Le brunch russe est costaud. Les restes du dîner suffiraient, non, on fait des boulettes absolument succulentes pour compléter. Personne n’a la gueule de bois malgré les nombreuses bouteilles vidées. C’est d’ailleurs un concept qui n’existe quasiment pas. Mais avant un petit tour de grizzli s’imposait. C’est le petit nom d’un quad ultra puissant pour braver la neige fraîchement tombée et de réaliser quelques figures « j’me la pète » rotatives. gamer spirit. Le paysage blanc qui recouvre la cime des arbres me fait penser à ses photos de famille que faisait mon arrière-grand père, une mélancolie du froid dont tout le monde s’accommode. Certains se plaignent même que l’hiver est trop chaud. De retour, Les différents protagonistes se massent autour de la table pour le fameux brunch, ou l’équivalent puisque le concept n’existe pas encore en Russie. J’en profite pour esquisser quelques portraits à l’aquarelle et au pinceau.

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Une fois la troupe séparée, nous nous rendons à Moscou. Passé les premières minutes, mon regard a cessé de jouer aux jeux des sept erreurs une fois les premiers panneaux Mc Do, Leroy Merlin et Ikea à portée de vue. L’asphalte bien moins troué qu’il y a 20 ans ressemble littéralement à une autoroute traversant la ville. Contrairement au Japon, on privilégie les souterrains pour les passages piétons. Ils sont d’ailleurs un chouia flippant, ces couloirs aux tons vif orangé du soir (clichés à venir). Le noël russe vient de passer, mais Moscou est encore particulièrement décoré, en prévision du nouvel an russe à venir, autant de raisons pour les gens de boire et faire la fête. Ca circule sans encombre, sur fond de NRJ moscovite dont j’espère bien vous faire partager quelques pépites. Petite balade sur la Place Rouge, restée longtemps un souvenir de jeunesse entretenu par les films sur la guerre froide et les méchants dans les James Bond. Moins de soldats, moins de grisaille, comme si l’absence de communisme a rendu des couleurs, certes publicitaires, à un pays. La neige aussi a disparu dans les différents camions et tractopelles de combat. Cet hiver sera chaud.

(Celle là est une bonne idée de W… il me comprends pas mal^^ )

Visite ensuite au Goum. Pré-perestroïka, le plus gros magasin du pays était bruyant comme le marché de Barbès. J’ai des vagues souvenirs (peut-être inexacts) d’odeurs d’animaux et de glace consommée par -25°. Désormais la température est plus clémente, et Goum est devenu depuis une « Galeries Lafayette » de très grand luxe à l’occidentale. Avec mes velléités joggeuses, W m’offre un survêtement officiel de l’équipe nationale (la Russie est candidate aux JO d’hiver prochain, ou un truc comme ça). Chebourachka, l’icone de ma jeunesse sera probablement mascotte, dans sa version alternative, tout en blanc. Ce reçit pour enfants ultra connu ici est devenu par le miracle des hasards commerciaux bien calibré un personnage retro-culte au Japon. Go figure.

Demain, espérons un jogging salvateur car ce soir, comme tous les soirs, on boira et bouffera.

Finalement, on trouve ce qu’on était venu chercher : une chapka qui provoquent l’hilarité des jeunes filles qui m’escortent en me voyant choisir le modèle le plus classique et représentatif de la classe politique russe, celle des vieux piliers d’une ère révolue. « Mais c’est démodé, il n’y a plus que les grand-pères pour porter ça » tout en me pointant les grosses boutiques de luxe du coin. Il a fallu que j’entreprenne de leur expliquer que ce serait le couvre-chef idéal pour en imposer si j’étais une star de rap. Et pour être plus clair, il a fallu enchainer ensuite sur une pédagogique explication du concept de « bobo », totalement abscons pour les russes.

L’aspect alimentaire a énormément changé aussi. J’ai souvenir d’avoir été au magasin avec un cousin, faisant la queue pendant 2 heures pour voir un bout de fromage cradingue. C’était en 1987. Aujourd’hui on trouve de tout, parfois à un prix démentiel, d’autres à des prix plus ou moins raisonnables (les fruits par exemple restent relativement démocratiques, même en boutique de luxe… Ce qui signifie que c’est en France que ces prix-là sont démentiels… Oui, désolé mais 7€ le kilo de cerises en pleine saison, c’est n’importe quoi). Des asiatiques tiennent le rayon sushi et font même des sushi au caviar. Après quelques photos, on m’interdit d’utiliser mon appareil, comme s’il y avait un quelconque risque de piratage. Mais bien sur… Qu’à cela ne tienne, je vais leur montrer toute la fonctionnalité de mon Sony DSC-F77 à viseur orientable qui, grâce à sa discrétion, m’a presque sauvé la vie en Chine quand j’ai voulu prendre des photos de soldats. Une machine automatique permet de faire le change à la sortie. Je chope au passage le FHM ruskoff, histoire de savoir ce qui se passe ici niveau actualité géopolitique.

Pelme’nis (juste mon plat favoris, enfant), et autres bons mets seront au menu ce soir, encore une fois de très très grande classe. Le voyage reservera d’ailleurs pas mal de découvertes culinaires, principalement les spécialités “éthniques”. Je profite de la soirée pour rattraper avec plusieurs des jeunes filles scotchés sur MTV Ru mon retard en pop russe, dont une espèce de Franz Ferdinand (pseudo) moscovite qui dépote carrément. L’autre méga star du moment est « Timati », un rappeur à la Street cred’ d’un K’Maro (qui par ailleurs est ultra populaire en club ici, m’a-t-on soufflé), posant en Tupac triomphant sur la couv’ de ses disques. Un rescapés de l’Usine aux étoiles 6 (comprendre Starac’) Enfin le top du top du lover du moment est Dima Bilal, qui a parait-il fait bonne figure à l’Eurovision. Ouais c’est mucho big deal ici, semble-t-il. La soirée sera encore une fois arrosé, une bouteille de vodka à deux, rien de suffisamment gênant pour démonter et remonter une kalach’. Facile. L’alcool, visiblement fusionné à mon ADN ne m’empêche pas non plus de taper ces présentes bafouilles à l’entrée du lit, comme une discipline à tenir jusqu’à la fin, mais qui explique sans doute le côté expéditif de certaines remarques et certains oublis.

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Demain, ce sera peut-être enfin la journée musée. Vivement.