Cinématographe

X-Men First Class
May 30th
Tous les voyageurs du monde ont déjà connu ce que j’appelle “la valise de Tokyo”, ce moment crispant, le soir avant le départ où tu crois que tout va rentrer alors que non. Les mecs responsables de X-Men First Class ont la valise qui a débordé de tous les côtés.
En situant son action dans les années 60 en pleine guerre froide, X-Men : First Class montre tout d’abord que, ça y est, on ne peut plus évoquer cette époque sans un petit peu d’effort. Désormais, on doit faire un peu plus que du wikipédia avant de tourner une scène de la guerre froide. Seriously, les mecs, ces cartes marquées RUSSIE, c’est aussi authentique que le menu Shogun et ses quarante sushi à déguster à deux sur son bateau. Le Soviet Suprême était pas le genre à oublier son compte CCCP. Les erreurs factuelles abondent, faisant parfois passer Austin Powers pour une reconstitution minutieuse des 60’s. D’accord, c’est un film de SF néo-rétro, mais toc de partout, avec à chaque fois l’impression de trop en faire. Mais j’y arrive.
X-Men First Class se pose comme la préquelle directe des deux films de Singer, gommant l’absurde X-men Origins : Wolverine. Oui, souviens toi, à la fin du Jackman solo-flick, prof. Xavier débarque en Supercopter pour libérer Cyclops et Emma Frost. First Class, c’est avant toute l’histoire de Magnéto. Xavier, gentil boy scout pas suffisamment intéressant pour le réalisateur de Kick Ass, n’a jamais vraiment le temps de briller, écrasé par le bad boy en puissance qu’est Magneto en petit blouson cuir cintré.
Mais ce n’est pas que le Rise maléfique de Magneto. First Class, c’est aussi et surtout une vraie proposition assez géniale de film d’espionnage James Bondisant, trop vite balayée par les exigences des conventions super héroïques. Pendant la première demi-heure, Michael Fassbender (déjà vu dans Centurion) devient un chasseur de nazis qui part se venger à l’aide de son pouvoir mutant. Et un high concept comme ça, pour moi, c’est 2 h de bonheur. Malheureusement, il rencontrera Boring Xavier (McAvoy) qui, comme seule vague, est présenté comme un queutard DSKien. Dommage collatéral, le film quittera les sphères Bondiennes pour basculer dans le buddy movie pas franchement réussi. Et là, c’est le début de l’auberge espagnole, le fourre-tout.
X-Men First Class deviendra aussi un teen drama où les recrues nous refont Premiers Baisers dans un loft de la CIA. no shit. Et puis il y a la réflexion obligatoire sur l’identité, avec cette fois ci, Mystique en remplacement de Rogue dans la classique métaphore du refoulement de l’homosexualité, le sujet clef de Singer. Ajoutons (c’est pas fini), une lourde évocation des camps de concentration, un club de strip-tease tellement parachuté dans le scénario qu’on croirait un épisode d’Hollywood Night de la grande époque, White Queen qui a deux pouvoirs histoire de bien compliquer la sauce. Et puis sans oublier Hank McCoy qui travaille sur un sérum de contre-mutation car il n’est pas content de chausser du 57. Riiiiiight… Et puis la baie des cochons. Et des inévitables caméos. Et surtout 5 mn de Michael Ironside. Ouf. Djizeus’
On est toujours surpris par ce que font les studios avec les adaptations de comics. Une bédé avec 40 ans d’histoires, des centaines de personnages and all you get is Azazel. Azazel, quoi. Most boring story ever. Le père biologique de Nightcrawler dont le pouvoir est donc de se téléporter. Mais heureusement, il ne parle pas, préférant utiliser son don pour téléporter les gens dans le ciel et les lâcher en chute libre. Creepy. Dans le même genre de refus de test ADN de paternité débarque Alex Summers a.k.a Havok, le frère de Cyclops même si ce n’est jamais précisé. Pourquoi lui, alors ? Pour ce costume culte ?
Man, si tu savais mon amour pour Havok et son costume original de la fin des 60’s, black, slick… qui se retrouve ici en ado équipé d’un ventilo sur le bide pour canaliser sa puissance.
Et puis pourquoi avoir choisi Angel, gogo-danseuse fée qui crache des boules de feu, arrachée au run de Grant Morrison ? J’ai du mal à imaginer comment quelqu’un a pu imaginer que c’était une bonne idée, à part le plaisir de voir Xavier et Magneto dans un stripclub (un autre !) le temps d’une scène. Et puis il y a le leader du Hellfire club, Shaw qui est un crypto-nazi incarné par Kevin Bacon. Tous se battent pour exister quelques minutes à l’écran, entre toutes les thématiques, toutes les idées, tout le grand barnum listé précédemment.
Mais si c’était pour faire un gros mix, pourquoi ne pas avoir refait ça, en fait ?
Dire que les effets spéciaux ne sont pas excitants est un euphémisme. Chaque scène de combat, chaque incursion de CG a un goût low coast de film bricolé à l’arrache. Il faut les voir, tous raides comme des piquets, même quand l’un d’eux va mourir en avalant une boule d’énergie. Raide. First Class tente même les ellipses de la flemme, genre fondu au blanc pour éviter de tout montrer. McCoy/the Beast est particulièrement loupé dans le genre tandis que Shaw essaye désespérément de rendre classe le pouvoir d’absorber cinétiquement de l’énergie. C’pasgagné. Heureusement pour le budget SFX, la plupart des pouvoirs ici sont d’ordre télépathique. These aren’t the droids you’re looking for.
Mais X-Men sent le bâclé aussi au niveau du scénario, laissant des failles béantes entre les 26 sujets qu’il essaye de traiter. Par exemple, McCoy cherche à créer un sérum qui le désévolue pour rendre ses pieds les plus normaux possible. Mais il part du principe que ses pouvoirs resteront. Mais à aucun moment notre super savant ne se dit que sa mutation de pieds en forme de mains, c’est précisément son pouvoir, sa super agilité. Clever ? I THINK NOT. Ou tous ces mutants sur une plage, menacés par une armada de missiles tout droits sortis de Robotech. Remember, ils ont parmi eux ce fameux mutant téléporteur Azazel, dans ce film. So, WHY THE FUCK IL NE BOUGE PAS POUR TOUS LES TÉLEPORTER AILLEURS ?
Alors, First Class, il se place où, dans le classement des X-Movies ? Je n’ai jamais vraiment aimé les films de Singer, utilisant les X-Men comme un prétexte à faire ses propres messages sous-jacents moralistes sur ce qui le tient à cœur, à savoir le coming out homosexuel, les méfaits du tabac ou la direction de la banque centrale européenne. Le désastre de Superman Returns donnait la mesure de la limite des super-héros pour ce genre de vendetta personnelle quand on ne comprend pas vraiment le matériel original. Et X-Men 3. Bon, X-Men 3 suxx, tout le monde le sait, bitch, mais au moins, il nous donnait du Magneto psychopathe maboule et destructeur qui fonctionne mieux que le mutant en pleine peine mémorielle qui affaiblit vraiment le gus. Mais c’est comme ça qu’il apparait en ce moment dans les comics, où un épisode sur deux est devenu camp-de-concentration-related. Dans le dernier numéro de mai de X-Men Legacy (n°249 pour les archivistes), il te flashback comment il est allé forcer au suicide un savant nazi. Mais je crois que ça vaudra bien un sujet dédié, ici même, en section comics. Reste que First Class se situe dans le même ventre mou des bonnes intentions, avec ses acteurs relativement concernés.
X-Men : First Class n’a pas vraiment de chance. S’il était sorti dans la foulée des autres X-flicks, il serait passé comme une lettre à la poste, quasiment comme une relecture survitaminée d’Unbreakable. Mais aujourd’hui, les blockbusters déboulent chaque année par paquet de 10 par saison. Il faut être à la fois drôle, fidèle, pertinent, pas trop con et pas trop cynique. Et sexy. Et c’est seulement sur ce dernier point qu’il cartonne avec la même sobriété que la playmate chez feu Collaro Show. Moira Mc Taggert, jouée par Rose Byrne de l’Amour, s’introduit dans le Hellfire Club en culotte, soutif et porte-jarretelles. BEST. INFILTRATION. EVER. Mais ces quelques petits moments jouissifs dans un édifice fragile sont bien là la preuve d’un assemblage maladroit, un produit hollywoodien mutant. Class dismissed.
… ce qui donne plutôt envie de revoir ça en fait…
Green with Envy Teaser 1
May 27th
Hé bien, ça c’est inhabituel. Remember, la fausse love story avec les muppets, coming this Thanksgiving ? Maintenant, on a le teaser après la bande-annonce, avec un caméo… inattendu. Enjoy.
Green with envy Trailer
May 24th
On était au courant. On savait que ça devait arriver d’un jour à l’autre. Mais je n’ai jamais vu un trailer pour un vrai film qui ressemble autant à un hoax. C’est juste… what ?!?
Une pensée pour Cauet qui avait essayé en son temps de faire une OPA sur Kermit the Frog. Qui faisait lui-même la voix. Irk.
Tree of Life
May 22nd
Tu te souviens quand Google Earth est arrivé ? Quand tu pouvais passer de l’infiniment petit du toit de ton immeuble ou d’ailleurs et que tu dézoomais jusqu’à l’infiniment grand du cosmos. Puis zoom, encore, sur la maison de ta mamie, sur la sortie sud de Shinjuku, ou encore sur la rue Ordener ou la maison de tes meilleurs potes. J’étais fou, j’ai fait ça pendant des heures, et même si on a désormais accès à ce magic trick depuis un téléphone ou un pc portable, je suis persuadé que ça me fascinerait encore pendant des heures.
Pourquoi ce remember si 2005 ? Parce que Malick a fait son film Google Earth et bien plus encore. Récemment, j’écrivais un article à propos d’un jeu qui risquait de sombrer à tout moment dans la fadaise intergalactique. Sauf que lui y tombait vraiment, fallait faire avec, l’accepter et passer à autre chose. Car il n’avait pas les reins de sa prétention assez solide.
Dans l’absolu, Tree of Life est le yang de A Serious Man qui réinterprétait aussi le Livre de Job ce qui donne le ton de la complainte. Plus terre à terre, Tree of Life “n’est que” l’histoire d’une famille qui sera endeuillée. La mère n’est qu’amour. Le père, c’est l’homme à l’ancienne, celui que tu t’imagines dans l’Amérique des années 50. Le genre de mec qui élève ses trois enfants à la dure. Il commet des erreurs devant nous, ne les ménage pas, les dérouille, se fait appeler Sir. Pourtant, je n’ai jamais vu un père autant dire “je t’aime” à ses gosses (qui, d’ailleurs, jouent merveilleusement, ce qui est rare pour être souligné). Mais comme d’habitude, ce n’est pas forcément le vrai sujet avec Malick qui filme avec autant d’amour un nuage ou un oiseau que la maxi-star du moment (Richard Gere, Brad Pitt, Colin Farrel, même combat), rendant sensuel tous ses plans. Il n’y a rien de forcément nouveau dans Tree of Life, tous ses propres clichés sont là. La main dans l’herbe, la balançoire, l’eau à niveau des orteils, les complaintes… Un ami le résumait ainsi : c’est du “Malick-porn”, le film somme dans toute sa splendeur. Et on peut difficilement aller plus loin que Tree of Life qui a l’ambition de toucher à la foi. Rien que ça. Comme d’habitude, il y a une double narration : la première, celle qui est filmé, et puis, le plus important, ce qu’ils pensent à ce moment là… Comme quand Farrel pense à l’amour alors qu’il se fait torturer in le Nouveau Monde.
Et puis il y a Sean Penn, toujours borderline “Nicolas Cage” quand il s’agit de jouer la souffrance (remember 21 grams) serait peut-être le maillon faible du film, errant dans un New York post 9/11 déshumanisé, marchant ensuite sur du sable comme dans une pub pour du parfum. A tout moment, Tree of Life risque de se Shaddaiser, de devenir un object of LoL. Qui peut-être se réconcilie avec son père. Mais comme le reste, ça n’a pas d’importance.
Bien sur, certains penseront qu’il ne s’agit de quotes bigotes rajoutées de manière aléatoire, sur fond de moment de vie ou de Big Bang. Et puis, dans Tree of Life, il y a des dinosaures qui vont, sans déconner, se marcher dessus. Tu me connais, je serais pour que les Saurus se battent à mort, pourvu que ça fasse du beau spectacle. Hell, j’ai été jusqu’à acheter un jeu pc juste parce que le 3ème Reich, sur ordres d’Hitler, ressuscite des dinosaures et les utilise contre les alliés pour gagner la guerre. Car j’avais envie de voir des dilophosaures armés de fusils semi-automatiques. Mais là, il se passe tout le contraire. Le premier dinosaure va épargner le second, soit l’acte fondateur de l’humanité, la première trace de cette compassion qui fait de nous des êtres humains. Et en y réfléchissant bien, act of god ou pas, un chrétien fondamentaliste ne devrait pas apprécier être résumé à un lézard préhistorique qui prend son collègue en pitié.
Finalement, Tree of Life fera le contraire de ce que devrait faire la religion, il ne cherchera pas une ligne médiane de compréhension pour mettre les gens d’accord. C’est le contraire d’un film zélote. Film hors norme, hors note aussi, terrifiant de beauté formelle, assommant pour cette ambition-prétention permanente. Le love/hate movie, par excellence, tout aussi mégalo que radical et prodigieux. Mais je peux te dire, sans sourciller, qu’en compilant toute une vie de famille, de l’origine des âges à sa fin, qu’il s’agit là d’un des meilleurs trailer que j’ai jamais vu de ma vie.
Forcément, je n’en pense pas moins :
La Conquête
May 20th
Je me souviens d’un reportage circa 2006 où des caricaturistes regrettaient déjà le départ de Chirac. Chacun y allait de sa minute nostalgique, dessinant les grandes lignes de Mitterrand, Chirac ou de Gaulle pour nous prouver à quel point le nouveau gus qui allait débarquer n’a pas les épaules pour le job. Stop, les mecs, vous vous êtes gourés. 2011 nous prouve aujourd’hui qu’on peut faire de la politique-fiction avec n’importe qui. Joaquin Phoenix a eu son I’m still here, Sarkozy aura le sien, mais avec moins de nudité faciale.
Mais pas d’objection là-dessus, Sarkozy n’a pas la stature présidentielle. Ca s’est joué à peu hein. Chirac aura sans doute son musée quai Branly aussi facilement que François Mitterrand sa Grande Bibliothèque. Mais Sarkozy, sans rire, qu’en restera-t-il ? Un musée sur l’immigration ? Et puis il y a eu sa meuf à Disneyland Paris parce qu’avec Carla, “c’est du sérieux“, le yacht, sa Patek plus chère qu’une rolex, “casse-toi pauv’ con“, l’Epad promise à fiston, “si tu reviens j’annule tout” et puis le fait qu’il se fasse masser le périnée… Avec un dossier long comme une barbe de Loubavitch, faut pas s’étonner qu’on fasse un film de ta life. Et puis même si Sarkozy n’est pas “un grand fauve” de la politique à l’ancienne, c’est au moins un animal assoiffé qui fera un bon sujet de film.
Mais pourquoi un blockbuster ? Pas la moindre explosion, pas le moindre coup de pied sauté, même de la part de Devedjian, pas l’ombre d’une patate dans les dents… C’est que la Conquête nous raconte quand même une histoire high profile, l’ascension d’un président (encore en exercice, le film tu pourrais le youtuber tellement c’est frais !) dont la vie personnelle se dérobe littéralement sous ses pieds. Scénariste star (Patrick Rotman des jolis docs sur Chirac mais surtout son entretien vérité avec Jospin qui devrait être, sans déconner, ton dvd de chevet), acteurs pas franchement connus mais souvent larger than life, qui jouent généralement sans trop guignoler, répliques connues sur répliques archi-connues, la Conquête est, sans discussion possible, le blockbuster à la française que l’on attendait (et grand dieu, j’ai vu Largo Winch 2 pour en témoigner aujourd’hui).
Mais malgré ce qui est le projet le plus ambitieux du ciné français depuis bien trop d’années, il manque un truc. Sans doute la dimension cinéma. Comme une histoire. Les séquences s’enchainent autour de saynètes où chacun des personnages désormais historiques viennent balancer leur one-liner devenue immortel mais qui ne surprendra aucun lecteur du Canard Enchaîné. Et il ne manquait vraiment que “Tu l’aimes ou tu la quittes” pour que cette compil soit complète. Il règne quand même une atmosphère de cheap à chaque plan qui ne s’appuie pas sur une réalité documentée. D’accord, ce n’est pas le jardin de l’Elysée, mais alors cette scène de foule dans la rue (spoil) le soir de l’élection de Sarkozy, c’est juste hi-deux comme un passage français du dernier Eastwood. C’est dire. Où comment faire revenir des ambitions à portée de téléfilm en quelques images.
Du coup, le vrai passage intéressant, c’est cet amour qui se déchire entre deux sketchs des Guignols IRL. Ces derniers avaient l’avantage d’essayer de créer du drôle quand la Conquête ne peut s’appuyer que sur le venin des chiraquiens pour aligner des quotes immortelles. Les chiraquiens, justement, en prennent plein la gueule. Villepin est un vrai fou délirant et le film n’hésite pas à la condamner sans équivoque à la place du juge dans l’affaire Clairstream. Quand à Chirac, c’est “le roi se meurt”, mais avec Bernard le Coq à la place de Michel Bouquet (qui, lui, a fait son OPA sur Mitterrand). Pas de chance, mais hé, il l’a bien cherché, vu son quinquennat affreux. Denis Podalydès avec lequel j’ai du mal que ce soit un rôle classique ou dans Neuilly Sa Mère joue ici le rôle de sa life, incarnant sans rentrer dans la caricature, en véritable ventriloque de Sarkozy.
Et puis il y a les out-of-character (et je ne déconne pas) : Henry Guaino passe pour un gauchiste qui fait des high five. Dominique Besnehard surjoue Pierre Charon qui surjoue Ségolène Royal, really ? Et puis surtout, Claude Guéant sourit. Et ça, même avec des images de synthèse, t’y arrives pas.
Mais il y a un dommage collatéral à la Conquête. Il est évident que cette initiative, transformant Sarkozy en héros de cinéma, va le rendre plus sympathique, surtout après le cycle “Blu-Ray-diffusion TV”. Le traitre blessé, le winner cynique mais malin, le mari (à peine) trompeur et délaissé, tout ça. C’est peut-être ça le problème de Sarkozy, c’est qu’il a tellement abaissé la fonction présidentielle qu’il est parvenu à rendre plausible l’idée qu’il est un personnage de cinéma presque centriste, moche mais touchant, dans un blockbuster à la carrure d’une fiction TF1. Espérons que cela reste sans suite.
Wu Xia (Trailer)
May 11th

Legend of the Fist
May 10th
C’était écrit. Tu ne pouvais que tomber amoureux de Legend of Fist, dès la première seconde de son trailer. Dans la grande tradition des actionneurs américains des années 2000 (ça fait bizarre d’en parler au passé), Donnie Yen balance tout, tout tout, dès le début. Et ce qu’il te balance à la gueule, c’est du rêve.
Ferme les yeux.
On est en France sur un champ de bataille de la guerre de 14-18. Une gatling teutonne l’allume, Chen Zhen (le même héros que dans Fist of Fury de Bruce Lee, mec !) et ses compagnons chinois, à savoir un petit contingent de chinois mobilisé par le gouvernement pour aider tant que possible. Ils sont foutus et ils tombent comme des lapins. Donnie aka Chen bondit et entame alors une course effrénée à travers les débris. Puis il se balancera sur un câble. Yamakazi et Tarzan pulvérisés en 3 plans. Il utilise des baïonnettes récupérées en chemin pour escalader le bout de mur qui lui reste à grimper, toujours sous le feu croisé allemand. Puis il tabasse un premier soldat. Lui chope aussi sa baïonnette. Et à ce moment là il place une technique si belle que je lui ai écrit un haïku en son honneur. C’est :
“Attaque de la double baïonnette tombée sur soldat allemand”
Tiens, avec du son.
Il est parfois difficile d’isoler un moment précis dans sa vie, mais à cet instant-là, Legend of Fist est pour moi le meilleur film de tous les temps.
Puis de Tai Chi Master chez les poilus, le film bascule dans complètement autre chose, dans un Shanghai sous domination japonaise. Sans rire, Andrew Lau est en train de nous réécrire Casablanca mais avec des chinois. Et Donnie en Humphrey aux coups de poing tournoyants. Plus fort encore, pour lutter contre l’oppression, il va s’inspirer d’un héros populaire chinois pour se déguiser en Frelon vert. Et il va sans dire qu’il défonce gentiment le gentil Kato de la version Gondry. Mais ce qui est génial avec Donnie Yen, c’est qu’en plus, il sait vraiment jouer la comédie. Ça fait tout de suite la différence.
Mais malgré toutes ses qualités (from the director of Infernal Affairs quand même) et sa maitrise chorégraphique de fou, il y a quand un petit hic dans Legend of the Fist, comme si les coréens avaient fait une OPA sur les films historiques “multi-genres”, où ils mélangent grande fresque, humour, grand sentiment. Et éventuellement baston. Legend of the Fist (qui fait suite à la série TV du même nom, Donnie déjà dans le lead role à l’époque) abuse de la CG, s’éternise là où il ne faudrait pas et a parfois des méchants airs de Vidocq. Fort heureusement, il te balance un final de fou, avec l’inévitable duel final contre un japonais. Oui, un film sur deux avec Donnie se termine par le combat de la vengeance contre l’oppression nippone. Et sur moi, ça a l’effet libérateur d’un Death Proof : un vengeance movie historique de kung fu. SOLD.
Donc, pour cette intro du bonheur, pour ce finish au sang brûlant, ça sera
Oh et “la fille” du film, c’est Shu Qi. Je crois qu’on ne voit jamais assez de Shu Qi dans la vie.
Sortie en DVD le 1er Juin. Et comme je suis de bonne humeur, hop, un autre micro-extrait de bonheur.
The Way Back / Les chemins de la liberté
May 7th
Peter Weir est un réalisateur complètement Airwolf. A tel point que Master & Commander est, pour moi, un des films fondamentaux des années 2000. Quel que soient tes goûts, il y a forcement un de tes films d’amour qui lui doit son existence. Genre There will be blood et compagnie… L’histoire grand angle, des personnages bien dessinés, un souffle humaniste, c’est donc un peu la marque Weir, un maker de qualité.
Alors le voir aujourd’hui dans un film Based on a fucking true story. Encore. Et il adapte ici The Way Back un roman d’évadés d’un goulag, le sujet à risques qui me fait grincer des dents. Mais au moins, la direction artistique et l’ambition créative sont annoncées dès le début avec le logo “National Geographics”. Ce qui signifie en gros “Tu vas voir de beaux paysages”. Mais là, Man Against nature tu repasseras: les fugitifs n’ont vraiment que des problèmes de survie conjoncturel, un peu comme quand un mec recharge son arme dans un film de John Woo. Il le fait pour la camera, pas pour le réalisme.
Et puis il y a ce problème de langues, ces acteurs qui ne peuvent pas faire genre ils parlent russe pendant 2 heures (en tête Colin Farrel, jouant un renégat mutique, pas mal). Et bon, les mecs qui font semblant d’être russe, même avec la classe inouïe de Viggo Mortensen, ça ne marche pas forcément sur les fils d’immigré ruskof.
La langue du dénominateur commun sera donc l’anglais courtesy la présence d’Ed Harris. Ça aurait pu être pire, les mecs. Éd est génial, qu’il joue ou qu’il réalise. Il a vraiment le potentiel de se faire une carrière d’Eastwood de gauche sur le tard, un de ces acteurs qui s’améliorent avec le temps, comme le bon vin. Mais mec, il est freakin’ trop long ton film. Bon, je t’avoue, à chaque fois que je vois une plaine, la toundra, de l’herbe, une montagne, en ce moment, je pense à Mallick que j’attends un peu comme le messie. Du coup, le film de Peter Weir me parait forcément plus posé, moins sensuel, une histoire qui a du mal à embrayer avec un finish vraiment nul. Mallick, viens, j’en peux plus de t’attendre.
The Eagle
May 3rd
Amateur de films d’action “mecs en jupes inside”, tu seras content. Ca fait longtemps que la tension homo-érotique n’a pas été aussi forte dans un actionneur de l’été. En fait, j’dis ça mais depuis, j’ai joué à El Shaddaï qui a complètement chamboulé toutes les barrières. Mais on y reviendra ici.
Mais donc les péplums, blockbuster ou pas ? L’année dernière j’avais inclus Centurion et Robin Hood, il n’y a pas de raison de faire l’impasse sur The Eagle, même s’il y a Channing Tatum dedans, le mec dont la cheminée est recouverte de Teen Choice Award et de MTV Movie Awards, un mec à ranger sur la même étagère qu’Ashton Kutcher niveau intérêt. J’ai déjà vu des téléfilms TF1 plus intéressants que Channing Tatum. Mais il a survécu à G.I. Joe, le blockbuster des seconds couteaux, donc un peu de respect…
Le voilà dans la peau de Marcus, un jeune centurion blessé au combat. Sa carrière suspendue, il se décide à partir chercher “l’Aigle”, symbole de la 9ème légion. Based on a true story jusqu’à ce que Channing Tatum ouvre la bouche, cette légion a disparu il y a des dizaines d’années dans le nord du nord de ce qui deviendra le Royaume Uni. Décimée ou kidnappée, nul ne sait ce qu’elle est devenue. Marcus fait tout ça pour laver l’honneur de son père qui commandait cette légion (à la clef flashback naturaliste sépia à la Gladiator).
Il emmène son esclave, joué par Jamie Bell (superbe presta, par contre), qui est un mec de là-bas. Un ch’tit esclave. Evidemment, ils vont devenir amis puis il y aura flip-flop comme on dit chez les pasoliniens. Le maître deviendra esclave et vice-versa. Sens-tu la puissante métaphore ?
Kevin Macdonald (le dernier roi d’Ecosse) a un peu de mal à donner à cette prod la grandeur dont elle aurait besoin, comme si, dix ans après Ridley, planait encore l’ombre de Russel Crowe sur toutes les velléités d’héroïsme de la Rome Antique. Pourtant, il y a à peu près tous les ingrédients, en premier lieu l’inévitable rôle du mentor, alias le “grand et vieux acteur connu de 143 ans”, en la personne de Donald Sutherland. Et puis deux apparitions si bien masquées que tu vas les zapper si tu clignes des yeux une seconde de trop. Mark Strong, le go to guy quand Hollywood a besoin d’un méchant en ce moment (Sherlock Holmes, Robin Hood, Kick Ass et bientôt Green Lantern) et aussi Tahar Rahim, le “prophète” d'”Un Prophète“, une apparition grimée comme pour nous rappeler que c’est compliqué de revenir du rôle de sa vie.
Le plus bizarre dans the Eagle c’est que sa fin le transforme tout entier en buddy movie où le politicien romain se fera envoyer bouler comme la blonde bêcheuse qui faisait rien que d’embêter la gentille héroïne d’un teen movie. Finalement, peut-être que c’était ça le but de la manœuvre, de basculer de l’actionneur gay-ish à une normalité amicale digne de Bad Boys… “Everybody wants to be like Mike Lowrey.”
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