Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, partie 2, du numéro 15 à 11

Partie 1: De 20 à 16

Partie 3: De 10 à 6

Partie 4: De 5 à 1

 

Note: je réponds aux quelques questions qui me sont revenus. Non, désolé, j’ai décidé de m’en tenir aux comédies stricto-sensu. Je sais bien que The Lady de Luc Besson avait l’air bidonnant (“Celui qui ne pleure pas va devoir consulter“, sans déconner…) mais à prendre le rire de manière aussi libérale, on n’en sortait jamais. Déjà qu’avec quelques subterfuges, j’ai réussi à en regrouper 22… Now, back to the top.

15. L’huile sur le feu

 

Je dois faire ici un méa culpa. Avant de voir la bande annonce (calamiteuse) de l’huile sur le feu un titre quand même pré-Max Pécas,  je me suis d’abord infligé une vague featurette montrant un bout très mal choisi. Je ne la foutrais pas ici, ça dessert vraiment le film.

L’huile sur le feu reprend l’idée de cette page fantastique de Gotlib dites du “je te tiens, tu me tiens par la barbichette” qui empire, empire, jusqu’au point de non-retour. Sauf qu’ici, c’est des arabes et des chinois, des restaurateurs qui se battent pour l’exploitation d’une terrasse à Belleville jusqu’à ce que merdes s’ensuivent.

 

Par contre, palme de l'affiche la plus nanardeuse de l'année

C’est très compliqué de faire de bonnes comédies communautaires basés sur le choc des cultures avec des vieux chinois qui jouent en mode “bol de riz”. Dieu que c’est difficile. Et ça devient assez vite saoulant. L’huile sur le feu échoue parfois mais jamais de beaucoup, en tentant des dizaines de pistes comiques. L’arabe incapable. Le chinois gay qui chante Ziggy, la vieille mamie, miroir arabe de la bonne vieille Tzipé Schmoll dans Rabbi Jacob (Janet Brandt, RIP, quel grande actrice)…

Heureusement pour “l’huile”, plusieurs comédiens tirent vraiment leur épingle du jeu, et je ne parle pas des caméos, il y en a assez peu et utilisé à bon escient (les mecs de Kaïra Shopping par exemple), ce qui est quelque chose d’assez rare cette année. La “vieille gauloise” par exemple, joue une hilarante veuve d’un militaire colonialiste qui représenter une bonne moitié des vieilles proprio de Paris qui montent les loyers jusqu’à plus soif. Mais il y a aussi Vincent Lacoste (qu’on reverra malheureusement plus haut dans ce top) qui joue l’idiot du village, un blanc qui veut devenir chinois. Le “beau gosse” exploite un peu son image de Michael Cera à la française, en jouant de manière lunaire, quasiment pas dans le même film que les autres. Il pourrait dire des répliques au pif que ça marcherait, tant son perso a l’air à l’abandon, presque désarticulé quand il n’est pas humilié par des mômes.

Et puis il y a Alice Belaïdi qui devrait prendre le spot de Leïla Bekhti dans quelques années (en même temps, Leïla, elle a déjà un peu le film de sa vie, non ?). Si Alice choisit bien ses films, elle fera de bonnes choses. Tu peux google-imager, totally legal. Ici elle joue la rebeu dure à cuire en jogging. Et goddamn, c’est la plus jolie fille que j’ai vue en jogging cette année à part cette nana, un aprem sur la ligne 14. C’était en mai.

 


14.  Ni à vendre ni à louer

 

Un ami m’a dit “hé mais ta liste n’est pas valable si tu ne vas voir que les daubes et pas ce qui se fait “d’un peu mieux”. Soit. Ni à vendre ni à louer est une comédie quasi muette qui n’a pas la chance d’avoir des spectacles de claquettes. A la place, on a Jacques Gamblin qui fait du cerf-volant en casquette. Et là, le choc. Gamblin avec sa casquette est le sosie de Kool Shen.

Zy va, Gamblin, passe passe le oinj'

Le reste du casting semble sortir d’un Caro-Jeunet de la grande époque, avec les mêmes gueules improbables de cinoche freak. Suprême comédie bourgeoise pas toujours très drôle mais on voit comment elle fonctionne: de manière lunaire, par ses absences. En gros, c’est chiant et mon système de défense immunitaire me force à m’endormir. Comme si je passais en mode veille. Voilà, j’ai rempli mon quota de comédie intello. On peut passer au vraiment nul.


13. Halal police d’état

 

Halal police d’état est un de ces films que tu préfères voir un samedi à 10h du mat, la meilleure heure pour ne pas t’en souvenir. Tout cela n’était-il qu’un rêve ?

Je n’ai rien contre le duo Ramzy et Eric mais un jour, ça va se voir qu’ils choisissent très mal leurs films. Pourtant, repomper en version débile l'”l’Inspecteur Tahar”, une série policière algérienne culte, était plutôt une bonne idée. Mais les mecs… l’écriture quoi… Ça sent la paresse à plein nez.

Allez, il y a une vanne rigolote, UNE. Et comme je suis un bâtard, je te la raconte, de mémoire. C’est avant que l’extra-terrestre débarque. Oui car y’a un deus ex-machina avec un extra-terrestre, comme dans Indiana Jones IV (qui nous sommes bien d’accord, n’a jamais existé). Eric et Ramzy sont à la poursuite de nazis dans les sous-sols de Paris. Eric déclenche un mécanisme et s’engouffre dans une porte cachée. “Oh, c’est un passage secret. D’après Lorànt Deutsch, le premier passage secret de Paris date de 1976“. C’est tout. Voili voilà… On va dire qu’Eric & Ramzy attendent encore “leur grand film”.

 


 

12. L’art d’aimer

 

Encore une comédie classée “intello” mais à la vérité, je suis surpris. Je l’imaginais bien plus haut dans ce classement (comprendre bien plus nul) de l’humour français. Emmanuel Mouret, je suis déjà mort d’ennui dans un de ses films, celui-là même où il entretenait un triangle amoureux avec la blonde de la minute blonde (qu’il fait jouer pour se la taper, I guess ?) et Dany Brillant (pas mauvais acteur mais visiblement dirigé comme une tanche). Sans doute les deux heures les plus dures que j’ai passé devant un film de ma vie, à tel point que, fait rarissime, j’en suis sorti avant la fin. Insoutenable.

On m’avait annoncé que c’est du “Mouret en moins bien” et en fait, non, au final c’était supportable. Du marivaudage parigot dans sa caricature la plus éhontée, avec une collection d’images d’Épinal un peu usantes, une caricature que j’imagine bricolée pour l’export. Pas nul,  juste chiant. J’imagine que c’est une victoire.

 


 

11. Intouchables

 

Ah Intouchables. Ces plans à rallonge pour EXPLIQUER QUE LA VANNE EST DROLE. Tu le comprends, que PAS DE BRAS, PAS DE CHOCOLAT, c’est drôle ? Non ? Alors deux minutes de discussion où Omar t’explique que c’est une vanne. ET QUE C’EST DRÔLE. Tu le comprends, que Cluzet avec des moustaches de Hitler, c’est drôle ? Non ? Alors on va s’attarder sur Omar Sy, dont la bonne humeur communicative et le rire bruyant va te faire rire. Ce type, c’est le rire enregistréEt je t’avouerais que, reproduit à longueur de film, le procédé m’a bien arraché quelques moments de rigolades. Indéniable charisme d’Omar, on est d’accord, mais de tout les types d’humour, un de ceux que je déteste le plus, c’est celui qui se croit obligé de faire son propre commentaire. “c’était une vanne”, “qu’il est irrésistible” “Ah c’est vraiment hilarant”, tout ça, à proscrire.

Voilà pour la réalisation qui a bien compris ce qui fonctionnait dans le rôle d’Omar dans OmarEtFred, le duo.  C’est ça pendant tout le film. Mais tout le monde l’a vu, non ? C’est Denisot qui l’a dit.

J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir car d’autres ont fait pire dans le genre cette année. Mais les comédies basées sur l’argent développent toujours un certain nombre de problèmes, d’ordre quasi-moral. Pas quand elles sont bien faites hein, Un fauteuil pour deux est un de mes films cultes. Car au fond, le vrai thème d’Intouchables ne serait-il pas justement l’histoire de la domestication d’un sauvageon par l’argent.

De toute évidence, les aspects comme la moquerie de l’opéra, l’art contemporain dans sa plus pure démagogie populo sont des rajouts par rapport à l’histoire authentiquement authentique dont s’inspire le film. Ils sont identifiés comme des loisirs de riche, comparé à la danse sur fond de mp3 d’Earth, Wind & Fire, forcément plus cool. Hé, on n’est pas dans la finesse du Goût des Autres.

Mais par contre, aucune moquerie devant l’étalage gras de la richesse. La Maserati plutôt que la Kangoo, cet étalage qui va jusqu’aux œufs de Fabergé, laissé à l’entrée comme moi je pose les Direct Matin en rentrant. Le résultat: grâce à la thune, le sauvageon Driss est dressé. Au lieu de crier sur le mec qui gare mal sa caisse, le gentil qu’il est devenu va lui demander gentiment de bouger son véhicule. Avec l’argent, tout devient possible. Et cette vision frontale de la lutte des classes, au même niveau que dans Camping, me laisse un goût amer.

Image de fin tirée des archives, les vrais protagonistes de l’histoire qui, pour nous le rappeler encore une fois, sont based on a true story comme le veut l’adage. Pour légitimer un film, aussi surement qu’un rire à gorge déployée d’Omar ponctuant sa propre vanne.

Je crois que c’était le Worst. Reality. Placement. Ever.

 


 

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