassette de la taille d’un Kinder Surprise. Une croix de plus dans la checklist des concessions.
Revenons à « Kro Kru Kri Kri » qu’on entend, parfois, pas systématiquement. C’est un peu la madeleine, le crédit donné aux fans qui viendront crier leur passion ou leur haine du film sur internet qui verront leur nostalgie glissant sur la pente du >LOL PTDR<. Transformers est donc devenu un objet « entertainement », un peu comme la Wii a dérivé hors de la sphère jeu vidéo pour devenir autre chose. Shia Labeouf est le Tintin du robot et s’en sort pas trop mal d’ailleurs, tout comme Meggan Fox (ouch, ze bimbo de l’année, accrochez-vous) tandis qu’on appréciera des petites perfs de « Sucraaay » de Prison Break et d’Aaron Pierce, le highlander de 24. A noter la composition de John Turturro qui joue un mec du FBI comme s’il était dans un film des frères Cohen, totalement lunatique et improbable. Il est d’ailleurs le seul qui cabotine vraiment, car ils jouent tous de manière assez sérieuse en évitant aussi l’effet écran bleue à la Star Wars (« bon, là, vous regardez par là et vous imaginez qu’une galaxie explose devant vous »). Quand TF version Bay ne fait pas exploser des trucs, on est dans de la dramaturgie « sauvé par le gong », oscillant entre dérision et le « on me la fait pas, à moi », en beaucoup moins agressif que Spider-Man et X-Men. C’est sa principale qualité, il ne se moque pas du concept, il y va à fond, sans se poser de questions. On pourra regretter ces petits passages Spielberg 80’à la « vite, cache E.T dans la boite des jouets ! », très ringard. Mais pour être l’évènement de l’été, il faut que ça putain de blaste comme dit Lord Jean-Marc. Les Decepticons sont binairement méchant comme il faut et cassent tout, sans pitié. L’arrivée de Devastator est assez géniale dans le genre qu’on pardonne les histoires de cube cosmique qui donne vie à des ipods et ses petits robots méchants comme des gremlins.
Transformers sera donc au mieux un actioner standard, une espèce de checklist complète par des artisans calibrés, on peut difficilement enlever ça à Bay, un machin qui fait énormément de bruits (attention au premier rang !). Au pire, ce sera aussi agréable à regarder qu’un épisode d’Airwolf et ses scénarios plan-plan jusqu’à ce qu’arrive les séquences de dégommages de communistes en hélicoptère qu’on attend tous. Transformers est un film des années 80 où l’on a collé des scènes de baston kaboum qui claquent et des trucs qui explosent.
C’est l’occasion d’inaugurer un système spécial de notation pour ce type de films.
Note Airwolf (sur 5):
Pursuit of Happyness
Jul 9th
Will Smith joue ce qu’il fait de mieux, le gars cool, en toute circonstance, même quand un pigeon mort s’écrase sur ses pompes. Tiré d’une histoire vraie, c’est un gus qui n’enveut mais, malchanceux chronique, il passe le plus clair de son temps à courir après ce qu’on peut appeler les emmerdes du destin. Il se retrouve avec son môme, seul, et la spirale l’entraînera jusqu’à se clochardiser, tout en suivant ses concours, s’accrochant, encore et toujours. Mais tel le club de l’économie, Will est un winner, il s’en sort, et rentre dans une bonne grosse société qui brasse des mi’llions, avec stock options et golden parachute. Une belle fable moderne. Tu seras trader, mon fils.
Letters from Iwo Jima
Jul 5th
Iwo Jima est le frère jumeau d’un des meilleurs films de 2006. Moins ambitieux dans sa narration, moins organique que « Flags », il est entièrement tourné en Japonais de manière crédible et ce, sans Hiroyuki Sanada, il faut le souligner, c’est important. Moins poseur et plus posé, Iwo Jima nous raconte l’histoire de ces jeunes gus voués à une mort certaine, par sacrifice au combat ou par suicide, acte qui n’aura jamais été autant désacralisé au cinéma. Mais comme son prédécesseur, ce qui fait la force du diptyque de Clint, c’est ces petites scènes humaines, ce chef d’état major seul sur la plage avec son aide de camps, ce milicien qui fait preuve de clémence se retrouvant puni sur cette île où tout le monde va crever, ou ce gradé ancien champion olympique plein de bons sentiments qui soigne l’allure de son cheval. Malheureusement, Iwo Jima est aussi plus manichéen. Les rares « bons » japonais, ceux qui ont du bon sens, les respectables, ont tous fait des études à l’étranger ou ont beaucoup voyagé. Simpliste ? Certes, mais après la guimauve humaniste que fut Indigènes, c’est limite pertinent. Moins réussir car on a tutoyé le chef d’oeuvre 6 mois plus tôt, c’est un cas de damage control très honorable.
Sunshine
Jun 8th
Sunshine a une qualité essentielle, celle d’avoir un capitaine japonais à bord interprété par Hiroyuki Sanada (qui devrait sauver Rush Hour 3). Sérieusement, ce mec transperce la péloche et ses scènes fleurent bons cet héroïsme samuraiesque que lui seul maîtrise. Ah oui, le film… Bon c’est un Dany Boyle, qui a de bonnes idées et qui foire en route, sauf peut-être le précédent que quasi personne n’a vu. Sunshine est un film de SF bancal. La Terre étant devenue un mister freeze géant, un groupe de zigotos sont envoyés vers le soleil avec pour mission de lui balancer une charge nucléaire, pour le rebooter, comme Windows. Les mecs sont entraînés, mais sont seulement spécialisés dans un domaine. Un seul peut activer la bombe, un seul peut gérer la flore qui génère de l’oxygène dans le navire, bref, c’est con, d’être si peu prévisible pour un si long voyage. Puis, peu à peu, après le pic du film (dans sa première demi-heure), Sunshine se dégonfle comme une baudruche. Pas assez sérieux pour être crédible, pas assez déconneur pour être marrant, il donnera même dans le méta-débile post-junkie et même dans le zombie qui court en faisant beuuuuuar, sans doute un rescapé de 28 jours plus tard. Rien ne nous est épargné pour alourdir le récit. Un cosmo ratage, malgré des bons acteurs qui ont l’air un peu perdu à faire les camés sans came. Dans la veine de “The Beach”.
Ensemble, c’est tout. (Possible)
May 29th
“Ensemble, c’est tout”. L’impérativité du titre est déjà assez exaspérante, mais ce n’est rien comparé au film lui-même. Adapté d’un roman (paraît-il) populaire, mais que je n’ai aucune intention de lire (car, par pur snobisme, j’essaye de lire en priorité des auteurs morts, ou en passe de l’être. J’exagère à peine). Non, mais vraiment, un titre comme ça, il faut que ça soit génial, sinon c’est un peu la honte. Mais voilà, « Ensemble, c’est tout » (je ne m’en lasse pas, c’est comme « La Fontaine, Le Défi »). Ensemble, tout devient possible, c’est le message que veut faire passer le film. Pour que ça change fort. Dans une France présidente. Un vrai brainstorming de slogans politiques, ce titre. Mais ensemble, c’est bien joli mais faut voir avec qui. Tautou est femme de ménage turbo dépressive et malade. Elle se fait recueillir par Philibert, son riche voisin bègue. Attention, faut le décrire, Phildar porte un nœud de pap’, un pantalon de golfeur façon Tintin au petit XXème et chiale sur l’argenterie de famille. Dans le genre too much, il éclate tout. Son colloc, c’est Guillaume Canet, qui joue au jeune en fumant des bédots au lit et en écoutant du collège-rock le matin. Il est cuistot, un rien plouc dans sa tête, mais vit très mal la maladie de sa mamie. Il s’engueule avec Tatou 10mn puis devient pote. Triangulation, intérêt commun, il la baise, elle sort de la déprime, elle devient la nurse de la grand-mère. Philibert est… reste toujours aussi too much. Mais Benoit Brisefer quoi ! Le message, il faut être heureux, ou bien se forcer d’être heureux. A noter que la dernière scène est pire que toute les pubs de téléphone portables minables, genre le bonheur c’est simple comme un coup de fil. Sérieusement, ce moment de nullité biblique est en tête pour la palme du plus grand n’importe quoi 2007.
Apocalypto
May 14th
Gibson a un problème avec la violence, Apocalypto en apporte, si besoin était, la confirmation. On ne nous épargne aucune séance de torture, douleurs et sacrifices humains. Même dans les tribus picaros, on est loin d’être PG rated, on s’étripe, on se venge comme dans Payback. Pas un os, pas une artère n’est pas exploré dans cette course poursuite entre indiens. On est dans un actionneur aztèque, une course poursuite avec comme héros le jumeau de Ronaldinho, un chasseur très pêche et tradition, qui s’enfuit, pressé qu’il est d’aller sauver sa famille. Derrière lui, une tribu dominatrice qui veut le transformer en barre céréale. Bizarrement, c’est filmé de manière très irrégulière, à la truelle, avec des plans en caméra mouche très vilain. Mais au moins, les Tainos filmé par Gibson ne font pas d’envolés antisémites, quoique la citation au début sur “une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur» peut faire froid dans le dos si l’on connaît le passif de Mad Gib’. A prendre comme un film un peu bête et con, donc.
Spider-Man 3
May 2nd
Le 1 était un crachat sur l’œuvre originale, pédant et fatiguant. Le 2 était une extrapolation frauduleuse (« oh mon dieu, j’ai perdu foi en moi, je n’ai plus de pouvoirs »). Fallait-il avoir peur de Spider-Man 3, dont le nom est, depuis, devenu l’emblème des PlayStation 3 via sa typo, signe qui n’est pas rassurant par les temps qui courent. Et pourtant, entre les bêtises pour ados de type Garden State, Elizabeth Town (avec Kirsten, encore…), et les films d’action pur jus, les Spider-Man flicks ont réussi à trouver une pâte, celui du teen movie de luxe. D’un côté, on a les scènes de baston tournoyantes, à la notion de la gravité totalement relative, et de l’autre des bogosses, pour tous les goûts, de Toby McGuire à James Franco, avec moult scènes « émo » et torse poil. Le premier, c’était le début de la puberté, le deuxième, c’était le doute, le troisième sera celui de la crise d’adolescence avant le passage à l’âge adulte. Le cordon.
Pour harmoniser tout ça, on a droit à un habile gloubi boulga scénaristique inspiré de différents passages de bédé, abondamment coupés pour des raisons évidentes de temps. Spider-Man fut un jour envoyé se battre dans l’espace, transporté sur une planète par The Beyonder, un espèce de dieu tout puissant avec la gueule de David Hasselhoff, et d’où il choppera le Symbiote, qu’il ramènera sur Terre, un véritable costume extra-terrestre vivant. Sur péloche, tout ça est résumé en « une météorite débarque, et un bout de chewing gum noir se colle à sa mob ». Voilà, hop c’est plié. Au passage, le nouveau costard ne se contente pas de se coller à lui, il l’influence vers le mal, façon Kryptonite nicotinée de SuperMan 3 ou Droit de Savoir sur TF1. Un autre nemesis, Sandman, débarque, après avoir été retconé en « véritable assassin de son oncle » pour rajouter de la proximité. Comme un peu tous les méchants version Raimi, sa vie est un pathos continuel (bouh ma fille à soigner, et les docteurs sont des escrocs qui prennent chers => voir Yamakazi). Victime d’un incident nucléaire alors qu’il passait par là (bon dieu, le rôle positif des innombrables accidents nucléaires dans les années 60), il se transforme en sable. Ah et le new Goblin jr débarque aussi. Et le pire, c’est que la mayonnaise prend, le scénario faisant une jonction bancale entre ces 3 ennemis, avec quelques trous scénaristiques fous (Parker trouve le point faible du Symbiote par hasard ?). Mais pour une histoire en triple couche, ça reste suffisamment clair pour que tout le monde comprenne.
Les scènes d’action sont vraiment surboostés par rapport aux films précédents, et bénéficient sur presque tous les plans d’une gestion cohérente et réussie du placement du corps humain. Il y a clairement plus de maîtrise. Alors évidemment, l’idée de Gwen Stacy arrive bien trop tard (casting idéal pour MJ dans sa couleur naturelle, en plus), Kirsten est convaincante comme une pub « Madrange mon jambon star ». Spider-Man 3 sera celui du too much, de Parker qui se met à faire le bad boy pour plaire aux meufs. Mais bizarrement, plutôt que de modifier comme il le faisait précédemment, Raimi donne vraiment l’impression d’avoir tenté de garder un maximum. Un équilibre bizarre plein d’autodérision. Spider-Man 3, donc, l’actioner – teen movie de l’été. Ce n’est pas un titre de noblesse, juste un label qualité entertainement + popcorn.
Attention exclu, au lieu d’une illustration, j’vous ai préparé un film du super ami des enfants, Tchelovek Pauk. Son premier tube !
Contre-enquête
Apr 20th
Le polar “cochonou”, c’est décidément la catastrophe. Contre-enquête est nul, jusqu’à son dénouement, un plot twist de 30 secondes, même pas très intéressant ni pertinent. On est devant l’incarnation humaine de la phrase « Digne d’un téléfilm M6 ». Dujardin joue la tristesse et la déprime de manière très personnelle mais c’est surtout les seconds couteaux qui marqueront. On distinguera des comédiens jamais vraiment dans le coup mais aux timbres de voix connus : « oh mais c’est la voix française de De Niro… » ou encore « Oh Saori »… A noter l’excellente prestation de Capitaine Flam dans le rôle du juge. Du polar vraiment naze, sans portée, sans profondeur ni intérêt. Basta.
Pars vite et reviens
Apr 19th
Le polar suspense made in Justin Bridou, c’est un peu la cata. Tout sonne faux, tout est toc, rien ne va dans Pars vite et reviens, adaptation d’un bouquin sans doute pas mémorable de Vargas qui a, au moins, le bon goût de moins vendre ses droits ciné que J.C.Grangé. Mais faut s’accrocher pour voir un seul élément cohérent qui pourrait faire émerger cette intrigue hors de l’eau. Un crieur de nouvelles (tiens, ça existe encore ?) annonce chaque jour les messages des habitants de son quartier (juste en face du slaphy splasha de Niki de Saint Phalle), à côté de Beaubourg… Ouiiiii bien sur. Un jour, il déclame un crypto-message annonçant la venue de la peste, et des « 4 » à l’envers sont peints sur des portes apparemment au hasard, dans Paris. Le « settei », la mise en place comme l’on dit pour faire simple en petit comité nippon, est risible, mais les acteurs ont décidé de tout jouer en roue libre, à commencer par José Garcia… Sans parler de Marie Gilain et même Serrault, tous se sont passé le mot pour rendre ce polar comique. Chaque effet tombe à plat, jusqu’au dénouement final. Difficile de faire pire.
Substitute
Mar 27th
Le PSG coule en ce moment. Ils auraient mieux fait de garder Vikash qui s’essaye pendant ce temps au film concept. Attention, ce n’est pas un footballeur classique, il sait genre lire et écrire. Avec sa caméra, il se fait un « les yeux dans les bleus » version perso, moins gnangnan, tournant son ennui, celui du sélectionné mais qui au final n’aura quasi pas joué. Frustration du mec qui vit mal cette situation et qui se retrouve à tourner les vestiaires et les chambres d’hôtel. Où qu’on aille dans le monde, y’a rien qui ressemble plus à un stade qu’un autre stade… Le room service, partout pareil. Mais ce n’est pas ça le plus moche. C’est l’injustice (relative hein) qui le frappe, les questions qu’il se pose. Alors ouais, c’est sûr, le même film ne serait pas possible avec Barthez ou Ribery. D’ailleurs on s’en foutrait. Le regard désabusé de Dhoraso est pertinent, pas reluisant, restituant bien l’ambiance d’un remplaçant jamais utilisé. On ne voit quasi personne sauf lui-même et sa bouille sympathique, rien des touches pipi de la 3ème mi-temps et du côté « dieux du stade » héroïques que les chaines de TV essayent de nous vendre à coup de super ralentis. A ne pas manquer la séquence du vestiaire, juste après la séance de penalties loupée lors de la finale.
Com-Robot