Cinématographe
The Other Guys vs Due Date
Dec 1st
Encore un duel comique dans Robotics. C’est quoi, le troisième de l’année ? À ma droite, Due Date qui a l’élégance de s’appeler simplement Date Limite en français. The other guys, par contre… Very Bad Cops… ? Vraiment ? Quel flamboyante nullité pour imiter Very Bad Trip. Il manque juste “in America” pour faire American Pie.
Due Date, c’est le duo comique du moment. Le gros grec de The Hangover et Robert Downey a.k.a Tony Shtark. C’est une chanson déjà bien connue: ils n’auraient jamais du se rencontrer, lui le bégé des villes à l’oreillette Bluetooth, lui le gros plouc vraiment débile et finalement attachant. Tu remplaces bégé par Kad Mérad et t’as peu ou prou la structure de Bienvenue chez les Chtits.
Les voilà embarqué dans un road movie burlesque qui se terminera forcement bien. Difficile de faire du LOL vu le canevas relou mais avec sa facilité apparente et agaçante du mec qui réussit tout, Robert Downey fait mieux que tous les personnages de Francis Veber réunis. Vu les conditions compliquées de faire un bon film là dessus on va dire un gentil 3. Mais seulement parce qu’il humilie pas mal la filmo de Veber, en même temps. Bim.
Non allez, pas 3, ça sera un
The other guys, c’est un peu beaucoup l’équipe de Step brothers (un des films Apatow les plus sous-estimés de ces dernières années) mais sans Apatow. Will Ferrell et Wahlberg sont obligés de remplacer The Rock et Sam. L. Jackson, “à 3 jours de la retraite”. Une larme.
Le problème d’un duo comique, c’est qu’il y a généralement un des deux qui est le plus nul, et là c’est Mark Wahlberg. Hé j’ai rien contre Marky Mark, il a joué dans des films remarquables (The yards, au pif), mais les rôles comiques, c’est tendu. Est-ce qu’il s’amuse, dans la vie, lui ? Du coup, Will Ferrel essaye de trouver son propre dynamisme tout seul, aidé par sa femme Eva Mendes, Michael Keaton (mais t’étais où?!) et quelques très bonnes vannes téléportées des années 90 (si tu te souviens de TLC, tu es dans le cœur de cible).
Then again, c’est quand même un film où l’on entend Samuel Leroy Jackson dire: “Hey, if i wanna hear you talk, I’ll shove my arm up your ass and work your mouth like a puppet.” Et moi, je suis prêt à payer un abonnement mensuel pour entendre Samuel Leroy Jackson hurler des trucs comme ça.
Rip Leslie Nielsen
Nov 30th
Géant de la comédie qui, entre autres talents, nous a prouvé que les Whites, les blancos ne devraient pas faire de kung fu au cinéma. R.E.P.
Alibi vintage.
Venus Noire
Nov 19th
Venus Noire est difficilement soutenable et pourtant c’est sans doute le film français de l’année. So what, Kechiche did it again ? Je vais te faire une confidence : pour moi ce mec est un miracle, à se demander comment il fait à chaque fois pour marier le film populaire et une telle exigence d’écriture et de réalisation. J’ai déjà abondamment parlé de mon amour pour la Graine et le Mulet ici, mais bon… Kechiche le mystère…. Si j’en crois tous les articles que j’ai lu sur lui, c’est un dur à cuire tendance peau de vache. Le mec éprouvant et difficile à vivre. Très bien, pas de problème, ça me va.
Derrière sa façade “drame de femme” antiglamour, Kechiche nous propose là une véritable autopsie du racisme ordinaire du début du XIXème, celui qui tentait à prouver une infériorité naturelle des africains. La victime, il n’y a pas d’autre mot, cette Venus hottentote, Saartjie Baartman a été extirpée et vendue, puis utilisée comme une bête de foire. Elle sera ensuite étudiée en labo, puis exhibée dans des salons libertins. Et, on y est presque, elle sera contrainte à se prostituer pour finalement trouver la mort peu après, de maladie tout autant que de chagrin. True but sad story. Mais la honte des hommes ne s’arrête pas là car elle sera dépossédée jusqu’au bout d’elle même: la “Science” (du XIXème) la disséquera puis en fera un moule pour refaire d’elle le sujet d’études qu’elle aurait dû être.
En te répétant ici les grandes lignes de sa vie, tout le film dans ma tête m’est repassé dans la tête. Long, lancinant, souvent abject. En fait, il s’agit là d’une technique classique de Kechiche qui consiste à tendre la situation jusqu’à ses dernières limites, de la rendre insoutenable même dans ce qu’elle a de plus banal (remember le cousous de la graine et le mulet). En plus, une bonne moitié du film repose sur les performances de Yahima Torres, l’autre versant de la danse du ventre (toujours la “graine”). Presque comme un film carcéral, il ne lui octroie presque jamais de perm’, enfermée qu’elle est dans ce système. Des scènes de respiration salutaire aussi pour le spectateurs, il n’y en aura pas beaucoup. C’est tout le paradoxe de ce show qui fait tout pour ne pas être divertissant. De l’anti-entertainement, le parti pris du film.
A la fin, Kechiche copie/paste un reportage sur les retours de la dépouille de Saartjie Baartman en Afrique du sud. Et c’était pas il y a des dizaines d’années, non. Son squelette et le moulage de son corps étaient encore exposés au Musée de l’Homme à Paris jusqu’au début des années 70. Et ce n’est que par une loi spéciale, voté en lousedé à la fin des années Jospin qu’elle a enfin pu repartir pour la terre de ses ancêtres. Je serais tenté d’y voir là une preuve de plus que les années Jospin, c’était le bien, mais là n’est pas le sujet. Derrière un film mastoc, avec énormément de lignes de lecture derrière le côté bourrin de l’esclavagisme, il y a une certitude. Ce que fait Abdellatif Kechiche dans la Venus Noire, personne n’aurait pu mieux le faire aujourd’hui dans le cinema français. Je mets mon billet là-dessus. Sonne-pèr’.
Ip Man 2
Nov 9th
Quoi de mieux qu’un biopic sinon un biopic avec des coups de pied. Based on a true story donc, Ip Man 2 reprend la vie du maître de Wing Chun là où on l’avait laissé, c’est à dire après la fin de l’oppression japonaise. Accompagné de sa femme et avec bientôt deux gosses au compteur, il vit dans la dèche à Hong Kong dont il essaye de sortir en montant sa propre école de Kung Fu.
A l’origine, Ip Man 2 devait raconter les relations du maitre avec son élève le plus célèbre, Bruce Lee. Parait qu’il y a eu des problèmes de droit (la famille Lee, c’est l’équivalent d’Uderzo, en fait), donc l’équipe s’est rabattue sur ce qui fait maintenant la marque de fabrique de la série, à savoir l’oppression ou plutôt le Kung Fu sous l’oppression. Le problème, c’est qu’aussi cradingue que pouvait être le racket des brits, ça n’a rien d’aussi sanguinaire que la vie sous le joug japonais. Nankin, les femmes de réconfort ou l’unité 731, toi-même-tu-sais. Du coup, comme un coup de génie, la vie d’Ip Man 2 retombe sur ses pattes et ressemble finalement à un film de wushu classique, voulu comme réaliste mais un réalisme très spécial qui vient percuter les contingences du genre. Ouverture d’un restaurant chinois d’une école. Défi local. Baston. Refus de se soumettre puis baston. Puis boss de fin de niveau, ici un anglais joué par Darren Shahlavi qui au cinéma HK ce qu’étaient les 2-3 asiats type d’Hollywood des années 80, une image d’épinal bonne à se faire dérouiller à la fin du film.
Balancer toutes les scènes cultes et imparables dès le début pour finir sur un climax un peu entendu, c’était déjà le même parti-pris que le premier Ip Man… Donnie Yen est tout aussi majestueux de neutralité, tout en rage contenue face à l’adversité. Et au risque de me répéter, c’est aussi l’auteur de la plus belle projection sur rambarde du cinéma. Je sais, j’en parle souvent, mais on a besoin de douceur dans la vie.
(mon lien qui t’amène directement à l’instant clef)
C’est aussi l’occasion de voir un combat Donnie Yen Vs Sammo Hung (fraichement sorti d’une opération au coeur). En plus d’être chorégraphe du film, il s’en sort formidablement bien. Ip Man 2 se paye même un duel avec l’élégance de gentlemen.
pour un film qui mériterait une sortie ciné. Le premier vient tout juste d’arriver mais en direct to vidéo.
The Adventures of Tintin
Nov 1st 12:44
Clash: Get Him to the Greek VS Youth in Revolt
Oct 20th
Autrement dit, Apatow contre la dissidence, sortis en France en même temps.
Le premier est un spinoff du génial Forgetting Sarah Marshall. Le deuxième est l’adaptation d’un roman. Tout les deux ont un titre français ridicule en anglais. Le premier, c’est “American Trip” doit te faire penser à American Pie et à Very Bad Trip, le blaze very pas français de The Hangover. Le second s’appelle Be Bad… qui doit… euuu… te faire penser à une réplique du film ? Enfin, le premier est une vrai prod Apatow, le deuxième a un peu le goût de l’indé Fox Searchlight (un peu pipo donc) poweré par un Michael Cera gentil mais semble-t-il pas si banquable que ça. Mais déjà, spoil, tu sens lequel j’ai préféré des deux…
Get Him to the Greek, c’est l’égotrip du fantastique brit-rocker Aldus Snow joué par Russel Brand. Et si tu as vu Forgetting Sarah (en V.F SANS SARAH RIEN NE VA ! sans virgule mais avec un point d’exclamation pour signifier l’humour), tu sais qu’il est génial. Et qu’il peut même survivre à un mauvais titre français. Même à deux. Jonah Hill, un des éminents membres du clan des “juifs drôles à embonpoint” de la famille Apatow à qui tout sourit, joue le rôle d’un stagiaire dans une maison de disques, le rôle de @Pascal_Negre étant tenu par Sean Puffy P.Diddy Puff Daddy Love Symbol Combs. Et en nous samplant le best-of pré-samplé de sa carrière de magna du rap, il est tout aussi formidable que les autres. Dingue, hein. C’est l’apothéose du style Apatow. Et cette recette, on la connait, c’est de permettre à tous les personnages d’exister, de grandir sans que ça sonne lame, sans patos mais avec drôlerie. Et il y a en plus une vision féroce de l’industrie du disque qui cherche à se renouveler via un rocker mégalomane alcolo. Et puis il y a Rose Byrne dont les yeux sentent le cul. Et tu serais bien FOU de dire non.
Youth in Revolt, c’est Michael Cera a.k.a Nick Twisp (un nom supposément aussi ridicule que Mélenchon) qui veut séduire la fille de ses rêves. Il va se créer un alias, Franswâââ* (* en français dans le texte) qui va le pousser dans les dernier retranchements. Il va faire des trucs badass pour l’impressionner : faire exploser des voitures, infiltrer le vestiaire des filles, devenir un fugitif. Normal, quoi. Le titre original était explicite, le V.F en fait un cabotin qu’il n’est pas vraiment. Sa meuf est tout aussi cultivée que lui. Ils sont fascinés par le pack illimité 60’s Nouvelle Vague option SMS Gainsbourg. Deux snobs dans un environnement hostile (et forcément caricatural) de famille idiote et/ou intégristes religieux. Avec cette thématique de Catcher in the Rye version bcbgé drôle, ça fonctionne assez bien, forcément grâce à quelques seconds rôles bien assaisonnés puisque dans exactement 15 secondes, Michael Cera aura fatigué un peu la Terre entière.
Pour Youth in Revolt :
Et puis pour les murs à moquettes et les caméos tordant de Get Him to the Greek :
Bonus. Le solo final d’Aldous Snow n’était pas prévu, Russel Band l’a improvisé sur le set :
Et les 5 premières minutes de Get Him to the Greek
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