C’est la saison des blockbusters ciné, et les comics ne sont pas épargnés. Dans le monde des illustrés super-héroiques, les grosses machines de divertissement, c’est les crossovers. Voici une roadmap facile à suivre pour vous y repérer, ainsi que les trucs à savoir.

Voici les ingrédients d’un event de l’été “classique” :

  • Une série à part, avec du papier glacé, histoire de faire payer plus cher. Généralement 5 à 8 chapitres à un rythme mensuel. L’autre option, c’est des épisodes répartis entre plusieurs séries déjà existantes. Mais le but, en fin de compte, c’est de surtout faire acheter les titres satellites.
  • Ces fameux satellites, dit tie-in, seront, si l’on en croit la vérité statistique, complètement nuls car ils ont été imaginé à l’envers : “comment peut-on foutre nos persos dans ce merdier pour booster artificiellement les ventes” au lieu de “et si on faisait une bonne histoire en utilisant l’évènement comme prétexte”. Oddly, ils choisissent rarement cette dernière option.
  • Le scénario doit avoir des conséquences lourdes sur son monde (Marvel ou DC). Lourdes comme dans “GRAVES”. Un changement de statut quo qui doit durer 6 mois au minimum et amener de nouvelles idées. House of M a réduit magiquement le nombre de mutants, passant de plusieurs millions à un peu moins de 200. Personne n’a jamais réussi à en faire quelque chose d’intéressant et on sent même que Marvel lutte pour inverser cette idée, quitte à utiliser la magie. Des exemples ? Siege a été l’occasion de détruire Asgard et de virer Osborn pour mettre Steve Rogers au poste de commandant en chef du Shield. Parfois, c’est donnant-donnant : Final Crisis a tué Bruce Wayne mais a ramené Flash (Barry Allen).
  • Il faut un mort. C’est désormais systématique car il s’agit le moyen le plus cheap en stock pour donner de l’importance à son ‘histoire. Un peu comme le militaire qui nous parle de sa femme laissée dans le Idaho avant de se prendre une balle et de cracher du sang sur la veste du héros, le super-héros condamné à mort par l’éditeur va accomplir deux trois actes. Tellement d’exemples : Nightcrawler, Wayne, Aquaman, Wasp, Arès etc
  • Un ou plusieurs morts qui reviennent à la vie. Dans le (god awful) final de Blackest Night, une dizaine de personnages ressuscitent. Parce que… ils le voulaient vraiment, au fond d’eux. Et j’imagine que c’est une raison suffisante et tant pis pour toi, papy, Hawkman le voulait carrément plus. Dans Siege, toujours, Loki meurt mais se fait ressusciter par Thor le mois d’après. J’imagine que ce n’était donc pas si grave que ça.
  • C’est, pour finir, le prétexte à un lancement de nouveaux titres. Par exemple, Fear Itself sera l’occasion de lancer un nouveau vol d’Alpha Flight… Et puis comment oublier l’expérience hebdo “52” de DC.

Les crossovers terminés :

Age of X


What is it about :

Age of X fait écho à, j’te le donne en mille, Age of Apocalypse. Durant 3 mois, X-Men Legacy et New Mutants ont déplacé presque tout le X-cast dans un futur parallèle où ils sont, surprise, tous détestés. Magneto a réuni tous les mutants survivants dans Forteress X, une citadelle protégée par un champ de force. A moitié empoisonné par un sérum, Wolverine y fait office de barman tandis que Rogue, connue ici sous le nom de Legacy, absorbe l’âme de tous les mutants qui sont sur le point de mourir. De la joie.

Why should I care :

C’est très précisément le 654132ème X-monde parallèle. Et pourtant Mike Carey réussit à trouver des twists intéressants que sauront apprécier les connaisseurs. Il fait revenir sur le devant de la scène des personnages mineurs tels que Frenzy. C’est court, assez intense et balance pas mal de bons petits character moments. Et puis ce qui est appréciable avec Mike Carey, c’est que, même dans un monde parallèle forcément apocalyptique, il trouve toujours cette voix juste pour faire parler ses persos. Sa marque de fabrique. Une vraie bonne lecture que seul un amateur (au moins modéré) des X-Men pourra apprécier à sa juste valeur. Et puis la moitié des titres est dessiné par Clay Mann qui deviendra avec le temps une valeur sûre de Marvel vu comment il s’améliore en ce moment.

Nice, but how much ?

9 numéros (étalés en 3 mois) sans compter les épilogues pour ceux qui suivent dans X-Men Legacy. C’est du léger. Age of X Alpha, là où tout commence, est en fait un omnibus de plusieurs histoires nous présentant différents personnages, tandis que Age of X Universe 1 & 2 s’intéressent à des personnages secondaires ainsi qu’aux Avengers de ce continuum.

Point Airwolf :

Alors que Cannonball dirige la Brotherhood of X sous la houlette de Magneto, Cyclops était retenu prisonnier par Arcade qui lui a tranché les paupières. Recouvert d’un masque retenant son optic blast, Basilik (c’est son nom dans AoX) était utilisé comme une machine à exécuter les prisonniers d’Arcade. A la suite d’un moment d’inattention, Basilik s’empare de la télécommande qui actionne son masque et transforme ses anciens tauliers en steak tartare.

Les crossovers qui commencent :

Fear Itself

Même Dracula est mort de trouille...

What is it about :

Au cours de la seconde guerre mondiale, sur ordre d’Hitler, le Red Skull a servi de chef d’orchestre d’un rituel asgardien qui a fait tomber le marteau de Skadi sur Terre. Ne pouvant le soulever, il lâcha l’affaire et l’histoire fut oubliée.

De nos jours, Sin, la fille du Red Skull a décidé de réussir là où son père a échoué. Animé d’un esprit vengeur filial que ne renierait pas Martine Aubry, elle retrouve le marteau, son mode d’emploi magique et le brandi enfin. Elle se transforme alors en Skadi, le héraut du Serpent qui, libéré de sa prison, rappelle les 7 artefacts enchantés qui seront éparpillés à travers la Terre. Il s’agit de 7 marteaux qui, tel des anneaux verts du monde de DC, choisissent les êtres dignes de les brandir. Et forcément, ça va être le chaos… Oui, parce que l’esprit de Skadi, il ne choisit pas Bayrou pour devenir briseur de monde, il va plutôt opter pour Hulk.

La Terre a Peur. Peur à tel point qu’Odin se retire de la Terre. On se demande pourquoi le Allfather a peur. Il a survécu à plusieurs Ragnarok, ça forge un dieu… Mais bon là, il a tellement les boules qu’il fait enchainer son fils pour le ramener avec lui. Le genre de truc que fait un père aimant. Moins humaniste que dans Tree of Life, je te l’accorde mais aussi moins papa gâteau que la version du film.

Why should I care :

Pétoche Itself est le premier gros event de Marvel depuis Siege ce qui marque la fin de 7 années de crossovers anti-climax au possible, principalement orchestré par Bendis. Pas de sous-scénario caché avec des envahisseurs extra-terrestres, pas de zone d’ombre pour un plan quinquennal de réunions super-héroïque, Fear Itself est juste une histoire avec de la destruction, du chaos et vraisemblablement de la baston. A y regarder de plus près, c’est le premier projet du genre pour Matt Fraction qui a un peu moins la baraka ces derniers temps : il a laissé Uncanny X-Men à Kieron Gillen, Iron Man se rouille un peu mais il se lance dans une nouvelle série “Mighty Thor”. C’est donc logique que Fear Itself soit à la base un scénario de Thor avec des implants de Captain America, Iron Man et d’Avengers.

Nice, but how much ?

Un numéro de prologue puis 7 numéros sur 7 mois. Easy, non ? Mais attention, je prends wikipédia pour le coup, voilà la liste des tie-ins comme on dit. Pour le fun.

  • Fear Itself: Spider-Man #1-3
  • Fear Itself: Black Widow #1
  • Fear Itself: Deadpool #1-3[18]
  • Fear Itself: The Deep #1-4 [19]
  • Fear Itself: FF #1
  • Fear Itself: Fearsome Four #1-4[20][21]
  • Fear Itself: Fellowship of Fear #1
  • Fear Itself: The Home Front #1-7
  • Fear Itself: Hulk Vs. Dracula #1-3
  • Fear Itself Poster Book
  • Fear Itself: Sin’s Past #1
  • Fear Itself: Spotlight #1
  • Fear Itself: Uncanny X-Force #1-3[22]
  • Fear Itself: Youth in Revolt #1-6
  • Fear Itself: The Worthy #1-8
  • Fear Itself: Wolverine #1-3
  • Alpha Flight #1-8
  • Avengers Academy #15-19
  • Avengers #13-16
  • Black Panther: The Man Without Fear #521-522
  • Ghost Rider #1-[23]
  • Heroes For Hire #9-10
  • Herc #3-6
  • Hulk #37-38
  • Iron Man 2.0 #5-7
  • The Invincible Iron Man #503-507
  • Journey into Mystery #622-626
  • New Avengers #14-15
  • New Mutants #29-30
  • Secret Avengers #13-15[24][25]
  • Tomb of Dracula Presents: Throne of Blood #1
  • Thunderbolts #158-163[26][27]
  • Uncanny X-Men #540-543

Evidemment, sur 80 comics, tout n’est pas à chopper. Je peux déjà te dire avec assurance que Fear Itself : Spider-Man 1 est nul. L’exemple le plus fou c’est Avengers 13.

La couv'

Un tie-in réunit Bendis et Bachalo. Qu’est généralement bon pour dessiner des mecs qui se battent dans la boue avec des lézards, des satellites qui explosent dans l’espace, des dinosaures… Bah il lui ont donné… 19 pages de têtes qui parlent en gros plan, généralement affalés dans des canapés. Exemple sans bulle, mais honnêtement, y’a pas de spoil.

Et deux pages seulement de Blitzkrieg USA.

C’est le plus gros problème de Fear Itself, c’est que c’est un évènement qui t’oblige à acheter les autres titres pour comprendre un peu mieux ce qu’il se passe car ils se sont vraiment creusés le crâne pour que tout le monde soit concerné. Mais globalement, les tie-ins de Fear Itself suivent ce schéma : perso X trouve un marteau, perso X devient méchant et puis baston. Certains penseront que ça suffit pour faire un pitch suffisant pour des dizaines de mini-séries. Ils ne se rendent pas compte que personne ne pourra se les payer, leurs foutus one-shots…

Point Airwolf :

Midnight in Paris itself

Plusieurs : un des marteaux tombe sur Paris et se fait ramasser par Paul Pierre Duval (je sais) a.k.a The Grey Gargoyle. Son pouvoir de pétrification s’en trouve démultiplié et du coup, il transforme en pierre des milliers de parisiens. The gory part : des milliers de statues seront brisées au cours du combat, soit zéro chance de sauver ces gens, devenus des montagnes de gravats. Erk.

Et puis… L’autre point Airwolf, c’est Sin qui prend le commandement d’une troupe de robots nazi qui réduit en bouille Washington D.C. Maximum destruction.

Blitzkrieg par Stuart Imonen

Blitzkrieg par Romita Jr (oui, c'est Spider-Man en costume blanc-noir)

Flashpoint


What is it about :

Barry Allen aka Flash vient juste d’affronter Zoom, son némesis de toujours. Long story, mais en gros, ce dernier vient d’assassiner un autre Barry Allen parti à la recherche des anomalies temporelles. Un chouette métier. Alors que tout semble se calmer, Barry se réveille dans un monde très différent. Il n’est plus Flash. Et sa mère est vivante. Et Batman est si différent. Tout a changé. Barry décide d’en avoir le cœur net. Et fait ce que n’importe qui ferait : aller voir Batman.

Why should I care :

Le saviez-vous, Age of Apocalypse a 16 ans. Haaan c’te coup de vieux. J’en parle ici car Flashpoint est encore une histoire de futur alternatif, un House of M mais version DC, en bien. Tout du moins ça commence bien. Mais surtout, c’est une histoire de réalité alternative et Flash est tout désigné pour supporter ce genre de chrono-drame. Et les autres séries ne devraient pas venir embourber ces 5 numéros, des enjeux resserrés, assurés par le combo Geoff Johns et Andy Kubert.

Les années 90 te disent bonjour

Et puis surtout, DC le martèle, ce crossover aura des conséquences inimaginables sur l’univers tout entier, pas seulement le petit monde de Flash.

Nice but how much ?

Au moins 50 numéros feront tie-in.  Pas certain que “Flashpoint : Lois Lane and the résistance” vaille le coup, mais hé, on verra. Il y a 22 comics avec le logo Flashpoint rien que pour le mois de juin. Une bonne vingtaine de miniséries et de one-shot. Seule consolation niveau thune : DC prévoit de sortir qu’un seul comics en aout, Flashpoint 5. Parce que tu vois, c’est si important, alors autant n’en sortir qu’un.

Point Airwolf :

Encore une fois, “on ne nous aime pas”. L’Europe a été engloutie au cours d’une guerre opposant Aquaman et Wonder Woman.

Mais pour l’instant, le vrai point Airwolf, à part Batman, c’est de retrouver des personnages un peu secondaires dans des vies complètement différentes. Le pouvoir de Shazam est partagé par 6 mômes (et un tigre), remember, chaque lettre du mot Shazam correspond à la force d’un dieu.

Et puis le leader des outsiders ressemble bizarrement à Grant Morrison.

Et puis ceux qui arrivent :

X-men : Schism

What is it about :

MMXI, Year of the X-Men dit la pub. C’est marrant, avant, quand Wolverine et Cyclops s’engueulaient, c’était évoqué en une page et puis le reste, c’était de la baston contre des Sentinels ou Magneto. Nan, aujourd’hui, quand ils se foutent sur la gueule, c’est un event.

Cyclops a pris la tête du monde mutant et l’a fait immigrer sur Utopia, une île artificielle au large de San Francisco. Mais il a fait des erreurs, et c’est sans doute ça que lui reprochent Wolverine et d’autres. Il va y avoir scission.

Teaser... ?

Why should I care :

5 dessinateurs, un par numéro. Mais toujours le même auteur, Jason Aaron qui lui, pour le coup, se fait un sans-faute, que ce soit avec son Wolverine, son Punisher, son Astonishing Spider-Man & Wolverine, ou, plus sérieux, son Scalped. C’est aussi son premier gros crossover.

Nice, but how much ?

Sans doute tous les titres X. De tête, au moins 7. Et puis Schism débouchera sans doute sur deux équipes de X-Men bien distintes. Pour l’instant il n’y a deux numéros intitulé “Prelude to Schism” assez bizarres. Cyclops est sur le point de prendre une décision cruciale. Quoi, on ne sait pas. Quel est le danger qui doit leur tomber sur la gueule ? On ne le saura pas avant la série elle-même. Ils sont tous là, debout, dans le noir, et ils attendent quelque chose. Puis Xavier et Magneto (dans le deuxième numéro) vont venir tour à tour discuter avec Scott, dire à quel point il a grandi, à quel point il les a surpassé dans son rôle de leader-gourou. Flashback et reflashback. Des vieux qui causent du passé dans le noir, c’est vraiment une manière très étrange et paisible de commencer un major event qui devrait secouer les X-Men durant la prochaine année.

Point Airwolf :

C’est pas encore commencé. Alors on se contentera de la liste des dessinateurs : Carlos Pacheco, Frank Cho, Daniel Acuña, Alan Davis et Adam Kubert. Mais le vrai gimmick de l’opération, c’est quand même Jason Aaron qui va essayer de briser la malédiction qui veut que tous les gus talentueux se brisent les dents sur les crossovers depuis des années.

Teaser, le vrai

Il reste encore War of the Green Lanterns, mé hé, on verra au moment du film. Et en plus il faut vraiment que je finisse cet article sur ce jeu où l’on déshabille les passants dans les rues de Tokyo…

Même bat-chaîne, même bat-heure.