Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, du numéro 10 à 6

Partie 1, du numéro 20 à 16

Partie 2, du numéro 15 à 11

Partie 4, du numéro 5 à 1

Tu connais le principe, donc on y va tout de suite. Attention, on a passé un cap qualitatif très bas. Bienvenue dans l’horreur de la comédie française.

10. Monsieur Papa

On le sait tous, Kad Merad tourne trop. Alors en 2011, il s’est calmé. Ca ne se voit pas trop comme ça mais on le voit moins. Sauf aux Enfants de la Télé. C’est fou, ça, à chaque fois que tu tombes sur ce genre d’émissions par hasard, les chances de tomber sur Kad Merad sont au moins aussi grandes que de tomber sur une louange de Sarkozy dans le Figaro. Il doit vraiment être trop sympa dans la vie. Cette année, il a joué dans la néo-Guerre des Boutons que j’ai décidé de ne pas les voir. Parce que faut pas déconner.

Du coup, il avait du temps, il a réalisé son film, (rien à voir avec la daube de Maurice Bartelemy). Kad joue lui-même le papa fictionnel. Engagé par une célibattante (joué par la meuf de François Baroin), il se retrouve à incarner un père. Et le fiston qui va vite comprendre qu’on se fout un peu de sa gueule. Et évidemment, ils vont commencer à s’aimer. Happy end incoming.

Terriblement consensuel, pas vraiment drôle, j’avoue que je l’ai sélectionné pour parler un peu de Kad qui avait vraiment quelque chose à apporter dans le monde de l’humour. Puis il y a eu les Ch’tits, le point de non-retour, le déclencheur d’une nouvelle vague de comédies françaises. C’est en toute logique qu’il y participe en réalisant, peut-être par pur caprice, une comédie familiale bon teint. Ce type était si drôle avant… Devenu réalisateur extrême-centriste, il me fait désormais à la réplique de Mickey dans Rocky III: “Il t’est arrivé la pire des choses qui puisse arriver à un boxeur: tu t’es embourgeoisé”. Kad est en plein round de trop, là. La dixième place, celle du milieu, de l’extrême-centre, c’est ce qui lui va le mieux.

 


 

9. On ne choisit pas sa famille

 

On se la joue journaliste total pour une fois ? C’était un soir un peu spécial. Invité par “un média gay”, je me sentais un peu comme un espion soviétique, le seul hétéro dans cette salle. Je commençais à sentir ce que mes parents ont ressenti quand ils ont déjoué le KGB. De l’URSS, à l’adoption homoparentale, il n’y a qu’un pas. L’ordre du jour touche visiblement la plupart des gens ici. Soudain Christian Clavier vient présenter son premier film en compagnie de la co-star Muriel Robin. Les gens tweetent, les acteurs cabotinent. Les gens sont contents.

Il faut avouer que Clavier fait montre, ça peut paraître surprenant, d’une certaine humilité. Comparé à Kad Merad (voir Monsieur Papa, N°10 du classement), Clavier aura attendu assez longtemps avant de prendre son envol comme réalisateur. Donc oui, humilité est bizarrement ce qui correspond à celui qu’on croyait fondu et recyclé en succursale Sarkozyste.

Humilité double, puisqu’il partage la vedette avec Robin, donc, mais aussi avec Jean Reno. Son “on ne choisit pas sa famille“, titre terrible est un véritable dragon à 3 têtes qui vont se bouffer entre elles. Robin, lesbienne, demande au frère de sa nana (Clavier qui fait du Clavier, impossible de juger ça, parfois il fait mouche) de l’accompagner en Thaïlande. Le faux couple va devoir jouer la comédie pour convaincre un orphelinat pour leur céder une petite fille. Sujet sociétal, l’adoption des couples homoparentaux, la salle chauffée par le sujet jubile jusqu’à ce que débarque Jean Reno, cerbère un peu débile qui veille à débusquer “les pédés” (le mot n’est pas prononcé) qui se font passer pour des vrais couples.

Toute perspective de rire est annihilé à l’arrivé du sympathique Jean. Reno, son problème, c’est qu’il te joue tout comme dans Le Grand Bleu. Ou Les Rivières Pourpres. Ou Godzilla. Il est mo.no.corde. Le seul moyen de faire rire avec l’entité Reno, c’est de jouer sur le décalage. Le gag final, c’est qu’il va tomber amoureux de la jolie Helena Noguerra sans se rendre compte qu’elle est lesbienne. Le style Reno ne marche pas quand il est un “spécialiste” rompu à tous les coups vicieux de son métier. Quoique son rôle le plus drôle de tous les temps, c’est ce spécialiste de la Turquie dans “l’Empire des loups“, qui mange un grec au début du film pour bien montrer qu’il est un expert de la question. “Tu ne comprends les gens que si tu manges leur nourriture”. Best réplique ever.

Malheureusement, dans “On ne choisit pas sa famille” il n’a pas l’occasion de briller, intentionnellement ou pas.

La meilleure prestation de l’année 2011 pour Jean Reno sera donc les publicités Toyota au Japon où il incarne Doraémon. Gambare, Jean !

“Nobita-kun, Hisashiburii”

“Takekopta !”

 

Son meilleur rôle sera-t-il les publicités japonaises ?

 

8. Low Cost

Le pire pour un film avec un avion, c’est de dérailler dès le tarmac. Les films de l’ancien Robin des bois Bartelemy, on a l’habitude qu’ils soient pourris. Mais de la comédie humaniste “PAPA”, tournée à la “T’aime” (Never forget, Patrick Sébastien), il trouve plus volontiers un ton qui lui correspond ici… C’est-à-dire un peu apathique. Grosso modo, c’est un Y’a-t-il un pilote dans l’avion, mais tourné avec la dimension de Palace (qui tient surtout par ses personnages plus que par la réa, je précise), un cachet série TV qui n’est pas sans rappeler Marc et Sophie (un des rares exemples qui me viennent comme ça).

Dès que l’avion décolle après des heures coincées à l’aéroport, on bascule dans “un autre chose” indescriptible de non-humour.

Malheureusement, il entraîne tous les acteurs dans sa chute libre, de Darmon (mieux dans Bienvenue à bord) à Vincent Lacoste (mieux dans l’Huile sur le feu). C’est tous les passagers qui sont témoins d’un massacre mal filmé, jamais drôle (potentiel comique de Judith Godrèche, anyone ?)

L’avion atterrit en plein désert au milieu des touaregs, donnant à cette non-comédie le ton juste qu’elle cherchait depuis le début, celui de l’humour colonial. Low Cost occupe donc une case très spécifique qu’on pourrait se résumer à une “comédie bamboula“. Pathétique.


 

7. Les mythos / La Planque

 

Difficile de croire que ces films comme ça existent tant ils sentent l’amateurisme et ce, dès l’écriture.

Tout fait cheap dans la Planque, à commencer par le script: un braquage écrit comme une gaudriole avec des vannes scato inconcevables pour un œil débutant.  Mais au fond, c’est très logique pour une production Europa Corp qui réalise encore une fois un miracle cette année, produire un de mes films préférés de l’année (Tree of Life), un film de Besson dont tout le monde se fout (The Lady avec ses 6 baisers et un indonésien qui tremble un gun à la main dans la bande annonce, ça m’ennuie un peu de l’avoir) et ce genre de navet. En fait, la comédie bas de gamme est toute une tradition chez Europa, qui se perd malheureusement.

Après les quatre Taxi nuls d’anthologie, leur comédie franchouillo-poujadiste était au point mort. J’adore Taxi, un puissant mètre-étalon de ce qui se fait de pire mais qui en même temps, c’est une série qui n’est jouissive que quand elle est mauvaise, raciste et misogyne. Taxi 2 par exemple n’est génial que parce qu’il recule les limites de la stupidité et du racisme. A contrario, Taxi 3, moins raciste, plus politiquement correct, est considéré comme une “déception” par tout le monde. Il y aurait beaucoup à dire encore sur les Taxi et si j’en avais le temps, je me ferais une spéciale Europasploitation pour en décrypter les codes et le langage… La Planque était une tentative de Guy Ritchie-er l’offre, en rajoutant de la musique funk. Le cœur de cible, c’est évidemment le public Taxi. Mais c’est à peine regardable.

Tout fait cheap chez Les Mythos, à commencer par les acteurs, aux gueules pourtant très sympas. Je n’en vois pas un seul à la stature suffisante pour être invité dans un talk show humoriste, même sur la TNT, les trucs nuls où l’on montre les meilleures chutes sur Youtube. Des jeunes de banlieue (comprendre des losers) décident de se faire passer pour des gardes du corps qui vont devoir protéger une héritière belge. Elle se contredit dès ses premières scènes. La première, elle saccage sa chambre comme Paris Hilton. Okay. La deuxième, elle décide de devenir proto-écolo. En une seule scène, bim. Côté basculement, Anakin est battu.

Les acteurs jouent mal mais mieux que la plupart des pros qui seront en haut de ce top. A défaut d’être drôle, les mythos est donc généreux. Ce qu’on dit des beaux losers.

Le point commun de ces deux films, c’est un : ils n’ont sans doute pas le soutien financier d’un grand studio (quoique, Europa ?). Ils n’ont pas Kad Mérad au casting. Ils n’ont pas fait un seul plateau TF1. Même pas Denisot. Rien. D’ailleurs je me demande s’il y a un autre fou en France qui se soit farci les deux cette année. Peut-être qu’ils attendent le Direct-to-Dvix ?

Il y a 4 bande-annonces pour les mythos… Voici l’une d’elles.

La planque, donc…


 

6. Ma part du gâteau

 

J’ai déjà consacré un article assassin au dernier Klapisch, le mec qui réalise un peu toujours le même film mais en moins bien. En touchant à la comédie sociale donc la meilleure incarnation est cette année “les femmes du 6ème étage”, Klapisch se vautre dans la débilité profonde. Pourtant, on voit bien qu’il a fait de son mieux pour faire un film “sur la crise”. Mais quand ça veut pas, ça veut pas.

D’un côté, Gilles Lellouche, trader de la City revenu en France (comprendre ici que La Défense, c’est la cambrousse de l’argent facile). Il déteste les amis, il est malpoli et déteste les gosses, à commencer par le sien. Il déteste même sa vie. “Putain j’ai une vie de merde” dira-t-il. Débarque “France” (bonjour la métaphore de boulet, jouée par une Karine Viard pas crédible pour un sou), une chômeuse de Dunkerque pour faire le ménage chez lui. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que le bâtard qui a fait fermer l’usine où elle bossait, c’est Gilles, parce qu’il y avait des thunes à se faire. Il la baisera, car hé, comme si on n’avait pas compris qu’il est sans morale. La fin est presque aussi bête que le film: Viard se fait embarquer par la police tandis que la foule en colère s’apprête à lyncher Gilles et là… cut. No. Fucking. Shit.

Klapisch fait malheureusement partie des réalisateurs des années 90 qui avaient la vista et n’y arrivent plus, un peu comme Chatiliez et son terrible Agathe Clery.

En tout cas, Ma part du gâteau peut s’enorgueillir d’avoir involontairement la scène la plus drôle de l’année…  France à sa fille: “tu vois, il faut lancer le pain plus près des petits canards, sinon ils se font voler et taper dessus par les gros canards”. “Mais on s’en fiche !” répond sa fille. Devant la gravité de la réponse de la fille, France lui fait les gros yeux et lui crie dessus : “mais comment ça, on s’en fiche ?!” Une scène d’une bêtise inimaginable, que même Jean-Marc Sylvestre n’aurait imaginé possible, une scène qu’on appellera à jamais “le Capitalisme expliqué grâce aux canards”.

 


 

 

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