Cinématographe

Le Soleil

Sokourov poursuit avec Le soleil, sa thématique des derniers jours de règne de dictateurs. Hirohito a l’air un peu con, tout seul, perdu dans son palais triste, où ses serviteurs sont encore à ses pieds alors que le monde a changé. Lui-même devient un progressiste, il essaye de s’habiller tout seul. Filmé avec la DV du week-end, avec un mixage sonore incertain, c’est l’anti-biopic par excellence, sans pic, mais sans réelle tombée dans le caniveau, juste l’histoire d’un demi-dieu qui découvre que toute sa vie est un mensonge. Matrix made in 1945.

2006, baby.

Le pressentiment

Un film sans aucun rebondissement, à l’image de Darroussin, comme une espèce de bruit de rivière qui coule au loin. Darous’ en a raz le bol de sa vie confortable dans un chouette quartier de Paris, alors il décide de prendre le métro, 30 mn, jusqu’à un quartier un chouia plus prolo mais rien d’un coupe-gorge non plus. Un parisien vous dirait que de toute manière, vu le prix de l’immobilier en expansion dans l’ensemble de la capitale, ça ne change pas des masses, mais quand même, parfois des gens pissent dans la rue là-bas, faut pas croire. Le pressentiment est un film entièrement centré sur son acteur / réalisateur et son angoisse métaphisique. Il réussit bien son coup, le bougre, transmettant une mélancolie assoupissante.

2006 bientôt bouclé.

Ne le dis à personne

Le film all-star du polar français dans la mouvance de ceux qui veulent faire à l’américaine avec toujours ce quelque chose qui manque. Déjà on a François Cluzet, l’action movie star du pauvre. En France, il y a un vivier dingue pour ça : Clovis Cornillac, Jean Reno lorsqu’il est de passage, José Garcia, etc. Du lourd. C’est peut-être ça qui fait tout le côté touchant de cette affaire de conspiration classique : Cluzet ne ressemble pas à Cruise, Vin Diesel, Matt Damon ou Will Smith. C’est littéralement l’incarnation du « boy next door » à la française. Le pinacle du film, c’est cette course-poursuite à pied où il se vautre la gueule méchamment sur le béton. Un accident banal qui trahit le dilemme du film, perdu entre film à la ouanagaine, gratin du ciné francais multi césarisés et l’improbabilité affolante du suspense face à sa conventionalité mordante. Ne le dis à personne est un triple saut, clopin clopan, qui passe les minima sans se forcer alors qu’on avait la matière de faire un bon saut en longueur.

(2006)