Posts tagged Robert Downey Jr

The Avengers
Apr 20th
J’ai déjà de la peine quand je pense à Avengers. Oui de la tristesse à l’idée de tous ces films qui vont tenter d’essayer maladroitement d’en comprendre la recette, de copier ce petit bijou d’ingéniosité et d’écriture qui défile, bien compact, en deux heures et demie. Et on se demandera alors, devant ces daubes, si c’était bien la peine de nous “Avenger”, si ça valait le coup d’avoir mis la barrière aussi haut si c’était pour retomber aussitôt.
C’est Whedon qui avait soufflé à Bryan Singer les pires répliques de X-Men, celle où les personnages se moquaient d’eux-mêmes. Déjà une raison de se méfier de Joss. Mais les films de X-Men ne fonctionnaient pas vraiment car ils essayaient trop lourdement d’être une métaphore. “Faire passer un message avant tout” n’est certainement pas la raison d’être des Avengers existent. Les X-Men sont des rejets d’une société qu’ils protègent malgré les persécutions qu’ils subissent. Les Fantastic Four est une famille mue par la soif de science et d’exploration. Mais les Avengers, c’est le club le plus fermé de super-héros. Une élite qui ne se réunit pas parce qu’ils s’apprécient mais parce qu’ils sont les seuls capables de sauver le monde, c’est aussi simple que cela (d’ailleurs, semaine prochaine, article sur mon story arc préféré d’Avengers, be there).
Pour être honnête, je lis des comics depuis que j’ai 5 ans, j’en achète toujours chaque semaine et dévoue sans doute un temps bien trop conséquent à leur analyse (genre ça ou ça). Mais même comparé à un storyarc de très bon cru, Avengers tient le coup. Mieux que ça, il se classe en tête de peloton. Sans doute parce qu’il a été fait avec dévotion et soin. Et qu’ils n’ont pas la réussite facile.
Tous les dessinateurs et les auteurs tirent la langue à ce sujet, écrire un “team book” est vraiment compliqué. Dans les Avengers de Whedon, il y a un parti pris clair de la jouer à la Christopher Reeve, c’est à dire en y croyant eux-mêmes. Et ce n’est pas évident d’avoir l’air convaincu quand on affronte une armée lambda en plein New York ou quand Thor tournoie un marteau qui va lui permettre de s’envoler. J’aime autant l’air concerné du soldat Rogers que l’attitude grivoise & débonnaire de Thor à rappeler à chaque phrase qu’il est un dieu. Et Mark Ruffalo est génial, jusque dans son explosion de rage, dans sa manière de composer avec la colère sourde de Banner/Hulk. Et Downey… well, c’est Downey… Mais plus que leur jeu, c’est grâce au script que tout fonctionne. Sans doute parce que Whedon est meilleur pour adapter du Whedon, les one-liners et les punchlines s’enchaînent avec un goût certain pour l’humour décalé. Chacun a sa grande scène d’action pour briller, oui, mais il faut voir comment sont construites les scènes de dialogues…
Loin de temporiser l’action, elles permettent aux personnages de se développer sous forme de “Team Up” de manière parfaitement organique. Chacun aura eu son échange sans que ça paraisse poussif, justifiant du même coup la présence de deux humains entraînés mais résolument “normaux” comme Hawkeye et Black Widow. Il faut laisser de l’espace pour que chacun puisse y exister sans qu’ils se piétinent, sans que cela ne ressemble à un pornfest d’action-figures qui se cassent la gueule en images de synthèse. Hé, les G.I. Joe, regardez bien comment on fait, Avengers est aussi une notice d’explication pour toi et tous les autres. Car c’est bien beau, d’affronter des loustics venus d’une autre dimension, Avengers le comprend bien et ne perd jamais ce rapport au réel indispensable et que j’adore. Comme une simple carcasse de voiture propulsée par un marteau magique asgardien. tout simplement.
Oui, tu vas hurler lors des scènes d’action, ces clins d’œil appuyés, ces whedonnisme assez géniaux comme cette Scarlett qui assomme 3 mecs en étant attachée à une chaise (et rien que taper ces mots me fait plaisir), et surtout ces purs moment badass qui m’ont fait lâcher quelques “wow” de pur bonheur fanboy aussi surement que la valise de Tony Stark qui se changeait en armure dans Iron Man 2. Non, encore plus badass car Avengers monte en puissance à chaque fois.
Avengers respecte parfaitement le rythme des grandes storylines de ces comics à la Kirby qui t’éclataient des galaxies à chaque page. Le drame super-héros type en trois actes, les combats entre héros car c’est ce que font les héros Marvel puis l’union sacré. Avengers est si bien écrit qu’il va faire la nique à tous ces super-héros modernes, bédé comme ciné, qui vivent dans des bunkers en y faisant de la muscu en attendant le prochain danger. Après le mauvais trailer (Iron Man 2), après la sitcom péplum (Thor), après le blockbuster vintage (Captain America), d’une subtilité purement Silver Age, Whedon leur redonne même cette identité très humaine qu’il faut préserver. Comme pour mieux en refaire des super-héros.
The Other Guys vs Due Date
Dec 1st
Encore un duel comique dans Robotics. C’est quoi, le troisième de l’année ? À ma droite, Due Date qui a l’élégance de s’appeler simplement Date Limite en français. The other guys, par contre… Very Bad Cops… ? Vraiment ? Quel flamboyante nullité pour imiter Very Bad Trip. Il manque juste “in America” pour faire American Pie.
Due Date, c’est le duo comique du moment. Le gros grec de The Hangover et Robert Downey a.k.a Tony Shtark. C’est une chanson déjà bien connue: ils n’auraient jamais du se rencontrer, lui le bégé des villes à l’oreillette Bluetooth, lui le gros plouc vraiment débile et finalement attachant. Tu remplaces bégé par Kad Mérad et t’as peu ou prou la structure de Bienvenue chez les Chtits.
Les voilà embarqué dans un road movie burlesque qui se terminera forcement bien. Difficile de faire du LOL vu le canevas relou mais avec sa facilité apparente et agaçante du mec qui réussit tout, Robert Downey fait mieux que tous les personnages de Francis Veber réunis. Vu les conditions compliquées de faire un bon film là dessus on va dire un gentil 3. Mais seulement parce qu’il humilie pas mal la filmo de Veber, en même temps. Bim.
Non allez, pas 3, ça sera un
The other guys, c’est un peu beaucoup l’équipe de Step brothers (un des films Apatow les plus sous-estimés de ces dernières années) mais sans Apatow. Will Ferrell et Wahlberg sont obligés de remplacer The Rock et Sam. L. Jackson, “à 3 jours de la retraite”. Une larme.
Le problème d’un duo comique, c’est qu’il y a généralement un des deux qui est le plus nul, et là c’est Mark Wahlberg. Hé j’ai rien contre Marky Mark, il a joué dans des films remarquables (The yards, au pif), mais les rôles comiques, c’est tendu. Est-ce qu’il s’amuse, dans la vie, lui ? Du coup, Will Ferrel essaye de trouver son propre dynamisme tout seul, aidé par sa femme Eva Mendes, Michael Keaton (mais t’étais où?!) et quelques très bonnes vannes téléportées des années 90 (si tu te souviens de TLC, tu es dans le cœur de cible).
Then again, c’est quand même un film où l’on entend Samuel Leroy Jackson dire: “Hey, if i wanna hear you talk, I’ll shove my arm up your ass and work your mouth like a puppet.” Et moi, je suis prêt à payer un abonnement mensuel pour entendre Samuel Leroy Jackson hurler des trucs comme ça.
Iron Man 2
May 4th
Le problème des blockbusters, c’est que ce n’est pas un floppy comics de 24 pages chaque mois. On parle d’une machine qui prend deux années à se mettre en place. Rien à voir non plus pour le budget. Un block ne peut pas se permettre d’être moyen, mal écrit ou moins rythmé. Malheureusement ça se sent vraiment sur Iron Man, partant avec le capital sympathie bien puissant du précédent épisode. C’est que ça nous paraitrait presque facile, de voir Robert Downey cabotiner aussi bien en armure qu’il ne le fait dans Sherlock Holmes. Mais même ses quotes et ses répliques snipés ne peuvent contenir le train en marche qui va dérailler, juste après la (superbe) scène de la course de F1.
D’où vient cette impression désagréable que procure Iron Man 2 en parachutant ses personnages ? Samuel Jackson a l’air aussi à sa place que dans Star Wars les préquelles. Tu sais, en Jedi plein de sagesse. Scarlett Johansson remplit brillamment sa tâche de secrétaire sexy à la jupe serrée-et-un-peu-fendue, mais son uniforme de Black Widow rend moins bien que les photos photoshopées des couv’ de magazine. C’est à ce moment que j’ai compris ce qui me tracassait. Ces deux personnages trop peu développés, mal exploités, c’est du Spam, de la publicité clandestine pour le film suivant, Avengers. Au lieu de se contenter de faire un bon Iron Man, ils ont décidé d’aller au delà des easter eggs qui n’intéressent que les fanboys, balancés après les crédits des films sans que ça n’emmerde personne. Samuel Jackson arrivant dans ton film tel un pop-up pour te prévenir qu’un autre va débarquer dans deux ans, c’est comme Marcel Desailly qui te rappelle de parier sur internet. Merci les mecs, mais non, ça ira.
Dans le peu de temps restant, t’aurais voulu voir un peu plus de Pepper / Stark, la dynamique qui fonctionnait pas mal plutôt que des vannes avec Happy Hogan, toujours joué par Jon Favreau lui-même. Développer peut-être plus le rôle de Mickey Rourke (qui joue le russe aussi bien que les flics français, un désastre, ces mecs) ? Lui trouver un autre design un peu moins ridicule ? A la place, ça sera Tony Stark qui mange un doughnut. Affalé sur un doughnut géant, façon Simpsons. Ca sera une séquence où il urine dans son armure. Really, les mecs ? Vous n’avez pas lu d’Iron Man en deux ans ou quoi ? Et puis l’intrusion de War Machine dans le monde de Tony Stark fait perdre à Iron Man tout son côté unique, dans son propre film. Même les bastons ne sont pas géniales (la fin, ouch). Stark passe même pour un créateur de second ordre devant Howard, son père, présenté comme le vrai visionnaire dont il ne fait que récupérer le taf. N’en jetez plus. Trop souvent out-of-character, pas assez concentré ni appliqué, Iron Man 2 se contente mollement de singer le premier en alignant les erreurs bêtes servies avec paresse. Comme quoi Robert Downey Jr ne peut pas tout faire tout seul. Alors si même Scarlett Johansson en combi moulante n’y peut rien, ce sera…
Iron Man
May 9th
« You gotta believe ». C’est le mantra de Richard Donner qui alpaguant Christopher Reeves, harnaché en équilibre sur le tournage de Superman, premier du nom. Bizarrement, les deux-trois meilleurs films de super-héros de l’humanité (Superman, donc, et Rocketeer*) mettent toujours en scène des mecs qui volent. Bon signe pour Iron Man.
Aussi loin que mes souvenirs me portent, j’ai toujours aimé Iron Man. Passionnément. J’ai noirci des centaines de feuilles quadrillées en cours de math de 6ème C en tentant de concevoir une armure qui pourrait fonctionner. J’aime plus que de raison l’époque Romita. J’idolâtre encore plus le run formidable de Layton et Michelinie. Un petit détail justement datant de cette période-là : à un moment, Stark se fait faire une manucure juste histoire de draguer une belle nana, ce qui lui vaut des vannes de Rhodey. Léger mais sérieux à la fois. Note : il a beaucoup « changé » en comics aujourd’hui. Récemment, il passait surtout ses week-end à envoyer ses copains super-héros dans des camps de concentration cosmiques, pour la déconne, ce qui peut le ranger dans la case « uncool »). L’original cabotine, mais avec un grand recul sur lui-même, à la limite du Bruce Wayne, le génie technologique en plus. Ce n’est pas un mec complexe, on peut le comprendre en une histoire. Robert Downey Jr (formidable dans Für, intriguant mais trop bref dans Zodiac) le joue exactement comme il doit l’être, à la drôle mais sans perdre son sérieux d’acteur. Il ne se fait pas un trip à la Timothy Dalton (Licence to Kill) du genre « j’ai joué Shakespeare, je peux quand même faire de la bédé pour mômes ». Les adaptations de bédé, c’est un peu comme la lutte interne du PS, chacun pense voir clair dans la direction à prendre pour un parti qui n’existe plus que pour essayer de rester en Ligue 1. Le parti pris de Favreau, c’est d’aller droit au but sans faire de relectures qui, en général, ont pourri les précédentes adaptations. Pas de méta-références, de vannes LOL qui se moquent du genre (à la X-Men 1 ou Spider-Man, avec l’inévitable clin d’œil démago de connivence avec le public), Iron Man ze movie est vraiment fidèle, dans ses très grandes lignes au comics original. Pas non plus de relectures psy (« Tu vois, Hulk, c’est finalement qu’une vision postfreudienne des rayons gamma Œdipien »), ni de pamphlets (« Les mutants, ce peuple opprimé », sans parler des lourdes métaphores de Superman Returns, toujours de l’indigeste Singer). Pas besoin de défaire des idées qui ne sont pas cassées, comme ne s’était pas privé de faire les Fantastic Four 1&2. Il y a certes pas mal de lectures possibles dans l’attitude de Stark qui découvre, tel un ado son premier téléfilm érotique, les méfaits de ses armes dans le monde ce qui le pousse à changer de fusil d’épaule. Tout ça, c’était déjà dans le génialissime arc Armor Wars.
Favreau prend même des risques en passant pas mal de temps, plus que de raison, à expliquer les personnages, à tel point qu’il reste vraiment peu de combats (D’ailleurs le jeu vidéo est lamentable). On quitte la règle canonique qui stipule qu’un blockbuster d’aujourd’hui doit commencer par une scène de baston « dans ta face » pour bien tester ton Full HD et ton 5.1 de bourgeois. Les effets spéciaux font tous pour normaliser une technologie de ‘ouf, mais sans trop forcer la main comme les Transformers qui jouent à cache-cache. D’ailleurs, le moment le plus improbable, c’est quand Gwyneth Paltrow (Pepper) se tape un sprint en talons hauts. Autre risque supplémentaire : le premier Némésis est un doppelganger, un simple clone d’Iron Man. Imaginez Venom en ouverture de Spider-Man 1 ? Ou la baston des Supermen dans le premier film ? Heureusement Jeff Bridges est bon même s’il campe un personnage radicalement différent de l’original, plus en badass. C’est d’ailleurs une des rares films du genre où le casting se tienne vraiment. Un détail qui fait qu’il se passe quelque chose, c’est quand on reçoit mail, SMS vous disant « mec, je suis hétéro mais Robby Downy c’est quand il veut ! » ou encore « Je n’ai pas eu envie de noyer Gwyneth, c’est fou ! ». Bah oui, c’est fou, mais le Hollywood-verse choisit aujourd’hui des acteurs talentueux ET qui ressemblent physiquement aux personnages originaux. Tout ne se décident plus sur une disponibilité d’emploi du temps… A moins que…
jeez
En général, un projet de film de super-héros, ça se traine pendant 20 ans. 20 ans qu’on entend des trucs infâmes, que Tom Cruise a racheté les scripts pour le jouer, et puis que Selleck, l’autre Tom, a été casté pour jouer Stark (oui, vous voyez, il a une moustache). Sans parler des rumeurs avec Nicolas Cage, jamais très loin quand il s’agit de comics. 20 ans et plus pour monter Watchmen ou Spider-Man. Du coup, c’est presque comme une bénédiction de voir Sexadelicious Downey incarner Stark, de voir un Rhodey qui se tient ou une Pepper gentiment cruche. Le coup de génie fanboy aura été de caser 3 armures d’un coup et pas que pour sortir de superbes jouets. Elles ont été adaptées aux contingences modernes. Pas d’armure polarisée. C’est un choix judicieux qui rappelle le Bat-char d’assaut, suite logique des Batmobiles adaptés à un monde embouteillé par les vélibs et les couloirs de bus. Même dans son mecha design « conventionnel », Iron Man impressionne. Le jet privé de Stark est tout simplement sublime. Ses robots qui l’aident à gérer son atelier et qui coupent le gaz en été parce que GDF n’arrête pas d’augmenter ses tarifs en cabotinant gentiment avec Downey sont tops !
Evidemment, il reste pas mal de trucs en suspens pour l’inévitable suite. Comment intégrer le Mandarin ou Fin Fan Foom dans la situation géopolitique de l’Afghanisthan ? La suite, l’étape casse-gueule.
Au final, superbe adaptation d’illustré qui mérite bien ses
- Rocketeer. Sérieusement. Enfin, il y a aussi Master of The Universe qui vaut son pesant de cacahuètes pour les amateurs de Kirby.
Un mot sur la fin, donc tu zappes. L’idée d’outer Stark à la fin. Mouif, une pilule assez difficile à avaler pour un fan de l’Iron Man pré-2000 mais vendue assez bien par Downey Jr. Par contre, la surprise de Nick Fury « motherfucka » après le générique final, c’est non !
Com-Robot