Posts tagged Summer Blockbuster 2011
Summer Blockbuster of Love 2011 : Epilogue
Aug 25th
Il fallait faire un bilan de cet été passablement pourri. Mettre un point final. Le tour de la question. To bring you closure. Les blockbusters de l’été 2011, c’était ça :
- Nombres de NDA signés : 4
- Confiscations de téléphone portable à l’entrée : 6
- Plus joli dossier de presse :
Thor, de jolies photos glacées pour faire kiffer les filles et une haltère horloge qui donne l’heure… - Review la plus consultée sur Kamui Robotics:
X-Men First Class suivie par Transformers 3 - Nombres d’adaptations de comics : 5
- Nombres d’origines, nouveaux héros inclus : 6
- Personnage le plus out-of-character:
Transformers 3, avec Optimus Prime qui exécute plusieurs robots sans broncher et surtout abandonne Chicago pour donner une bonne leçon aux humains qui ont eu l’outrecuidance de ne pas l’aimer. À la fin du film, c’est bon, tout est revenu dans l’ordre. - Le blockbuster le plus nostalgique: Super 8
- Le meilleur némesis : Red Skull dans Captain America
- La phrase la plus maladroite :
Magneto avec “I agree with everything you said. Unfortunately, you killed my mother” - Film de la bromance:
Captain America et Bucky (ou Sarkozy-Guaino qui se high-five dans la Conquête) - Meilleure scène d’action avec de la casse dedans:
Les singes qui attaquent le Golden Gate Bridge dans Rise of the Planet of Apes - Héros de blockbuster le plus de droite de la saison:
Green Lantern qui, pour la première manifestation de ses pouvoirs, dégomment 3 chômeurs sans pouvoir. Way to begin a superhero career, man. - Meilleure course-poursuite: Yellow Sea (the murderer)
- Film le plus macho :
Sucker Punch qui arrive, miracle, à dépasser en misogynie Transformers 3 qui pourtant compare les femmes à des voitures dans une scène d’une bêtise astrale. - Logo visionnaire sur Robotics:
En Avril, mec ! - Moment avec le plus de boobs:
La fiesta héroic-fantasy dans Conan 3D - Moment le plus mélancolico-érotique:
le garçon qui maquille la fille dans Super 8 - Meilleure tension érotique:
Peggy qui tend la main pour toucher le corps de Steve Rogers dans Captain America mais qui se retient - Meilleur caméo :
Hawkeye dans Thor et Wolverine dans X-Men: First Class - Pire caméo :
Buzz Aldrin dans le rôle de Buzz Aldrin, Transformers 3 - Pire vanne pour montrer que “hé, on adapte un comic book mais on vanne les comics quand même parce que sinon, on va croire qu’on aime ça, en vrai”:
Blake Lively qui reconnait Hal Jordan malgré son masque dans Green Lantern - Awkward remix d’origines 2011:
Rise of the Planet of the Apes qui contredit les anciens films (où l’homme est victime d’un holocauste nucléaire. - Celui avec le jeu vidéo le moins mauvais et même passablement cool :
Captain America (test ici) - Pire adaptation en jeu vidéo:
Transformers 3 3DS, un jeu de robot avec des voitures qui ne se transforment pas en robots. NUL. - Film le plus drôle : Thor
- Plus gros plot holes: X-Men First Class & Transformers 3
- L’acteur qui te faisait kiffer jeune et qui ressemble tellement à une mémé maintenant qu’il ne devrait pas envisager Indy 5: Harrison Ford dans Cowboys & Aliens
- Pire moment :
Transformers 3 tout entier était atroce. Acting agité comme les Visiteurs 2, plot nul à chier, inanité des scènes d’action incohérentes, incompréhension totale des personnages, la totale. C’est aussi le blockbuster le plus long de la saison. - Pire film : Transformers 3 et Cowboys & Aliens
- Plus jolie fille:
Peggy Carter, dans Captain America - Plus joli garçon (après sondage auprès d’un échantillon représentatif de femmes et de Northstar):
Michael Fassbender - Film le plus gay de la saison: The Eagle, où Channing Tatum part dans le nord avec son esclave Jamie Bell puis ils flip-floppent
- Moment de coolitude super-héroique :
Thor qui affronte the Destroyer. Et un dragon en lui volant à travers la gueule. - Casting le plus contestable de la saison:
Blake Lively (la blonde de Gossip Girl) dans le rôle de Carol Ferris dans Green Lantern. Pilote de chasse d’élite le matin, manager à succès d’une entreprise d’armement l’aprem. TOUT EST NORMAL. Heureusement qu’elle est jolie en tailleur.Et pour finir mon préféré de la saison, Super 8 suivi par Thor / Captain America, suivant l’humeur du jour.
Cowboys & Aliens
Aug 24th
Le titre c’est toujours important, surtout quand ton High Concept tient dedans. Le tenir sur la longueur, c’est plus délicat. J’invoque souvent cet exemple parlant, ce film porno devenu mythique intitulé “Je me suis fait enculer dans la forêt”. Avec un blase qui sonne comme un missile Exocet, tu ne peux qu’être déçu.
En plus, c’est désormais la forme, l’association de deux concepts qui n’ont rien à voir entre eux est la porte ouverte à tous les genres de nanards. Du genre Ninjas VS Aliens. Et tu peux me croire sur parole: c’est nul.
Basé sur un comics pas mal, Cowboys & Aliens t’annonce la couleur avant d’entamer une inéluctable descente vers la déception, malgré une affiche pleine de promesses, avec Indiana Jones et James Bond
Daniel Craig, monolithique, se réveille dans le désert. Blessé mais armé d’un bracelet laser à la Captain Power, il ne se rappelle de rien comme dans le premier rpg venu. Des aliens prenant d’assaut la ville où il fait sa pause pipi. Ces envahisseurs (bravo le titre vf, vraiment) vont l’obliger à s’associer à Harrisson Ford, plus bougon que jamais, campant un riche entrepreneur local pas très net (pense “Balkany”) et essayant tant bien que mal de canaliser une énergie “John Wayne”. Hé bien, news flash, Ford est presque aussi vieux que mon père, presque 70 balais. Et il n’a pas l’air de savoir comment la jouer, sérieux ou parodique. Il a l’air si paumé par moment… Et puis il y a Olivia Wilde qui n’a pas de bol en enchaînant navet sur navet (Tron Legacy) en jouant peu ou prou le même personnage, les yeux écarquillés.
D’ailleurs, Harrisson Ford a un message et il est clair : il est désormais contractuellement obligé de jouer une figure paternelle. Parce que tout le monde déteste aujourd’hui ce qui est devenu “le Bacri du cinéma US”, le mec qui fait la gueule. Et du coup il se sent obligé de jouer les mecs bourrus qui, finalement, font passer les choses simples à la génération future au coin du feu. “Tu le vois cet opinel ? Il a servi à égorger des indiens. Tiens je te le donne pour éplucher les patates, p’tit con.” Dans Cowboys & Aliens, il a un fils naturel (un connard qui se fait enlever) et puis genre 3 autres. Daniel Craig, “le fils qu’il n’a jamais eu”. Un indien recueilli tout petit “le fils qu’il n’a jamais eu” aussi et puis un gamin “le petit-fils qu’il n’a jamais eu”. C’est beaucoup pour un seul film. Et je ne vous raconte la lourdeur de la métaphore du peuple indien. Qui est quand même bien sympa quand il s’agit de filer à boire du Gazpacho qui rend la mémoire.
On se demande comment Favreau a tourné ce film inepte. Faux raccords sur faux raccords, des séquences Western risibles, des passages shoot them up d’Aliens catastrophiques… Des problèmes logiques, sans déconner, toutes. les. minutes. Les aliens qui laissent trainer une arme meurtrière à portée de mains de Craig. Un gamin qui tue un extra-terrest’, direct, avec son opinel, un chien qui apparait et disparait. Djizus, y’a même un putain de chien.
Une fois par saison, il y a un crash unilatéral, un accident industriel où chaque seconde suinte la nullité, un film cassé par la presse et le public. J’ai cru qu’après son bide, ce serait Green Lantern. C’était sans compter Cowboys & Aliens.
Mais le plus criminel aujourd’hui, c’est de foutre Sam Rockwell dans son film sans lui donner une seule scène de danse.
Conan the Barbarian (3D)
Aug 16th
Il serait facile de jeter Conan avec l’eau du bain dès sa séquence d’origine. Oh dieu, une origine de plus, ça faisait longtemps. Ou la joie de voir un môme ressemblant bizarrement à Mimi-Siku (from un indien dans la ville‘s fame). Tueurs de sauvages dès son plus jeune âge, il va devenir un guerrier, un voleur et un pirate à la mort de son père Hellboy (Perlman).
Plutôt que les romans, Conan The Barbarian 2011 (dit troidé) puise plutôt son inspi dans G.I Joe dont il partage bizarrement beaucoup de points communs. Pour ces grosses incohérences (la scène de fin à la logique apathique) mais surtout c’est surtout pour son casting. Kid Conan incarnait déjà Kid Snake Eyes. Il y a aussi la jolie prêtresse (Scarlett dans G.I Joe ) et puis autre survivant de G.I. Joe, Saïd Taghmaoui qui n’a pas de chance puisque quand il ne joue pas un arabe, il incarne un voleur. Tough luck, dude !
Oui, il serait facile… Mais Conan est habilement l’actionneur de l’été avec le plus de tétons à l’écran. Il y a le monstrueux Jason Momoa, déjà vu dans le rôle de Drogo dans Game of Throne. Tout droit sorti d’une illustration de Frazetta, il tient littéralement le film à bout de biceps huilés. Il est comme on l’imagine dans les bouquins. Costaud et souple à la fois, félin, cruel mais drôle comme il l’était chez Robert E.Howard, le bon sauvage avec un glaive à la main. Passé au scalpel des productions Hadida, Conan n’a plus grand chose à raconter mais il a au moins Momoa pour lui.
Mais il y a autre chose qui sauve Conan de la nanardisation. Et non, ce n’est ce n’est pas le némesis (Stephen Lang, le colonel d’Avatar) qui a décidé de se faire une fin de carrière bad-ass à la Michael Ironside.
En fait, Conan s’adresse télépathiquement à cet ado au fond de moi. Il y a cette scène de fête, allez, pas plus de 5mn, où se fait grande beuverie et moult ripailles. Les hommes y mangent goulûment des gigots sur l’os, font des bras de fer tandis que, et c’est ça le plus important, les femmes leur tournent autour, seins nus, riant bien fort et buvant de gros pichets houblonneux en attendant d’être choisie pour accompagner un barbare le temps d’une nuit. C’est de la grivoiserie cool, poitrines apparentes, grivois comme ça le devrait être pour Conan qui se tapait putes et princesses (pas en même temps).
Mais la palme de la kinkyness 2011 revient donc à cette prêtresse. “Au sang pur”, condition indispensable pour déclencher le McGuffin nul que recherche l’ennemi de Conan. Cette “pureté” ne fait pas d’elle une PAM (spéciale dédicace aux JMJ). Dans mon imaginaire, (le même que celui des teufs héroic fantasy aux femmes à seins nus), la prêtresse incarne un peu l’inaccessibilité. Peut-être est-ce les méthodes rustres de Conan (qui l’attache et la bâillonne dès le premier soir), quoiqu’il en soit, elle va décider que l’étalon de Cimmérie ne va pas partir sans une petite collation sexuelle dès la prochaine lune. La prêtresse easy lay qu’il faut à un film pas très convaincu, pas très écrit mais qui essaye de sentir le sexe. Pas certain que les ados d’aujourd’hui apprécient ça de la même façon.
Rise of the Planet of the Apes
Aug 6th
Ce que j’aime dans la vie, à part Batman, Goldorak et Airwolf, c’est les singes qui donnent des coups de poing. Et dans Rise of the Planet of the Apes, il y en a un paquet.
Ah les singes qui balancent des mandales, ma grande passion. Et l’occasion idéale pour ressortir la meilleure vidéo du monde avec un singe dedans :
San ku kai “best of Cyclotor” par superdave37
Je l’ai déjà dit ici, je ne suis pas amateur des origins stories surtout quand elles sont inutiles. A-t-on vraiment besoin qu’une poignée gus remplisse les pointillés pour toi ? D’apprendre comment la race humaine s’est éteinte ? De voir le soulèvement des machines dans Terminator 3 ? Ou de savoir que Magneto s’entraînait en jogging ? Car c’est bien de cela dont il va être question : enfin savoir comment les singes sont passés du stade de primate à celui d’êtres doués d’un intelligence inouïe suffisante pour faire des mots de 10 lettres à Motus sans jamais chopper la boule noire. Ow boy, comme je suis impatient de savoir.
En plus, c’est bien la peine de l’écrire, cette origine poussive où l’on apprendra que c’est bien la même expérience sur un singe dans un labo qui le rendra intelligent ET qui exterminera la race humaine. Un beau bordel d’idées faciles et contradictoires qui sentent surtout le bâclage.
Il faut attendre la première heure et demie (!!)du film pour que Rise of the Planet of the Apes s’échappe enfin du canevas du son maitre héberlué et de son l’animal intelligent (voir HaTchi avec Richard Gere) pour que cette préquelle entre dans une dimension plus politique, pour justifier le chimpanzé qui te regarde dans les blancs des yeux, poing serré sur l’affiche.
Car Rise of the Planet of the Apes est sans doute le blockbuster le plus politique de la saison. Non, ce n’est pas une blague (pas comme l’année dernière où je foutais Film Socialisme dans la sélection explosive de l’été 2010), mais il n’y a rien de vraiment nouveau ici. Déjà dans le roman ou dans le premier film (un de mes films préféré, tout court), Taylor / Charlton Heston ne racontait pas autre chose, à savoir la précarité de la condition humaine. Un vent d’intelligence comparé à Transformers 3, officiellement le film de droite de l’été.
Tous ces singes sont en C.G. On sourit quand la caméra zoome sur le regard d’Andy Sirkis pour un effet “Nemo” garanti (i.e quand on regarde Finding Nemo, tout va bien et puis soudain, on se rend compte que c’est un visage humain dans un corps animal, ce qui doit être très dérangeant sauf pour les très dérangés fans de Sonic The Hedgehog). Face à Caesar, le singe savant, un James Franco qui a l’air de s’emmerder un peu à jouer avec des électrodes et des fonds verts. Ce mec, c’est une énigme, le bogosse (indéniable) dont tout le monde dit qu’il est bon acteur et dès qu’il s’agit de nommer un des films où il brille, y a plus personne. L’Anne Hathaway en mec.
Mais, hey, on parle ici de blockbusters, on veut des explosions.
Et puis soudain, justement, c’est l’explosion, la révolte des singes devenus un peu plus malin grâce à un quelconque procédé. C’est un moment aussi risible qu’intense, où le film bascule complètement. Le plaisir coupable peut commencer. A ce moment, les parcmètres deviennent des lances, les bus servent de bouclier et le Golden Gate Bridge devient le lieu de tous les climax.
En fait, par rapport aux autres blockbusters où un mec traverse le cosmos grâce à une bague magique et un dieu asgardien qui vole à travers la gueule d’un dragon, les singes, même artificiels, ont un rapport au réel assez intéressant. Un peu comme Superman qui, par exemple, rattrape un missile, renverse le sens de rotation de la Terre mais impressionne le plus le public quand il fait des choses comme arracher la porte de la voiture de Loïs pour la sauver. Dans le même genre d’idées, les singes ne s’économisent pas en violence du quotidien, de vrais sauvageons poilus.
Si on survit à sa mise en place terrifiante de longueur mielleuse, Rise of the Planet of the Apes se termine sur une grosse papatte de singe gauchiste velue qui écrase un passant, un truc assez awesome dans son genre.
Sinon, bien sur, il nous reste aussi la version comédie musicale.
Captain America : The First Avenger
Jul 27th
2011 sera l’année des blockbusters “d’époque”. Sweet 60’s pour X-Men First Class, la patate des années 80 pour Super 8 et maintenant Captain America qui nous bascule en pleine WWII. Mais sa principale réussite est de ne pas avoir emprunté la voie du blockbuster 5.1 et d’avoir plutôt joué la modestie, avec un vrai feeling de série TV. Oui, c’est un compliment.
J’ai chroniqué ici à de nombreuses reprises mon amour pour Wonder Woman, en particulier la série avec Linda Carter. En me voyant fasciné devant la TV (déjà), mon père ne put s’empêcher de faire ce commentaire ironique sur ces allemands dans des bases sur territoire américain alors “qu’aucun coup de feu n’a été tiré aux USA durant toute la WWII”.
Quand Steve Rogers se fait inoculer le sérum de Super-Soldat dans le laboratoire secret planqué quelque part à NY, un soldat nazi est là pour tout saboter. Ce fantasme purement comic book du méchant infiltré qui vient semer le trouble aux USA, c’est du pur golden age. Et Captain America y va à fond. Tanks qui font 5 étages de haut, nazi avec des fusils laser… Crazy. Fucking. Science. Mais le le vrai moment de pur bonheur, c’est un bref retour au réel : un clip semi-musical où Captain America fait le tour des USA pour récolter des fonds pour la guerre en mettant une patate à un acteur déguisé en Hitler… Qui sera immortalisé par la sortie du comics, comme si, après ce flot de n’importe quoi uchronique, le réalisateur essayait de replacer le héros dans ce qu’il est, un pur objet de propagande, au sens noble du terme. C’est à dire pas au sens russe (que je connais pas mal, forcément), ni au sens Frank Miller-ien du terme.
La vraie différence c’est que, malgré ses bunkers qui font deux pièces filmées champs, contre-champs et le biplan d’espionnage posé sur une plaine du Connecticut, la série Wonder Woman n’avait pas à se poser de questions, elle assumait pleinement son héritage : il y avait drapeaux et emblèmes nazi pour tous les acteurs imitant l’accent allemand.
Pour éviter de confronter les enfants à des jouets et des happy meal avec des svastikas, l’histoire se permet de mettre en avant la bonne organisation d’Hydra, la section scientifique secrète du 3ème Reich. Parce que Heil Hydra, ça ne posera de problème à personne. J’avais déjà évoqué dans quelques articles sur le jeu vidéo que ce genre de démarche ne me choque pas vraiment, car elle rappelle un peu le chateau de Wolfenstein et ses portraits de Hitler sans moustache. L’impuissance de la métaphore à son paroxysme.
Mais revenons au film lui-même. Après un rapide sondage auprès de la gent féminine, Chris Evans, même après des heures de muscu, c’est “ouais ok sans plus“. Pourtant, dans le rôle de Cap, il s’en sort assez bien (mieux qu’en Johnny Storm) mais c’est surtout le reste du cast qui brille. Bucky, l’éternel sidekick juvénile de Cap dans le comics, ne fait pas rire une seconde. Les Howling Commandos sont incorporés habilement, à la Warriors Three dans Thor (sauf que, évidemment, à cause de leur connerie de caster Samuel L Jackson, la Seconde Guerre Mondiale est privée de Nick Fury…). Et puis l’acteur caméléon, Stanley Tucci, qui peut tout jouer, du rescapé de la Shoah à un tortionnaire nazi, est parfait de douceur en Erskine. Mais c’est surtout Hayley Atwell dans le rôle de Peggy Carter qui brille dans un rôle de femme militaire volontariste. Elle, je lui envoie des cœurs avec boucliers étoilés.
Joe Johnston, réalisateur en dents de scie (et faiseur des effets spéciaux de Star Wars IV V VI, Indy, ça pose le mec) qui est passé par la case Honey, I Shrunk the Kids, Jurassic Park III, Jumanji, a aussi à son actif d’avoir réussi une des meilleures adaptations de BD au cinéma. Rocketeer. Avec Billy Campbell en héros, Jen Connelly en damsel et Timothy Dalton qui incarne un méchant nazi infiltré (on y revient !) derrière sa moustache à la Errol Flynn. Inutile de dire que Rocketeer est Airwolf sur toute la longueur.
Les temps ont changé pourJohnston. Les images de synthèse ont déboulé et il faut faire avec. Mais les scènes les plus loupés sont, comme d’habitude, celles qui sont censées faire la transition avec les autres films Marvel. La fin, mon dieu, comment foirer autant une fin écrite il y a 50 ans, la fin est juste à chier… Heureusement, il s’offre des petits moments d’allégresse… Du genre Rogers qui apprend à maitriser son nouveau corps “à la Avatar”, dans une scène extatique d’une bizarrerie inouïe. Et puis surtout cette Peggy Carter qui, fasciné, va tenter de toucher ses néo-pecs avant de se raviser. Dommage pour elle&lui, Captain America va survivre à la guerre en gardant son pucelage.
Ce n’est pas un hasard si on retrouve Johnston sur un film jumeau de Rocketeer. Comme si finalement, Captain America imitait les années 80 qui reconstituent les années 40. Entre les pseudo-nazis qui tirent au fusil laser et son computer-generated Brooklyn de pacotille, on n’a jamais vu des CG autant essayer d’imiter le carton. Toc et cool à la fois.
Super 8
Jul 16th
Qu’est-ce qui fait de Super 8 un blockbuster ? Le fait qu’à un moment, ça explose de partout ? Un budget conséquent et une sortie événementielle soit la garantie de se refaire après une campagne promo soutenue ? Ou alors simplement parce qu’il se veut film de genre, à la Cloverfield, au pitch débilement caché par le truchement des campagnes des internets. Ou alors simplement par la volonté de Bad Robot (bientôt Mission Impossible 4 par Brad Bird, can’t wait), en pleine montée en force au rang des powerhouse du divertissement ?
Sur l’échiquier des blockbusters de l’été, Super 8 trouve sa place à la case inattendue, celle de la tendresse, quand il essaye de restituer les sensations des films de Spielberg early 1980, principalement Goonies et E.T. J’ai du mal à le croire, mais le genre tout entier est devenu un film d’époque qui nécessite un soin particulier pour qu’il fonctionne. Il faut voir avec quelle délicatesse Super 8 évite de transformer chaque réplique en time dropping éprouvant, laissant les éléments extérieurs se greffer, imprégner la péloche, qu’apparaisse, comme à l’époque, la même vision de l’Amérique pavillonnaire de l’époque qui cache des chambres d’ado remplies de goodies de l’époque, avec Spielberg en statue du grand co-producteur de son propre mythe.
Super 8 est aussi de très loin le blockbuster le plus tactile de la saison, celui de la transition. Le garçon central du film est endeuillé par la mort de sa mère et s’accroche (carrément physiquement) à son portrait dans un médaillon, comme un doudou transitionnel. De cet élément découlera toute une série d’éléments symboliques aussi touchants que simplets dans un film où chaque contact, main contre main, main sur la joue, où chaque embrassade semble donner des frissons télépathiques.
Il y flotte comme une odeur de niaiserie quasi cool, pas bien méchante, celle des années 80 où l’on pouvait se permettre n’importe quoi. A jouer sur les sentiments bien plus que sur la logique de ses personnages, Super 8 finit par évoquer les mêmes défauts inhérents aux productions Amblin, les inévitables militaires caricaturaux en ultime barrière, les éléments adultes déboulant pour un final bateau et passe-partout au clair de Lune. L’hommage à Spielberg va jusque là. Sur sa bonne lancée, Abrams signe là un blockbuster léger comme un vélo qui s’envole. Précisément ce qu’il fallait pour un blockbuster mélancolique d’un genre passé.
Transformers 3 : Dark of the Moon
Jun 27th
Après un retcon historique comme dans X-Men : First Class (en fait, les américains étaient en fait allés sur la Lune pour fouiller une épave Autobot, quel cachotier ce JFK), Transformers 3 commencera, comme il se doit, par un ass shot monumental. C’est à peu près le niveau où on l’avait laissé en 2009, avec un chien-robot qui se masturbe sur la jambe de Megan Fox. 2011 donc, nouveau cul car, finalement, c’est un peu ça l’image de la femme dans Transformers : une carrosserie qui se métamorphose selon les désirs d’un réa fou. Dehors Megan “la relou” qu’un des robots ira jusqu’à insulter. Tellement classe, Mister Bay.
Comme dans le deuxième épisode, le maillon faible des films de Michael Bay, c’est les humains. Ils sont improbables, ils cabotinent, ils sont incohérents. On pourrait penser qu’ils existent pour que le film respire entre les explosions, pour nous amener jusqu’au “Gonzo de métal” final mais même pas : sans déconner, c’est sans doute les scènes de comédies les plus anxiogènes que j’ai vue depuis… Transformers 2 et Rien à Déclarer de Dany Boon. Le plot conspirationniste n’a AUCUN sens, sinon à faire avancer jusqu’à l’implacable chaos métallique. Comme s’il fallait souffrir avant de passer à autre chose. On était déjà habitué à voir les parents du héros (ceux qui avait mangé de la drogue dans le deux, gag) jouer comme des dégénérés dans un jusqu’au-boutisme que ne renierait pas Franck Dubosc, mais voir John Malkovitch se fourvoyer là-dedans pendant 20 bonnes minutes, je t’assure, ça fait de la peine. Ça ne sert à rien d’avoir un acteur comme John Turturro pour faire le comic relief si tout le monde grimace. Alors que TF2 m’avait perdu quand on voyait deux chiens s’enfiler le temps d’un montage épileptique, gag, là, je crois que c’est quand le chinois de Hangover baisse son pantalon dans les chiottes avec Sam et que le patron croit qu’ils baisent ensemble, gag homophobe. On en est là.
Alors du deux ou du trois, qui a fait pire ? En fait, en l’absence de Samy “Wherever he is” Nacery, les films de Transformers ont un peu pris la place des Taxi dans notre cœur, c’est à dire celle d’une série brainless définie par le slogan “plus c’est atroce, mieux c’est”. C’est là le point commun entre TF et Taxi : c’est le deuxième épisode le plus nul, sans doute. Parce que (j’ai du mal à croire ce que j’écris moi-même ici) Taxi 3 était déjà trop réfléchi, moins con et moins raciste que Taxi 2.
TF2 m’avait choqué à l’époque pour son Optimus qui fait des choix moraux étranges en abattant un Decepticon “de sang froid”. Là, Optimus aggrave son cas : il abat toujours froidement, à plusieurs reprises. Mais surtout, il choisit délibérément d’abandonner Chicago, une grande ville, plutôt que de la défendre. Certain y verront une métaphore de l’occupation de l’Afghanistan, car comme le dit Optimus, “comme ça les humains vont se rendre compte à quel point on est indispensable”. This.is.sick. On est loin de l’Optimus juste et noble de la série, mélange robotique de Lincoln, du roi Salomon et de Lionel Jospin. En plus de faire des erreurs, l’Optimus des films est un robot douchebag, foncièrement de droite, comme tout le film d’ailleurs, jusque dans les caméos républicains signé Fox News. Avec tout ce premier degré, je ne peux pas croire que Bay est aussi ironique que Emmerich.
Le pire, c’est que tel un job fictif d’un élu de la république, Optimus Prime, même équipé de sa remorque (enfin!) ne sert pas à grand chose : il se prend des câbles d’un immeuble en travaux et reste coincé pendant presque toute la bataille du film comme un papillon pris dans un filet. De droite et inutile.
A un moment, on entend les quelques notes du générique original, balancé par une photocopieuse. C’est peut-être le seul moment un peu intègre de Dark of the Moon . En nous imposant sa trinité réac-robotique, Michael Bay pourra difficilement faire pire. Alors la blonde ou la brune ? Finalement on s’en tape car Transformers, c’est Taxi mais avec des robots.
Green Lantern
Jun 22nd
Why should I care about Green Lantern ? C’est la grande question à laquelle cet actionneur, l’outsider de l’été, ne répond pas. Pourquoi pas Hawkeye, Moon Knight ou Aquaman tant qu’on y est ?
Transformer en film un super-héros dit “de second tiers” est toujours un exercice périlleux. Souviens-toi, je sais que c’est douloureux, de Ghost Rider, Catwoman, Daredevil etc… N’étant pas aussi iconiques que Superman, Batman ou Spider-Man, les pauvres servent de labo à idées pour des auteurs peu inspirés qui se permettent n’importe quoi.
Il y a de quoi être surpris quand on voit à quel point Green Lantern (le film) adhère sans rougir une seule seconde à tout le mythos du comics. Et pourtant, ce n’est pas le plus accessible. Histoire de, j’ai prévu un petit résumé high concept, surtout pour toi, lectrice coquine qui t’est intéressé à Magneto depuis que tu sais qu’il portait des petits blousons cuir marrons cintrés et des cols roulés :
“Hal Jordan, un pilote d’essai impétueux, est choisi par des forces cosmiques pour devenir un Green Lantern, une espèce de sheriff de l’espace équipé d’une bague qui pourra matérialiser n’importe quel objet qui lui passe par la tête.”
Et tout ça est dans le film, y compris la Green Lantern Corps, cette armada de cosmo-justiciers dont chaque agent assermenté garde un secteur de la galaxie tout en se donnant rendez-vous sur la planète Oa. Il n’y a qu’un seul détail qui passe à la trappe, c’est le fameux point faible de cette force verte, “le jaune”, une absence qui laisse de la marge pour une éventuelle suite qu’on imagine déjà signée depuis Batman ’66. Shikashi, j’ai toujours pensé que ce côté cosmico-wacky (une bague qui peut créer n’importe quelle forme mais que l’on doit recharger dans une lanterne) passerait mieux en dessin animé, quitte à donner ça :
ou prochainement :
10~15 minutes de présentation en fanfare. Comme un petit miracle de série B, le résultat d’un boulot calibré de Martin Campbell. On se demande comment il a fait pour faire tenir tout ça. Faut croire que sa réput’de Mister Magic Rebooteur y est pour quelque chose. Zorro, Goldeneye, Casino Royale, le gus a vraiment un truc pour remettre une série sur des rails de manière très classique mais solide. Pas un génie comme Ridley, mais au moins un artisan très correct.
Mais Green Lantern se casse les dents dès qu’il bascule dans la dramaturgie terrestre, ce qui inclue Ryan Reynolds qui invoque le Crâne Ancestral et Blake Lively et sa dizaine de robes différentes pour mieux canaliser la prestation de Pepper d’Iron Man. Souffrant du syndrome “ils se connaissent tous”, le savant qui va se faire inoculer une dose de Parallax va morpher de manière ridicule en streum tout droit sorti de Ken le Survivant, ce qui va être dur pour séduire Lively qu’il connait depuis l’enfance puisque son sénateur de père passe des commandes à la société militaire de son père à elle. Pi.tié…
L’autre gros souci du film est son némésis justement, Parallax, une entité qui avale toutes les âmes sur son passage en se nourrissant des peurs des gens. Soundz cool, non ? Bah non car en blockbuster, ce genre de concept nous donne des stupidités comme Galactus dans Fantastic Four 2, devenu “un nuage cosmique”. Mais ici, ce n’est pas un problème de moyen, c’est sans doute un des plus couteux de l’été avec Transformers ! Incarné par Mark Strong, ce que Hollywood a trouvé de mieux les méchants ces dernières années (Sherlock Holmes, Kick-Ass, Robin Hood etc), Sinestro aurait fait un merveilleux némesis. Méconnaissable comme dans The Eagle, il vole littéralement la vedette à toutes la Corp (dont deux seuls membres parleront 5 minutes, montre en main) et à Ryan Reynolds.
Pauvre Ryan dont le léger strabisme rend un peu pathétique la moindre tentative de sérieux ponctuée d’un flashback assoupissant sur son trauma-papa. Pathétique, oui, sauf peut-être à la fin, quand il porte un masque qui lui cache son regard, quand il crie le serment de Green Lantern comme un rocker de Sum 41 (présent dans la B.O, je ne plaisante pas).
Enfin le plus gros problème, histoire de boucler cette histoire, c’est que le film se contredit lui-même, en niant sa mise en place. C’était bien la peine. Car, c’est bien précisé, pour devenir un Green Lantern, il ne faut pas connaître la peur. Et impossible de gruger, c’est cette force cosmique qui distribue les bagues vertes choisissant aussi arbitrairement qu’une primaire du parti socialiste. Sauf que Hal a peur. Peur de son passé, peur de perdre les photos de Blake Lively nues qu’il garde sur son iPhone, peur d’encore d’autres trucs mais il y en a tellement que j’ai oublié… Même les Green Lantern ont peur d’admettre qu’ils ont peur… Djiiiiz, comment peut-on être un héros galactique si on flippe pour n’importe quoi. C’est à peu près aussi absurde que Peter Parker qui perd ses pouvoirs “car il ne croit pas en lui-même”, in Spider-Man 2.
Sans crainte, ça sera un
presque 2, en sachant que c’est attribué uniquement à Mark Strong, aux Corps et au soin apporté à conserver l’univers, quitte à le nier à la fin.
X-Men First Class
May 30th
Tous les voyageurs du monde ont déjà connu ce que j’appelle “la valise de Tokyo”, ce moment crispant, le soir avant le départ où tu crois que tout va rentrer alors que non. Les mecs responsables de X-Men First Class ont la valise qui a débordé de tous les côtés.
En situant son action dans les années 60 en pleine guerre froide, X-Men : First Class montre tout d’abord que, ça y est, on ne peut plus évoquer cette époque sans un petit peu d’effort. Désormais, on doit faire un peu plus que du wikipédia avant de tourner une scène de la guerre froide. Seriously, les mecs, ces cartes marquées RUSSIE, c’est aussi authentique que le menu Shogun et ses quarante sushi à déguster à deux sur son bateau. Le Soviet Suprême était pas le genre à oublier son compte CCCP. Les erreurs factuelles abondent, faisant parfois passer Austin Powers pour une reconstitution minutieuse des 60’s. D’accord, c’est un film de SF néo-rétro, mais toc de partout, avec à chaque fois l’impression de trop en faire. Mais j’y arrive.
X-Men First Class se pose comme la préquelle directe des deux films de Singer, gommant l’absurde X-men Origins : Wolverine. Oui, souviens toi, à la fin du Jackman solo-flick, prof. Xavier débarque en Supercopter pour libérer Cyclops et Emma Frost. First Class, c’est avant toute l’histoire de Magnéto. Xavier, gentil boy scout pas suffisamment intéressant pour le réalisateur de Kick Ass, n’a jamais vraiment le temps de briller, écrasé par le bad boy en puissance qu’est Magneto en petit blouson cuir cintré.
Mais ce n’est pas que le Rise maléfique de Magneto. First Class, c’est aussi et surtout une vraie proposition assez géniale de film d’espionnage James Bondisant, trop vite balayée par les exigences des conventions super héroïques. Pendant la première demi-heure, Michael Fassbender (déjà vu dans Centurion) devient un chasseur de nazis qui part se venger à l’aide de son pouvoir mutant. Et un high concept comme ça, pour moi, c’est 2 h de bonheur. Malheureusement, il rencontrera Boring Xavier (McAvoy) qui, comme seule vague, est présenté comme un queutard DSKien. Dommage collatéral, le film quittera les sphères Bondiennes pour basculer dans le buddy movie pas franchement réussi. Et là, c’est le début de l’auberge espagnole, le fourre-tout.
X-Men First Class deviendra aussi un teen drama où les recrues nous refont Premiers Baisers dans un loft de la CIA. no shit. Et puis il y a la réflexion obligatoire sur l’identité, avec cette fois ci, Mystique en remplacement de Rogue dans la classique métaphore du refoulement de l’homosexualité, le sujet clef de Singer. Ajoutons (c’est pas fini), une lourde évocation des camps de concentration, un club de strip-tease tellement parachuté dans le scénario qu’on croirait un épisode d’Hollywood Night de la grande époque, White Queen qui a deux pouvoirs histoire de bien compliquer la sauce. Et puis sans oublier Hank McCoy qui travaille sur un sérum de contre-mutation car il n’est pas content de chausser du 57. Riiiiiight… Et puis la baie des cochons. Et des inévitables caméos. Et surtout 5 mn de Michael Ironside. Ouf. Djizeus’
On est toujours surpris par ce que font les studios avec les adaptations de comics. Une bédé avec 40 ans d’histoires, des centaines de personnages and all you get is Azazel. Azazel, quoi. Most boring story ever. Le père biologique de Nightcrawler dont le pouvoir est donc de se téléporter. Mais heureusement, il ne parle pas, préférant utiliser son don pour téléporter les gens dans le ciel et les lâcher en chute libre. Creepy. Dans le même genre de refus de test ADN de paternité débarque Alex Summers a.k.a Havok, le frère de Cyclops même si ce n’est jamais précisé. Pourquoi lui, alors ? Pour ce costume culte ?
Man, si tu savais mon amour pour Havok et son costume original de la fin des 60’s, black, slick… qui se retrouve ici en ado équipé d’un ventilo sur le bide pour canaliser sa puissance.
Et puis pourquoi avoir choisi Angel, gogo-danseuse fée qui crache des boules de feu, arrachée au run de Grant Morrison ? J’ai du mal à imaginer comment quelqu’un a pu imaginer que c’était une bonne idée, à part le plaisir de voir Xavier et Magneto dans un stripclub (un autre !) le temps d’une scène. Et puis il y a le leader du Hellfire club, Shaw qui est un crypto-nazi incarné par Kevin Bacon. Tous se battent pour exister quelques minutes à l’écran, entre toutes les thématiques, toutes les idées, tout le grand barnum listé précédemment.
Mais si c’était pour faire un gros mix, pourquoi ne pas avoir refait ça, en fait ?
Dire que les effets spéciaux ne sont pas excitants est un euphémisme. Chaque scène de combat, chaque incursion de CG a un goût low coast de film bricolé à l’arrache. Il faut les voir, tous raides comme des piquets, même quand l’un d’eux va mourir en avalant une boule d’énergie. Raide. First Class tente même les ellipses de la flemme, genre fondu au blanc pour éviter de tout montrer. McCoy/the Beast est particulièrement loupé dans le genre tandis que Shaw essaye désespérément de rendre classe le pouvoir d’absorber cinétiquement de l’énergie. C’pasgagné. Heureusement pour le budget SFX, la plupart des pouvoirs ici sont d’ordre télépathique. These aren’t the droids you’re looking for.
Mais X-Men sent le bâclé aussi au niveau du scénario, laissant des failles béantes entre les 26 sujets qu’il essaye de traiter. Par exemple, McCoy cherche à créer un sérum qui le désévolue pour rendre ses pieds les plus normaux possible. Mais il part du principe que ses pouvoirs resteront. Mais à aucun moment notre super savant ne se dit que sa mutation de pieds en forme de mains, c’est précisément son pouvoir, sa super agilité. Clever ? I THINK NOT. Ou tous ces mutants sur une plage, menacés par une armada de missiles tout droits sortis de Robotech. Remember, ils ont parmi eux ce fameux mutant téléporteur Azazel, dans ce film. So, WHY THE FUCK IL NE BOUGE PAS POUR TOUS LES TÉLEPORTER AILLEURS ?
Alors, First Class, il se place où, dans le classement des X-Movies ? Je n’ai jamais vraiment aimé les films de Singer, utilisant les X-Men comme un prétexte à faire ses propres messages sous-jacents moralistes sur ce qui le tient à cœur, à savoir le coming out homosexuel, les méfaits du tabac ou la direction de la banque centrale européenne. Le désastre de Superman Returns donnait la mesure de la limite des super-héros pour ce genre de vendetta personnelle quand on ne comprend pas vraiment le matériel original. Et X-Men 3. Bon, X-Men 3 suxx, tout le monde le sait, bitch, mais au moins, il nous donnait du Magneto psychopathe maboule et destructeur qui fonctionne mieux que le mutant en pleine peine mémorielle qui affaiblit vraiment le gus. Mais c’est comme ça qu’il apparait en ce moment dans les comics, où un épisode sur deux est devenu camp-de-concentration-related. Dans le dernier numéro de mai de X-Men Legacy (n°249 pour les archivistes), il te flashback comment il est allé forcer au suicide un savant nazi. Mais je crois que ça vaudra bien un sujet dédié, ici même, en section comics. Reste que First Class se situe dans le même ventre mou des bonnes intentions, avec ses acteurs relativement concernés.
X-Men : First Class n’a pas vraiment de chance. S’il était sorti dans la foulée des autres X-flicks, il serait passé comme une lettre à la poste, quasiment comme une relecture survitaminée d’Unbreakable. Mais aujourd’hui, les blockbusters déboulent chaque année par paquet de 10 par saison. Il faut être à la fois drôle, fidèle, pertinent, pas trop con et pas trop cynique. Et sexy. Et c’est seulement sur ce dernier point qu’il cartonne avec la même sobriété que la playmate chez feu Collaro Show. Moira Mc Taggert, jouée par Rose Byrne de l’Amour, s’introduit dans le Hellfire Club en culotte, soutif et porte-jarretelles. BEST. INFILTRATION. EVER. Mais ces quelques petits moments jouissifs dans un édifice fragile sont bien là la preuve d’un assemblage maladroit, un produit hollywoodien mutant. Class dismissed.
… ce qui donne plutôt envie de revoir ça en fait…
La Conquête
May 20th
Je me souviens d’un reportage circa 2006 où des caricaturistes regrettaient déjà le départ de Chirac. Chacun y allait de sa minute nostalgique, dessinant les grandes lignes de Mitterrand, Chirac ou de Gaulle pour nous prouver à quel point le nouveau gus qui allait débarquer n’a pas les épaules pour le job. Stop, les mecs, vous vous êtes gourés. 2011 nous prouve aujourd’hui qu’on peut faire de la politique-fiction avec n’importe qui. Joaquin Phoenix a eu son I’m still here, Sarkozy aura le sien, mais avec moins de nudité faciale.
Mais pas d’objection là-dessus, Sarkozy n’a pas la stature présidentielle. Ca s’est joué à peu hein. Chirac aura sans doute son musée quai Branly aussi facilement que François Mitterrand sa Grande Bibliothèque. Mais Sarkozy, sans rire, qu’en restera-t-il ? Un musée sur l’immigration ? Et puis il y a eu sa meuf à Disneyland Paris parce qu’avec Carla, “c’est du sérieux“, le yacht, sa Patek plus chère qu’une rolex, “casse-toi pauv’ con“, l’Epad promise à fiston, “si tu reviens j’annule tout” et puis le fait qu’il se fasse masser le périnée… Avec un dossier long comme une barbe de Loubavitch, faut pas s’étonner qu’on fasse un film de ta life. Et puis même si Sarkozy n’est pas “un grand fauve” de la politique à l’ancienne, c’est au moins un animal assoiffé qui fera un bon sujet de film.
Mais pourquoi un blockbuster ? Pas la moindre explosion, pas le moindre coup de pied sauté, même de la part de Devedjian, pas l’ombre d’une patate dans les dents… C’est que la Conquête nous raconte quand même une histoire high profile, l’ascension d’un président (encore en exercice, le film tu pourrais le youtuber tellement c’est frais !) dont la vie personnelle se dérobe littéralement sous ses pieds. Scénariste star (Patrick Rotman des jolis docs sur Chirac mais surtout son entretien vérité avec Jospin qui devrait être, sans déconner, ton dvd de chevet), acteurs pas franchement connus mais souvent larger than life, qui jouent généralement sans trop guignoler, répliques connues sur répliques archi-connues, la Conquête est, sans discussion possible, le blockbuster à la française que l’on attendait (et grand dieu, j’ai vu Largo Winch 2 pour en témoigner aujourd’hui).
Mais malgré ce qui est le projet le plus ambitieux du ciné français depuis bien trop d’années, il manque un truc. Sans doute la dimension cinéma. Comme une histoire. Les séquences s’enchainent autour de saynètes où chacun des personnages désormais historiques viennent balancer leur one-liner devenue immortel mais qui ne surprendra aucun lecteur du Canard Enchaîné. Et il ne manquait vraiment que “Tu l’aimes ou tu la quittes” pour que cette compil soit complète. Il règne quand même une atmosphère de cheap à chaque plan qui ne s’appuie pas sur une réalité documentée. D’accord, ce n’est pas le jardin de l’Elysée, mais alors cette scène de foule dans la rue (spoil) le soir de l’élection de Sarkozy, c’est juste hi-deux comme un passage français du dernier Eastwood. C’est dire. Où comment faire revenir des ambitions à portée de téléfilm en quelques images.
Du coup, le vrai passage intéressant, c’est cet amour qui se déchire entre deux sketchs des Guignols IRL. Ces derniers avaient l’avantage d’essayer de créer du drôle quand la Conquête ne peut s’appuyer que sur le venin des chiraquiens pour aligner des quotes immortelles. Les chiraquiens, justement, en prennent plein la gueule. Villepin est un vrai fou délirant et le film n’hésite pas à la condamner sans équivoque à la place du juge dans l’affaire Clairstream. Quand à Chirac, c’est “le roi se meurt”, mais avec Bernard le Coq à la place de Michel Bouquet (qui, lui, a fait son OPA sur Mitterrand). Pas de chance, mais hé, il l’a bien cherché, vu son quinquennat affreux. Denis Podalydès avec lequel j’ai du mal que ce soit un rôle classique ou dans Neuilly Sa Mère joue ici le rôle de sa life, incarnant sans rentrer dans la caricature, en véritable ventriloque de Sarkozy.
Et puis il y a les out-of-character (et je ne déconne pas) : Henry Guaino passe pour un gauchiste qui fait des high five. Dominique Besnehard surjoue Pierre Charon qui surjoue Ségolène Royal, really ? Et puis surtout, Claude Guéant sourit. Et ça, même avec des images de synthèse, t’y arrives pas.
Mais il y a un dommage collatéral à la Conquête. Il est évident que cette initiative, transformant Sarkozy en héros de cinéma, va le rendre plus sympathique, surtout après le cycle “Blu-Ray-diffusion TV”. Le traitre blessé, le winner cynique mais malin, le mari (à peine) trompeur et délaissé, tout ça. C’est peut-être ça le problème de Sarkozy, c’est qu’il a tellement abaissé la fonction présidentielle qu’il est parvenu à rendre plausible l’idée qu’il est un personnage de cinéma presque centriste, moche mais touchant, dans un blockbuster à la carrure d’une fiction TF1. Espérons que cela reste sans suite.
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