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2011, l’année des comédies “pour filles”
Dec 26th
L’évènement de l’été et, soyons fou, quasiment de l’année, c’est ce nouveau phénomène des “comédies pour femmes”, revendues aux médias comme une révolution au même titre que les femmes dans l’armée ou Anne Sinclair “la femme courage”. Donc, en 2011, on va voir ce qu’on va voir. Dans Bridesmaids, c’est tellement la révolution qu’on voit des femmes se faire dessus.
L’idée même d’un concept d’humour ciblé m’énerve, dans la mesure où il attenue ce que je préfère, l’universalité de l’humour. Les films des frères Coen seraient-ils moins pour femmes ? Et ne rentrons même pas dans le débat Woody Allen…
Cependant, au sein de ce néo-genre se dessinent de nombreux points communs et mêmes des tendances lourdes, évoqués dans ce très bon article sur la buddy-isation de l’élément “Boyfriend” dans les comédies romantiques. Robotics revient sur les deux exemples les plus emblématiques d’une année globalement assez pauvre en comédie avec comme emblème The Hangover 2, copy carbone du premier. 1 sur 5 pour lui, comme ça, c’est fait.
Bad Teacher a le mérite de ne pas changer de titre en français. Mais il aurait clairement du s’appeler Mauvais Casting. Cameron Diaz vit ses dernières années de bonasse donc elle profite à mort, cf Knight & Day après une tentative de vrai acting, remember The Box. Elle incarne cependant une prof qui déteste son job et qui se retrouve, malgré ses efforts démesurés, plaquée par son mec, un riche qu’elle exploitait. Elle ne rêve plus qu’à un truc, un seul (et on est prié de croire à la mise en place de ce scénario débile mais qui se prend au sérieux) : se refaire les seins. Tout ça pour séduire “Gentil Prof remplaçant” joué par Timberlake. Comme si elle était dans l’ignorance de son statut de belle fille.
Ok, stop ça ne tient pas, la fille est une vénale insatisfaite de son corps, éconduit “Gros prof de gym à l’humour sarcastique”(Jason Segel, parfait de nonchalance Apatowesque en attendant les Muppets, le movie), mais fait quand même du sexy car wash pour les bonnes œuvres qui financeront son opération mamai… STOOOOP deuxième fois. RIEN ne fonctionne ici : elle est parfaitement consciente d’être turbo bonasse puisqu’elle organise ce car wash hyper sexy pour que les mecs de la ville raboulent des thunes… Tout ça pour se refaire les seins parce qu’elle n’est pas sure d’elle ? Awkward plot is awkward. Heureusement, au contact de Jason Segel, elle comprend qu’en fait, elle aime aider les enfants en contredisant tout le reste du film et que finalement, l’important c’est pas la richesse matérielle mais la beauté intérieure. Qui fait des cunni. Fin.
Bridesmaids (mes meilleures amies, LOL) a été la seule dose annuelle de films Apatowesque dont je m’efforce de parler ici systématiquement. Enfin à part le récent 50/50 qui en réunit les acteurs et le ton, mais c’est une autre histoire.
On retrouve parfois dans Bridesmaids le contour de l’Apatowisme, quand il nous décrit des personnages humains, sans jugement, en leur donnant la possibilité de littéralement déployer leurs ailes. Pourtant l’héroïne de Bridesmaids ne montre pas son héroïne sous un jour très favorable. Raté, mauvaise amie, un peu vénale, volontiers superficielle…
En fait, elle n’est pas si éloignée de Cameron Diaz. Elles poursuivent un peu ce même idéal en couchant avec ce mec super beau. Justin d’un côté, Jon Hamm, le bogosse de Mad Men. J’ai googlé pour vérifier à nouveau, tu peux pas test le mec. Et toutes les deux sont si superficielles qu’elles ne se rendent pas compte que le bonheur, c’est finalement ce mec bourru un peu patapouf qui gravite autour d’elle. Ce qu’elles cherchent (et spoiler, qu’elles trouvent à la fin), c’est ce “dude”, avec qui elles pourraient aller boire des bières. “Coz he’s cool”. La fille de la comédie US estampillée ‘pour filles’ cherche un gars, un pote, un bonhomme qui la fera jouir, car il est à l’écoute, lui. Mais faut arrêter de croire au bégé.
Et ce n’est qu’après un long voyage pavé de gags et de fausses routes qu’elle comprendra que “y’a pas que le physique qui compte”. Ce qui m’amène à ce point, peut-être le plus important, celui qui m’énerve le plus avec ces comédies malhabilement markété pour les filles. On a vu que ces nanas qui “avaient perdu le sens des valeurs” mais qui finissent par trouver un gars à la bien, limite plouc…. Hé bien ce mec-là est systématiquement moins beau que le mirage dont elle était amoureuse. Sans déconner, connaissez-vous une seule comédie romantique où le bel étalon opte pour la fille la moins jolie ? À part Dirty Dancing et goûts particuliers ? Peut-être Bridget Jones… Quoique, considérer Colin Firth comme le moche de Hugh Grant, c’est un choix à la Russel Crowe / Joaquin Phoenix. Alors qu’un laid protagoniste masculin d’une comédie, tu peux être certain qu’il va réussir à lever sa beauté. Quel détail énervant…
Pour finir, je tiens à citer Ed Catmull, co-fondateur de Pixar (que j’avais déjà mentionné dans cet article consacré à Disney). Dans ce long exposé, il explique que ses films fonctionnent car ils ne sont pas imaginés “à hauteur d’enfant”. Ils n’aimeraient pas ça. Et plus généralement, ça foire quel que soit le public. Bad Teacher échoue car il n’a pas de hauteur du tout. Seul Jason Segel est à sauver. En deux répliques, deux vannes qui plus est, il donne à Cameron Diaz une chance de se rendre compte à quel point elle incarne un personnage mal écrit. Bridesmaids est plus ambigüe, tente n’importe tout et n’importe quoi et essaye toujours de se remettre sur la même longueur que son public. Dommage aussi, la meilleure scène a été coupée pour la foutre sur DVD.
Profitez s’en pour la voir avant qu’ils n’aient l’intelligence de la couper à nouveau.
Green Hornet
Feb 9th
Amis haters des lunettes 3D, adeptes du potassage d’Allocine pour débusquer la bonne salle sans 3D ET en VO (autant dire chaudard), je vous ai vengé. M’étant fait opérer des yeux, j’ai, pendant quelques semaines, eu les yeux ‘achement rouges, un peu comme Cyclops sans visière en quartz-ruby. En tout cas, suffisamment pour faire peur. Et c’est donc en titubant pour rendre ces lunettes de malheur que le gus chargé de récupérer le butin s’est pris un “Ow j’sais pas ce qui m’arrive, j’ai comme un truc aux yeux depuis la fin du film”. Petite victoire, mais hé, on se sent bien, après.
Balançons les revendications dès le début :
Note : mon bro @puyogk a carrément lâché ses lunettes en cours de route. Il doit y avoir 3 mn de film où c’est justifié. Autant dire du vent.
Let’s :
Green Hornet a toujours été pour moi ce show bizarre que tu regardes pour la voiture planquée qui pivote sur elle-même dans le garage bourgeois du héros qui s’ouvre comme dans le Tonnerre Mécanique. Ow boy, si tu es jeune, tu as du taf à tout rattraper sur Youtube. Green Hornet était déjà passablement ringard lors de sa première dif’ en France en 1986. Et encore, il n’avait que 20 ans de retard. Ah la douce époque d’avant internet et le divx.
Mais évidemment, quand t’as même pas 10 ans, tu ne regardes que pour Kato, aka Bruce Lee. Le Kato Show. Trop puissant pour refuser de se faire casser la gueule par le Robin gringalet.
Et pour bien illustrer mon propos, sans doute ma scène de baston préférée des années 60. Man, les coups de pied que fait Bruce. Pour les autres, le champ des possibles des pieds dans la gueule n’existe même pas.
Bonus track caméo !
Mais c’était probablement l’étape obligée quand on s’inspire un show radio. On sera donc tolérant avec une adaptation moderne libérale. 2011, Green Hornet est donc devenu n’importe quoi entre les mains de Seth Rogen (et son compère coscénariste Evan Goldberg, le combo de Superbad). Ou plutôt, c’est devenu un para-Apatow movie. fuck yeah. (rappel, la meilleure prod Apatow de l’année dernière) Britt est un gosse de riche tout ce qu’il y a de plus exécrable. Son père dirige un journal façon Jameson, il sait ce qu’il veut. Éventuellement le canard sera un jour refilé à Britt, comme d’autres promettent la mairie de Neuilly. Blessure originelle façon chauve souris, Britt va perdre son père, le déclic pour se lancer dans une guerre contre le crime avec à sa tête le nazi d’Inglorious Basterds, en mode cabotin (mais hé, ça lui a déjà valu une palme, alors on continue). Le tout en se faisant passer pour un criminel, The Green Hornet. Alambiqué, non ? C’est à peu près au même moment qu’il découvre le bricolo homme à tout faire chinois spécialiste en tout comme Bruce Sato dans Mask, mais surtout balaise en coups de pied sautés. “Le frelon vert doit agir” comme disait le show. Et à un moment, Cameron Diaz est littéralement parachutée dans le film, il n’y a pas d’autre mot.
À la lecture du comics de Kevin Smith basé sur son propre script qui aurait dû servir à l’époque à sa propre version de Green Hornet, on se dit qu’on est pas passé loin du navet. C’était aussi l’histoire du fils, mais qui prend la succession du Hornet original, comme dans Mask of Zorro. Assisté par la fille de Kato, le jeune découvre que la vie de super héros, c’est pas si facile mais que c’est plus rigolo avec quelques blagues anales ça et là (souvenons nous que Smith est l’auteur du Batman shooté à la beuh qui donne compulsivement des orgasmes à sa meuf et surtout qui se fait littéralement dessus de bonheur -putain Dc, on ne surveille pas ses publications ou quoi ? Son remplacement par Rogen et Goldberg amène un flow différent, clairsemé de vannes semi-dépréciatives mais cool comme la plupart des acteurs populaires du clan Apatow (et principalement Rogen donc mais aussi Jonah Hill et Jason Segel, la section juifs-qui-ont-du-bide, à ne pas confondre avec la section feuj-bégé comme James Franco). Rogen avait tout du mauvais casting, et pourtant, ce mec est assez impressionnant, à sortir ses répliques l’air de rien, à la limite du regard caméra à la Tom Cruise en moins sciento.
L’intelligence de ce script, c’est d’avoir donné une espèce de tendresse dans le traitement de ces personnages pas foncièrement attachants, enfin tu sais, la patte Apatow, quoi, cet espèce d’appel d’air final plein d’espoir et néanmoins pas niais. Et surtout de ne pas avoir oublié de rendre Kato le plus cool possible. Jay Chou… Bon, le mec qu’on écoutait tous les matins à l’entrainement au Kung Fu en Chine, j’pensais jamais le revoir. Soudain, Youtube.
(faut que je précise qu’il y a Edward James Olmos, alias Adama de Battlestar Galactica, le Tomy Lee Jones de gauche. Que tu aimes forcément d’amour, je le sais)
Ah oui, Michel Gondry ? Sur ce coup-là, c’est un pinceau, littéralement un outil au profit de la mécanique Rogen qui l’utilise. Et c’est sans doute comme ça qu’il est le meilleur, comme dans Block Party ou dans les films d’autres auteurs (z’avez jamais remarqué comme il y a deux parties si différentes dans Eternal Sunshine ?) En tout cas, c’est dans ces films de commande qu’il saoule moins à faire des scènes en papier crépon et en pâte à sel. Pas son taf le plus perso donc mais canalisé, c’est du taf bien fait.
Funny enough pour un
bien mérité.
The Other Guys vs Due Date
Dec 1st
Encore un duel comique dans Robotics. C’est quoi, le troisième de l’année ? À ma droite, Due Date qui a l’élégance de s’appeler simplement Date Limite en français. The other guys, par contre… Very Bad Cops… ? Vraiment ? Quel flamboyante nullité pour imiter Very Bad Trip. Il manque juste “in America” pour faire American Pie.
Due Date, c’est le duo comique du moment. Le gros grec de The Hangover et Robert Downey a.k.a Tony Shtark. C’est une chanson déjà bien connue: ils n’auraient jamais du se rencontrer, lui le bégé des villes à l’oreillette Bluetooth, lui le gros plouc vraiment débile et finalement attachant. Tu remplaces bégé par Kad Mérad et t’as peu ou prou la structure de Bienvenue chez les Chtits.
Les voilà embarqué dans un road movie burlesque qui se terminera forcement bien. Difficile de faire du LOL vu le canevas relou mais avec sa facilité apparente et agaçante du mec qui réussit tout, Robert Downey fait mieux que tous les personnages de Francis Veber réunis. Vu les conditions compliquées de faire un bon film là dessus on va dire un gentil 3. Mais seulement parce qu’il humilie pas mal la filmo de Veber, en même temps. Bim.
Non allez, pas 3, ça sera un
The other guys, c’est un peu beaucoup l’équipe de Step brothers (un des films Apatow les plus sous-estimés de ces dernières années) mais sans Apatow. Will Ferrell et Wahlberg sont obligés de remplacer The Rock et Sam. L. Jackson, “à 3 jours de la retraite”. Une larme.
Le problème d’un duo comique, c’est qu’il y a généralement un des deux qui est le plus nul, et là c’est Mark Wahlberg. Hé j’ai rien contre Marky Mark, il a joué dans des films remarquables (The yards, au pif), mais les rôles comiques, c’est tendu. Est-ce qu’il s’amuse, dans la vie, lui ? Du coup, Will Ferrel essaye de trouver son propre dynamisme tout seul, aidé par sa femme Eva Mendes, Michael Keaton (mais t’étais où?!) et quelques très bonnes vannes téléportées des années 90 (si tu te souviens de TLC, tu es dans le cœur de cible).
Then again, c’est quand même un film où l’on entend Samuel Leroy Jackson dire: “Hey, if i wanna hear you talk, I’ll shove my arm up your ass and work your mouth like a puppet.” Et moi, je suis prêt à payer un abonnement mensuel pour entendre Samuel Leroy Jackson hurler des trucs comme ça.
Clash: Get Him to the Greek VS Youth in Revolt
Oct 20th
Autrement dit, Apatow contre la dissidence, sortis en France en même temps.
Le premier est un spinoff du génial Forgetting Sarah Marshall. Le deuxième est l’adaptation d’un roman. Tout les deux ont un titre français ridicule en anglais. Le premier, c’est “American Trip” doit te faire penser à American Pie et à Very Bad Trip, le blaze very pas français de The Hangover. Le second s’appelle Be Bad… qui doit… euuu… te faire penser à une réplique du film ? Enfin, le premier est une vrai prod Apatow, le deuxième a un peu le goût de l’indé Fox Searchlight (un peu pipo donc) poweré par un Michael Cera gentil mais semble-t-il pas si banquable que ça. Mais déjà, spoil, tu sens lequel j’ai préféré des deux…
Get Him to the Greek, c’est l’égotrip du fantastique brit-rocker Aldus Snow joué par Russel Brand. Et si tu as vu Forgetting Sarah (en V.F SANS SARAH RIEN NE VA ! sans virgule mais avec un point d’exclamation pour signifier l’humour), tu sais qu’il est génial. Et qu’il peut même survivre à un mauvais titre français. Même à deux. Jonah Hill, un des éminents membres du clan des “juifs drôles à embonpoint” de la famille Apatow à qui tout sourit, joue le rôle d’un stagiaire dans une maison de disques, le rôle de @Pascal_Negre étant tenu par Sean Puffy P.Diddy Puff Daddy Love Symbol Combs. Et en nous samplant le best-of pré-samplé de sa carrière de magna du rap, il est tout aussi formidable que les autres. Dingue, hein. C’est l’apothéose du style Apatow. Et cette recette, on la connait, c’est de permettre à tous les personnages d’exister, de grandir sans que ça sonne lame, sans patos mais avec drôlerie. Et il y a en plus une vision féroce de l’industrie du disque qui cherche à se renouveler via un rocker mégalomane alcolo. Et puis il y a Rose Byrne dont les yeux sentent le cul. Et tu serais bien FOU de dire non.
Youth in Revolt, c’est Michael Cera a.k.a Nick Twisp (un nom supposément aussi ridicule que Mélenchon) qui veut séduire la fille de ses rêves. Il va se créer un alias, Franswâââ* (* en français dans le texte) qui va le pousser dans les dernier retranchements. Il va faire des trucs badass pour l’impressionner : faire exploser des voitures, infiltrer le vestiaire des filles, devenir un fugitif. Normal, quoi. Le titre original était explicite, le V.F en fait un cabotin qu’il n’est pas vraiment. Sa meuf est tout aussi cultivée que lui. Ils sont fascinés par le pack illimité 60’s Nouvelle Vague option SMS Gainsbourg. Deux snobs dans un environnement hostile (et forcément caricatural) de famille idiote et/ou intégristes religieux. Avec cette thématique de Catcher in the Rye version bcbgé drôle, ça fonctionne assez bien, forcément grâce à quelques seconds rôles bien assaisonnés puisque dans exactement 15 secondes, Michael Cera aura fatigué un peu la Terre entière.
Pour Youth in Revolt :
Et puis pour les murs à moquettes et les caméos tordant de Get Him to the Greek :
Bonus. Le solo final d’Aldous Snow n’était pas prévu, Russel Band l’a improvisé sur le set :
Et les 5 premières minutes de Get Him to the Greek
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