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L’équipe nationale du Japon, cette bande de Pikachu
Jun 24th
(Hasard de calendrier et pas de bol, cet article n’a pas été publié. Je te le laisse ici, pour mieux apprécier la perf’ des Samouraï Blue)
C’est la vérité. La mascotte électrique de Nintendo s’est retrouvé sur le maillot nippon. Malgré cela, les résultats en Coupe du Monde n’ont pas fait d’étincelles.
Pikachu sur le maillot japonais, pourquoi pas, mais tant que ce n’est pas un match officiel. C’est un bon coup de com’ de dernière minute pour Adidas et la Pokémon Company mais qui en dit long sur cette équipe. Elle est gentille, elle a sans nulle doute la mascotte la plus cool mais il manque de cette hargne pour passer à l’étape supérieure. Le Japon court encore après sa première victoire au Brésil. Malgré leur totem kawaii, les “samouraïs blue” paraissent bien mal engagé pour sortir des poules.
Autrefois terre de refuges des joueurs en fin de carrière, le Japon a accueilli les plus grands sur son sol pour relever le niveau d’une J-League naissante.
Le Japon est désormais aguerri aux compétitions internationales : une Coupe d’Asie des nations en poche et deux fois huitième de finaliste en 2002 et 2010, pile les années où se plante l’équipe de France. Plus rigolo, ils ont battu l’EDF de Benzema et Valbuena en match amical 2012. Alors pourquoi Pikachu et pas Godzilla ?
Les liens entre cette équipe du Japon et les Pokémon se sont encore resserrés. Atsuto Uchida, défenseur du club allemand Schalke, va jouer au comédien de doublage dans le prochain film Pokémon. Certes, il n’aura qu’un petit rôle, celui d’un portier lambda. Mais on peut se demander si le timing de cette annonce est judicieux, quelques heures à peine avant le ronflant 0-0 concédé face à la Grèce, pourtant réduite à 10 dès la première mi-temps.
Dans l’imaginaire collectif nippon, le football est associé à une oeuvre majeure de sa pop-culture : Captain Tsubasa alias Olive et Tom. Tout a été dit et moqué : les retournés impossibles à 10 mètres au dessus du sol, les tirs qui transpercent les filets pour aller se planter dans les murs, le terrain en forme de colline qu’Olivier Atton et ses coéquipiers mettent 3 épisodes à remonter… Toujours en cours de publications, le manga suit les matches d’Olivier au cours de sa carrière pro en Europe. Évidemment, à chaque compétition internationale, le Japon gagne toujours.
Si vous n’avez pas connu ce monument d’action-comédie, les 128 épisodes de la première série sont disponibles gratuitement en streaming depuis quelques jours.
Tous, Japonais comme Français, connaissent les belles valeurs véhiculés par le manga shônen, destiné aux jeunes garçons. Aujourd’hui, les joueurs de la J-League s’amusent, pour promouvoir l’expo Captain Tsubasa qui se tient en ce moment à reproduire certains des shoots mythiques de la série.
Le message du shônen sportif, c’est qu’à force d’abnégation, d’effort et don de soi, on finit toujours par y arriver. Le Marathon, épreuve d’athlétisme culte au Japon, n’est jamais très loin dans l’esprit. Ce style flamboyant est aussi désigné comme Nekketsu, “le sang brûlant”. Les gentils finissent toujours par triompher des forces du mal. Quoiqu’il arrive, le méchant perd et comprend ses erreurs. C’est, dans ses grandes lignes, la même chose que les Chevaliers du Zodiaque, mais avec un ballon. C’est beau mais c’est pas comme ça qu’on forme les futurs Zlatan.
Et en jeu vidéo, l’abnégation paye puisqu’il suffit de gagner des battles de foot aléatoires pour augmenter ses capacités. C’est le système du jeu vidéo Inazuma Eleven, “RPG de foot” complètement inspiré d’Olive et Tom qui nourrit de ses bons sentiments la future génération de joueurs.
(non mais regardez les)
L’équipe du Japon a hérité de ce fairplay et de cette sportivité, jusque dans le public des stades. Les photos des supporters en train de ramasser les détritus après le match ont fait le tour du monde. Il fallait bien ça pour faire oublier Yuichi Nishimura, l’arbitre japonais du match d’ouverture de cette Coupe du Monde. N’empêche, le public japonais reste estomaqué devant la contre-performance de la “Zaku-Japan”, comprendre l’équipe japonaise menée par Alberto Zaccheroni.
Les médias japonais essayent d’y croire.
“La Colombie est faible ! Regardez ses défaites lors des matchs de qualifications au Mondial”
Pire, ils cèdent à la superstition. D’abord en ayant recours à la secte “Science of Happiness” qui leur a rendu visite.
Car après tout, pourquoi ne pas croire à l’occulte ? C’est un pas encore une fois franchi par une chaîne de télé:
“Le Japon a toujours gagné son troisième match de poule quand la date se termine par un 4 !”
Malgré les “tirs du tigre”, les pouvoirs de l’occulte et la ferveur populaire, Honda Keisuke ne manque pas de lucidité. Deux jours après la défaite contre la Côte d’Ivoire, le buteur s’est confessé : “On respecte trop nos adversaires. C’est ça qui nous use.” Une piste à creuser.
(Merci à Chaz & Iggy)
Drive (& Cars 2)
Nov 4th
Comme un western, un peu film de samouraï, beaucoup film des années 70, Michael Mann à fond les manettes et un chouia Cars (mais sans les voitures qui parlent), Drive se devait de me plaire.
Je t’ai déjà dit ici à quel point j’aime ce cinéma américain des années 70, racé, stoïque, aux trajectoires claires. C’est ce que j’aimais dans Cars 1 et n’ai pas vraiment retrouvé dans le 2. Hé ouais tu me vois arriver, je vais te parler d’autre chose avant de passer à Ryan Gosling avec des petits gants de conduite et un blouson griffé scorpion. Ce que je n’avais pas du tout prévu de faire, mais hé, comme ça vient, tant que ça me parait logique.
Cars 2 tente une audace étrange: transformer le héros en faire-valoir pour faire du truck maboul le centre d’intérêt. Et puis un angle James Bondien pour une scène d’ouverture démente. Mais Cars 2 vaut surtout le coup pour un moment sidérant, celle où toute l’écurie se déplace au Japon. 15 minutes les plus exactes que tu pourras jamais voir sur le Japon proche-futur et pré-explosion d’Akira, le genre de montages aux néons que tous les “Toqués de Tokyo” ne pourront jamais retranscrire aussi fidèlement. En déplaçant son intrigue des étendues américaines au mondialisme des courses auto, Cars 2 ne pouvait que diluer son intrigue et faire perdre ce côté 70’s qui en faisait le charme.
Mais puisqu’ici, j’aime essayer de capter ces moments de vérité, prise au fond du puis, mes petits moments d’émotion et de plaisir, Cars 2 fait une minute de vibrant hommage à Paul Newman dont le dernier rôle était précisément Doc Hudson dans Cars first. La scène se décale vers une étagère de trophées, ceux de Doc Hudson dont les radiateurs ont fini par lâcher. Et l’action, d’habitude si dynamique, toujours dans l’humour, se fige. Pixar et John Lasseter adressent là un hommage à Paul, et c’est probablement la micro-scène la plus touchante dans un film cette année. Je ne suis pas certain que les chaînes hertziennes en aient fait autant.
Et 5/5 pour l’hommage. I’m a sucker quand il s’agit des acteurs qui ont disparu. Ernest Borgnine a 94 ans et je sais pas comment je m’en remettrais quand… Anyway…
De Newman, de sa bogossité des années 70, on va passer à Drive (même si le summum de la classe de Newman, c’est plutôt les 60’s… ou 50’s comme disent les filles, pour “une chatte sur un toit brûlant”, toi-même-tu-sais)…
Bizarrement, Drive m’a permis de mieux apprécier certains Western… dont le dernier important n’est autre que Red Dead Redemption… Oui, un de mes jeux préférés de l’année dernière, celui-là même où l’on porte des jeunes filles attachées sur l’épaule… Au début, Marston se présente devant le fort où s’est retranché son Némésis et menace de l’en déloger. Il se fait logiquement aligner comme un lapin. Je trouvais le geste complètement stupide et prévisible, au point d’y voir une faiblesse d’écriture de Red Dead, surtout comparé à l’épilogue tout en justesse et en finesse.
Et pourtant, les cowboys obéissent à une espèce de code quasi-samouraï qui se décline de Red Dead à Ghost Dog, une sorte de confiance en eux et en leur propre démarche, surtout quand il casse les dents d’un méchant qui terrorise une femme innocente. Comme le personnage de Ryan Gosling, confiant, est invincible au volant de sa voiture, la nuit (car finalement il ne foire vraiment qu’en plein jour) alors qu’on ne lui connait pas de nom tout comme le rônin de Yojimbô. Comme dans tout western, il rêve “de se poser” et Carey Mulligan, d’une caresse sur le levier de vitesse lui laisse espérer exactement ça. Mais c’est au volant de sa caisse que Ryan Gosling prend toute la lumière (tellement meilleur acteur que dans l’horripilant Blue Valentine, une prestation qui transformerait presque à jamais en MEME. Et ces feux de croisement qui se reflète sur le pare-choc ou dans le retro, ce plaisir, c’est sans simplement parce que Michael Mann me manque.
Drive serait-il mon Cars 2011 ? Il y a tant de raisons pour moi d’aimer Drive que je pourrais continuer pendant des heures. Un trip qui me donne envie de rouler et de traverser une ville, en long en large, sans jamais chercher de place de stationnement, sentimental sans être émo-bitch, viril comme le petit bruit du frottement des gants en cuir sur le volant. Carré, affûté, racé. Le ciné que j’aime.
Com-Robot