Posts tagged Joon-Ho Bong

Top Films 2010
Jan 10th
Des centaines de critiques Airwolf. Les pires films aussi. Les autres “qu’j’ai pas eu le temps”. Mais le top du top sera :
Bonus track, d’abord : Inside Job et Armadillo, deux docu, l’un ultra pragmatique, l’autre méga esthétisant sur la guerre d’Afghanistan dans une caserne danoise.
10) Expendables
9) Poetry
8 ) Outrage
Même sans rien faire, Apatow produit le film le plus drôle et sexy de l’année.
6) A single man
T’aime Facebook ? Tu aimeras. T’aime pas Facebook ? T’aimeras aussi. Si tu n’aimes pas le Fincher de Benjamin Button ? Alors l’heure de la vengeance a sonné.
4) I wish I knew
Oké je triche, vu en avant-premièree. Jia Zhang Ke, best film robotics de l’année dernière. Difficile de faire un film plus beau que ça. Celui-là est moins fort, moins puissant que ses précédents (Still life, 24 City) mais quelle puissance quand même.
3) Toy Story 3
1) Mother
Barking Dogs never bite
Dec 21st
Pas de surprise, Barking Dogs never bite est un film fantastique. Robotics ne parle généralement que des films vu en salle ou se contente des daubes visionnées au cours d’un trop long voyage en avion car je n’arrive pas à me résoudre à regarder un DVD. T’auras toujours un problème de téléphone qui sonne, de SMS qui fait digidong, A vrai dire, je ne possède que très peu de DVD par rapport à la masse de ciné que j’ingurgite par an (ça tourne autour de la centaine and counting) mais je me garde 2-3 classiques et une ou deux valeurs sûres mais sous blist, à voir un jour de joie ou de vague à l’âme. Et tout indiquait ce jour-là que je verrais Barking Dogs never bite, le tout premier film de mon réalisateur culte Bong Joon-ho.
« Aucun animal n’a été blessé ni maltraité sur le tournage », tu parles. Même sans souffrir pour les besoins du cinéma, les toutous prennent chers. Tout d’abord parce que le héros, un prof wanabee, typiquement ce genre de mec lambda comme seul le ciné coréen sait les inventer, harassé par les aboiements, finit par prendre en grippe tous les clebs de son voisinage et décide de les tuer. Ou de les enfermer là où personne ne les trouvera. Il se fera devancer dans l’échelle du cradingue par d’autres mecs qui font du ragout-toutou la nuit tombée, en cachette. En bonus, l’inévitable portée sociale avec justement une aide (sociale) qui veut donner un sens à sa vie en recueillant les avis de recherche des propriétaires de chiens disparus. C’est une jolie coréenne grimée en moche (Bae Doona, déjà elle, avant Airdoll ou The Host). Et puis il y a ces plans incroyables sur l’architecture post-dictatoriale et une démarche artistique inimaginable pour une comédie noire… on pourrait continuer pendant des heures. A chaque fois, avec Bong, le même choc de l’ambition formelle, d’un amour des classiques et de la volonté de faire un cinéma populaire qui ne se moque pas du monde. En boxe on parlerait de catégorie. Dans la sienne, Barking Dogs met K.O debout tout ce qui s’est fait depuis une décennie.

Mother
May 30th
Pauvre maman. Dès la première image, on la voit déjà perdre les pédales, à danser dans un champ toute seule. Cette mère se donne corps et âme à sa quête. Un soir, une fille est retrouvé morte. Pour la daronne, aucun doute possible. Son fils Do-Joon, certes borderline demeuré, n’est pas le meurtrier que tout accuse. Pour les flics expéditifs, l’affaire est entendue. La mère va entrer en croisade à la limite de l’autodestruction pour rétablir la vérité et innocenter son gosse.
Mother tombe pile poil pour clore en apothéose une décennie de power movies made in Corée. On ne sait pas si cet âge d’or continuera, si des boulets de canons d’une telle intensité continueront à nous arriver dans les dents.
Comme ses précédents films The Host et Memories of Murder, le Mother de Bong Joon-ho est le résultat d’un spectacle total, surfant sur différents genres sans jamais vautrer. C’est quand même énervant, cette réussite arrogante, alors que le cinéma français s’y viande systématiquement, son ambition artistique maintenue en vie par quelques rares perles (hello, un Prophète). Merde quoi, les coréens, ils étaient encore en pleine dictature y a pas si longtemps, et maintenant, c’est les rois du MMORPG et du cinéma de très haute qualité. Pire. C’est le syndrome Pixar : t’as l’impression qu’ils font ça les doigts dans le pif.
Sur mon DVD de Memories of Murder, Bong Joon-ho n’a même pas son nom sur la jaquette. Sans déconner. Injustice pour le génie qui en trois films s’est construit une œuvre à part (mais presque normal quand tu vois que la vanne récurrente du moment, c’est d’essayer de prononcer le nom du réa de la Palme d’Or 2010, vraiment trop drôle, les mecs). Dès cette première scène de danse écervelée dans les prés (j’y reviens), tu comprends que Bong fait déjà le bilan de son propre style. Il joue avec. Cette mère groove de manière comique dans une prairie (motif de Memories of murder). Elle est une marginale (The Host) et va pousser son enquête contre vent et marée face à la flicaille incompétentes (re-Memories). Et puis il y a ce gout pour les paumés et les asociaux, parsemés par des éclairs d’une violence inouïe. On te parle d’une maman, là, quand même. C’est sa fête. En un instant, un seul plan, le coréen te fait basculer de Freud à Bagdad, dans ce bled paumé où tu peux te faire tuer parce que t’as rayé une caisse.
La toile de fond vaguement familière, finalement, Bong Joon-ho s’en tape (mais c’est pas un hasard si ses deux seuls films précédents soient des classiques des 2000’s, cités en référence par pro et amateurs). Il nous fait un truc radicalement différent, en jonglant comme d’habitude entre les genres. Critique sociale, polar, drame, grotesqueries, émotions pure, on a tout, en parfait équilibre. Massif. Il te fait tout basculer en un plan, d’un coup de génie bien senti. Et ça marche. Malgré toutes les zones de réflexion, les fausses pistes purement polar, et la boue, Mother reste limpide et pertinent. Un exemple parfait de cinéma exigeant et ultra populaire, à la Hitchcock.
Les médias te survendent tellement l’expression “film coup de poing” (coucou, Enter The Void) que quand t’en as un devant toi, un vrai de vrai, t’es pas toujours fichu de le comprendre. Mother transforme la volonté inébranlable d’une mère en tank cinéphile. Rien ne l’arrête. Brillant. En 3 films, ce mec prouve que c’est un authentique génie.
Tu vas me demander comment fait un film pour être aussi bien sans coups de pied sautés ? Check la séquence à 0’15 de la bande annonce.
Rien que cette séquence mérite que je ressorte le label qualité maison:
The Host
Dec 26th
Parmi mes 3 DVD achetés cette année, un seul était un film : Memories of Murder, par Joon-Ho Bong, son génial réalisateur dont le nom, scandale suprême, ne figure même pas sur la jaquette du DVD. Oui, il y a juste marqué « commentaire audio du réalisateur ». Démerde-toi avec ça. Mais ne cherchez pas plus loin, c’est LE nouveau réalisateur de ce siècle, le premier à avoir marqué de sa pâte les genres qu’il touche. Memories of Murder jouait déjà au funambule, opposant une enquête policière ultra codifiée à d’autres styles. Parfois burlesque, souvent tragique, politique sans jamais devenir pamphlétaire, Bong réussit un petit miracle d’équilibre qu’il reproduit aujourd’hui avec The Host, un film de monstre, genre par excellence. En général, la norme veut que les trente-quarante premières minutes du film servent à se poser, le temps de mettre en place la situation, vazy qu’on te montre un bout d’œil de la bête. Ici, la situation est dégoupillée au bout de 2 minutes. Tout le monde court dans tous les sens. Le « streum » est dans la place, écrabouille et bouffe des gens. Le film va donc s’attarder sur autre chose, la vie d’une famille de paumés, des laissés-pour-compte de la reprise coréenne. Un patron d’un snack bar pourri, son fils (Song Kang-Ho alias le meilleur anti-héros du cinéma, rien que ça), et ses frangins. La fille de notre Tchao Pantin sauce Kimchi est enlevé par la bestiole. De son côté, l’état essaye de contrôler au mieux la situation en créant une psychose. La famille de pieds-niquelés va donc essayer de retrouver la petite dernière par eux même. Des scènes jouissives se succèdent, le tout formant une boucle, jusqu’à l’inévitable assaut final, grand moment de guérilla urbaine, dantesque, un vrai souffle révolutionnaire. C’est la première fois qu’un genre d’apparence aussi “série Z” que le film de monstre arrive à toucher tous les genres, du burlesque au tragique, allant toujours là où on ne l’attend pas mais sans jamais se cramer les doigts. Memories of Murder était un constat historique, The Host est une vraie prise de position, cinématographique et sociale.
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