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Partie 4 : du 10ème au 6ème

La fin du tunnel est proche. Je vois de la lumière au bout du couloir. Bienvenue dans ce voyage masochiste au bout de la nuit des comédies françaises de 2012.

Du numéro 25 à 21

Du numéro 20 à 16

Du numéro 15 à 11

Du numéro 5 à 1

Le futur du pire de la comédie française en 2013

 

10. Astérix & Obélix: au service de Sa Majesté

Astérix seulement 10ème ? Seulement ?! 10ème comme pour dire “celui-là n’était pas aussi atroce que celui d’avant” ? Ca n’en fait pas un bon film. Au contraire, il conforte dans l’idée qu’il s’agit de la pire licence française de tous les temps (oui même Taxi), qu’elle est de toute manière difficile à sauver malgré tout le bien qu’on puisse penser de Mission Cléopâtre qui reste le film-doudou transitionnel intouchable pour toute une génération.

De toute manière, on pouvait faire difficilement plus mauvais que “Les jeux olympiques“, sans doute un des pires films jamais tournés pour autant de pognon de tous les temps. Et ça semble libérer Laurent Tirard, déjà fossoyeur du petit Nicolas qui laisse le sujet partir dans tous les sens. Déjà, reprendre un acteur “petit-rôle” dans le précédent pour faire Astérix… J’adore Edouard Baer, mais de le voir jouer son Cravate Club en plein milieu d’un film laid, mais laid (et pensé en 3D en plus…), c’est donner déjà une idée du n’importe quoi général de cette expédition chez Sa Majesté.

Edouard Baer, bon sang. Il le joue à la limite de la parodie et je ne serais pas surpris qu’il ait pensé à Casino Royale avant de l’incarner. Non pas celui de Daniel Craig Poutine, ami de la démocratie, mais le vrai Casino Royale, le film où Peter Sellers ET Woody Allen incarnent James Bond.

Ne t’emballe pas, c’est jamais aussi bien que ça. Des suites de sketchs, voilà ce que c’est, l’histoire servant de vague liant entre eux. Ca ne s’en cache pas, ça n’a même pas la prétention d’être plus drôle que Palace. Comme Mission Cléopâtre, c’est en fonction des affinités avec ses humoristes du moment. Lemercier et Luchini s’en sortent bien, Vincent Lacoste joue comme d’hab le mec mal réveillé (gaffe, tu vas te griller mon loulou) et le passage quota de “la meuf de la météo” avant de se lancer dans le cinéma. Je peux rien dire sur elle, je crois que je m’étais endormi à ce moment là. La palme revient à Atmen Kélif qui n’a jamais touché d’aussi prêt l’infinie nullité. Tu vois ses bouts de sketchs, tu te dis, c’est pas possible.

Petit moment de cruauté, le caméo de Jugnot, comme pour nous rappeler que les Bronzés 3 a failli fusionner avec Astérix 3, comme dans Dragon Ball Z. Mais au moins, ça ne finit pas sur Zidane et Tony Parker mais ce n’est pas beaucoup plus engageant pour une adapt’ qui pourra s’enorgueillir d’être “moins pire”.

Laissons le mot de la fin au maître. Uderzo qui a réussi à détruire son héros dans une pathétique dernière aventure avant de revendre le magot, trouve qu'”Astérix 4 est le meilleur film de la série“. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle “le baiser de la mort”. JUST SAYING.


9. Les seigneurs

L’affiche des Seigneurs, tu comprends tout de suite le style.62327

 

Le problème, quand on en vient au foot au ciné, c’est soit la ligne dure genre “A mort l’arbitre” ou la délicieuse comédie Kung Fu Soccer et ses shoots dévastateurs qui téléportent le ballon dans l’espace tel le phénix. En France, la comédie se veut forcément “sociale”. Il faut toujours sauver quelque chose. Et malheureusement, c’est toujours moins fun que Bruce Lee qui vient sauver un resto chinois à Rome.

Dans les Seigneurs, il faut sauver un village / île de Bretagne qui ne dépend QUE d’une usine de sardines qui va fermer ses portes. Et seule une victoire à la Coupe de France pourrait la sauver.

Les pauvres travailleurs d’ArcelorMittal n’avaient pas pensé à ça.

Et pour mieux y arriver, un entraîneur tricard (José Garcia, mercato d’hivers, vendu par la Vérité si je mens 3) décide de rappeler une équipe bras cassés. Ramzy rejoue son caméo “Morsay la kaïra” en moins bien, Omar Sy est transparent (sans déconner) mais le plus décevant c’est le défonceur Joeystarr. Djizz, dire que ce mec chantait “qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu“… Avec ou face à eux, c’est selon, deux joueurs miraculeux seront parachutés, malheureusement beaucoup trop tard, dans le film. Gad Elmaleh et Franck Dubosc

Ils livrent chacun une prestation brillante, en autistes complets. Ils ne jouent pas avec leurs partenaires mais pour eux-même, une variation de leur meilleur sketch. C’est un peu comme dans les duos dans le rap, quand ils donnent l’impression d’avoir été fait par skype et le clip tourné sur fond vert. Ils ne sont jamais avec les autres.

Gad est un footballeur improbable paralysé par la timidité (comment peut-on imaginer un truc comme ça ?!) tandis que Dubosc, ex-footballeur de génie ne rêve que de jouer dans une pièce de théâtre. Il finira par la donner, sa représentation, et s’abandonner à son rôle de grand enfant coincé dans un corps d’adulte, qui joue Cyrano avec le panache d’un enfant de 6 ans. Plus aucune retenue. Dans 40 ans, c’est à lui que Télérama dédicacera un numéro entier, tout comme ils ramassent un peu plus leur honneur en consacrant un hors-série à De Funès sur qui ils ont toujours chié.

Malheureusement trop déséquilibré, malgré ses quelques minutes d’alégresse, trop paralysé par le social pour être déconneur, les Seigneurs s’écrasent. En pleine rehab post-la Môme, Dahan ne pouvait rien faire. Il est Gérard Houiller qui voit son équipe se faire marquer un but assassin à la dernière minute du jeu. Il y avait pourtant de grands joueurs sur le terrain.


 

8. Oncle Charles

Une question se pose: Etienne Chatiliez a-t-il rebooté ? S’est-il réinitialisé jusqu’au point où il est devenu Tatie Danielle ? Après l’effroyable Agathe Clery où il tentait de transformer Lemercier en black mama featuring des comédies musicales, il livre là son film le plus méchant. Cela ne devrait pas être un problème quand on fait une satire… Mais ici c’est méchant comme dans antipathique, exécrable et finalement acariâtre.

Qu’on aime ou pas sa fable sur le déterminisme (La vie est un long fleuve), Chatiliez a toujours été meilleur dans la satire sociale bipolaire riche/pauvre. Ici les pauvres font croire qu’ils sont les héritiers d’un riche néo-zélandais joué par Eddy Mitchell.

La dichotomie bourge VS truand de la galère rurale et de petite banlieue, c’est son gimmick. Il faut le voir dépeindre, aujourd’hui en 2012, la famille de pauvres. En particulier les enfants, avec la même acuité qu’un article du point sur les dangers du jeu vidéo. Et les acteurs, qu’ils soient bons comme Eddy Mitchell ou limité comme Alexandra Lamy, n’ont pas l’air de savoir comment jouer les gags d’Etienne. Rien n’est drôle ici.  Ils n’ont pas l’air de trouver le ton juste, l’air de se dire “bon il veut quoi, faire du réac moderne ?” La France de Chatiliez, déjà nostalgie de la rue Gama et du trèfle parfumé, elle ne compute pas des masses avec celles des FAI, du téléphone portable. Etienne est largué même par ses acteurs.

Où est passé la griffe de Chatiliez ? Avant, j’y trouvais une espèce de jouissance proche de Reiser, de l’art du crobar… dont le meilleur représentant était Tatie Danielle, justement. 20 ans plus tard, il n’en reste plus que le venin. Aujourd’hui, il te rappelle ce vieil oncle qui, à la table du réveillon, te dit qu’il est contre le mariage homo, que l’avortement ne devrait pas être remboursé et puis hein, “qu’il y a un peu trop de barbus dans les rues, pas vrai ?”.

Tonton, pourquoi tu tousses ?


 

7. Radiostars

Séquence souvenirs & confessions. J’aimais bien “Tout le monde en parle”. Y’avait un truc convivial, presque rassurant: tu rentrais de soirée, un samedi, t’allumais vite fait ta télé pour voir un talk show, entre deux écrivains, un sniper de la vanne et beaucoup d’actrices porno cherchant à se recycler. Et un jour, ça s’est arrêté. We moved on comme disent les américains orphelins de Sopranos ou de The Wire. Mais bon sang, je suis persuadé qu’un film tout entier sur la lutte pour la sauvegarde de cette émission serait d’un pénible à en crever.

Radiostars, c’est précisément ça, mais en radio.

Suite à de mauvais résultats d’audience, une équipe d’un “morning radio” décide de partir faire un tour de France, spécifiquement dans des bled perdus. Le “Breakfast” débarque donc dans chaque patelin avec une arrogance inouïe d’un niveau proche d’un “Salut les bouzeux”. Ils sont si détestables que tu n’as qu’une envie, c’est de finir cette “bande de potes” à la grenade. Et tant pis si tu regrettes tes années SKyrock, Fun Radio et NRJ.

On pourrait croire qu’il s’agit là d’un cycle et que les membres d’une équipe si exécrable va finir par trouver du bon dans cette France “loin des paillettes et du St Germain qui pétille” comme dit Jean-François Copé. Bah pas du tout, ils finissent juste PAR SE KIFFER ENTRE EUX. Sauf Arnold le chef (Clovis Cornillac, très réussi en l’occurrence) qui est insupportable. La seule audace du film, c’est à la fin, à l’heure de rentrer en ville, quand l’émission est “sauvée” (ouf, j’allais pas en dormir la nuit). C’est à ce momentè-là que Radiostars tente la dispute, mais t’inquiète, ils prendront en pitié de manière méga-sirupeuse l’imbuvable leader, ce nuisible au moment de son licenciement. Car même les connards, ils finissent par les kiffer.

Au milieu de cet attelage détestable, Ben, alias Manu Payet dans son propre rôle. Je veux bien croire qu’il est sympa dans la vie, il doit surement l’être, même. Et même qu’il a une légitimité à jouer son propre rôle, based on a true story of autokiff. Evidemment, c’est pas comme dans Apatow où même le plus consternant des personnages trouvent un moyen de déployer ses ailes et de briller. Lui, il a l’air presque gentil dans cet attelage de connards qui ne t’inspirent qu’une seule pulsion: de les voir pointer à Pole-Emploi.

La nostalgie des radio show est un truc inexplicable. On aime ça pendant un temps, au moment de son Benco et de sa tartine et puis ça s’arrête. Ca passe. Tout ça n’avait finalement que peu d’importance. We move on. La génération d’après en aura d’autres. Inutile de leur expliquer Lov’n Fun, les Arthur, les Morning Live et tout le reste, ils en auront d’autres. Ils n’écoutent sans doute déjà plus Cauet.

Radiostars essaye de nous faire croire que la survie de cette émission de radio a une quelconque importance alors qu’en fait, c’est un putain de film de branleurs.


6. Arrête de pleurer, Pénélope

Quand je disais que les adaptions de théâtre peuvent être cool (“Un air de famille” ou le récent Prénom, dans les meilleurs films de l’année), c’est que le genre est casse-gueule. Mais qui a pu croire un seul instant qu'”Arrête de pleurer, Pénélope” au cinéma soit une bonne idée ? Je ne sais pas comment étaient la pièce (en fait elles en ont mélangé deux pour obtenir ce résultat) mais cette #TeamBecacine a réussi à produire le truc le plus mal réalisé de ce classement, une certaine idée de l’inepte. Ah ces scènes dans la nuit, un frisson de honte me traverse l’échine.

Il n’y a rien de drôle, même en laissant une bonne marge de sécurité. Mais plus que tout, les filles aux comportements erratiques sont absolument détestables, traitant tout le monde comme des ploucs, des champs de la cambrousse jusqu’à la boite de nuit. On est dans le genre de film dont n’importe qui, ta meuf, ton copain, ton compagnon d’aventure va te dire spontanément” comme j’ai honte“. Alors qu’il n’y a pas de raison ! Le film est déjà presque fini et tout sera, on l’espère, oublié. Comme dans un mauvais rêve. D’ailleurs, personne ne se souvient que ce machin soit vraiment sorti en salle.

Le point d’orgue, le paroxysme, c’est la dernière phrase, quand la blonde répète à sa copine “Sinon t’as fait caca ou pas ?” “Alors t’as fait caca ou pas?”  Quatre ou cinq fois.

A chier.


 

Les autres chapitres de ce dossier:

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