Archive for year 2011
Akiba’s Trip
Aug 14th
Encore un high concept japonais. Accroche-toi : “Tu vas devoir foutre à poil les passants des rues d’Akihabara pour lutter contre les vampires qui ont envahi les lieux“. Malheureusement ce n’est pas aussi bien que ça en a l’air.
Rise of the Planet of the Apes
Aug 6th
Ce que j’aime dans la vie, à part Batman, Goldorak et Airwolf, c’est les singes qui donnent des coups de poing. Et dans Rise of the Planet of the Apes, il y en a un paquet.
Ah les singes qui balancent des mandales, ma grande passion. Et l’occasion idéale pour ressortir la meilleure vidéo du monde avec un singe dedans :
San ku kai “best of Cyclotor” par superdave37
Je l’ai déjà dit ici, je ne suis pas amateur des origins stories surtout quand elles sont inutiles. A-t-on vraiment besoin qu’une poignée gus remplisse les pointillés pour toi ? D’apprendre comment la race humaine s’est éteinte ? De voir le soulèvement des machines dans Terminator 3 ? Ou de savoir que Magneto s’entraînait en jogging ? Car c’est bien de cela dont il va être question : enfin savoir comment les singes sont passés du stade de primate à celui d’êtres doués d’un intelligence inouïe suffisante pour faire des mots de 10 lettres à Motus sans jamais chopper la boule noire. Ow boy, comme je suis impatient de savoir.
En plus, c’est bien la peine de l’écrire, cette origine poussive où l’on apprendra que c’est bien la même expérience sur un singe dans un labo qui le rendra intelligent ET qui exterminera la race humaine. Un beau bordel d’idées faciles et contradictoires qui sentent surtout le bâclage.
Il faut attendre la première heure et demie (!!)du film pour que Rise of the Planet of the Apes s’échappe enfin du canevas du son maitre héberlué et de son l’animal intelligent (voir HaTchi avec Richard Gere) pour que cette préquelle entre dans une dimension plus politique, pour justifier le chimpanzé qui te regarde dans les blancs des yeux, poing serré sur l’affiche.
Car Rise of the Planet of the Apes est sans doute le blockbuster le plus politique de la saison. Non, ce n’est pas une blague (pas comme l’année dernière où je foutais Film Socialisme dans la sélection explosive de l’été 2010), mais il n’y a rien de vraiment nouveau ici. Déjà dans le roman ou dans le premier film (un de mes films préféré, tout court), Taylor / Charlton Heston ne racontait pas autre chose, à savoir la précarité de la condition humaine. Un vent d’intelligence comparé à Transformers 3, officiellement le film de droite de l’été.
Tous ces singes sont en C.G. On sourit quand la caméra zoome sur le regard d’Andy Sirkis pour un effet “Nemo” garanti (i.e quand on regarde Finding Nemo, tout va bien et puis soudain, on se rend compte que c’est un visage humain dans un corps animal, ce qui doit être très dérangeant sauf pour les très dérangés fans de Sonic The Hedgehog). Face à Caesar, le singe savant, un James Franco qui a l’air de s’emmerder un peu à jouer avec des électrodes et des fonds verts. Ce mec, c’est une énigme, le bogosse (indéniable) dont tout le monde dit qu’il est bon acteur et dès qu’il s’agit de nommer un des films où il brille, y a plus personne. L’Anne Hathaway en mec.
Mais, hey, on parle ici de blockbusters, on veut des explosions.
Et puis soudain, justement, c’est l’explosion, la révolte des singes devenus un peu plus malin grâce à un quelconque procédé. C’est un moment aussi risible qu’intense, où le film bascule complètement. Le plaisir coupable peut commencer. A ce moment, les parcmètres deviennent des lances, les bus servent de bouclier et le Golden Gate Bridge devient le lieu de tous les climax.
En fait, par rapport aux autres blockbusters où un mec traverse le cosmos grâce à une bague magique et un dieu asgardien qui vole à travers la gueule d’un dragon, les singes, même artificiels, ont un rapport au réel assez intéressant. Un peu comme Superman qui, par exemple, rattrape un missile, renverse le sens de rotation de la Terre mais impressionne le plus le public quand il fait des choses comme arracher la porte de la voiture de Loïs pour la sauver. Dans le même genre d’idées, les singes ne s’économisent pas en violence du quotidien, de vrais sauvageons poilus.
Si on survit à sa mise en place terrifiante de longueur mielleuse, Rise of the Planet of the Apes se termine sur une grosse papatte de singe gauchiste velue qui écrase un passant, un truc assez awesome dans son genre.
Sinon, bien sur, il nous reste aussi la version comédie musicale.
Dans les Dents 28 X-men & Parti Socialiste
Aug 4th
Tac tac, retour à l’ancienne. Au début, je ne pensais parler que de Magneto et finalement, j’ai rencontré une militante de Désir d’Avenir dans la rue. Qui m’a parlé d’Aubry et de Hollande comme l’on parle de ses méchants qui retournent leur veste. Tout ça, c’est (encore une fois) la faute au Ségolènisme.
Now, back to the good part.
A la question “alors, t’es Marvel ou DC ?”, j’ai toujours répondu DC pour les héros. Plus iconique, tout ça. Mais Marvel pour les Super Vilains. Les némesis Marvel touchent généralement plus justes. Luthor, à part la perte de ses cheveux et sa mégalomanie, n’a pas ce petit truc qui le rendrait attachant dans sa folie. Même les plus bas-de-gamme ont leur moment de gloire chez Marvel. Même l’Homme aux Échasses (oui, lui, j’aime le dire en français, ça en jette). Même Batroc (check son récent one-shot génial écrit par Giffen). Et puis les autres. Le Green Goblin qui est insolvable de crapulerie. Red Skull, le nazi de cartoon pour qui la Seconde Guerre Mondiale n’était qu’une intro en CG du mal qu’il veut faire régner. J’adore aussi Arcade, pourtant l’archétype du wacko qui enferme ses victimes dans des parcs d’attraction meurtriers. Et bien sûr, il y a Galactus qui, hé, passe son temps à dévorer des mondes, ce qui est (discutablement) quelque chose de vilain, même s’il en a conscience et qu’il envoie un surfer d’argent pour annoncer sa venue. Loki aussi. Et Doctor Doom ! Et bon sang, Magneto. Malgré tout ce qu’ils lui ont fait.
Prenons le récent X-Men : First Class qui a fait beaucoup pour l’aura de Magneto, principalement grâce à l’usage du blouson cuir cintré par Michael Fassbender. Ne nie pas, femme.
Mais je reste persuadé que de le voir s’entrainer en jogging ou de sortir des quotes aussi ringardes que “I agree with everything you said. Unfortunately, you killed my mother” ajoute quelque chose d’intéressant à son mythe.
Mais en réalité, la régression de Magneto a commencé quand Claremont a décidé faire un gros retcon sur ses origines. Du terroriste pur sucre, il est passé à celui d’un antihéros rugueux et mélodramatique. Il en a fait un survivant de l’Holocauste qui a vécu donc son lot d’horreur. Un mec à la dur qui sait faire les choix difficiles. La manœuvre était pour donner une espèce de cohérence historique à Magneto, une espèce de tridimensionnalité romantique que ne lui donnait visiblement pas (visiblement pas assez) le statut de terroriste de la cause mutante. A croire que Claremont essayait de gommer le mot EVIL de la Brotherhood of Mutants qu’il a fondé.
Claremont ira même plus loin en essayant d’expliquer qu’en fait, c’est un trop fort usage de ses pouvoirs qui ont détraqué son cerveau, un peu comme les ondes des portables (il parait, hein). Oui, c’est nul. Et après avoir basculé en gentil (et one-time remplaçant de Xavier), il rebascule mauvais de manière assez durable où il se remet à des activités… magneto-esques, genre amplifier ses pouvoirs pour menacer de bouger l’axe de la Terre, une catastrophe écologique que n’avait même pas prévu Eva Joly. Et puis on le retrouve aujourd’hui aux côtés de Cyclops quand il fonde Utopia, cette nation fantoche perchée au large de San Francisco. L’occasion idéale pour demander asile. Une ère de repentance si chère à Zemmour à laquelle il faut rajouter une relecture géopolitique. Un état autonome d’une minorité opprimé, rings a bell ?
Mais en rendant Magneto gentil à nouveau, Marvel & Matt Fraction l’ont rendu… vulnérable. Au sens propre. Il ne se passe pas un numéro solo où il ne fasse pas un flashback sur son enfance et les camps (voir la couv plus haut). Dans Uncanny X-Force, il demande à Wolverine d’aller tuer un vieux S.S planqué quelque part en Amérique du Sud (comme s’il ne pouvait pas le faire lui-même). Logan prend un sabre et s’exécute, pour lui c’est des vacances, de chasser un vieux nazi. Et puis Magneto se fait battre régulièrement. Récemment, il se fait assommer, attacher, et foutre dans un cagibi par un extraterrestre manchot. I kid u not. C’est le syndrome “le jeu de baston où l’on peut enfin incarner les boss”, les mecs surpuissants qui deviennent minable. Du statut de bourreau redoutable devenir au mieux un plot device.
Encore une fois, le seul qui dans un passé proche a vraiment compris Magneto, c’est Grant Morrison qui l’a tué dès le début de son run dans New X-Men. 2001. Les dernières années Jospin, tout un symbole… En faisant disparaitre Magneto, il a crée une icone Che Guevaresque, un symbole que les jeunes se mettaient sur les T-shirts en cours ou sur les posters, dans les dortoirs de l’institut de Xavier. Vivant, il n’aurait été qu’un lunatique mais par son absence, il est devenu une ombre politique qui inspire. New X-Men de Morrison est sans doute le meilleur comics de Magneto de ces dernières années et ce, sans même le foutre dedans.
Ce qui nous amène à Schism.
Visiblement, ça va clacher pour Cyclops et Wolverine. Il y aura donc entre les deux leaders une confrontation qui-va-nous-rappeller-les-heures-sombres-de-notre-histoire. Et vraisemblablement, Magneto rejoindra le camp de Cyclops après le Schism qui attend les X-Men. En même temps je le comprends parce que, hé, Wolverine l’a poignardé déjà pas mal de fois.
Le X-verse manque clairement de némesis costauds en ce moment. Même Juggernaut est devenu un gentil (!!!) et Marvel est même obligé de lui coller un marteau satanique de Fear Itself pour faire un bon “Nothing Can Stop the Juggernaut” à l’ancienne. C’est pourquoi Marvel nous sort sa spécialité : les good guys qui se battent entre eux.
( Ou contre des robots)
On sait donc comment ça va finir : les X-Men vont se scinder en deux équipes (et Uncanny X-Men le titre historique va repartir du numéro 1). Mais à mi-chemin de l’histoire, on ne voit pas trop comment ils vont arriver à s’engueuler. Parce que les deux gus n’y sont pas arrivés alors qu’ils aimaient tous les deux la même femme. Wolverine en a encore gros sur la patate :
En fait (et c’est la raison pour laquelle Schism m’intéresse un chouïa plus que Second Coming et les autres events X-Men), c’est que depuis Morrison, le X-Verse a perdu son focus. Il y a bien eu des tentatives rigolotes avec le X-Club. Mais, boy, les derniers Uncanny de Matt Fraction faisaient de la peine à lire, avec des histoires de virus, de Sebastian Shaw et de chinois, le tout en même temps. Du coup, j’ai même oublié de quoi il était question avec les chinois. Ni le pourquoi du comment du bizgo entre White Queen et Sebastian Shaw. On s’en fout de toute manière car même avec les meilleures intentions, c’était un bordel sans nom. Gillen réussit petit à petit à remettre de l’ordre là-dedans, bouclant les plots en cours. Il n’est pas à l’abris d’un boxon du même genre mais le grand saut sera Schism (écrit par Jason Aaron qui a la baraqua comme je l’évoquais entre autre ici) mais qui arrête Scalp pour se faire de la thu… pour se consacrer aux X-Men, plus précisément à Wolverine & the X-Men.
Pour l’instant, Schism n’a fait que présenter un nouveau Super Vilain à la tête du Hellfire Club, Kade Kilgore, un sale mioche qui va rejoindre l’armada des enfants précoces du monde Marvel (la fille de Reed et Sue Richards, Amadeus le poto de Hulk et d’Hercules, Layla Miller etc). Et Aaron laisse traîner des grandes phrases de pure bromance entre Cyclops et Wolverine. Le clash idéologique des X-Men n’en sera que plus violent, à l’image de l’université d’été du PS qui aura lieu dans quelques semaines. (et attention, alignement astral oblige, Schism s’arrête à peu près en même temps. Un hasard ?) Bien entendu, c’est un grosse allégorie à ce que tu veux, mais surtout sur l’état d’Israël au moment de la guerre de Kippour. Then again, l’histoire des X-Men depuis 50 ans n’est qu’une métaphore.
La différence avec le PS, c’est que les X-Men manquent de justement de super vilains un peu politisé. Ce qui n’est pas le cas du PS.
Quoiqu’il en soit, Schism aura au moins offert un ennemi surprise aux X-Men :
Mahmoud Ahmadinejad. Chauve. Avec 6 doigts.
Attention spoiler, il va se faire pwned en beauté :
Allez, j’y crois presque, les personnages sont plus charismatiques qu’Aubry et Hollande, il y a l’espoir d’un implosion cool. Car finalement, c’est comme ça qu’on les préfère, confrontés à des difficultés insurmontables. Je parle des X-Men.
Même bat-chaîne, même bat-heure.
Saigo no Yakusoku no Monogatari
Jul 30th
La difficulté comme réponse à tous les problèmes de l’industrie du rpg japonais, why not. Mais la clique des Etrian Odyssey & Demon’s Soul, est-ce vraiment la meilleure solution pour mainstream-iser à nouveau le genre ? Imageepoch a clairement envie de donner sa chance au genre et balance à la gueule… le rpg le plus dur de l’année.
Trailer :
Ow, et j’ai enchaîné avec UnchainBlades ReXX qui a aussi décidé de se rendre infréquentable de difficulté…
Captain America : The First Avenger
Jul 27th
2011 sera l’année des blockbusters “d’époque”. Sweet 60’s pour X-Men First Class, la patate des années 80 pour Super 8 et maintenant Captain America qui nous bascule en pleine WWII. Mais sa principale réussite est de ne pas avoir emprunté la voie du blockbuster 5.1 et d’avoir plutôt joué la modestie, avec un vrai feeling de série TV. Oui, c’est un compliment.
J’ai chroniqué ici à de nombreuses reprises mon amour pour Wonder Woman, en particulier la série avec Linda Carter. En me voyant fasciné devant la TV (déjà), mon père ne put s’empêcher de faire ce commentaire ironique sur ces allemands dans des bases sur territoire américain alors “qu’aucun coup de feu n’a été tiré aux USA durant toute la WWII”.
Quand Steve Rogers se fait inoculer le sérum de Super-Soldat dans le laboratoire secret planqué quelque part à NY, un soldat nazi est là pour tout saboter. Ce fantasme purement comic book du méchant infiltré qui vient semer le trouble aux USA, c’est du pur golden age. Et Captain America y va à fond. Tanks qui font 5 étages de haut, nazi avec des fusils laser… Crazy. Fucking. Science. Mais le le vrai moment de pur bonheur, c’est un bref retour au réel : un clip semi-musical où Captain America fait le tour des USA pour récolter des fonds pour la guerre en mettant une patate à un acteur déguisé en Hitler… Qui sera immortalisé par la sortie du comics, comme si, après ce flot de n’importe quoi uchronique, le réalisateur essayait de replacer le héros dans ce qu’il est, un pur objet de propagande, au sens noble du terme. C’est à dire pas au sens russe (que je connais pas mal, forcément), ni au sens Frank Miller-ien du terme.
La vraie différence c’est que, malgré ses bunkers qui font deux pièces filmées champs, contre-champs et le biplan d’espionnage posé sur une plaine du Connecticut, la série Wonder Woman n’avait pas à se poser de questions, elle assumait pleinement son héritage : il y avait drapeaux et emblèmes nazi pour tous les acteurs imitant l’accent allemand.
Pour éviter de confronter les enfants à des jouets et des happy meal avec des svastikas, l’histoire se permet de mettre en avant la bonne organisation d’Hydra, la section scientifique secrète du 3ème Reich. Parce que Heil Hydra, ça ne posera de problème à personne. J’avais déjà évoqué dans quelques articles sur le jeu vidéo que ce genre de démarche ne me choque pas vraiment, car elle rappelle un peu le chateau de Wolfenstein et ses portraits de Hitler sans moustache. L’impuissance de la métaphore à son paroxysme.
Mais revenons au film lui-même. Après un rapide sondage auprès de la gent féminine, Chris Evans, même après des heures de muscu, c’est “ouais ok sans plus“. Pourtant, dans le rôle de Cap, il s’en sort assez bien (mieux qu’en Johnny Storm) mais c’est surtout le reste du cast qui brille. Bucky, l’éternel sidekick juvénile de Cap dans le comics, ne fait pas rire une seconde. Les Howling Commandos sont incorporés habilement, à la Warriors Three dans Thor (sauf que, évidemment, à cause de leur connerie de caster Samuel L Jackson, la Seconde Guerre Mondiale est privée de Nick Fury…). Et puis l’acteur caméléon, Stanley Tucci, qui peut tout jouer, du rescapé de la Shoah à un tortionnaire nazi, est parfait de douceur en Erskine. Mais c’est surtout Hayley Atwell dans le rôle de Peggy Carter qui brille dans un rôle de femme militaire volontariste. Elle, je lui envoie des cœurs avec boucliers étoilés.
Joe Johnston, réalisateur en dents de scie (et faiseur des effets spéciaux de Star Wars IV V VI, Indy, ça pose le mec) qui est passé par la case Honey, I Shrunk the Kids, Jurassic Park III, Jumanji, a aussi à son actif d’avoir réussi une des meilleures adaptations de BD au cinéma. Rocketeer. Avec Billy Campbell en héros, Jen Connelly en damsel et Timothy Dalton qui incarne un méchant nazi infiltré (on y revient !) derrière sa moustache à la Errol Flynn. Inutile de dire que Rocketeer est Airwolf sur toute la longueur.
Les temps ont changé pourJohnston. Les images de synthèse ont déboulé et il faut faire avec. Mais les scènes les plus loupés sont, comme d’habitude, celles qui sont censées faire la transition avec les autres films Marvel. La fin, mon dieu, comment foirer autant une fin écrite il y a 50 ans, la fin est juste à chier… Heureusement, il s’offre des petits moments d’allégresse… Du genre Rogers qui apprend à maitriser son nouveau corps “à la Avatar”, dans une scène extatique d’une bizarrerie inouïe. Et puis surtout cette Peggy Carter qui, fasciné, va tenter de toucher ses néo-pecs avant de se raviser. Dommage pour elle&lui, Captain America va survivre à la guerre en gardant son pucelage.
Ce n’est pas un hasard si on retrouve Johnston sur un film jumeau de Rocketeer. Comme si finalement, Captain America imitait les années 80 qui reconstituent les années 40. Entre les pseudo-nazis qui tirent au fusil laser et son computer-generated Brooklyn de pacotille, on n’a jamais vu des CG autant essayer d’imiter le carton. Toc et cool à la fois.
Summer of Sorrow: ciné tristesse
Jul 23rd
Il fait moche, hein, pas vrai ? Mais si, tout le monde le dit. En plus, le métro reste infesté de cons alors qu’ils étaient tous supposés partir en vacances. Et ton bouiboui chinois qui te faisait ton riz Loc-Lac qui ferme en juillet. Et les hausses du gaz, de l’essence, de l’électricité et du Tropicana Pure Premium… Rassure-toi, le crash financier que tout le monde prédit pour septembre arrive à grand pas pour niquer tes espoirs de retraite.
Je sais tout ça. C’est pour ça que je pense avec une sélection tristesse pour égayer ton été. Robotics ne se consacre pas qu’à la fête des blockbusters de l’été de l’amour. Alors accroche-toi, tu vas te prendre du désespoir massif en uppercut dans la mâchoire.
J’ai rencontré le diable est sans doute le film le plus gai de cette sélection. Kim Jee-woon est un peu le second couteau du cinéma coréen. Il fait un peu les mêmes films que ses copains mais toujours en moins bien. Dans le genre, A bittersweet life avait à peu près autant de mordant que le gauchisme de Michel Sardou. Alors, après le film de mafieux, après le film de genre (le bon, la brute, le cinglé, méga bof), il décide de faire son Old Boy. Et tant qu’à copier, tu prends le même acteur (Choi Min-sik, génial). Ce dernier joue le rôle d’un psychopathe sordide qui découpe ses victimes. Et un jour, il fait un meurtre de trop, la petite amie d’un agent secret (Lee Byung-Hun).
Il décide alors de se venger. A chaque fois que Choi va essayer de remettre ça, l’agent secret (qui lui a fait avaler un émetteur gps) débarque et le torture chaque fois un peu plus. Avec une sensibilité toute Old Boyienne et ce stamina purement coréen (les mecs sont immortels jusqu’au générique final, même si tu les transperces avec un marteau piqueur).
On lit, ici et là, que le cinéma coréen traverse une mauvaise passe, que son âge d’or s’est terminé avec la fin des quotas de films nationaux. Que, du coup, les studios ne prennent plus de risques, laissent moins de liberté aux artistes. Et puis faut-bien-les-comprendre, ils sortent d’une dictature, alors ils ont flambé toute leur énergie.
Chacun de ces arguments est recevable. Le problème, c’est que pour étayer la moindre thèse, on vous sort Old Boy comme si le ciné us s’était arrêté à Sin City. Puis on vous parle de “J’ai rencontré le diable”. Trop facile.
Il repose sur une idée simple et sadique : le vengeur devient carrément un psychopathe. Qui est vraiment le diable du titre, c’est l’ambigüité, la seule, de cette espèce de torture-porn pas très subtil ni très intelligent mais glauque à souhait quand il ne provoque pas des rires nerveux de part sa grotesquerie, soit sa propre limite. Idéal pour amorcer cette sélection “Summer of marasme”.
Bon, je triche. La dernière piste (Meek’s cutoff en v.o) n’est pas siiii triste que ça. Alors, c’est vrai, dans ce road movie période conquête de l’ouest, on ne communique pas trop. On se déteste presque en avançant doucement à travers les USA. Evidemment, on déteste aussi les indiens. Et au milieu de tout ça, Michelle Williams. Que j’aime beaucoup mais tu peux être sur que si elle est dans le film, c’est la garantie d’une ambiance sinistre. Le parti pris, c’est de filmer ce périple et ses plaines arides et désertiques comme un huis clos, à l’image de son format 1.33 assez rare au cinéma et qui donne à la fois le sentiment de cadrer le ciel et de se sentir à l’étroit. Kelly Reichardt avait déjà réussi son coup avec Old Joy (les retrouvailles déprimantes entre deux potes du collège que tout sépare aujourd’hui mais qui partent faire du trekking ensemble alors qui ne se parleront quasiment pas pendant tout le fucking film, une anti-bromance silencieuse), elle refait à peu près le même tour de passe-passe en rajoutant un indien comme menace mais aussi, c’est le paradoxe du film, comme mince espoir du cortège lancinant. Pas triste per see, mais vraiment pas réjouissant.
Blue Valentine est encore un film qui pue la tristesse car, hé, Michelle Willams joue encore dedans. Elle est super, d’ailleurs, tout en sinistrose et retenue, devant un Ryan Gosling en mode roue libre actor’s studio qui en fait des tonnes. Et que voilà-t’y-pas que quand je ne casse pas la gueule à un mec, je joue du ukulélé, et puis hé, je menace de me suicider si tu me fais du boudin. Le sur-jeu a trouvé son nouveau maître, épaulé par une crédibilité indy us sur laquelle viennent se coller les macarons Sundance.
Le couple se dissout d’ailleurs dans une machine fatigante du film indé lambda américain qui se regarde filmer deux phases de la vie de ses personnages. La rencontre (jeune) et le divorce (ils sont vieillis, Gosling est grimé en chauve etc). La chose qui fonctionne le mieux, c’est que les deux acteurs sont tellement self-concious de leur propre performance qu’ils s’étouffent mutuellement, exactement l’objet de Blue Valentine Mais franchement, si tu veux de la tristesse, que ce soit celui-là ou un autre de ces films labels Sundance… Comme on dit en Russie, “c’est comme la poussière : y’en a tant que tu veux”.
Une Séparation est sans doute un des meilleurs films que j’ai vu cette année. Et pourtant, ce n’est pas le plus triste. Attention pitch anxiogène qui va te faire préférer le film de torture coréen : Alors qu’il est sur le point de se séparer de sa femme, Nader engage une aide-soignante (un peu pieuse) pour se charger de son père qui a Alzheimer. Malheureusement, grosse embrouille, il la vire. Malheureusement pour lui, dans la panique, l’aide-soignante, enceinte, fait une fausse couche. Le voilà inculpé de meurtre et menacé par le mari endeuillé. Il lui reste encore sa fille comme soutien indéfectible au dépend de son ex, mais est-ce que ça suffira à convaincre la justice iranienne. Guerre de classe, société stratifiée, une Séparation, c’est une lutte sociale en plus d’un drame sentimental.
Je me souviens avoir lu quelque part un mec se réjouir (et l’écrire quelque part sur internet, tant qu’à faire) sur l’air de “ralalalah tout ce qu’ils ont pris, les Ayatollah”. Une Séparation est bien plus que ça. Il est très dur d’écrire des personnages sans les rabaisser à leur statut et pourtant Asghar Farhadi y arrive avec une classe inouïe, une vraie passion pour son sujet. Evidemment, tous sont pris dans un engrenage assez horrible où la situation ne fait qu’empirer à chaque instant. Et puis pour combler le quota sadness, l’autre enjeu du film, c’est la fille qui finit, elle aussi, par se séparer. Pour schématiser, Une Séparation, c’est le Se7en du divorce.
Et maintenant passons au summum de la tristesse. Plus que la mort de bébé-chiots. Plus cracra que tous les films de cette sélection du désespoir. Arirang est (je crois) une expérience inédite dans l’histoire du cinéma puisque le réalisateur Kim Ki-duk y met en scène sa propre descente aux enfers.
Oui, c’est bien le Kim Ki-duk, le réalisateur star des festivals, le mec à la quinzaine de film (dont parfois plusieurs par an). Le mec de Locataires, de Printemps, été, automne hiver, de Coast Guard… Le marginal, l’autodidacte, l’exacerbé. Mais où était-il passé depuis 4 ans ?
On a la réponse avec cet Arirang, une œuvre autobiographique qui n’est pas du pipo contrairement à I’m Still Here. Au cours d’un de ses tournages, son actrice principale manque de se suicider. Grave trauma, sens confucéen des responsabilités. Kim sombre. Littéralement. Il se retire du monde du cinéma et part vivre comme un clodo dans une cabane quelque part dans la cambrousse reculée de Sud-Corée.
Il se laisse aller, devient littéralement loqueteux (prends ça, espèce de performer de Joaquin Phoenix), et se filme lui-même en DV durant 4 ans. Il chante son malheur (la fameuse chanson Arirrang) et commente sa vie qui dérape. Le matin en faisant fondre la glace, le soir en filant des coups dans son groupe électrogène qui alimente son pc, seul contact avec le monde extérieur. Il va finir par se bricoler un flingue. Va-t-il s’en mettre une avant le staff roll ? On sait bien que non, du coup, cette espèce de chantage au suicide diminue la portée du film mais pas son intrinsèque tristesse. Alors que ce genre de démarche fleure un peu l’égo-pipo-toxico, Kim Ki-duk arrive bien à faire sentir son extrême détresse, même à ceux qui n’ont aucune idée de ce qu’est la vraie dépression. Il souffre abominablement durant deux heures, nous rendant témoin de la torture qu’il subit, en mode full frontal. Rarement a-t-on vu quelqu’un d’aussi triste dans un auto-documentaire.
Sans une pointe d’humour, pathétique, Arirang est le film indispensable d’une bonne sinistrose, un symbole crépusculaire du ciné coréen actuel. Prix Un certain Regard à Cannes 2011, sa sortie en salles n’est pas encore programmé en France. Mais je suis persuadé qu’un distributeur a flairé le bon coup, le nez sous la bruine de juillet.
Et je vous fait grâce de Melancholia. Allez, les aminches : enjoy.
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