Archive for year 2009

La vague – Die Welle

Au début, je me suis demandé si le traitement neuneu de la métaphore de la montée du fascisme était obligatoire quand on est dans un film 100% allemand, genre “on a des responsabilités” etc. En gros, un prof essaye de montrer à quel point l’autocratie c’est fado à mettre en place et que finalement, le fascisme est quelque chose qui s’obtient naturellement quand on efface les différences et quand on les fait marcher au pas. C’est un peu tout pour la portée de cet adapt’ de roman, réalisée avec de gros sabots du monde de l’irréel.

En fait, le début sur le mode teen movie standard marche plutôt bien. Mais très vite dans Hartley, cœur à faf’, rien ne va plus, les élèves se bricolent un uniforme, un logo, un salut et surtout les laissés-pour-compte y trouvent satisfaction. C’est là que ça coince. L’un d’eux est un dealer coincé, véritable bully, qui tout d’un coup se met à kiffer d’être le rouage de la machine facho. L’expérience prend de l’ampleur jusqu’à nous parachuter une fin inédite minable, dans la même catégorie que Nick Cage qui rencontre des extra-terrestres, le genre à faire lever les yeux au ciel. Un finish qui gâche tout ce qu’il y a eu de pas trop nul, donc.

Dans les dents !

Enfoncé par 009, le cyborg complètement “Musô”.

Les 3 Royaumes (occidental digest)

Un autre film avec Kaneshiro Takeshi le même mois ? Heureusement, il joue bien dans celui là. Il n’avait pas le droit à l’erreur, son rôle est important : il joue Kongming, mon personnage préféré dans « Les 3 Royaumes », aka « Dynasty Warriors le film » ou « Sangokushi » ou encore « Sangoku Musô ». Comme tu veux. L’ultimate récit mythique des chinois qui se tapent sur la gueule, qui adapte aussi bien le roman que l’histoire de Chine et les jeux vidéo. Aux manettes, un revenant : John Woo. Petite frayeur : vers le début des années 90, il m’avait perdu. Trop de ralentis inutiles, de colombes dans des églises, de gunfights à bout portant ad nauseam, puis reralenti sur Nick Cage ou Cruise. Pffiiit, balayé. On retrouve toute sa patte, tout ses clichés par pack de six mais c’est comme si, pour une fois, tout allait dans le bon sens, que le puzzle de son style reprenait pour la première fois sa place. Un ralenti sur une lance, un oiseau qui s’envole, un mouvement d’éventail qui fait vibrer le ciel, un général qui part à l’assaut, seul face à une nuée de soldats, tous bien comprimés dans un petit espace compact, John Woo a trouvé sa voie, le western-péplum. Il donne à la guerre des 3 Royaumes la dimension immense et over-the-top qu’elle mérite, dans cette version occidentale 2h30 qui file à toute berzingue. La meilleure adaptation d’un jeu vidéo adaptant un roman, aidé par un casting top notch dans un film grandeur nature pour fanboys.

Les seigneurs de la guerre

Après avoir fait mumuse avec Jackie Chan (voir le Royaume interdit), Jet Li revient dans un film convenable où, bonus track, il joue bien. Lui qui fut pendant des années le « fais tes high kick et ta gueule » du cinéma chinois, le voici face à Andy Lau et Takeshi Kaneshiro (qui joue comme sur l’affiche du film, c’est-à-dire dans toute la placidité de l’acting à la japonaise).

Bon, des chinois, des lances, du fight et du grand sentiment, que demande le peuple ? En fait, on n’arrive pas à vibrer, sans doute à cause d’une réalisation qui manque d’oxygène et de souffle, toujours en train d’essayer le péplum trompette sans jamais vraiment y arriver. Sans la technique suffisante et le savoir faire, on est face à une grosse machinerie avec tout ce que ça implique d’artificiel et d’un peu lourdingue. Quelque chose ne colle pas dans ce mix faiblard de Shakespeare et poings dans la gueule, à tel point que les scènes de baston les plus classes jurent complètement avec le résultat. Reste l’histoire, suffisamment cool et surtout assez méconnue (ici en tout cas) de la montée en puissance de ce trio ambitieux, parti des tréfonds des jeunesse UMP pour arriver, à force de courage, de compromis et de trahison, au sommet de Nankin en pleine dynastie Quing. Une belle histoire.

Dans les dents !

Mais Robotics libéré !

Dragon Ball Evolution

Au cours de la projo, dans mon fauteuil…

Les mots manquent pour décrire ce machin, une vision totalement brochette-fromage du manga. Quand on voit la séquence du « tournoi », on se demande même si quelqu’un de l’équipe a touché un jour le bouquin de sa vie. Chaque petit détail du film est une défaite du bon goût et même, plus simplement, du sens de l’observation. Piccolo, Bulma, Chow Yun Fat dans le rôle de Pat Morita, rien ne colle, si ce n’est peut-être Yamcha, absolument inutile (et donc conforme à l’original). On ne pouvait pas s’attendre à grand-chose d’un Goku qui demande à son grand-père de lui apprendre à pécho des filles au lycée (sa première réplique du film). Histoire de se dire que ce ne fut pas une perte de temps, l’idée des « capsules ». Ces mini-Transformers est peut-être « l’évolution » la plus habile de ce croisement Beverly Hills 90210 et de Karaté Kid mâtiné de chinoises en lycra qui donnent des coups de pieds moyennement réussis. Même Matrix Revolution représente une tentative plus aboutie de DB que ça.

Bilan:

Et comme dirait Piccolo après toute expérience dangereuse et approfondie:

En toute logique:

Bonus track

Et comme on est dans le kif, voici des dialogues authentiques du film intégré au jeu de baston psp. Some goodness !

24 City

On nous vend la crise comme inévitable, à coup de reportage moyennement optimiste chez Pernault. Mais de l’autre côté de la Terre, on casse. Après le sublime Still Life et Useless, Jia Zhang Ke nous offre encore une master class magistrale de lucidité et d’esthétisme mélancolique. Après la ville s’apprêtant à se faire engloutir « pour faire une jolie vallée », il plante sa caméra dans une grosse usine dans le Chengdu. A mi-chemin entre docu (l’usine est sur le point d’être démantelée) et fiction (certains personnages interrogés sont des acteurs, mais pas tous), Jia Zhang Ke transforme la nostalgie d’un moment en puissance esthétique « in your face », comme si l’usine en pleine décomposition témoignait à son tour. Pas de la gnognote comme le blog chinois de Jean Pierre Raffarin en noi-chi (lisez les commentaires, ça vaut le coup). Zhang Ke est sans doute un des plus grands réalisateurs en activité, c’est une certitude maintenant. On se demande comment il fait pour tourner cette vérité crue de la démolition d’un pays, sans aucune forme de censure. Unir la beauté et la mémoire, à chaque plan fait de Zhang Ke devient le plus pertinent des guetteurs de la transformation urbaine. Une note d’espoir : son interprète nous a annoncé qu’un de ses futurs dream project sera de monter un film de kung fu politique. J’espère vivre assez longtemps pour voir ça.

Watchmen

Mais who watches the Watchmen, à la fin? La vraie question, c’est plutôt « qui a besoin d’un film de Watchmen ? » Après tout, ce n’est pas la première fois qu’une œuvre mémorable est adaptée pour donner du prémâché grand public, un machin déshydraté qu’on inonde de clichés de réa moderne post écran vert, post-Matrix. Alors que V for Vendetta rabaissait la révolte à un ado qui crie naïvement son mal être, les cheveux dans le vent et l’Eastpack recouvert de slogans nihilistes au typex, Watchmen the movie est une belle œuvre démago qui caresse le spectateur dans le sens du poil. « Ce qu’on vous montre est génial, et ça vient directement du roman graphique ». Le projet se ment à lui-même à chaque instant, aussi bien sur sa profondeur que sur sa portée ou même que sur son format. L’insistance du rejet total des mots « comics » ou « comic book » de l’entreprise (tout comme le gamin lecteur de comics dans le bouquin) doit sans doute emmerder Alan Moore qui, fidèle à son habitude prône la désolidarisation gouvernementale assisté par la magie noire. Moore n’est pas dupe du succès de son œuvre, un gros malentendu qui fait croire à son lecteur qu’il est plus fin qu’il ne l’est en réalité, le tout mis sur papier par le fantastique Dave Gibbons (check Martha Washington), une déconstruction d’une ligue de super-héros, pastiche des icones du monde du comics.

The Spirit, l’adaptation par Miller, l’autre icône des 80’s pop culturelle, de l’œuvre de Will Eisner avait ouvert la voie. The Spirit, le matériel originel, ne fonctionne que sur papier. Sa narration, son traitement, ses sujets même, ont révolutionné la bande dessiné, et tenter de les adapter ne pouvait donner qu’un objet « autre ». Watchmen, pareil. Ce n’est pas non plus un high concept. L’histoire ne peut fonctionner que si l’on a préalablement emmagasiné des passages entiers de sous-cultures super héroïque. Sans ce background épais (qui heureusement s’est propagé avec les années via la tv et les films en versions plus ou moins floues), la motivation des justiciers masqués paraitra fumeuse. Mais ça permet déjà de cibler son public : le mainstream qui a vu Batman, Superman et ptet même Hulk au ciné qui auront là du blockbuster petit bras. Les fans, eux, seront contents, à force de leur parler de respect, ils ne verront pas les longs dialogues transformés en catchline. Ils n’auront pas l’impression de s’être fait tirer leur doudou transitionnel.

Plus naze encore, la fin qui abdique tout son sens à une rituelle baston de fin alors que les personnages restent dans le méta-commentaires d’eux-mêmes. Un peu comme les couteaux tchic tchic bullet timé de V for Vendetta. Reste le dégraissage. Des 12 numéros (remember, this is not a graphic novel), on vire beaucoup de choses, alors que c’est précisément la densité d’informations, toutes les lignes de lectures qui faisaient de Watchmen une lecture si singulière. Les Minutemen sont balancés en un générique, le background du Vietnam à peine touché, on a là ce qu’on peut pendant 2h30, du copy-paste de séquences clef, des catchlines. Et Rorschach (réussi, lui). Ceci étant, Snyder prend des libertés zarbi. Rorschach pas assez violent ? Facile, on va le voir défoncer le crane d’un mec à la hachette avec giclée et tout le toutime. Le Comédien, pareil. C’est systématiquement vers la voie de la violence slo-mo que se dirige le réa, se contentant de filmer le reste comme un film d’action alimentaire, où les personnages n’ont quasiment pas la place d’y respirer, où l’on s’amuse à voir que Dan est moins gros, Lauren moins dépressive, Dr Manhattan moins exhib’, le comédien moins défiguré. Au passage, on a une bande son à côté de ses pompes. Simon& Garfunkel ( !) . Dylan ( !!). Leonard Cohen (!!!). Hé mec, c’est les 80’s, wake me up before you go go.

Après les épiphénomènes qualitatifs Sin City et le propagando-cool 300, Watchmen inaugure une nouvelle ère : après le Direct-to-vidéo, on passe à la très redondante Direct-to-movie (à la Kick Ass, l’année prochaine), épaulé par des web épisodes, des préquelles en jeu vidéo, sans parler des spinoff genre Tales of Black Freighter… Watchmen n’avait pas besoin de tout ça pour exister, pour boucler la boucle des super-héros costumés. Une initiative pas très utile, en somme.

sur 5 et 4 Airwolf pour la bonne prestation de Rorschach.

Spiegelman’s Be A Nose


The Curious Case of Benjamin Button


sur 5. J’avais préparé beaucoup de saloperies à dire sur Benjamin Button, sur ses métaphores d’élève de CM1 (l’oiseau-mouche planté contre la vitre, l’horloge qui tourne à l’envers, le coucher de soleil photoshopé, le pygmée zarbi etc) sans parler de ses scènes en creux, affligeantes (l’accident à la Amélie poulain, un clip ikéa, une pub rebel rebel à moto et une vidéo de vacances dans les îles), sans parler de la galerie de portraits truculents à la Big Fish. Ah je déteste Big Fish. Mais plus encore, Forrest Gump. Et là, ce montage bientôt méga connu va m’économiser du temps.


The Curious Case of Forrest Gump – Watch more