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Le meilleur du pire de la comédie française
Jan 14th
Hey, tu te souviens de mon marronnier préféré avec Koh Lanta, celui des comédies françaises. Il est de retour.
Il y a eu celui de 2011, la pire année peut-être, celle qui a tout déclenché.
On a eu ensuite 2012, une belle année un peu grotesque.
On continue avec 2013, une année que je qualifie de nanardeuse.
L’article est ici. Pas de logo, ni rien. Enjoy !

Le meilleur du pire de la comédie française en 2012 (2/5)
Jan 3rd
Partie 2 : du 20ème au 16ème
C’est reparti. Tu connais le système, un voyage masochiste au bout de la nuit des comédies françaises de 2012.
Du numéro 15 à 11
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
20. Le grand soir
Dans l’enfer indéterminé des pavillons de banlieues, entre les échangeurs routiers et les zones d’hypermarchés cosmo-laides, un vieux punk retrouve son frère qui vient de se faire licencier. “Il va le libérer” pour qu’à la fin le film ressemble à un gros n’importe quoi. Du coup, il est amusant de voir, après tout son pataquès, et surtout avant son prochain scandale éthylique, Depardieu dans un caméo altermondialiste. Le Grand Soir est à peu près aussi drôle que Monsieur Sylvestre, la marionnette détournée des Guignols en apôtre du consumérisme et de l’américaniste. Qui, même du temps béni de DélépineHalinGaccio, a toujours été la moins drôle de toutes les routines des Guignols. Quand tu le vois arriver, tu sens le gros laïus sur un-monde-atroce-et-impitoyable qui ne fait jamais vraiment rire. On vient ici pour l’acting destroy : Poelvoorde joue, on le sent, une partition très personnelle de la post-dépression destructrice, déjà visible dans l’affreux Astérix 3. Mais celui qui brille, c’est Dupontel qui incarne ce qu’il fait le mieux, ce qu’il fait toujours : le mec à fleur de peau, ce type qu’on imagine prêt à jeter sur la voie du métro, dans un ravin. Le type qui souffre, de manière désespérée. Que ce soit dans les daubes récentes ou dans ce genre de cinéma indé fauché à la marginalité revendiquée, ce type m’émeut à chaque fois.
Le public pourra y voir un cinéma de crise, alors que du haut de son minimalisme grolandais, le Grand Soir est aussi et surtout une véritable lettre d’amour adressés aux punks à chien. Dieu seul sait qu’ils en ont besoin.
19. La vérité si je mens ! 3
T’avais oublié qu’il est sorti cette année, pas vrai ? Pas leurs comptes en banque.
Tu pourrais croire que cette amitié est toute photoshopé de circonstance. Pas du tout, regarde bien Vincent Elbaz, on sait pas s’il fait semblant d’être là ou bien s’il a renoncé.
Rien de vraiment honteux pour ce troisième feujworld, si ce n’est une immense sensation de paresse, palpable dans un film bien trop long qui aurait mérité un remontage total. Et des vannes qui ne font pas vraiment rire la salle. Sérieusement, ça parle à qui, “il pleure comme une mezuzah” (de mémoire, je ne vais pas pousser le vice à me le remater). Au programme, arnaque, trahison et amitié con-con, soit la même chose que le 1 et très-la-même-chose que le 2 dont il utilise les plots twists principaux. Sauf qu’on les met ce coup ci face aux chinetoques (c’est à peu près aussi subtil que ça). A leur décharge, il n’y a pas énormément de combinaisons possibles pour faire exister une histoire originale et intéressante dans cette univers. Si même le scénario cachetonne, fallait pas s’attendre à un miracle pour une franchise de comédie française. Bon, c’est pas dur, en face, y’a la série des Astérix… Mention spéciale au fabuleux Gilbert Melki, “l’Al Pacino français”. Tout son plot, presque séparé de celui de ses amis est de déjouer le trésor public alors que justement, il est tombé amoureux de la fille du fisc. “Une bien belle histoire par les temps qui courent”
18. Sea No Sex & Sun.
Le portrait doux-amer de trois connards en vacances, sur la plage, en Bretagne. Je pense aux 60,000 gus qui sont allés en salles pour aller voir du Fred Testot faire des blagues bites-couilles sur fond de jolies pépés, qui au final s’en sortent avec un film déprimant sur le couple. C’est un peu le problème de bons nombres de films français : l’affiche trompeuse avec quelques acteurs comiques vu à la tv. Son échec au box-office n’est sans doute pas causé exclusivement par cette affiche, ni à ce positionnement marketing mais on peut légitiment se demander qui a pensé en premier lieu que Sea, No Sex & Sun était une bonne idée. Terriblement no fun, d’où sa place dans le ventre mou des comédies françaises 2012.
17. Camille redouble
Tu vois le style d’un réalisateur comme… prenons par exemple Tarantino ? Des dialogues qui font mouche, le dynamisme cool et surtout une immense, une colossale confiance en lui. Hé bien, Camille Redouble de Noémie Lvovsky est exactement au point le plus opposé du cosmos.
Pendant des années “Avec la participation amicale de Noémie Lvovsky” a été une phrase qui a hanté le cinéma français. Les mots laconiques qui nous annoncent que l’actrice fera une apparition sympatoche dans ton film, quelque chose qu’elle faisait si souvent qu’on s’était presque inquiété pour elle : elle travaille quand, en vrai, Noémie ? La voilà de retour à la réalisation d’une comédie après “Faut que ça danse” qui a très peu swingué dans nos mémoires et un trailer qui fout la patate, youhou.
Elle incarne Camille dans son propre film, soit une “quadra” renvoyée dans son passé où elle n’a que 16 ans. Elle y retrouve celui qui deviendra son mari, mais aussi toutes ses copines de l’époque et ses parents, toujours là. A priori, il n’y a pas de mal à reprendre des concepts déjà utilisés pour en faire quelque chose de nouveau. Malheureusement, il n’y a pas une seule idée nouvelle dans Camille Redouble, rien qui n’ait pas été vu dans “17 ans encore” et surtout “Peggy Sue s’est Mariée” (de Coppola avec young Nick Cage !). Alors que c’est justement dans la confrontation de ce voyage dans le temps qui naissent les fulgurances. Check “Back To The Future”.
La situation devrait porter à rire, tout le concept du décalage temporel est fait pour ça… Mais bon sang, Noémie Lvovsky cabotine pendant tout le film (qui ressemble chaque minute un peu plus à un téléfilm un peu fauché), pour essayer de faire rire, ce qui malheureusement ne vient jamais. En fait, Lvovsky tente de canaliser différentes énergies totalement différentes. Le grand guignol de son jeu, la situation, mais aussi cet humour doux-amer si propres aux Beaux Gosses (d’ailleurs revendiqué avec la présence de Vincent Lacoste et de Riad Sattouf), et puis un peu de références : Camille-adulte est une actrice de série Z, je savais même pas que ça existait comme métier en France. Il faut voir les scènes de Denis Podalydès, d’une mollesse inouïe… C’est à cette mollesse, un vrai vague à l’âme présent dans ce qui devait être une comédie, qu’on voit que Camille Redouble essaye d’être un prototype de “Feel Bad Movie” fantastique, à la française. C’en est trop.
16. Paris-Manhattan
Encore un film habité par l’ombre de Woody Allen. Et de la même façon, encore un New York fantasmé. Décidément, c’est déjà le deuxième de ce classement.
Woody Allen est carrément dedans, par la voix et puis à la fin, en guest star de luxe, comme une apothéose un peu convenue. Tout le propos du film, c’est qu’Alice Taglioni ne perçoit la vie que par son poster de Woody accroché à son mur, avec qui elle dialogue au moindre doute. Paris-Manhattan essaye, comme beaucoup d’autres films avant lui, de canaliser son humour juif newyorkais, en reprenant sa manière d’aborder l’amour et SURTOUT la famille feuj super envahissante. Mais au fond, la vraie star, celle qui supplante Woody, c’est Patrick Bruel. Même en mode chubby avec des kilos en trop, le film lui semble dédié, comme une ode étrange au chanteur de la place des grands hommes. Mais un truc choque. Passe encore la réalisation et surtout la direction d’acteurs hasardeuse… Le clou du spectacle, c’est qu’avant de rentrer dans son pays et sa ville, Woody Allen lance à Alice Taglioni: “this guy is fantastic. You should marry him”. Sans déconner, quoi. On pouvait difficilement faire plus explicite. Mais qui, bon sang, QUI avait vraiment envie de voir un spot de promo cachée pour Patrick Bruel ?
La suite dans deux jours or so.
Les autres chapitres de ce dossier:
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

Le meilleur du pire de la comédie française en 2012 (1/5)
Jan 1st
Partie 1: du 25ème au 21ème
Comme l’an dernier, voici le moment idéal, genre entre le nouvel an et le nouvel an russe, de faire l’autopsie de la comédie française. Ce “truc”, car il n’y a pas d’autres mots, devient donc mon marronnier, un peu comme les voitures brûlées lors de la St Sylvestre. Le but est toujours le même, encaisser le meilleur comme le pire pour ensuite l’analyser méthodiquement, le classer rationnellement. Car je m’en rends compte, là, on a complètement oublié une bonne moitié des films de cette liste. Il ne faut pas oublier. Je m’impose donc cette souffrance, à l’heure où l’on conteste ces acteurs surpayés et d’une industrie sous perfusion. Kudos, le CNC.
Si j’ai l’occasion, je ferais même un point “stats” et aussi un survol des films que je n’ai PAS sélectionné pour cette liste. Oui, car j’en ai vu bien plus que 25. Mais tant qu’à faire, autant prendre le vraiment navrant. Le plus lourdingue.
Cette année, j ai divisé en cinq parties pour éviter que ce soit trop violent (et éventuellement ménager un suspense, pour que tu puisses deviner quels seront les étrons du quinté de tête…). Ce classement va donc “monter en puissance” car on va du meilleur vers le pire.
Et je ressors texto ma mise en garde de l’année dernière: j’ai une tendance à préférer les films qui se permettent un coup de génie que ceux qui se contentent d’un service minimum ennuyeux. Il faut y voir là une volonté personnelle d’essayer de prendre ce qu’il y a de bon. De toutes manières, pas d’inquiétude, la tête de peloton est composées exclusivement de daubes..
Et maintenant, une vidéo rituelle avant le combat. Un pronostic ?
Voici donc les meilleures places, de 25 à 21. Le meilleur. Mais dès le prochain, ça va faire mal.
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
25. Adieu Berthe
La dernière fois que j’ai eu un contact avec Denis Podalydès dans un film comique, c’était dans Neuilly Sa Mère. Il criait sur le petit arabe des trucs hystéros du type “Arrête de couper ta salade avec ton couteau, ça fait grincer ton assiette”. En gros, on s’était quitté en mauvais termes. Et puis il ne faut pas oublier qu’à chaque fois que son nom apparaît à l’écran, on voit en gros “Sociétaire de la Comédie Française“. La pression de l’humour. Et pourtant Adieu Berthe est vraiment rigolo, un vrai regard farfelu sur le business des cercueils, de la mort sur fond de maîtresse et de toutes les petites tracasseries bourgeoises traditionnelles. Woké d’accord, c’est la frange intéllo de l’humour, mais en vraiment mieux qu’avant. Valérie Lemercier réalise la bonne opération de l’année, elle parfaite ici (et mieux que dans Astérix 4, plus bas dans le top). Et surtout elle fait (un peu) oublier les Agathe Cléry et son caméo dans la PIRE comédie de l’année dernière. Elle n’était même pas à l’écran, sans doute
24. Un Plan Parfait
Si seulement on m’avait dit qu’une des meilleures comédies de l’année serait un truc avec Dany Boon et Diane Kruger, je n’aurai sans doute pas fait ce top. Depuis son film “néo-Jean-Pierre Perniste” Rien à déclarer, Dany Boon n’essaye plus de refaire les ch’tits et gravite de film en film, un peu à la dérive. Quand à Diane Kruger, avant ce film, je lui prêtais le même potentiel comique que Isabelle Huppert, tendance la “beauté froide venue d’Allemagne”. Autant dire: ZERO. Attention, un plan parfait n’est pas fabuleux. Juste du travail très appliqué de Pascal Chaumeil, le mec de l’Arnacoeur. Où les femmes “de base” sont vénales, mais elles comprennent à la fin que l’important, c’est le coeur / la fantasie”. Qui est un classique de la comédie française, voir l’Arnacoeur susmentionné ou encore le récent “Hors de prix” où le néo-gigolo comprend deux fois plus vite que l’escort-girl que ce qu’il fait “n’est pas moral”. Quand je dis que, de base, je préfère Apatow, c’est pas une blague.
Mais parfois, il suffit d’une grande scène pour sauver un film même moyen, et un Plan Parfait en a une bonne paire, cachées dans son déluge de clichés de rom-com (avec en plus la fille une fois de plus très superficielle. Dreddy Kruger va découvrir donc la beauté intérieure (ce concept inventé par les moches et les comédies romantiques) de Dany Boon. Il va saisir quelques instants pour faire dérailler la comédie, pour faire le show tout seul. Il est libre, sans aucune retenue. Et bon sang, quand il y arrive, trop rarement, c’est du génie. Ce n’est pas de Funès dans le chewing gum de Rabbi Jacob, rien ne le serra plus jamais, mais c’est dans ces moments-là qu’on sent qu’un film assume pleinement son status de comédie.
23. 2 days in New York
NY, le thème porteur de l’année (on va en revoir un peu plus haut dans ce top, patience). Suite informelle de Two Days in Paris, Julie Delpy continue sur sa même lancée en s’égotrippant en moche avec Chris Rock, à NY. Le choc des cultures va venir de ses parents, en visite le temps d’une expo. C’est beaucoup plus faible que 2 Days in Paris mais on voit facilement le créneau qu’elle cherche à occuper, celui de la comédie indé, une espèce de Woody Allen féminizte & fauché. Rigolo: le caméo mégalo de Vincent Gallo en lui-même, où il distribue sa présence comme une semence divine.
22. Le prénom
On se casse très souvent la gueule à adapter du théâtre au cinéma. On risque à tout moment de tomber dans la pièce de boulevard à gros sabots. Le prénom, c’est du boulevard à fond mes ballons, pas trop cliché mais comme s’il était écrit par Zemmour et random mec de gauche-caviar. Ca commençait mal, une série de portraits alignés par la voix de Patrick Bruel, le genre de trucs qui fout le frisson. Et pourtant il y a quelque chose de l’ordre du plaisir vicieux de voir Patrick Bruel incarner un agent immobilier de droite face à des profs de gauche. De toute manière, si même un suisse arrive, ne serait-ce qu’un court instant, à être drôle, UN SUISSE QUOI, c’est dire qu’il y a quelque chose qui se passe dans cet appartement bourgeois parisien.
21. Les Kaïra
On pensait la banlieue ringardisé pour le ciné depuis la Vengeance (pour le meilleur) et Beur sur la Ville (toujours pour le pire). Soudain, Kaïra, the movie, le film qu’à priori, personne n’attendait.
J’ai l’impression qu’un high concept que tu vois sur Canal Plus, ces pastilles placées entre les programmes ou la meuf météo et 2 minutes d’Apathie, a de fortes chances de finir en film. Bientôt Bref, le film ? Quoiqu’il en soit, les Kaïra est une semi-réussite car il évite les pièges de l’adaptation classique d’un pitch marrant sur 2 minutes et éreintant sur 2 heures. Le miracle ici, c’est que ce mélange de blagues cracra et de vannes de galériens du ter-ter tient environ une heure, pour se déballonner dans son dernier tiers. A un moment, le trio se dissout et le nain disparaît littéralement du film pour poursuivre une carrière de film porno, car c’est bien connu, c’est ce que font tous les nains à l’exception de Passe-partout et de Giant Coocoo. Le film bascule en pilote automatique jusqu’à un final consensuel assez affligeant qui contredit la nature même des personnages tels qu’ils nous sont présentés au début. C’est sans doute ça, le plus grand reproche à faire aux Kaïra: après un début délirant à base de branlette et d’ours, il veut à tout prix s’en sortir façon “tout public”. C’est peut-être le prix à payer pour ne pas sombrer dans le banlieue-movie.
Mention spéciale à Ramzy qui joue ici un incroyable simili Morsay dont il tente de copier les catchlines improbables et le flow dissymétrique.
Coming soon (genre un tous les deux jours). Be there.
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

Le meilleur du pire de la comédie française en 2011 (4/4)
Jan 3rd
Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, du numéro 5 à 1
Ca y est, on y est. Le pire du pire. Les neuf cercles de l’Enfer. Du pur “journasochisme”, parfois si douloureux que l’éventualité d’une suite à ce projet me parait impossible. Ce n’est pas le temps qui manque à un insomniaque, mais une année de comédie franco-française, ça te flingue. En tout cas, c’est le bout du tunnel. J’adore qu’un plan fonctionne sans accroc.
Allez, place au top 5 du meilleur du pire de la comédie française en 2011, en espérant que toutes ces heures de souffrance n’auront pas été inutiles.
5. Rien à déclarer
Rien à déclarer, le dommage collatéral des Ch’tits, n’est jamais drôle et pourtant il s’agit encore de Dany Boon en uniforme (chroniqué une première fois ici, avant que l’idée de ce classement ne fasse son chemin). Mais on sent, à chaque instant, à chaque vanne, la pression que subit Boon. Il doit faire son Ch’tits 2. Donc même duo comique parfaitement identifiable. Même nordisme à fond les ballons. Tous les moyens ont été mis en place pour cloner, comme si c’était possible, le succès. Evidemment, il n’y arrive pas. Ce n’est pas aussi nul que la comparaison Visiteurs 2 vs Visiteurs 1 où là, en l’occurrence, il y a carrément une incompréhension globale de ce qui a fait le succès de l’original (Poiré pensait à l’époque que c’était sa réa sous exta avec 10,000 milliards de plans et la nervosité qui était la cause de sa première OPA cinématographique).
Dans l’absolu, le sujet est génial. Alors que l’Europe se fissure, Schengen, Maastricht, Athènes, tout ça, Rien à déclarer reprend globalement une histoire similaire à Machete. Avec malheureusement moins de bonnes soeurs à poil, moins de mexicains et surtout moins de shotguns.
On est surpris à quel point François Damiens s’en sort encore une fois sans égratignures. Ce mec est le Highlander du ciné francobelge, c’est pas possible autrement. Poelvoorde, en garde frontière raciste, malgré son pouvoir comique qui ne se dément généralement pas, est ici à peine plus marrant que dans Astérix 3 (alors que le pauvre est tombé en pleine dépression alcoolique à ce moment-là). Boon essaye de nous rejouer le rôle du gentil couillon. “Il a un bon coeur” dira-t-on. Malheureusement, rien ne fonctionne, tout tombe à plat et le grand final rappelle justement les derniers Astérix en bédé, justement, ceux d’Uderzo. Guéri de tout son racisme anti-français, Poelvoorde prend en chasse son nouveau bouc-émissaire. “Hé, bol de riz, reviens. Hé, niakoué !”. Sourire attendri devant le racisme de Benoit, son fils hoche la tête. “Oh papa…“. FRISSON. Àcet instant précis, j’ai pensé à Jean-Pierre Pernault qui sourit entre un reportage sur les salopards de grévistes et la beauté du monde rural.
C’est un très mauvais film. Mais qu’espérais-tu, à ce niveau du classement ?
4. Les tuches
Le clash imparable du rire des riches contre les pauvres, dernier round. J’ai souvent eu l’occasion de dire ici à quel point ce style est problématique dans la comédie française. Tiens pas plus tard que là, numéro 11, Intouchables où je prenais le cultissime Un Fauteuil pour Deux comme référence du genre. Si tu n’as pas vu Trading Places, le meilleur d’Eddy Murphy, fais toi plaisir. Je vais l’offrir de ce pas à mon neveu.
La lutte des classes LoL à la française, à chaque fois le même algorithme : rencontre des deux mondes, incompréhension, amitié, mini-clash avant la fin et réconciliation. Et à chaque putain de fois, le cheu-ri comprend qu’il a été un peu con, hautain mais c’est décidé : il va devenir meilleur. Ok, pas de problème. Le pauvre, s’il est devenu riche au cours de l’aventure, ne peut pas maitriser ce nouveau cash flow, ce train de vie et/ou ses nouveaux amis et va préférer “la simplicité des petites gens”. Ils savent être heureux, eux.
Ce schéma cra-cra, c’est celui de Lanvin-Dubosc dans Camping ou ici des Tuche, une famille entière de ploucs, gagnants du gros lot du Loto. Ils partent vivre à Monaco car la Stéphanie, c’est la fixette de la maman, jouée par Isabelle Nanty (et puis choix de bande-son évident, hop). Ce qu’ils ignorent, c’est que leur fils est un génie qui se cache car il a honte.Les mômes intelligents, c’est la honte dans la famille. Un petit joué par un gamin qui rendrait presque sympathique celui de Moi César, 10 ans 1/2, 1,39m. Non j’exagère, c’est impossible. Mais c’est la même catégorie, ces gamins qui jouent avec “des bons mots d’adultes”, ceux que tu as envie de flinguer. C’est lui qui sauvera la famille de la ruine, parce que forcément, ils sont bêtes.
Dès le début, JP.Rouve, en véritable porte-voix de Laurent Wauquiez, surjoue façon Robin des bois le mec qui se réjouit d’être chômeur comme ses ancêtres. Ensuite, c’est un long voyage au pays du cliché sur Monaco dont aucun personnage ne sort véritablement grandi (ce qui est justement toute la force des personnages du mécanisme “Apatow”). “Les Tuche” démontre une fois de plus l’incapacité d’écrire des personnages auxquels on pourrait s’attacher. C’est d’ailleurs amusant de voir comment quelque chose qui marche en bédé (les Bidochons) se viande complètement en film. L’écriture de tous ces second rôles, de ces personnages chaleureux est généralement l’apanage des comédies anglaises. Ici, ils sont tous foirés sauf Claire Nadeau. Elle joue un personnage muet, ça aide. La fille para-Paris Hilton, le frère homo refoulé singeant Eminem… En l’état, on a juste envie qu’un train passe sur cette famille d’affreux débiles.
Petite qualité dans cette prod. Olivier Barroux (l’ex-partner de Kad à qui l’on doit Safari), the Tuche ne cède pas trop à la facilité des caméos mais avec des morceaux de premier choix, avec le copain Kad justement,, Omar ou encore Pierre Menès le critique de foot (please. Ce dernier sera d’ailleurs aussi dans le pire film de ce classement). Toute l’impossibilité des Tuche se résumerait presque à ce slogan, répété à tout bout de champ, sans doute pour faire un gimmick sur l’accroche des DVD. “Tuche pour un, Un pour Tuche“. Super.
De très mauvaises idées, toutes réalisées de manière inepte.
3. Hollywoo
Il y a une règle qu’on apprend dans les métiers dits “artistiques”, que ce soit en dessin, en écriture, dans n’importe quoi. Pour que ça ait l’air plus vrai, il faut raconter ce qu’on connait. Ça aide. Genre Abdel Raouf Dafri, quand il t’écrit un scénar sur la prison ou la délinquance, j’sais pas, je lui fait confiance. Il n’est même pas exclu de faire quelque chose sur un sujet a priori étranger. Il faut beaucoup se documenter, avoir un plan global… Alan Moore, il fait ça très bien par exemple. Les scénaristes d’Hollywoo n’ont manifestement pas la moindre idée de quoi ils parlent.
(bon sang, citer Alan Moore et Hollywoo dans le même paragraphe, je suis au bout du rouleau)
Florence Foresti incarne une comédienne de doublage d’une série TV à succès. Enfin, les fans seront contents, elle est plutôt le personnage qu’elle est sur scène (jamais vu). Mais l’actrice qu’elle double décide d’arrêter sa carrière, sans doute a-t-elle aperçu un des extraits que l’on voit dans Hollywoo. Foresti décolle pour les USA pour la rencontrer et la remotiver. Comme si un comédien de doublage ne faisait pas de théâtre à côté, n’avait pas d’autres séries à doubler… Hé quand on est freelance, l’exclusivité n’existe pas, c’est la même pour les comédiens. BON. Passons.
Déjà, son voyage n’a pas vraiment de sens… Sans passer par les agents ? Aux USA ? Elle se prend pour Thelma & Louise, Foresti, ou quoi ? Mais OK. Admettons.
C’est là que Jamel Debbouze est littéralement parachuté dans l’histoire. Il pourrait arriver au volant d’une voiture de Transformers 3 que ça serait pareil. Il agresse justement un de ses “amis” pour récupérer 500 $ qu’il lui doit. Ce type est aussi serveur dans une soirée jet-set où s’incruste un peu plus tard le para Jamel. Et ce petit malin… menace à nouveau son ami. C’est que ça peut être traitre, les amis. Evidemment, il va se faire jeter et sur le bitume, il rencontre Florence qui…
STOP. Ca n’a aucun sens. Ce duo n’existe évidemment que pour satisfaire les fans des deux comédiens du film qui se livrent littéralement à un fan-service consternant. En plus de ne pas être marrant, RIEN n’est cohérent dans Hollywoo, à tel point qu’on se demande si cette “trame” n’a pas été dictée sur le truc de reconnaissance vocale de l’iPhone sans être passée au propre. “Siri, écris moi un scénario avec Jamel et Foresti”. Les dialogues sont d’une ineptie confondante accentuée par le gag récurrent qui va revenir durant tout le film. Ce gag hillarant, c’est “Florence et Jamel parlent mal anglais“. Et… c’est tout.
Les pitreries avec des gens qui parlent mal exprès les langues, c’est un panel très limité d’intelligence potentielle. Mais comme j’ai bon fond, il y a une idée de vanne rigolote, à un moment que je t’offre. Gratuit, cousin. Ce n’est pas ces traditionnels post-générique nuls où l’on voit que l’équipe s’est (en principe) bien amusé sur le tournage. Au moins, ils ne s’ennuient pas, eux. Non c’est vraiment dans le film: Foresti se fait menacer par des gangstas. Des vrais. Enfin qui ont une caisse, du bling et tout ce qu’il faut pour avoir l’air menaçant. Chaude ambiance. Puis soudain, son mp3 balance “La boulette” de Diam’s. “Génération Non non”. Et là, ils se mettent à “bouncer”, à littéralement “kiffer la vibe” sur le bon son de Foresti…
Alors que pour un truc comme ça, n’importe quel humain normal l’aurait tabassé. Bon, c’est une interprétation personnelle, mais je préfère comprendre la vanne comme ça. Et puis surtout elle ne gomme pas l’échec total d’Hollywoo.
Parler une langue étrangère, c’est compliqué (je suis fils d’interprète donc j’ai été un peu formé à ça même si, tu peux me croire, un père prof de Kung Fu, c’eut été carrément plus classe). Là, ces gugusses me rappellent le lycée. Où il y a toujours eu ces cancres qui ne faisaient aucun effort pour essayer de bien parler la langue. En 2011, les cancres du rire, c’est Foresti et Debbouze.
2. La croisière
On vous apprend à juger sans a priori. Même pas sur la bande-annonce “parfois trompeuse”. Mais que pouvait-on décemment espérer de cette deuxième tentative de “croisièresploitation” de l’année qui réunit Charlotte de Turckheim, Antoine Duléry, Line Renaud et Marilou Berry. Son seul mérite aura été de sortir avant l’autre, avec Dubosc. Voilà, tu sais déjà que c’est de la merde.
Et pourtant, La Croisière (tout un programme dans le titre) commence par un ass-shot de la sublime Nora Arnezeder. Aucun google image du monde ne pourra lui rendre justice. Puis soudain, elle lâche sa première phrase et le paquebot tout entier s’engouffre dans une spirale de nullité abyssale. Même les mouettes, mortes de honte, ne veulent plus jouer là-dedans et sont donc remplacées par des images de synthèse. Le toutou de Line Renaud, caché dans un sac à main avec des trous pour laisser passer les pattes, n’a pas eu autant de chance. Ce niveau de nullité-là me semble indescriptible et pourtant je vais m’y efforcer ici.
Ah oui, la phrase de Nora, c’était, de mémoire, “Wesh t’as vu, c’est l’Titanic ce truc“. La débandade.
La solution facile serait de résumer cet état de souffrance que fut ce visionnage en disant simplement : “Les seins. de. Charlotte. de. Turckheim. Au ralenti. Quand. Elle. Danse“. Michel Delpech, perdu à jamais. Le plus gros cas de Can’t Unsee That de l’année ? Pas tout à fait, car dans le même film, histoire d’avoir la parité, on nous balance le paquet d’Antoine Duléry, déguisé “subtilement” en Tootsie. L’enfer de ce film, c’est qu’il donne l’impression de vivre en temps réel avec ses personnages sur ce rafiot, sans possibilité de s’échapper. Pire qu’un gamin qui pleure tout le long d’un vol de 12 heures. Pire que Nadine Morano. Pire.
Je me sens obligé de donner des nouvelles de Marilou Berry pour ceux qui s’inquiétaient de ne plus la voir assez souvent au cinéma. Elle va bien. Elle a perdu du poids. Énormément. Et je ne sais pas si c’est ça qui fait qu’elle joue de plus en plus comme sa mère, n’étant pas un diététicien de l’acting. Je tiens justeà la remercier, elle joue dans les DEUX PIRES FILMS de cette sélection 2011. MERCI.
Il n’y a pas de scénario dans la Croisière, ce qui n’est pas forcément un mal. Un film peut tenir simplement par la force de ses gags. Or, cette Croisière nous balance ce qui est le plus mauvais gag de tous les temps. Même un gif animé finirait par le rendre meilleur. Il y a une histoire de chien, de mouette, de trampoline, de Charlotte de Turckheim qui glisse sur fond bleu. Mais le caractère absurde de la situation et surtout le résultat LAID en font peut-être involontairement le meilleur gag du monde après la mort de Kim Jong-Il qui nous fait croire qu’il est mort. À moins qu’on soit dans un cas de “plus c’est nul et mieux c’est”. Je ne peux toujours pas décider.
Mais une thématique sous-jacente sournoise dans la Croisière se dessine tout au long de cet interminable périple. De Turckheim va passer tout son temps à chercher son mec perdu à bord. En fait, il a chuté et s’est accroché quelque part sur la coque où on le retrouvera, tout recouvert de caca et traumatisé. Hilarant. La Croisière ne nous épargne même pas les gags de fiente. Déçue en amour, la jolie fille le retrouve dans les bras du prêtre du bateau, sans doute un des couples les plus improbables depuis Amidala Portman et Anakin. Surtout l’amour bourgeonnant “pédobear” du petit de 8 ans en fait… Line Renaud est veuve heureuse. Marilou est célib de la win et Duléry se déguise en femme façon Mrs Doubtfire. Tu la vois, la thématique ?! Ça se veut une comédie féministe avec que des femmes, réalisé qui plus est par une femme. Je peux te garantir que si les gens apprennent qu’un tel film existe, tu vas voir qu’on va proposer de leur retirer le droit de vote. Une des plus mauvaises expériences de cinéma de ma vie, où l’on a approché la nullité la plus abyssale.
Mais jamais, au grand jamais, je n’aurai imaginé trouver pire cette année.
1. Beur sur la ville
Mais comme j’aime sauver ce qui peut l’être, autant être gentil pour deux lignes: le titre est presque pas mal, comme une vague référence à Max Pécas ou à la rigueur un porno gay dont j’ignore l’existence.
Ce titre, c’est bien la seule qualité de “Beur sur la ville”, très certainement le moins drôle de l’année, ce qui est assez dommageable pour une comédie.
L’acting Jamel Comedy Club, on commence à le connaître (cf Case Départ), ce syndrome classique du “Ils sont sympas mais en film, ils ne sont vraiment pas drôles”. Le pire, c’est que ne les connaissant pas individuellement, ils se retrouvent tous à jamais associés dans ce maelstrom de nullité. Aux commandes, l’inénarable Djamel Bensalah. Et même si son aura est parfaitement délimitée par son œuvre grâce au “Ciel, les oiseaux…” et au “Raid”, il est toujours étonnant de voir un réalisateur expérimenté balancer une daube d’un niveau pareil.
L’idée principale de mettre Booder en flic principal est aussi cohérente que Jamel Debouze en soldat dans Indigènes: tu n’y crois pas une seule seconde. Mais pourquoi pas, hein, le gag peut fonctionner. Peut-être même qu’on va se bidonner. On va voir ce qu’on va voir. Entre-aperçu dans un petit rôle dans Neuilly sa mère (production Bensalah finalement pas si nulle que ça quand elle nous proposait une visite au bout de l’horreur, une chambre d’un gosse militant UMP sur fond de Carla Bruni), Booder est le croisement improbable d’un morphing foiré entre Jamel Debouze et Fernand Raynaud. Problème, il ne sait pas plus jouer que ses potes. Mais je suis sur qu’il doit être sympa, en vrai.
Pour éviter d’avoir un problème d’acting avec son trio de comédiens du stand-up , Djamel Bensalah a fait appel à une flopée de copains, pro et non-pro. D’abord, Gérard Jugnot, Sandrine Kimbelain en super flic, Josiane Balasko, François-Xavier Demaison, Roland Giraud (pas mal pour ses trois minutes à l’écran)…
Mais Bensalah est atteint de la pire maladie qui soit, le syndrome du caméo, équivalent filmique de la Tourette. On place “des gens”. En croyant que leur simple présence va créer l’hilarité. Et je suis certain qu’un journaliste de TF1 à l’écran, tu vas te gondoler. Une présence qui ne va jamais découler sur une seule blague drôle. Mais les voici.
Je ne pensais pas écrire tous ces noms un jour ici, moi qui préfère le cinéma avec des coups de pied de chinois et les classiques des années 80. Mais let’s go. Pierre Ménès (again), La meuf de la minute blonde, Popeck, Julien Courbey, Jean-Claude Van Damme as presque lui-même, Ramzy, Yves Rénier, Mokobé du 113 qui fait… un brancardier, Pape Diouf, Julien Arnaud et la jolie Emilie Besse du JT de Canal+. Et Frédéric Beigbeder, Marilou Berry (AGAIN), jamais très loin des bons plans. Bon dieu, même la voix de Valérie Lemercier fait une apparition. J’en oublie surement. À ce niveau-là, ce n’est plus regardable, c’est un crash-test.
Djamel Bensalah avait déjà signé Big City dont la bande-annonce annonçait la couleur du bon goût avec des filles de 12 ans qui jouent les prostitués. Classy shit. En ça, on ne peut pas le blâmer, il reste cohérent dans la nullité et le mauvais goût. Mais hé, il doit savoir mieux que moi, the guy is Chevalier des Arts et des Lettres. Est-ce grâce à sa production “Neuilly Sa mère” ou pour l’ensemble de son œuvre ?
Des filles sont mystérieusement tuées en banlieue. Je vous spoile la fin: en fait c’est Josiane Balasko qui joue une clodo qui tue ces filles, en fait des passeuses de came. Elles lui faisaient concurrence car en fait, elle contrôle la cité. En 30 ans de main basse sur le deal d’une grande ville de banlieue (et peut-être plus), cette grosse mafieuse grimée en loqueteuse aura gagné… pas loin d’un million d’euro.
Dans ta tête résonne le bruitage “Austin Powers”. Quasiment un million, c’est la somme qu’elle se vante d’avoir planqué dans son matelas. Une fois arrivé à ce million, heureuse, “elle pourra partir à la retraite”. Je suis persuadé que ce n’est pas le quart du budget de Beur sur la Ville. Juste une échelle de grandeur, Bienvenue à bord a coûté 16 Millions d’euros !
En attendant, donc, Balasko vit comme une clodo pour ne pas attirer l’attention. Bon sang, le cartel ne rapporte plus comme avant. Ok, c’est une comédie, mais un million… en trente ans ?! On n’a pas besoin d’un réalisme à la The Wire non plus, même si c’est mieux quand rien n’est drôle. Hé, Balasko ! Tu entends ces rires au loin ? C’est les salaires de Drucker, Castaldi et Nikos qui se moquent de toi.
J’ai déjà lu des brouillons de comédie écrit bourré plus intéressant que cette heure et demie interminable. Des gens pourraient dire “c’est facile de se moquer“. En effet, c’est facile de se foutre de la gueule de Beur sur la ville car il n’y a rien à y sauver.
J’ai déjà vu de pires histoires encore plus merdiques, assisté à des gags tout aussi nuls… Certains films horribles de ce classement développent même une morale bien plus nauséabonde que celui-là qui “se contente de rester bon enfant”, un de ces euphémismes paresseux que je déteste le plus avec “c’est pas le film du siècle mais…”. Beur sur la ville se trouve exactement à l’endroit où les frontières de l’incohérence tutoient l’humour improvisé le plus terrible, à cet endroit précis où le simple fait de regarder est douloureux.
Si tu aimes cette comédie, la pire de 2011, tu as objectivement tort. Des graphiques existent pour le prouver.
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Voilà. C’est terminé. J’en suis à un stade proche de la fin de Star Wars III: Revenge of the Sith, un sentiment qui doit parler à beaucoup de gens. Le regard épuisé par les merdes en CG qui volent partout, les personnages écrits avec les pieds, “noooo” et compagnie “Voilà. C’était pénible mais c’est fait. La boucle est bouclée.” Terminer avec le plus atroce est, tu peux me croire, pas la meilleure des idées pour ton moral. Tu sais qu’à la fin, ça va ressembler à une autopsie.
Je tiens à remercier les gens qui ont indirectement participé à ce dossier. En particulier à ces Virgile qui m’ont accompagné dans ces abîmes cinématographique. Ça ne se voit pas ici mais il y a eu aussi de bons films. Boulapoire, entité gentille de Gamekult et sa demoiselle, autorité morale dans un grand quotidien français. Nicolas qui m’a avoué que Halal Police d’état était son pire film cette année (pardon). Rom, le Soldat-Survivor des pires daubes. Et puis surtout “Paso“, avec qui j’ai vu l’essentiel et surtout le top 3 de cette année. C’est en payant le plein tarif pour l’un de ces chef d’oeuvre qu’il s’est résolu à prendre sa carte de cinéma. Dire “qu’il payait vraiment pour ces daubes”… ça fait de lui quelqu’un de plus courageux et surtout de plus fou que moi. Nouvellement encarté au parti “du ciné sans risque“, il écrit des articles à se fendre les côtes de rire. Sans ces gens et aussi de certains qui se reconnaîtront (my bro Puy‘ et Deedo, mes ssos’ de ciné), je n’aurai sans doute pas persévéré… Bring closure to the french comedy, done.

Le meilleur du pire de la comédie française en 2011 (3/4)
Dec 31st
Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, du numéro 10 à 6
Tu connais le principe, donc on y va tout de suite. Attention, on a passé un cap qualitatif très bas. Bienvenue dans l’horreur de la comédie française.
10. Monsieur Papa
On le sait tous, Kad Merad tourne trop. Alors en 2011, il s’est calmé. Ca ne se voit pas trop comme ça mais on le voit moins. Sauf aux Enfants de la Télé. C’est fou, ça, à chaque fois que tu tombes sur ce genre d’émissions par hasard, les chances de tomber sur Kad Merad sont au moins aussi grandes que de tomber sur une louange de Sarkozy dans le Figaro. Il doit vraiment être trop sympa dans la vie. Cette année, il a joué dans la néo-Guerre des Boutons que j’ai décidé de ne pas les voir. Parce que faut pas déconner.
Du coup, il avait du temps, il a réalisé son film, (rien à voir avec la daube de Maurice Bartelemy). Kad joue lui-même le papa fictionnel. Engagé par une célibattante (joué par la meuf de François Baroin), il se retrouve à incarner un père. Et le fiston qui va vite comprendre qu’on se fout un peu de sa gueule. Et évidemment, ils vont commencer à s’aimer. Happy end incoming.
Terriblement consensuel, pas vraiment drôle, j’avoue que je l’ai sélectionné pour parler un peu de Kad qui avait vraiment quelque chose à apporter dans le monde de l’humour. Puis il y a eu les Ch’tits, le point de non-retour, le déclencheur d’une nouvelle vague de comédies françaises. C’est en toute logique qu’il y participe en réalisant, peut-être par pur caprice, une comédie familiale bon teint. Ce type était si drôle avant… Devenu réalisateur extrême-centriste, il me fait désormais à la réplique de Mickey dans Rocky III: “Il t’est arrivé la pire des choses qui puisse arriver à un boxeur: tu t’es embourgeoisé”. Kad est en plein round de trop, là. La dixième place, celle du milieu, de l’extrême-centre, c’est ce qui lui va le mieux.
9. On ne choisit pas sa famille
On se la joue journaliste total pour une fois ? C’était un soir un peu spécial. Invité par “un média gay”, je me sentais un peu comme un espion soviétique, le seul hétéro dans cette salle. Je commençais à sentir ce que mes parents ont ressenti quand ils ont déjoué le KGB. De l’URSS, à l’adoption homoparentale, il n’y a qu’un pas. L’ordre du jour touche visiblement la plupart des gens ici. Soudain Christian Clavier vient présenter son premier film en compagnie de la co-star Muriel Robin. Les gens tweetent, les acteurs cabotinent. Les gens sont contents.
Il faut avouer que Clavier fait montre, ça peut paraître surprenant, d’une certaine humilité. Comparé à Kad Merad (voir Monsieur Papa, N°10 du classement), Clavier aura attendu assez longtemps avant de prendre son envol comme réalisateur. Donc oui, humilité est bizarrement ce qui correspond à celui qu’on croyait fondu et recyclé en succursale Sarkozyste.
Humilité double, puisqu’il partage la vedette avec Robin, donc, mais aussi avec Jean Reno. Son “on ne choisit pas sa famille“, titre terrible est un véritable dragon à 3 têtes qui vont se bouffer entre elles. Robin, lesbienne, demande au frère de sa nana (Clavier qui fait du Clavier, impossible de juger ça, parfois il fait mouche) de l’accompagner en Thaïlande. Le faux couple va devoir jouer la comédie pour convaincre un orphelinat pour leur céder une petite fille. Sujet sociétal, l’adoption des couples homoparentaux, la salle chauffée par le sujet jubile jusqu’à ce que débarque Jean Reno, cerbère un peu débile qui veille à débusquer “les pédés” (le mot n’est pas prononcé) qui se font passer pour des vrais couples.
Toute perspective de rire est annihilé à l’arrivé du sympathique Jean. Reno, son problème, c’est qu’il te joue tout comme dans Le Grand Bleu. Ou Les Rivières Pourpres. Ou Godzilla. Il est mo.no.corde. Le seul moyen de faire rire avec l’entité Reno, c’est de jouer sur le décalage. Le gag final, c’est qu’il va tomber amoureux de la jolie Helena Noguerra sans se rendre compte qu’elle est lesbienne. Le style Reno ne marche pas quand il est un “spécialiste” rompu à tous les coups vicieux de son métier. Quoique son rôle le plus drôle de tous les temps, c’est ce spécialiste de la Turquie dans “l’Empire des loups“, qui mange un grec au début du film pour bien montrer qu’il est un expert de la question. “Tu ne comprends les gens que si tu manges leur nourriture”. Best réplique ever.
Malheureusement, dans “On ne choisit pas sa famille” il n’a pas l’occasion de briller, intentionnellement ou pas.
La meilleure prestation de l’année 2011 pour Jean Reno sera donc les publicités Toyota au Japon où il incarne Doraémon. Gambare, Jean !
“Nobita-kun, Hisashiburii”
“Takekopta !”
Son meilleur rôle sera-t-il les publicités japonaises ?
8. Low Cost
Le pire pour un film avec un avion, c’est de dérailler dès le tarmac. Les films de l’ancien Robin des bois Bartelemy, on a l’habitude qu’ils soient pourris. Mais de la comédie humaniste “PAPA”, tournée à la “T’aime” (Never forget, Patrick Sébastien), il trouve plus volontiers un ton qui lui correspond ici… C’est-à-dire un peu apathique. Grosso modo, c’est un Y’a-t-il un pilote dans l’avion, mais tourné avec la dimension de Palace (qui tient surtout par ses personnages plus que par la réa, je précise), un cachet série TV qui n’est pas sans rappeler Marc et Sophie (un des rares exemples qui me viennent comme ça).
Dès que l’avion décolle après des heures coincées à l’aéroport, on bascule dans “un autre chose” indescriptible de non-humour.
Malheureusement, il entraîne tous les acteurs dans sa chute libre, de Darmon (mieux dans Bienvenue à bord) à Vincent Lacoste (mieux dans l’Huile sur le feu). C’est tous les passagers qui sont témoins d’un massacre mal filmé, jamais drôle (potentiel comique de Judith Godrèche, anyone ?)
L’avion atterrit en plein désert au milieu des touaregs, donnant à cette non-comédie le ton juste qu’elle cherchait depuis le début, celui de l’humour colonial. Low Cost occupe donc une case très spécifique qu’on pourrait se résumer à une “comédie bamboula“. Pathétique.
7. Les mythos / La Planque
Difficile de croire que ces films comme ça existent tant ils sentent l’amateurisme et ce, dès l’écriture.
Tout fait cheap dans la Planque, à commencer par le script: un braquage écrit comme une gaudriole avec des vannes scato inconcevables pour un œil débutant. Mais au fond, c’est très logique pour une production Europa Corp qui réalise encore une fois un miracle cette année, produire un de mes films préférés de l’année (Tree of Life), un film de Besson dont tout le monde se fout (The Lady avec ses 6 baisers et un indonésien qui tremble un gun à la main dans la bande annonce, ça m’ennuie un peu de l’avoir) et ce genre de navet. En fait, la comédie bas de gamme est toute une tradition chez Europa, qui se perd malheureusement.
Après les quatre Taxi nuls d’anthologie, leur comédie franchouillo-poujadiste était au point mort. J’adore Taxi, un puissant mètre-étalon de ce qui se fait de pire mais qui en même temps, c’est une série qui n’est jouissive que quand elle est mauvaise, raciste et misogyne. Taxi 2 par exemple n’est génial que parce qu’il recule les limites de la stupidité et du racisme. A contrario, Taxi 3, moins raciste, plus politiquement correct, est considéré comme une “déception” par tout le monde. Il y aurait beaucoup à dire encore sur les Taxi et si j’en avais le temps, je me ferais une spéciale Europasploitation pour en décrypter les codes et le langage… La Planque était une tentative de Guy Ritchie-er l’offre, en rajoutant de la musique funk. Le cœur de cible, c’est évidemment le public Taxi. Mais c’est à peine regardable.
Tout fait cheap chez Les Mythos, à commencer par les acteurs, aux gueules pourtant très sympas. Je n’en vois pas un seul à la stature suffisante pour être invité dans un talk show humoriste, même sur la TNT, les trucs nuls où l’on montre les meilleures chutes sur Youtube. Des jeunes de banlieue (comprendre des losers) décident de se faire passer pour des gardes du corps qui vont devoir protéger une héritière belge. Elle se contredit dès ses premières scènes. La première, elle saccage sa chambre comme Paris Hilton. Okay. La deuxième, elle décide de devenir proto-écolo. En une seule scène, bim. Côté basculement, Anakin est battu.
Les acteurs jouent mal mais mieux que la plupart des pros qui seront en haut de ce top. A défaut d’être drôle, les mythos est donc généreux. Ce qu’on dit des beaux losers.
Le point commun de ces deux films, c’est un : ils n’ont sans doute pas le soutien financier d’un grand studio (quoique, Europa ?). Ils n’ont pas Kad Mérad au casting. Ils n’ont pas fait un seul plateau TF1. Même pas Denisot. Rien. D’ailleurs je me demande s’il y a un autre fou en France qui se soit farci les deux cette année. Peut-être qu’ils attendent le Direct-to-Dvix ?
Il y a 4 bande-annonces pour les mythos… Voici l’une d’elles.
La planque, donc…
6. Ma part du gâteau
J’ai déjà consacré un article assassin au dernier Klapisch, le mec qui réalise un peu toujours le même film mais en moins bien. En touchant à la comédie sociale donc la meilleure incarnation est cette année “les femmes du 6ème étage”, Klapisch se vautre dans la débilité profonde. Pourtant, on voit bien qu’il a fait de son mieux pour faire un film “sur la crise”. Mais quand ça veut pas, ça veut pas.
D’un côté, Gilles Lellouche, trader de la City revenu en France (comprendre ici que La Défense, c’est la cambrousse de l’argent facile). Il déteste les amis, il est malpoli et déteste les gosses, à commencer par le sien. Il déteste même sa vie. “Putain j’ai une vie de merde” dira-t-il. Débarque “France” (bonjour la métaphore de boulet, jouée par une Karine Viard pas crédible pour un sou), une chômeuse de Dunkerque pour faire le ménage chez lui. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que le bâtard qui a fait fermer l’usine où elle bossait, c’est Gilles, parce qu’il y avait des thunes à se faire. Il la baisera, car hé, comme si on n’avait pas compris qu’il est sans morale. La fin est presque aussi bête que le film: Viard se fait embarquer par la police tandis que la foule en colère s’apprête à lyncher Gilles et là… cut. No. Fucking. Shit.
Klapisch fait malheureusement partie des réalisateurs des années 90 qui avaient la vista et n’y arrivent plus, un peu comme Chatiliez et son terrible Agathe Clery.
En tout cas, Ma part du gâteau peut s’enorgueillir d’avoir involontairement la scène la plus drôle de l’année… France à sa fille: “tu vois, il faut lancer le pain plus près des petits canards, sinon ils se font voler et taper dessus par les gros canards”. “Mais on s’en fiche !” répond sa fille. Devant la gravité de la réponse de la fille, France lui fait les gros yeux et lui crie dessus : “mais comment ça, on s’en fiche ?!” Une scène d’une bêtise inimaginable, que même Jean-Marc Sylvestre n’aurait imaginé possible, une scène qu’on appellera à jamais “le Capitalisme expliqué grâce aux canards”.

Le meilleur du pire de la comédie française en 2011 (2/4)
Dec 28th

Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, partie 2, du numéro 15 à 11
Note: je réponds aux quelques questions qui me sont revenus. Non, désolé, j’ai décidé de m’en tenir aux comédies stricto-sensu. Je sais bien que The Lady de Luc Besson avait l’air bidonnant (“Celui qui ne pleure pas va devoir consulter“, sans déconner…) mais à prendre le rire de manière aussi libérale, on n’en sortait jamais. Déjà qu’avec quelques subterfuges, j’ai réussi à en regrouper 22… Now, back to the top.
15. L’huile sur le feu
Je dois faire ici un méa culpa. Avant de voir la bande annonce (calamiteuse) de l’huile sur le feu un titre quand même pré-Max Pécas, je me suis d’abord infligé une vague featurette montrant un bout très mal choisi. Je ne la foutrais pas ici, ça dessert vraiment le film.
L’huile sur le feu reprend l’idée de cette page fantastique de Gotlib dites du “je te tiens, tu me tiens par la barbichette” qui empire, empire, jusqu’au point de non-retour. Sauf qu’ici, c’est des arabes et des chinois, des restaurateurs qui se battent pour l’exploitation d’une terrasse à Belleville jusqu’à ce que merdes s’ensuivent.
C’est très compliqué de faire de bonnes comédies communautaires basés sur le choc des cultures avec des vieux chinois qui jouent en mode “bol de riz”. Dieu que c’est difficile. Et ça devient assez vite saoulant. L’huile sur le feu échoue parfois mais jamais de beaucoup, en tentant des dizaines de pistes comiques. L’arabe incapable. Le chinois gay qui chante Ziggy, la vieille mamie, miroir arabe de la bonne vieille Tzipé Schmoll dans Rabbi Jacob (Janet Brandt, RIP, quel grande actrice)…
Heureusement pour “l’huile”, plusieurs comédiens tirent vraiment leur épingle du jeu, et je ne parle pas des caméos, il y en a assez peu et utilisé à bon escient (les mecs de Kaïra Shopping par exemple), ce qui est quelque chose d’assez rare cette année. La “vieille gauloise” par exemple, joue une hilarante veuve d’un militaire colonialiste qui représenter une bonne moitié des vieilles proprio de Paris qui montent les loyers jusqu’à plus soif. Mais il y a aussi Vincent Lacoste (qu’on reverra malheureusement plus haut dans ce top) qui joue l’idiot du village, un blanc qui veut devenir chinois. Le “beau gosse” exploite un peu son image de Michael Cera à la française, en jouant de manière lunaire, quasiment pas dans le même film que les autres. Il pourrait dire des répliques au pif que ça marcherait, tant son perso a l’air à l’abandon, presque désarticulé quand il n’est pas humilié par des mômes.
Et puis il y a Alice Belaïdi qui devrait prendre le spot de Leïla Bekhti dans quelques années (en même temps, Leïla, elle a déjà un peu le film de sa vie, non ?). Si Alice choisit bien ses films, elle fera de bonnes choses. Tu peux google-imager, totally legal. Ici elle joue la rebeu dure à cuire en jogging. Et goddamn, c’est la plus jolie fille que j’ai vue en jogging cette année à part cette nana, un aprem sur la ligne 14. C’était en mai.
14. Ni à vendre ni à louer
Un ami m’a dit “hé mais ta liste n’est pas valable si tu ne vas voir que les daubes et pas ce qui se fait “d’un peu mieux”. Soit. Ni à vendre ni à louer est une comédie quasi muette qui n’a pas la chance d’avoir des spectacles de claquettes. A la place, on a Jacques Gamblin qui fait du cerf-volant en casquette. Et là, le choc. Gamblin avec sa casquette est le sosie de Kool Shen.
Le reste du casting semble sortir d’un Caro-Jeunet de la grande époque, avec les mêmes gueules improbables de cinoche freak. Suprême comédie bourgeoise pas toujours très drôle mais on voit comment elle fonctionne: de manière lunaire, par ses absences. En gros, c’est chiant et mon système de défense immunitaire me force à m’endormir. Comme si je passais en mode veille. Voilà, j’ai rempli mon quota de comédie intello. On peut passer au vraiment nul.
13. Halal police d’état
Halal police d’état est un de ces films que tu préfères voir un samedi à 10h du mat, la meilleure heure pour ne pas t’en souvenir. Tout cela n’était-il qu’un rêve ?
Je n’ai rien contre le duo Ramzy et Eric mais un jour, ça va se voir qu’ils choisissent très mal leurs films. Pourtant, repomper en version débile l'”l’Inspecteur Tahar”, une série policière algérienne culte, était plutôt une bonne idée. Mais les mecs… l’écriture quoi… Ça sent la paresse à plein nez.
Allez, il y a une vanne rigolote, UNE. Et comme je suis un bâtard, je te la raconte, de mémoire. C’est avant que l’extra-terrestre débarque. Oui car y’a un deus ex-machina avec un extra-terrestre, comme dans Indiana Jones IV (qui nous sommes bien d’accord, n’a jamais existé). Eric et Ramzy sont à la poursuite de nazis dans les sous-sols de Paris. Eric déclenche un mécanisme et s’engouffre dans une porte cachée. “Oh, c’est un passage secret. D’après Lorànt Deutsch, le premier passage secret de Paris date de 1976“. C’est tout. Voili voilà… On va dire qu’Eric & Ramzy attendent encore “leur grand film”.
12. L’art d’aimer
Encore une comédie classée “intello” mais à la vérité, je suis surpris. Je l’imaginais bien plus haut dans ce classement (comprendre bien plus nul) de l’humour français. Emmanuel Mouret, je suis déjà mort d’ennui dans un de ses films, celui-là même où il entretenait un triangle amoureux avec la blonde de la minute blonde (qu’il fait jouer pour se la taper, I guess ?) et Dany Brillant (pas mauvais acteur mais visiblement dirigé comme une tanche). Sans doute les deux heures les plus dures que j’ai passé devant un film de ma vie, à tel point que, fait rarissime, j’en suis sorti avant la fin. Insoutenable.
On m’avait annoncé que c’est du “Mouret en moins bien” et en fait, non, au final c’était supportable. Du marivaudage parigot dans sa caricature la plus éhontée, avec une collection d’images d’Épinal un peu usantes, une caricature que j’imagine bricolée pour l’export. Pas nul, juste chiant. J’imagine que c’est une victoire.
11. Intouchables
Ah Intouchables. Ces plans à rallonge pour EXPLIQUER QUE LA VANNE EST DROLE. Tu le comprends, que PAS DE BRAS, PAS DE CHOCOLAT, c’est drôle ? Non ? Alors deux minutes de discussion où Omar t’explique que c’est une vanne. ET QUE C’EST DRÔLE. Tu le comprends, que Cluzet avec des moustaches de Hitler, c’est drôle ? Non ? Alors on va s’attarder sur Omar Sy, dont la bonne humeur communicative et le rire bruyant va te faire rire. Ce type, c’est le rire enregistréEt je t’avouerais que, reproduit à longueur de film, le procédé m’a bien arraché quelques moments de rigolades. Indéniable charisme d’Omar, on est d’accord, mais de tout les types d’humour, un de ceux que je déteste le plus, c’est celui qui se croit obligé de faire son propre commentaire. “c’était une vanne”, “qu’il est irrésistible” “Ah c’est vraiment hilarant”, tout ça, à proscrire.
Voilà pour la réalisation qui a bien compris ce qui fonctionnait dans le rôle d’Omar dans OmarEtFred, le duo. C’est ça pendant tout le film. Mais tout le monde l’a vu, non ? C’est Denisot qui l’a dit.
J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir car d’autres ont fait pire dans le genre cette année. Mais les comédies basées sur l’argent développent toujours un certain nombre de problèmes, d’ordre quasi-moral. Pas quand elles sont bien faites hein, Un fauteuil pour deux est un de mes films cultes. Car au fond, le vrai thème d’Intouchables ne serait-il pas justement l’histoire de la domestication d’un sauvageon par l’argent.
De toute évidence, les aspects comme la moquerie de l’opéra, l’art contemporain dans sa plus pure démagogie populo sont des rajouts par rapport à l’histoire authentiquement authentique dont s’inspire le film. Ils sont identifiés comme des loisirs de riche, comparé à la danse sur fond de mp3 d’Earth, Wind & Fire, forcément plus cool. Hé, on n’est pas dans la finesse du Goût des Autres.
Mais par contre, aucune moquerie devant l’étalage gras de la richesse. La Maserati plutôt que la Kangoo, cet étalage qui va jusqu’aux œufs de Fabergé, laissé à l’entrée comme moi je pose les Direct Matin en rentrant. Le résultat: grâce à la thune, le sauvageon Driss est dressé. Au lieu de crier sur le mec qui gare mal sa caisse, le gentil qu’il est devenu va lui demander gentiment de bouger son véhicule. Avec l’argent, tout devient possible. Et cette vision frontale de la lutte des classes, au même niveau que dans Camping, me laisse un goût amer.
Image de fin tirée des archives, les vrais protagonistes de l’histoire qui, pour nous le rappeler encore une fois, sont based on a true story comme le veut l’adage. Pour légitimer un film, aussi surement qu’un rire à gorge déployée d’Omar ponctuant sa propre vanne.
Je crois que c’était le Worst. Reality. Placement. Ever.

Le meilleur du pire de la comédie française en 2011 (1/4)
Dec 27th
Le Meilleur du pire de la comédie française en 2011, du numéro 20 à 16
Préambule :
C’est une comédie française nulle de début d’année qui a été le déclencheur de tout ceci. Un moment horrible… Comme une vision : il me fallait encaisser pour analyser ça, les classer rationnellement. Pour ne pas oublier. Une espèce de bushidô cinématographique que j’ai décidé de faire partager ici.
J’ai volontairement fait l’impasse sur certains. Déjà parce qu’il fallait mettre une limite. 20 films, c’est plus qu’un échantillon valable. En réalité, je m’en suis farci encore plus mais 20 était ma limite. Certaines merdes plausibles ont été laissées de côté parce que pas assez “pertinentes”. Les deux néo-Guerres des boutons par exemple. Deux fois le même remake, c’est du gâchis de temps et d’espace. Et puis j’ai refusé de voir la comédie romantique où Clovis Cornillac où il espère faire un enfant à Olivia Bonamy. Au dessus de mes forces… Peut-être pas parce que c’est nul mais Clovis s’est illustré dans mon film némesis de 2010, l’Amour c’est mieux à deux, une sombre merde qui n’est pas sans nous rappeler les-heures-sombres-de-notre-histoire.
J’ai divisé en quatre parties pour éviter que ce soit trop violent (et éventuellement ménager un suspense, pour que tu puisses deviner quels seront les étrons du quinté de tête…). Ce classement va “monter en puissance” puisque sa première moitié ne sera squatté que par des daubes. On va du meilleur vers le pire.
Dernière précision: j’ai une tendance à préférer les films qui se permettent un coup de génie que ceux qui se contentent d’un service minimum ennuyeux. Il faut y voir là une volonté personnelle d’essayer de prendre ce qu’il y a de bon. De toutes manières, pas d’inquiétude, les premiers du classement seront tous à chier.
Je terminerais cette introduction en rassurant tout le monde, cette année, il n’y a pas eu de Nom des Gens.
Un pronostic ?
Voici donc les meilleures places, de 20 à 16. Ça va empirer assez vite.
20. Case Départ
Ca peut choquer mais c’est comme ça, Case Départ fut mon film comique français le plus drôle de 2011. Et comme je les ai quasiment tout cette année, jusqu’au bout de l’horreur… À vrai dire, si on m’avait prédit, au début de cette expérience souvent douloureuse, que ce serait le summum d’une année de poilade française au ciné, je crois que j’aurai été à la fois en colère, dépité et surpris.
Rien ne destinait cet assemblage de bric et de broc à faire rire une seule seconde. Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol ne savent évidemment pas jouer, pas plus que réaliser (ils se sont fait aider par un troisième larron). Je n’aime pas les exploits comiques des deux mecs en question même si je ne les connais que pour leur “carte plateau TV”, soit la même chose que pour le ciné illimité pour nous mais qui te transforme en invité perpétuel à des émissions généralement complaisantes. “Merci d’être formidable, tout de suite le Zapping, la boite à question et la météo” ponctuera le présentateur entre deux de tes habiles saillies.
Mais deux mecs de la France multicolore, deux cousins (rires), un noir sarkozyste odieux et un odieux profiteur noir d’alloc’ se retrouvent en Martinique, en plein Golden Age de l’esclavagisme, on filait tout droit dans une embarcation fragile. Ce qui sauve et même porte le film, c’est qu’il s’assume totalement et va au bout de ses vannes. Quitte à les foirer. La scène très nulle de “la victimisation” qu’a sans doute adoré Eric Zemmour tant elle est incantatoire est contrebalancé par une impro pianissimo de Laurent Voulzy sortie de nulle part et un foursome intergénérationnel inouï. Pourtant rompu aux histoires de voyage dans le temps (je lis des comics et je joue aux jeux vidéo, hé), je crois que c’est la première fois que je vois un time-paradoxe aussi génial.
Ok, ça joue comme des savates, mais le résultat est là, puisant dans l’énergie de l’absurde, proche de La Tour Montparnasse Infernale du duo Eric + Ramzi qu’on va revoir dans ce top, promis.
Case Départ. Mon film comique français de 2011. Still can’t believe it.
19. Bienvenue à bord
Il y a deux comédies impliquant des croisières cette année. Doit-on craindre l’émergence d’une tendance LOURDE de croisièresploitation ? Bienvenue à Bord est la meilleure et de loin. Ho, c’est pas la gloire non plus. Lemercier fait ce qu’elle peut, Gérard Darmon cachetonne (et fera bien pire cette année, on va le voir) et c’est uniquement la présence de Franck Dubosc qui sauve ce film.
Qu’on le veuille ou non (et ça peut faire vraiment mal de le reconnaitre), Dubosc est devenu une sorte de de Funès français des années 2010. Ouais, gros.
Il a un jeu, le sien, s’y donne voire s’y abandonne, corps et âme, comme dans Disco ou Camping, toujours à la limite du suicide artistique. Comme feu-Louis, même dans les films de merde, il y va à fond. Comme un enfant qui dessine des gribouillis, oubliant complètement qu’il est regardé et jugé. Pour lui, truite et dauphin, c’est pareil. Il apparait en monsieur Loyal avec un tatayet à bout de bras alors qu’il est aussi bon ventriloque de rien. Il n’a pas honte, fistant la peluche, tout sourire. Dubosc, c’est cet enfant qui peut faire de grandes choses quand il ne se rend pas encore compte qu’on le juge. Jamais vu son spectacle, thought, pas intéressé.
Il est dans deux des scènes les plus hilarantes de ce top de la comédie française. Mieux que touchant, il sauve un film qui n’avait rien à offrir. Sans lui, ce film ne serait qu’une brave daube. Dubosc, gamin, jusqu’au bout de son humour, toujours.
J’admets que je suis peut-être gentil avec ce film de croisière-là vu que l’autre se retrouvera plus haut, beaucoup plus haut dans ce classement.
18 : Pourquoi tu pleures ? / Les femmes du 6ème étage
J’ai décidé de faire d’une escale par la comédie sentimentale triste. Et la tête de Benjamin Biolay dans pourquoi tu pleures est parfaite pour illustrer ça.
Un de mes compères de visionnage m’avait opposé un niet cinglant, non il n’irait pas voir un film avec lui. A ma surprise, Biolay segmente énormément, au moins autant que Michael Youn. Plus que ses chansons (j’ai pas vraiment écouté), je connais que le personnage de télé et d’interview qui a de l’esprit et qui allume à tout va ses collègues nuls, Sarkozy et généralement le showbiz. Ce mec avait donc, si ce n’est mon affection, au moins un truc qui ressemble à un respect médiatique. “Il m’avait l’air cool”. Dans cette romcom bizarre, il est le futur mari de Valérie “La guerre est déclaré” Donzelli. Il doit se farcir la smala, la famille séfarade qu’est bien sympa mais qui parle fort. S’il n’y avait que ça. Sa mère l’étouffe, sa soeur (Devos, très bien) pareil, ses potes aussi. Du coup il se tape une jolie petite meuf où il se réfugie. Nonchalant, il traine littéralement sa carcasse impavide, comme un pantin articulé à moitié. Et malheureusement pour le film, il se repose trop sur lui et l’étouffe à son tour. On ne rit pas beaucoup sinon de ses souffrances bien visibles. Le film finit par une bande-son enrichie de larmes. AMBIANCE.
“Autre personnage de télé” dans lequel il suffit de mettre une pièce pour qu’il te chante Johnny, te parle politique ou te raconte comment il se touchait quand il était garçon-coiffeur, Luchini est difficile à canaliser dans un film. D’ailleurs, aussi grand comédien de théâtre soit-il, il attend encore LE grand rôle cinéde sa vie. Les femmes du 6ème étage est un vraie comédie sociale où, dans le Paris des années 60, un riche entrepreneur s’ouvre au monde des bonnes de son immeuble un peu comme s’il découvrait Microcosmos. Et son style se marie bien avec celui qu’il doit incarner, un patron charmeur, volontiers joli coeur. Comparé à Ma part du gâteau (qui évoque exactement les mêmes thêmes), on est dans une approche sociale assez intelligente et ludique.
Peut-être le meilleur film de cette sélection ? En tout cas, c’est certainement celui qui est le plus à gauche.
17. L’élève Ducobu
Il n’était pas sur ma short-list de films, sans doute un trauma de l’horrible expérience du Petit Nicolas. Les adaptations de bédé (principalement pour gosses) sont immanquablement nulles. En 2011, les USA ont fait une OPA sur les deux œuvres AAA de la bédé franco-belge (Tintin et The Schtroumpfs, tout deux chroniqué ici)
Pas d’erreur possible, Ducobu s’adresse exclusivement aux enfants, sans jamais essayer de jouer sur les deux tableaux de l’œuvre “clin d’œil” aux parents. Du coup, j’imagine que les anachronismes étranges du film ne dérangeront moins le jeune public, que moi, pas plus qu’Elie qui est en mode Semoun Over 9000. Le mix est vraiment très étrange pour l’œil adulte, ce qui est pour moi une qualité: Ducobu ne fait pas la pute nostalgiste comme le Petit Nicolas. De toute évidence, le résultat est bien meilleur que dans ce dernier, sans doute aussi parce que les enjeux étaient moindres. Un vrai film de gosses vraiment étrange.
16. Les Aventures de Philibert, capitaine puceau
Personne n’a vraiment vu Philibert, passé en coup de vent en salles après un bide monumental. Est-ce le titre, le casting, une thématique “plus gay tu meurs” pas toujours très adaptée… Ou autre chose ? Je suis persuadé qu’ils s’en mordent les doigts car il a été forcément mal “marketé”. Philibert n’est pas une parodie comme les productions ZAZ mais un pastiche, un distinguo sur lequel on a beaucoup insisté lors de la production de France Five (dont le cinquième épisode sort en mai 2012, je vous le rappelle, les mecs).
L’objectif est clair, on n’est pas forcément dans la vanne car on doit respecter toute une série de codes, ce qui a fait toute la réussite d’OSS 117 (d’ailleurs Jean-François Halin a scénarisé Phil. et les 3 OSS). Faut donc aimer les films de capes et épées. Ou alors aimer les gags basés sur une grosse ambiguïté sexuelle (comprendre homo) qui va être le fil conducteur de cette “aventure”.
L’ensemble tient la route, tout en allant puiser dans le registre du non-sens assez anglais, parfois dans l’OSS pur. Cet équilibre étrange et cette subtilité se sent assez dans le personnage d’Alexandre Astier qui joue de manière très pénétré le némesis du film, borderline Star Wars. Un style qui vient percuter celui de Jérémie Rénier en mode pré-Cloclo en collant…
Bon, peut-être que je deviens gentil, mais quand je vois toutes les merdes que j’ai encore à chroniquer avant d’arriver au sommet de ce classement, je me dis que le sort a été cruel avec ce Philibert dont les ambitions étaient bien réelles. Parfois drôle, il vaut le coup d’être vu, ne serait-ce que pour essayer de comprendre pourquoi un tel bide…
Com-Robot