Cinématographe

Le meilleur du pire de la comédie française en 2012 (3/5)
Jan 8th
Partie 3 : du 15ème au 11ème
C’est reparti. Fini le ventre mou, on est dans le vif du sujet.
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
15. Stars 80
Ow boy.
Regardez des chanteurs et des groupes des années 80 ans en train de cabotiner dans leur propre rôle, c’est à peu près aussi excitant que de me mater l’intégrale de Van Loc. Impossible que ce ne soit pas loupé. IMPOSSIBLE. Début de Soirée, Lio, Emile, Image, Jeanne Mas, Peter & Sloane, François Feldman, Desireless. Je te mets pas les liens youtube, tu les connais déjà.
L’idée (économique) de génie, c’est d’avoir transformé un making of d’une de ces tournées des années 80 en film, faux concert à la fin inclus. C’est d’ailleurs vachement bien fait, ces CG, tu crois vraiment que ça se passe au Stade de France (oups, spoilers). Le liant, c’est plus ou moins des sketches plus ou moins bons. Le maximum est atteint par une scène de Cookie Dingler à poil, un fait que la bande annonce s’est bien gardé de nous révéler. J’imagine que c’était dans le but de balancer du lourd pour ce “This is it” de toute une génération dopée à l’Eurovision.
Mais… MAIS ! Il y a des petites pointes de génie qu’il serait malhonnête de laisser passer. Du génie à l’état brut. On le sent tout d’abord quand Sabrina débarque dans le film. Sortie du formol, encore plus bonne que le plus bonnard de tes souvenirs, elle traverse le film comme unesirène refaite, affolant tous les vieux quinqua et plus. La plupart d’entre eux deviennent des antihéros lunaires. D’ailleurs les mecs de Début de Soirée servent des grecs au début. Si quelqu’un sait pourquoi…
De bonnes idées souvent mal exploitées, mais ce n’est rien, RIEN à côté de Jean-Luc Lahaye qui “débarque” en star mégalo, balançant ça et là, je te le jure, des pédo-jokes. Pour voir ça, je paye, oui. Il est de très loin le meilleur personnage de cette armada, de ces X-Men des années 80.
Face à ces héros, il fallait un némésis. Un méchant à couilles, machiavélique. Et Stars 80 a presque le courage de nous l’offrir: Valéry Zeitoun survole le film de ses multiples apparitions. Le producteur musical, cernes dissimulés par un abondant maquillage, est le méchant qui ne croit pas au spectacle, qui leur souhaite de se tirer une balle dans le pied. Malheureusement sous-exploité, malgré son potentiel, Valery Zeitoun est à deux doigts de devenir le Doctor Doom du cinéma français.
Alors, Thomas Langmann, je t’offre mon idée, cadeau. Un grand affrontement où ces anti-héros affrontent les super-vilains les plus puissants de la galaxie musicale, Valérie “Doom” Zeitoun et Pascal “Le Bouffon Vert” Nègre, unis pour l’occasion. Ca s’appellera Stars 81. Appelle-moi, je serais ravi de l’écrire.
14. De l’autre côté du périph’
Ah grand dieu, comme on avait envie de revoir Omar Sy refaire le jeune de banlieue qui débarque dans un milieu bourgeois, c’est tellement inédit. A sa décharge, de l’autre côté du périph a été tourné pile au moment où sortait Intouchables dont il partage autant la thématique que le côté condescendant. Un flic des beaux quartiers et un keuf de banlieue vont devoir tant bien que mal unir leur force dans une enquête commune.
Il serait cruel de dire que “De l’autre côté du périph'” est un produit du succès d’Intouchables. Le tournage de l’un a d’ailleurs commencé en même temps que la sortie de l’autre ce qui dissipe les suspicions. Mais il ouvre une période un peu creuse pour Omar Sy qui va faire la même chose tout en s’en défendant, jusqu’à ce que des réalisateurs expriment au travers de sa sympathie leur propre fantasme. Rigolez pas, c’est ce qui est arrivé à Joeystarr, tour à tour flic, puis homosexuel puis, pourquoi pas, footballeur. En 2013, Joey joue avec Mathilde Seigner, se balade dans le prochain Emmanuel Mouret. Bon dieu, fais gaffe, Omar, même toute la sympathie que tu inspires ne peut pas te mettre à l’abri de ça.
Pour mieux mettre en avant les antagonismes, sont mises en avant deux icônes du polar. Le professionnel avec Bébèl et Beverly Hills Cop, cité au moins 4 ou 5 fois. L’énergie des deux mecs est là, palpable. Le problème vient de l’histoire qui les téléguide de situation en situation. Et bro, si tu veux affronter Beverly Hills Cop en One on One, il faut avoir des couilles énormes et un talent d’impro, une impression de facilité que le script du Périph n’arrive pas à donner. Pile, il embarque de la lourdeur en faisant du perso d’Omar un ancien soufre-douleur d’une banlieue toute entière. Laurent Lafitte réussit à être antipathique ce qu’il faut mais tu le devines déjà, comme Intouchables, l’histoire est condéscendante ce qu’il faut: le banlieusard ne s’adapte jamais, ne comprend rien tandis que le bourge, lui, comprend que y’a du bon à se manger du grec bien gras à Bobigny. Also appelé la morale “Camping”, du riche qui devient meilleur, mais jamais le pauvre, toujours un peu teubé.
Presque grand moment de cinéma, quand l’enquête se poursuit dans un club libertin, obligeant Omar, Laurent Lafitte et Sabrina Ouazini (qui a fait de l’AB Shaper depuis La graine et le mulet et Des hommes et des dieux, elle est superbe) à se mettre à poil. 10 minutes qui ne débouchent sur aucun gag viable. Mon instant préféré de tout le film reste ce moment où Omar brandit son pouce à son néo-collègue qui lui rend, incrédule, à distance, d’une main molle. Presque aussi drôle que les Missed High Five, l’espace de 5 secondes.
13. Sur la piste du marsupilami
Une pensée à ces parents qui ont emmené leur gosse voir le Marsupilami, ensuite obligé d’expliquer ce que faisait le petit chien dans l’oreille de Jamel Debouze. Réponse: il se masturbait.
Chabat, qui avait trouvé un groove si particulier en bricolant son Mission Cléopâtre à la sauce Canal + du début du millénaire, essaye de refaire la même recette. Décalage, anachronisme, phrasé syncopé de Jamel Debbouze “baba, acteurs “vu à la télé”, tout en essayant de respecter l’univers dont il s’inspire. D’ailleurs, c’est assez surprenant de voir comment les éléments du génie de Franquin s’entrechoquent ici. Le Comte de Champignac, Zantafio, boum, le clash.
Le premier problème est bicéphale. Chabat lui-même, alias Dan Geraldo, parti à la conquête d’un scoop en Palombie. Puis Jamel Debbouze, a.k.a Pablito, le guide filou et incapable, qui rêve de retrouver le mythique Marsupilami. Mais qui doit aussi nourrir sa famille. Hé bien, on s’en fout un peu de tout ça.. Il y a clairement une histoire de trop. En lieu et place de ces deux personnages, il eut fallu en imaginer un troisième. Qu’on aurait appelé Dan Geraldo et qui réunisse ses deux quêtes, garantie d’un humour moins poussif, moins “pépito”.
L’autre souci, c’est que tous les comédiens, sans exception, sont moins bons que dans Mission Cléopatre. Dieudonné (pré-maboule), Darmon, Nanty et grand dieu j’ai du mal à croire ce que je vais dire… même les Robins des Bois y étaient meilleurs que Lambert Wilson, Timsit, Géraldine Nakache. Seul Fred Testot a l’air de capter le côté grandguignolesque de l’histoire et s’en sort pas mal. Tandis que Debbouze 2012 est, sans contestation possible, infiniment moins drôle que celui de 2002. En même temps, il est passé par la case “Hollywoo” où tout l’humour reposait sur le concept de “mal parler une langue”. Et ça, des “no comprendo, pépito” il y en a un paquet.
Et le Marsu… Le nid des marsupilamis était l’album de Spirou que j’ai le plus lu dans ma vie, j’avais une idée de la bestiole à laquelle il devait ressembler. Je la voyais un peu sale, hargneuse, le poil sale comme du Russel Crowe traîné dans la poussière. Et le résultat est plutôt… kawaii. Heureusement, il y a un rapport de force assez intéressant dans les CG : le marsu soulève des trucs lourds. On sent même l’impact de ses coups. Une victoire technique, tout comme les coups de poing d’Amazing Spider-Man semblent plus percuter que ceux de Sam Raimi.
En y repensant, la blague qui m’a fait le plus fait rire, c’est quand l’horloge du compte à rebours a fait le bruit du countdown de “24”. Donc oui, on va dire que j’ai moyennement apprécié. Mais au moins, je n’avais pas à expliquer à des gosses pourquoi le chien se masturbait dans l’oreille de Jamel.
12. Plan de table
Statement : j’aime bien Elsa Zylberstein et visiblement, c’est une de ces actrices mal utilisées par le cinéma français. Voilà qui est précisé.
Mais s’il y a bien un film qui porte sur lui toutes les stigmates de la comédie française de ces dix dernière années, c’est bien Plan de table qui se penche sur le douloureux problème du mariage. “Vaste programme”… Par pure flemme, je prends le pitch allociné qui résume très bien l’affaire.
“Suite à un câlin bref, mais intense, la table dressée pour la noce est en désordre. La mariée court se recoiffer, tandis que l’homme replace les cartons sans respecter le plan de table. Le hasard fera-t-il bien les choses ? Ou bien devra-t-il donner un coup de main au destin ?”
Un petit calin bref, comprendre ils ont voulu s’envoyer en l’air sur la table des invités. Même la présentation est tartiflette…
Comme de nombreux films, il va utiliser de multiples points de vue. Pas à la manière de Rashômon, mais plutôt comme dans “Un jour sans fin”, en rebootant plusieurs fois ce moment “fatidique” où les cartons du plan de table sont reposés, pour nous offrir différentes visions du destin. Mais, grosse surprise, c’est ‘achement moins bien que “Un jour sans fin”.
A la fin, on a l’impression d’avoir vu 10 fois le même film, on n’en peut plus, on a envie qu’ils meurent tous. Le pauvre Frank Dubosc, hypé pour rien, est frustré. Il est sous-utilisé au milieu de ces seconds couteaux de la comédie française comme Audrey Lamy, Arié Elmaleh, tous obligés d’aligner les poncifs sans jamais nous rendre un seul de leur personnage sympathique.
Si dans cette liste, il devait n’y avoir qu’un seul film qui puise son inspiration dans la presse féminine, c’est celui-là. Tu vois toute l’affection que je lui porte.
11. L’amour dure trois ans
Je ne suis pas spécialisé en comédiens venus du stand up. Mais je les vois et les identifie à peu près. L’humour ethnique des mecs qui viennent du Jamel Comedy Club, les gus issus de la vague “Bref”. Plus les tauliers comme Guillon qui n’ont jamais rien donné au cinéma. J’avais peur que cela ne soit la même chose avec Gaspard Proust qui incarne jusqu’à l’imitation Fredéric Beigbeder. Et quand je dis imitation, ça veut dire mal jouer. Le frisson de la honte quand viennent les apartés, quand il se met à aligner quelques bons mots sur l’amour face caméra…
Je ne pense pas que cela soit sa faute: depuis, je l’ai revu aux côtés d’Ardisson où il fait le Guillon de droite (assez rigolo). Son style à lui, c’est d’installer une atmosphère étrange, proche du malaise. Mais cela ne colle pas du tout avec Beigbeder, justement. À force de passages télé et de présence médiatique, son image est devenue parfaitement identifiable, celle d’un mec affable, connivent, gentil avec tout le monde et pas mal avec lui-même. C’est lui qui réalise ce film adapté de son propre roman (pas lu) mais où l’on est surpris par sa très forte auto-dérision. Proust ne lui colle absolument pas, surtout quand vient ses quotes qui s’enchaînent des perles. “L’adultère m’a rendu adulte”. (pitié). L’amour dure trois ans, plus que le cinéma du one-liner (que j’adore), c’est la passion de la phrase toute faite. Sur des dizaines d’aphorismes post-publicitaires, seulement quelques uns font mouches. Certaines citent directement Oscar Wilde et d’autres références classes, pour mieux les mélanger avec celle de Beigbeder, tirées de son bouquin (pas lu). Du cinéma de catchphrase qui s’égotrip très fortement, désormais accessible même à ceux qui ne lisent pas. Qui peut désormais entrer par la grande porte coulissante de l’émission à laquelle il participait. Entre la pub et la météo, sans doute avant les Guignols, Denisot terminera ses 3 minutes d’interview par un “Bravo et encore merci d’avoir du talent“. La boucle sera bouclée.
Les autres chapitres de ce dossier:
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

Top movies 2012
Jan 7th
On y va. J’espère que ton modem va à toute berzingue.

Quelque chose de différent
Enfin, chaque année, je faisais un article baptisé le top des “bonnes actrices bonnes”. 2010 & 2011. Malheureusement, il n’y a pas eu de filles qui crèèèèèvent l’écran. Ou plutôt pas de nouvelles têtes, de nouveaux talents qui nécessiteraient une enquête en profondeur. Ou peut-être que je l’ai loupé… Du coup, allons y pour autre chose.
Scène la plus sexy de l’année: Scarlett in Avengers, dilalogues de Whedon
C’est un peu compliqué de faire un worst de l’année vu qu’il risque de se télescoper (et de spoiler) le meilleur du pire des comédies françaises de 2012. Alors, allons y pour quelques mentions spéciales.
Meilleur “Idris Elba” 2013
Quand il joue un cajun dans Ghost Rider 2
Mais en une phrase dans un trailer, Pacific Rim lui vole la vedette.
Le film le plus “hé les mecs, on a découvert Akira, y’a de bonnes idées dedans”
– Prix de la scène étonnement réussie alors que tout le reste du film semble être filtré par Instagram
– Plus mauvaise tireuse à l’arc:
Hunger Games, alors que merde, c’est là où elle est forte !
– Plus grosse scène homoérotique qui se cache même plus:
Sherlock Holmes Game of Shadows
– Meilleur cosplay de chinois de l’année
Pareil
– Film que tu croyais drôle mais en fait PAS DU TOUT
Ted.
– Meilleur film avec une scène de mec menotté qui se fait sectionné la bite par une balle de flic qui refuse de lui ramasser et qui est donc obligé de la récupérer avec sa bouche
21 Jump Street. Et c’est aussi (fucking miracle) un des films les plus drôles de l’année.
– Meilleur film d’action à l’ancienne qui valait vraiment le coup sauf qu’il a été visiblement markété comme une merde.
– Plus grosse crise de fou rire involontaire:
Quand on t’apprend que Kristen Stewart est plus belle que Charlize Theron dans Snow White & the huntsman. Non, vraiment, sans rire, les mecs.
– Prix du film “beaucoup trop furry pour que je ne sorte pas du film”
Les enfants-loups
– Meilleur Fassbender flick (et en plus Meilleur scène de baston sans asiatique impliqué dedans)
– Secret le plus mal gardé de l’année:
– Pire cosplay de Michelle Rodriguez de l’année
RIhanna, Battleship
Enfin, Meilleur Nick Cage loses his shit 2012 pour Trespass

Le meilleur du pire de la comédie française en 2012 (2/5)
Jan 3rd
Partie 2 : du 20ème au 16ème
C’est reparti. Tu connais le système, un voyage masochiste au bout de la nuit des comédies françaises de 2012.
Du numéro 15 à 11
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
20. Le grand soir
Dans l’enfer indéterminé des pavillons de banlieues, entre les échangeurs routiers et les zones d’hypermarchés cosmo-laides, un vieux punk retrouve son frère qui vient de se faire licencier. “Il va le libérer” pour qu’à la fin le film ressemble à un gros n’importe quoi. Du coup, il est amusant de voir, après tout son pataquès, et surtout avant son prochain scandale éthylique, Depardieu dans un caméo altermondialiste. Le Grand Soir est à peu près aussi drôle que Monsieur Sylvestre, la marionnette détournée des Guignols en apôtre du consumérisme et de l’américaniste. Qui, même du temps béni de DélépineHalinGaccio, a toujours été la moins drôle de toutes les routines des Guignols. Quand tu le vois arriver, tu sens le gros laïus sur un-monde-atroce-et-impitoyable qui ne fait jamais vraiment rire. On vient ici pour l’acting destroy : Poelvoorde joue, on le sent, une partition très personnelle de la post-dépression destructrice, déjà visible dans l’affreux Astérix 3. Mais celui qui brille, c’est Dupontel qui incarne ce qu’il fait le mieux, ce qu’il fait toujours : le mec à fleur de peau, ce type qu’on imagine prêt à jeter sur la voie du métro, dans un ravin. Le type qui souffre, de manière désespérée. Que ce soit dans les daubes récentes ou dans ce genre de cinéma indé fauché à la marginalité revendiquée, ce type m’émeut à chaque fois.
Le public pourra y voir un cinéma de crise, alors que du haut de son minimalisme grolandais, le Grand Soir est aussi et surtout une véritable lettre d’amour adressés aux punks à chien. Dieu seul sait qu’ils en ont besoin.
19. La vérité si je mens ! 3
T’avais oublié qu’il est sorti cette année, pas vrai ? Pas leurs comptes en banque.
Tu pourrais croire que cette amitié est toute photoshopé de circonstance. Pas du tout, regarde bien Vincent Elbaz, on sait pas s’il fait semblant d’être là ou bien s’il a renoncé.
Rien de vraiment honteux pour ce troisième feujworld, si ce n’est une immense sensation de paresse, palpable dans un film bien trop long qui aurait mérité un remontage total. Et des vannes qui ne font pas vraiment rire la salle. Sérieusement, ça parle à qui, “il pleure comme une mezuzah” (de mémoire, je ne vais pas pousser le vice à me le remater). Au programme, arnaque, trahison et amitié con-con, soit la même chose que le 1 et très-la-même-chose que le 2 dont il utilise les plots twists principaux. Sauf qu’on les met ce coup ci face aux chinetoques (c’est à peu près aussi subtil que ça). A leur décharge, il n’y a pas énormément de combinaisons possibles pour faire exister une histoire originale et intéressante dans cette univers. Si même le scénario cachetonne, fallait pas s’attendre à un miracle pour une franchise de comédie française. Bon, c’est pas dur, en face, y’a la série des Astérix… Mention spéciale au fabuleux Gilbert Melki, “l’Al Pacino français”. Tout son plot, presque séparé de celui de ses amis est de déjouer le trésor public alors que justement, il est tombé amoureux de la fille du fisc. “Une bien belle histoire par les temps qui courent”
18. Sea No Sex & Sun.
Le portrait doux-amer de trois connards en vacances, sur la plage, en Bretagne. Je pense aux 60,000 gus qui sont allés en salles pour aller voir du Fred Testot faire des blagues bites-couilles sur fond de jolies pépés, qui au final s’en sortent avec un film déprimant sur le couple. C’est un peu le problème de bons nombres de films français : l’affiche trompeuse avec quelques acteurs comiques vu à la tv. Son échec au box-office n’est sans doute pas causé exclusivement par cette affiche, ni à ce positionnement marketing mais on peut légitiment se demander qui a pensé en premier lieu que Sea, No Sex & Sun était une bonne idée. Terriblement no fun, d’où sa place dans le ventre mou des comédies françaises 2012.
17. Camille redouble
Tu vois le style d’un réalisateur comme… prenons par exemple Tarantino ? Des dialogues qui font mouche, le dynamisme cool et surtout une immense, une colossale confiance en lui. Hé bien, Camille Redouble de Noémie Lvovsky est exactement au point le plus opposé du cosmos.
Pendant des années “Avec la participation amicale de Noémie Lvovsky” a été une phrase qui a hanté le cinéma français. Les mots laconiques qui nous annoncent que l’actrice fera une apparition sympatoche dans ton film, quelque chose qu’elle faisait si souvent qu’on s’était presque inquiété pour elle : elle travaille quand, en vrai, Noémie ? La voilà de retour à la réalisation d’une comédie après “Faut que ça danse” qui a très peu swingué dans nos mémoires et un trailer qui fout la patate, youhou.
Elle incarne Camille dans son propre film, soit une “quadra” renvoyée dans son passé où elle n’a que 16 ans. Elle y retrouve celui qui deviendra son mari, mais aussi toutes ses copines de l’époque et ses parents, toujours là. A priori, il n’y a pas de mal à reprendre des concepts déjà utilisés pour en faire quelque chose de nouveau. Malheureusement, il n’y a pas une seule idée nouvelle dans Camille Redouble, rien qui n’ait pas été vu dans “17 ans encore” et surtout “Peggy Sue s’est Mariée” (de Coppola avec young Nick Cage !). Alors que c’est justement dans la confrontation de ce voyage dans le temps qui naissent les fulgurances. Check “Back To The Future”.
La situation devrait porter à rire, tout le concept du décalage temporel est fait pour ça… Mais bon sang, Noémie Lvovsky cabotine pendant tout le film (qui ressemble chaque minute un peu plus à un téléfilm un peu fauché), pour essayer de faire rire, ce qui malheureusement ne vient jamais. En fait, Lvovsky tente de canaliser différentes énergies totalement différentes. Le grand guignol de son jeu, la situation, mais aussi cet humour doux-amer si propres aux Beaux Gosses (d’ailleurs revendiqué avec la présence de Vincent Lacoste et de Riad Sattouf), et puis un peu de références : Camille-adulte est une actrice de série Z, je savais même pas que ça existait comme métier en France. Il faut voir les scènes de Denis Podalydès, d’une mollesse inouïe… C’est à cette mollesse, un vrai vague à l’âme présent dans ce qui devait être une comédie, qu’on voit que Camille Redouble essaye d’être un prototype de “Feel Bad Movie” fantastique, à la française. C’en est trop.
16. Paris-Manhattan
Encore un film habité par l’ombre de Woody Allen. Et de la même façon, encore un New York fantasmé. Décidément, c’est déjà le deuxième de ce classement.
Woody Allen est carrément dedans, par la voix et puis à la fin, en guest star de luxe, comme une apothéose un peu convenue. Tout le propos du film, c’est qu’Alice Taglioni ne perçoit la vie que par son poster de Woody accroché à son mur, avec qui elle dialogue au moindre doute. Paris-Manhattan essaye, comme beaucoup d’autres films avant lui, de canaliser son humour juif newyorkais, en reprenant sa manière d’aborder l’amour et SURTOUT la famille feuj super envahissante. Mais au fond, la vraie star, celle qui supplante Woody, c’est Patrick Bruel. Même en mode chubby avec des kilos en trop, le film lui semble dédié, comme une ode étrange au chanteur de la place des grands hommes. Mais un truc choque. Passe encore la réalisation et surtout la direction d’acteurs hasardeuse… Le clou du spectacle, c’est qu’avant de rentrer dans son pays et sa ville, Woody Allen lance à Alice Taglioni: “this guy is fantastic. You should marry him”. Sans déconner, quoi. On pouvait difficilement faire plus explicite. Mais qui, bon sang, QUI avait vraiment envie de voir un spot de promo cachée pour Patrick Bruel ?
La suite dans deux jours or so.
Les autres chapitres de ce dossier:
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

Le meilleur du pire de la comédie française en 2012 (1/5)
Jan 1st
Partie 1: du 25ème au 21ème
Comme l’an dernier, voici le moment idéal, genre entre le nouvel an et le nouvel an russe, de faire l’autopsie de la comédie française. Ce “truc”, car il n’y a pas d’autres mots, devient donc mon marronnier, un peu comme les voitures brûlées lors de la St Sylvestre. Le but est toujours le même, encaisser le meilleur comme le pire pour ensuite l’analyser méthodiquement, le classer rationnellement. Car je m’en rends compte, là, on a complètement oublié une bonne moitié des films de cette liste. Il ne faut pas oublier. Je m’impose donc cette souffrance, à l’heure où l’on conteste ces acteurs surpayés et d’une industrie sous perfusion. Kudos, le CNC.
Si j’ai l’occasion, je ferais même un point “stats” et aussi un survol des films que je n’ai PAS sélectionné pour cette liste. Oui, car j’en ai vu bien plus que 25. Mais tant qu’à faire, autant prendre le vraiment navrant. Le plus lourdingue.
Cette année, j ai divisé en cinq parties pour éviter que ce soit trop violent (et éventuellement ménager un suspense, pour que tu puisses deviner quels seront les étrons du quinté de tête…). Ce classement va donc “monter en puissance” car on va du meilleur vers le pire.
Et je ressors texto ma mise en garde de l’année dernière: j’ai une tendance à préférer les films qui se permettent un coup de génie que ceux qui se contentent d’un service minimum ennuyeux. Il faut y voir là une volonté personnelle d’essayer de prendre ce qu’il y a de bon. De toutes manières, pas d’inquiétude, la tête de peloton est composées exclusivement de daubes..
Et maintenant, une vidéo rituelle avant le combat. Un pronostic ?
Voici donc les meilleures places, de 25 à 21. Le meilleur. Mais dès le prochain, ça va faire mal.
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
25. Adieu Berthe
La dernière fois que j’ai eu un contact avec Denis Podalydès dans un film comique, c’était dans Neuilly Sa Mère. Il criait sur le petit arabe des trucs hystéros du type “Arrête de couper ta salade avec ton couteau, ça fait grincer ton assiette”. En gros, on s’était quitté en mauvais termes. Et puis il ne faut pas oublier qu’à chaque fois que son nom apparaît à l’écran, on voit en gros “Sociétaire de la Comédie Française“. La pression de l’humour. Et pourtant Adieu Berthe est vraiment rigolo, un vrai regard farfelu sur le business des cercueils, de la mort sur fond de maîtresse et de toutes les petites tracasseries bourgeoises traditionnelles. Woké d’accord, c’est la frange intéllo de l’humour, mais en vraiment mieux qu’avant. Valérie Lemercier réalise la bonne opération de l’année, elle parfaite ici (et mieux que dans Astérix 4, plus bas dans le top). Et surtout elle fait (un peu) oublier les Agathe Cléry et son caméo dans la PIRE comédie de l’année dernière. Elle n’était même pas à l’écran, sans doute
24. Un Plan Parfait
Si seulement on m’avait dit qu’une des meilleures comédies de l’année serait un truc avec Dany Boon et Diane Kruger, je n’aurai sans doute pas fait ce top. Depuis son film “néo-Jean-Pierre Perniste” Rien à déclarer, Dany Boon n’essaye plus de refaire les ch’tits et gravite de film en film, un peu à la dérive. Quand à Diane Kruger, avant ce film, je lui prêtais le même potentiel comique que Isabelle Huppert, tendance la “beauté froide venue d’Allemagne”. Autant dire: ZERO. Attention, un plan parfait n’est pas fabuleux. Juste du travail très appliqué de Pascal Chaumeil, le mec de l’Arnacoeur. Où les femmes “de base” sont vénales, mais elles comprennent à la fin que l’important, c’est le coeur / la fantasie”. Qui est un classique de la comédie française, voir l’Arnacoeur susmentionné ou encore le récent “Hors de prix” où le néo-gigolo comprend deux fois plus vite que l’escort-girl que ce qu’il fait “n’est pas moral”. Quand je dis que, de base, je préfère Apatow, c’est pas une blague.
Mais parfois, il suffit d’une grande scène pour sauver un film même moyen, et un Plan Parfait en a une bonne paire, cachées dans son déluge de clichés de rom-com (avec en plus la fille une fois de plus très superficielle. Dreddy Kruger va découvrir donc la beauté intérieure (ce concept inventé par les moches et les comédies romantiques) de Dany Boon. Il va saisir quelques instants pour faire dérailler la comédie, pour faire le show tout seul. Il est libre, sans aucune retenue. Et bon sang, quand il y arrive, trop rarement, c’est du génie. Ce n’est pas de Funès dans le chewing gum de Rabbi Jacob, rien ne le serra plus jamais, mais c’est dans ces moments-là qu’on sent qu’un film assume pleinement son status de comédie.
23. 2 days in New York
NY, le thème porteur de l’année (on va en revoir un peu plus haut dans ce top, patience). Suite informelle de Two Days in Paris, Julie Delpy continue sur sa même lancée en s’égotrippant en moche avec Chris Rock, à NY. Le choc des cultures va venir de ses parents, en visite le temps d’une expo. C’est beaucoup plus faible que 2 Days in Paris mais on voit facilement le créneau qu’elle cherche à occuper, celui de la comédie indé, une espèce de Woody Allen féminizte & fauché. Rigolo: le caméo mégalo de Vincent Gallo en lui-même, où il distribue sa présence comme une semence divine.
22. Le prénom
On se casse très souvent la gueule à adapter du théâtre au cinéma. On risque à tout moment de tomber dans la pièce de boulevard à gros sabots. Le prénom, c’est du boulevard à fond mes ballons, pas trop cliché mais comme s’il était écrit par Zemmour et random mec de gauche-caviar. Ca commençait mal, une série de portraits alignés par la voix de Patrick Bruel, le genre de trucs qui fout le frisson. Et pourtant il y a quelque chose de l’ordre du plaisir vicieux de voir Patrick Bruel incarner un agent immobilier de droite face à des profs de gauche. De toute manière, si même un suisse arrive, ne serait-ce qu’un court instant, à être drôle, UN SUISSE QUOI, c’est dire qu’il y a quelque chose qui se passe dans cet appartement bourgeois parisien.
21. Les Kaïra
On pensait la banlieue ringardisé pour le ciné depuis la Vengeance (pour le meilleur) et Beur sur la Ville (toujours pour le pire). Soudain, Kaïra, the movie, le film qu’à priori, personne n’attendait.
J’ai l’impression qu’un high concept que tu vois sur Canal Plus, ces pastilles placées entre les programmes ou la meuf météo et 2 minutes d’Apathie, a de fortes chances de finir en film. Bientôt Bref, le film ? Quoiqu’il en soit, les Kaïra est une semi-réussite car il évite les pièges de l’adaptation classique d’un pitch marrant sur 2 minutes et éreintant sur 2 heures. Le miracle ici, c’est que ce mélange de blagues cracra et de vannes de galériens du ter-ter tient environ une heure, pour se déballonner dans son dernier tiers. A un moment, le trio se dissout et le nain disparaît littéralement du film pour poursuivre une carrière de film porno, car c’est bien connu, c’est ce que font tous les nains à l’exception de Passe-partout et de Giant Coocoo. Le film bascule en pilote automatique jusqu’à un final consensuel assez affligeant qui contredit la nature même des personnages tels qu’ils nous sont présentés au début. C’est sans doute ça, le plus grand reproche à faire aux Kaïra: après un début délirant à base de branlette et d’ours, il veut à tout prix s’en sortir façon “tout public”. C’est peut-être le prix à payer pour ne pas sombrer dans le banlieue-movie.
Mention spéciale à Ramzy qui joue ici un incroyable simili Morsay dont il tente de copier les catchlines improbables et le flow dissymétrique.
Coming soon (genre un tous les deux jours). Be there.
Le futur du pire de la Comédie françaises 2013
Wreck-it Ralph
Dec 4th
Wreck-it Ralph, “Les mondes de Ralph en vf”, commence par une réinvention jouissive du jeu vidéo comme mythologie. “Qu’arrive-t-il aux héros de jeux vidéo quand on ne les incarne plus ?” Pour répondre à cette question, Wreck-it Ralph se la joue Toy Story : tout un monde parallèle prend vie dès qu’on ne regarde plus les personnages. Les héros des bornes d’arcade se donnent rendez-vous dans un hub gigantesque, une récré où tout le monde est ami. Un début étourdissant comme seul Pixar savait les faire, et cette fabuleuse image de ces petits mercenaires du plaisir qui soufflent enfin à l’idée de ne plus avoir à faire semblant de mourir pour quelques pièces enfournées dans une machine.
Je me souviens m’être fait la réflexion en voyant le superbe générique de fin de Wall-E. Dans une grande fresque mélangeant de nombreux styles artistiques, tout âge confondu, les animations en pixel art prenaient la relève. Passer après un medley de Egypte ancienne, Grèce Antique, impressionisme, pointillisme était une manière de plus de reconnaître le pixel art comme un courant artistique légitime… et aussi pour Disney de se l’approprier. Dans le jeu vidéo, tous ou presque s’y soumettent, car qui ne voudrait pas être de la fête ? Mario, Sonic, Street Fighter, Pac-Man, même Q*Bert est là pour encaisser quelques vannes. Même… allez, pas de spoilers. Et quand il n’y a pas les licences officielles, on fait en sorte que ça ressemble beaucoup à Halo ou à Mass Effect. Ralph est un film-monde avant tout pour les trentenaires nostalgiques, les hardis vingtenaires du néo-rétro et puis les gosses. De ce point de vue, on a l’impression de regarder enfin “ce” film que des générations de gamers attendaient après s’être enfilé des fadasseries comme Resident Evil. Ou pire. Avec Ralph, on est fier.
Mais le problème de Ralph, c’est qu’il en assez d’être un méchant. Un boss de fin de niveau. Malgré sa thérapie de groupe d’un fatalisme hilarant, il quitte son propre jeu, Fix-It Felix Jr, vieux jeu d’arcade rétro Donkey Kong style pour aller chercher le bonheur et la reconnaissance ailleurs. Panique, sans antagoniste, le jeu est défaillant. Il bogue et se voit menacer de se faire retirer du circuit. D’une mise en abîme du jeu vidéo, le récit retombe sur des rails connus: Ralph est un bourrin maladroit qui casse tout sur son passage mais qui heureusement va devenir meilleur au contact de Veneloppe, une rejeté d’un autre jeu vidéo.
Malheureusement, Wreck-it Ralph souffre du même “défaut” que la majorité des productions Pixar et Disney récentes. Et par défauts, il faut aussi comprendre que les Pixar restent largement au dessus du lot, malgré quelques bonnes surprises comme dragons. Mais ce défaut, c’est de balancer tout au début pour terminer d’une manière si conventionnelle qu’elle décevra. C’est vraiment une constante. Wall-E, mélancolique film post-apocalyptique muet se décharne dès qu’on commence à y parler. Up ! monte tout en haut des cimes de l’émotion, fait chialer dès ses 5 premières minutes pour finir avec des chiens qui pilotent des avions grâce à un os manche-à-balai. Même Brave / Rebelle nous fait miroiter un film féministo-viking avant de finir comme un buddy movie mère-fille. Une fois que Ralph atteint le monde de “Sugar Rush”, un clone de Mario Kart, la moitié du film devient si rose-bonbon qu’on en a mal aux dents. Si mièvre que toute la J-Pop du monde ne suffirait à décrire ces sucreries bubble-gum.
Attention, une heure de buddy-movie avec Ralph (merveilleux John C.Reilly, et François-Xavier Demaison en V.F, pas d’avis) et Veneloppe (Sarah Silverman) est une idée géniale. Mais ce n’est plus le film promis par le hub de jeux vidéo qui sert d’envers du décor. On ne voit finalement que trois jeux et beaucoup de kawaiiries roses bricolées en pain d’épice, comme pour s’excuser de plaire aussi aux filles. C’est dans cette partie qu’on entend des blagues via de douteux placements commerciaux sur les Mentos plongés dans le Coca Cola. Plus de retour en arrière, le schéma de la camaraderie des derniers succès de Disney se met en place et tout devient plus classique. “Sweet”, c’est le mot qui vient à l’esprit.
Trop d’AKB48 tue la JPOP. Néanmoins Ralph est de très loin le meilleur Disney de l’ère Lasseter, très Pixar dans sa manière de proposer un monde alternatif. C’est un film où Sonic fait la morale. Où Zangief se pose des questions sur le pourquoi de l’être méchant. Et c’est aussi un film sur un gros balaise qui casse tout en donnant des coups de poing. Fine by my book.
Wu Xia vs Iron Sky
Nov 21st
Sort of…
[note: Ce texte devait normalement passer dans le cadre des Summer Blockbusters 2012. Ni mon printemps ni mon été ne se sont déroulés comme prévu, ce texte se retrouve donc ici aujourd’hui]
J’adore les films “High Concept” dont l’histoire se résume en une phrase. Pour Wu Xia, c’est facile. Il s’agit de “History of Violence avec du Kung Fu.”
Le plus génial, dans Wu Xia, c’est qu’il n’y a que deux scènes de combat, comme dans le film de Cronenberg, sauf que Viggo Mortensen est remplacé ici par Donnie Yen. J’adore Viggo de tout mon cœur, mais Donnie donne certainement de meilleurs coups de pied sautés. L’autre trouvaille habile, c’est que le premier combat n’en est pas vraiment un. Il sera décomposé comme un whodunnit de base dont un détective chinois (Kaneshiro Takeshi) va recomposer la scène.
Coup de chance, Donnie est sans doute le meilleur acteur qui sait se battre au monde (comprendre: il sait *aussi* jouer la comédie). La sauce finit par prendre, ce qui n’était pas donné vu le trailer et un usage abondant de CG finalement justifié.
Wu Xia est le meilleur film de détective-Kung Fu de l’année et ce, même sans une scène de sexe dans l’escalier. This is about ass-kicking.
Dans une toute autre galaxie, pas si lointaine se trouve Iron Sky. Là aussi, un film qui se résume en une phrase: “les nazis dans l’espace “.
Dans un monde alternatif où Sarah Palin est devenue président des USA, des nazis se sont retirés dans une base secrète sur la face cachée de la Lune. 2018, ils décident d’envahir la Terre (à nouveau ?).
Et c’est un beau bordel. Sont impliqués des jolies nazis/vamps, un astronaute noir qui se fera blanchir la gueule, des nazis très arriérés (ils n’ont même pas l’iPhone 3g !), l’U.S.S George W. Bush et tellement d’autres bidules absurdes. C’est un pastiche à la Austin Powers en bien plus fauché. Ca se voit, qu’il n’y a pas de thunes, que c’est stupide et même que le concept est trop puissant pour un tel film (voir “je me suis fait enculer dans la forêt” dont je parle ici en compagnie d’Abraham Lincoln Vampire Hunter, autre film trop prometteur dans son genre mais bien meilleur que “Snakes on the Plane”).
Then again, c’est l’histoire des Nazis de la Lune qui envahissent la Terre à bord de leur vaisseau de l’espace en forme de croix gammées avec de jolies fräulein dans des blouses soft-porn. Tu dois savoir ce qu’on est en droit d’attendre d’un pitch comme ça.
Total Recall
Oct 3rd
Si j’avais une femme, j’aurais très certainement envie de la voir débouler au ralenti en mettant des high kicks dans une combi noire. Mais si je l’aimais vraiment, je ne la ferais pas jouer dans un remake de Total Recall, forcément voué à l’échec.
Ce qui manque à Total Recall pour être un film à peu près bon, c’est l’espèce de joie de vivre qui se dégage de l’original, déjà une interprétation très libérale d’une nouvelle de Phillip K. Dick. Il est d’ailleurs étonnant que le pape du roman de SF basé sur la parano, le mensonge global et le danger corporatiste soit ainsi devenu une balise de détresse pour un Hollywood en manque de scénario. Le récent Adjustment Bureau, Minority Report ou encore le machin de John Woo et Ben Affleck, soit quelques exemples de l’incompréhension du cinéma pour le matos original.
Donc pas de joie, pas d’humour. So passé. Ça a beau se passer uniquement sur Terre (fini Mars), c’est tellement glauque que tu sais d’avance que tu vas pas t’amuser. Colin “shirtless” Farell regarde la cité cracra depuis son atroce balcon. Il tire la tronche, ce qui lui va mieux d’après les connaisseuses qui se basent sans doute sur une sextape pour avancer ce genre d’arguments. Il fait la gueule, même quand sa femme Kate Beckinsale vient le réveiller en petite culotte. D’ailleurs, j’ai cru voir un faux raccord culotte, quelqu’un me confirmera sur le Bluray. Mais personne ne sourit.
De toute évidence, Len Wiseman a amené avec lui le même filtre maussade d’ennui dont il avait déjà recouvert tous ses Underworld. Je m’y suis toujours, toujours endormi à un moment. Et si même la combi cuir intégrale moulante (une constante chez Wiseman) de Kate Beckinsale ne m’a pas tenue éveillé face à Underworld et sa guerre de vampires contre lycans, tu peux t’imaginer pourquoi j’ai décidé de zapper Twilight.
Mais Kate, indéniablement une meilleure action-movie star que la première Jovovich venue, ne peut rien contre cette impression de “déjà vu en mieux”. Refaire ce film-là, qui plus est un trip sur le mensonge, à peu près de la même manière revient à nous dire que tout ce qu’on a vu n’avait pas vraiment de raison d’être. (Gag: cette fois, Quaid n’est pas la grosse, mais le dude juste derrière, wink au public). Qu’est-ce qui les empêche de remettre ça chaque année ? Total Recall version 2012 met le doigt sur tout le problème de recyclage de l’industrie du cinéma américain. Après lui, avant Judge Dread et en attendant les pillages de Robocop et de Starship Troopers, c’est le futur tout entier qui finit par ressembler à une version alternative en moins marrante de notre passé. Je dis non.
Bonus:
Il ne faut pas oublier le meilleur de Total Recall, à savoir le commentaire audio d’Arnold lui-même qui narre. Tout.le.putain.de.film.
Battleship
Sep 18th
L’été se termine à peine et j’ai déjà reçu une triple dose de Liam Neeson, le génial irlandais qui sautille de blockbuster ringard en badasserie intimiste, en sachant pertinemment que l’essentiel de sa carrière va se jouer là, dans ces rôles de généraux insupportables qui beuglent sur des recrues se la racontant un peu trop. Malheureusement, ici on le voit 5mn, intro, guest, conclusion. Comme s’il avait prédit le naufrage de Battleship.
Battleship est nul. Mais drôlement nul, contrairement à Transformers 2 & 3, qui sont nuls de manière insultante. Nul comme un film où un handicapé patriote affronte à mains nues un extraterrestre. C’est génial.
Pourquoi diable payer des licences à des millions de dollars d’un truc comme la bataille navale si c’est pour en faire une baston contre des extraterrestres. C’est aussi idiot que se casser le cul à faire un film “officiel” League of Extraordinary Gentlemen (nul, d’ailleurs) alors que tous les personnages sont dans le domaine public depuis perpet’.
La seule scène qui justifie la licence, c’est qu’à un moment, les mecs tirent à l’aveugle des obus sur l’adversaire en suivant l’action sur un quadrillage. Vivement que quelqu’un récupère les droits de Docteur Maboule, on va bien se marrer.
Mais même le jeu tiré de Battleship ne ressemble pas tant que ça à une bataille navale mais à un tactics rpg. En plus, il est plutôt pas mal. C’est dire à quel point le film est grotesque: son adaptation en jeu vidéo est meilleure. Un cas de figure inédit dans l’histoire des blockbusters de l’été !
Heureusement pour lui, Battleship transperce la barrière du ridicule à chaque instant. Je parle de barre de lol du niveau d’ID4. Il y a même le jewish comic relief à la Jeff Goldblum dont on attend tous qu’il rentre dans la forteresse avec son Mac pour uploader un virus d’Internet. Oui, c’est si ridicule que ça. La pauvre Rihanna vole les rôles de Michelle Rodriguez dans le rôle de la sergent chef à couilles mais sans succès. Le seul qui a l’air de se marrer dans ce merdier c’est Taylor Kitsch, le sympathique loser de la saison grâce au bateau et surtout au maudit John Carter.
Si Peter Berg a fait son film sérieusement, c’est à crever de rire. J’ai des doutes, quand je vois sa promo en Israël (grand moment de malaise Jovovitch). À un moment, des vétérans de WWII débarquent pour piloter le dernier navire en état de marche. Ralenti à la Bruk’heimmer sur les pauvres vieux dudes, figurants de l’authentique, sur fond de Highway to Hell entre autres virilités, une scène si risible que ça en est désobligeant pour eux. C’est, sans déconner la scène la plus drôle de l’année. Le speech du président dans ID4, c’est rien à côté.
Un grand, grand mauvais film.
Brave, Snow White & the Huntsman, le féminisme déterre la hache de guerre
Sep 12th
L’été de la demoiselle pas si en détresse que ça: d’un côté, Brave, le Pixar des zilliards de polygones de rouquine qui, d’après le titre, va devoir se montrer rebelle mais pas courageuse. De l’autre, Kristen Stewart, la falote Snow White, qui va devoir se montrer courageuse aussi.
Deux héroïnes à chaque fois, deux armes différentes. L’arc contre l’épée.
Brave essaye de se vendre comme un film initiatique à la Miyazaki, alias le-parcours-d’une-jeune-fille-qui-va-découvrir-que-grandir-c’est-très-facile. En fait, il s’agit, et je me demande comment Pixar a pu garder cette information cachée aussi longtemps, d’un buddy movie mère-fille. Par le biais d’un twist forcément absurde, on passe de la comédie avé accents “Game of Thrones” à une histoire beaucoup plus conventionnelle. C’est d’ailleurs le point faible récurent de bons nombres de Pixar: le début d'”Up” balance tout, Incredibles et sa première moitié à la Fritz Lang ou encore Wall-E et sa proposition de monde sans humains, ces films sont toujours si. putain. de. bien. au début. Et avant qu’on s’en rende compte, on finit par avoir des chiens piloter des avions avec des os ou des cosmo-obèses de l’espace ou des trucs encore plus triviaux. Mais ce n’est pas le seul problème de Brave.
Cars 2 s’est fait pilonner par la critique, un mal acceptable quand on fait un demi-milliard de recettes. Enfin, pilonner sauf ici. Mais avec lui et Brave, Pixar est rentré dans l’ère de la vulnérabilité. Ils n’ont plus cette facilité incroyable que devaient maudire Dreamworks et les autres concurrents. Ils doivent lutter sur chaque personnage et chaque rebondissement. Difficile de faire un bon film cohérent quand on vire la réalisatrice pour divergence artistique en plein milieu. C’est déjà arrivé sur d’autres Pixars mais chez Brave, ça se voit.
L’originalité majeure de Brave, c’est de présenter une (jolie) jeune fille rebelle, qui rejette l’autorité de son père mais qui, c’est important, ne recherche pas l’amour.
Mais Disney est bien emmerdé par les récits pour filles. Ils restent populaires mais ne rapportent pas énormément en produits dérivés. Moins que Cars, that is. Alors après le coup “La princesse et la grenouille”, il fallait voir avec quelle maladresse ils ont géré Rapunzel/Raiponce renommé plusieurs fois et finalement sorti sous le nom de “Tangled” aux USA comme pour signifier aux petits garçons: “hé ho, vous pouvez venir le voir, celui-là !”. Car il parait que deux films orientés filles d’affilée, on évite, chez Disney…
Mais c’est comme le journalisme dicté par les “trends“, tu peux être certain que quelque chose ne tourne pas rond. Et comme si cela ne suffisait pas, l’autre grosse production de l’année pour Disney est un amer rappel de cette vérité. Je parle de “Princess of Mars”. Ou plutôt de celui qui s’est finalement appelé “John Carter“. Je ne sais pas si on peut en faire une statistique, mais il y a toujours eu un problème à chaque fois que le ciné hollywoodien a essayé de masculiniser des films qui n’en avaient pas besoin. “Quelle gueule aurait eu Brave avec Brenda Chapman à 100% du processus créatif” est sans doute le mystère le plus intéressant du dernier Pixar.
L’originalité de Snow White & the Huntsman, c’est de présenter une jeune fille, pas forcément rebelle. T’as vu, j’ai pas mis “jolie”, mais je vais parler aussi de cela. La fameuse Kristen Stewart. Enfin, si, dans l’histoire, elle est supposément plus belle que la reine incarnée par Charlize Theron. Mais ici la beauté, on ne le dit pas très fort dans le film, il faut tendre l’oreille, “elle vient du cœur”. Pas de bol, le seul pays où la beauté intérieure compte encore, c’est celui de Blanche Neige, ce qui, dans un sens, est parfaitement logique: c’est un conte de fées.
La reine est si méchante qu’elle croque des cœurs de lapin tout crus comme on mange des chips aux crevettes. L’histoire lui donne même une raison d’être en colère contre tous les hommes, de les manipuler et de leur extorquer leur royaume, ce qui fait de ce Snow White une espèce de “sorcelrape & vengeance” étrange. Je ne suis pas certain qu’il faille donner une raison à Ravenna (c’est son nom) d’être mauvaise, de faire des bukkake mystiques et de manger du lapin pour le breakfast, mais hé, comme ça, c’est plus clair.
Tous les autres éléments traditionnels, plus Disney que Grimm, passent à la trappe. Les sept nains ne comptent pas vraiment, l’un d’eux meurt d’ailleurs en cours de route dans une semi-indifférence. Il y a un passage éhontément pompé sur Mononoke Hime, avec des fées si bizarrement malsaines qu’on les croirait sorti d’Arthur et les Minimoys. La vraie attraction, c’est Thor, beau comme un dieu nordique et surtout qui fait tournoyer sa hache. Une hache qu’il tient comme un tonfa, le genre de détail que je trouve totalement badass. Si j’étais Blanche Neige, je tenterais un truc avec le mec Hemsworth, au pire tu pourras lever son petit frère (as seen in Expendables 2).
Sauf que c’est aussi un personnage néo-féministe, sous-entendu elle préfèrera enfiler une armure de 15 kilos sans entrainement préalable pour aller couper la tête de l’armée ennemie que de se poser avec un dude, même beau comme Thor. Le choix de la guerre, comme la Lady Marian de Robin Hood (de Ridley Scott), mais en moins ridicule.
Sans avoir ni vu ni lu Twilight, je sais ce qui s’y trouve, à savoir une métaphore poussive du sexe comme morsure, de l’amour platonique et de la pénitence par la reproduction. Et à tout hasard, j’ai googlé “Placenta vampire”, juste pour savoir si c’est si bête que ça.
La pauvre Kristen Stewart est obligée de supporter ce rôle trop grand pour elle avec tout ce qu’elle a dans le ventre. Tu sens qu’elle n’a pas grand chose, mais elle donne tout, comme ici pour Snow White. C’est peut-être un mélange de son teint blafard mais la pauvre est à la limite du featuring dans son propre film, à peine une ambiance. Le pire, c’est qu’elle joue tout le temps ce même rôle un peu inconsistant. Je suis méchant: quand elle n’incarne pas comme ici “la beauté virginale”, elle joue une toxico ou une pute aussi surement que son mec se faisait sonder les fesses pendant Cosmopolis (sont-ils ensembles ? Je ne sais). Elle ne mérite sans doute pas tout le mal qu’on dit sur elle, car elle ramène avec elle une aura bizarre. Le malaise est palpable, comme une gêne de l’ordre de l’ennui. A un moment, elle crie, désespérée: “How do I inspire ?” C’est un peu drôle venant d’elle. “Bah, j’sais pas, Kristen…”
Je ne sais pas comment elle y arrive, mais le film se tient. Le miracle se passe, l’actionneur avec Kristen Stewart comme héroïne fonctionne à peu près, essentiellement grâce à la Reine, superbe némesis, véritable méchante Disney IRL. Et puis un Huntsman endeuillé, un peu plouc mais beau comme un dieu asgardien.
L’intérêt de ces deux films tient dans le fait que les héroines n’ont pas l’amour comme objectif. A la fin, elles laissent ainsi la place à d’autres histoires, sans avoir le côté irritant d’un épisode final de série qui se sent obligé de tout casser, de résoudre tous les plots laissés en suspens. La paix est revenue mais hé, demain est un autre jour. Chacun de leur côté, Brave et Snow White ont proposé des versions particulières de Scarlet O’Hara, des héroïnes avec un arc ou une épée.

Lockout
Sep 4th
Dans toutes les saisons de blockbusters, il y a toujours ce film vraiment bon dont tout le monde reconnaîtra dans quelques années le panache indéniable. Ce film, c’est Lockout.
Et pour que les choses soient plus claires: c’est l’histoire d’un flic badass qui doit mener à bien sa mission au milieu d’une émeute dans Maximum Security One, une prison de l’espace. Forcément, il n’y a plus qu’un flic pour sauver la situation. “Il est incontrôlable mais c’est ce qu’ils ont de mieux sous la main.” Le John McClane du jour, râleur, effronté, va devoir sauver la fille du Président des États Unis, justement en visite ce jour-là. Sous-entendu: “parce que c’est une sale petite gauchiste, pas comme son père”.
Et je te le spoile direct, ni lui ni elle ne crèvent. Ils réussissent à sauter hors de la station juste à temps avant qu’elle n’explose et finissent par redescendre sur Terre en parachute, pile en plein Los Angeles. Oui, qu’importe la “légère” friction de la rentrée atmosphérique ou le simple fait qu’il n’y avait une chance sur un milliard de tomber en parachute sur L.A depuis l’espace, l’important c’est que c’est fabuleusement over.the.top.
Maintenant que c’est dit, analysons cette production Europa scénarisé par Luc Besson, la meilleure depuis des années. (Je suis tellement fasciné par les prod Europa que je pourrais écrire un bouquin dessus Ou découper ça en articles ici. Ou alors j’ouvre un Kickstarter pour ça, hmmm). Le programme de Lockout est clair: faire un film d’action ricain, à l’ancienne. Ce que ne sont pas Expendables 1&2 qui occupent un positionnement très particulier, celui du méta-film à couilles, avec des stars passées se moquant ouvertement des icônes qu’ils ont été.
Le John McClane de ce Die Hard dans l’espace, Snow n’a pas seulement un nom absolument ridicule, il a aussi tout le côté roublard qu’avaient les héros des années 80. Guy Pearce qui peut tout incarner joue ici sa carte de futur acteur de blockbuster. Et il ressemble presque à un Bruce Willis jeune, avec plus de cheveux. Cynisme, vannes & cabotinages, le mimétisme est sidérant, à tel point qu’à un moment, il a au bout du fil un flic noir qui essaye tant bien que mal de l’aider (et de faire tampon avec les fédéraux, forcément nuls). Même l’accent incompréhensible des méchants n’a aucun sens non plus, comme il se doit. Serait-ce des irlandais de l’espace ? En tout cas, ils sont aussi irlandais que Hans Gruber était allemand… Je pourrais encore continuer longtemps tellement c’est délicieux d’absurdité. Dès le début, on lui file de un explosif, sous forme d’un gros cadenas de moto, à refermer. Tu te dis, “ok, il va s’en servir genre, vers la fin.” Pas du tout, ce gros bourrin de Snow l’accroche autour du cou du premier mec venu qu’il rencontre dans sa station de l’espace. C’est fabuleux de premier degré.
Tous les clichés y sont, surtout celui de la belle nana qui va s’endurcir. Snow doit faire passer incognito Maggie Grace, la fille du président à la beauté volontiers Baywatch Saison 1 (think Erika Eleniak dans “Piège en haute mer“). Alors il la tire par ses cheveux longs blond platine de bcbg un peu chiante pour la ratiboiser d’une coupe brune à la garçonne. Je me suis longtemps demandé si je devais avouer ici que ce genre de scène est pour moi le summum du crypto-érotisme des actionneurs, il aura fallu qu’une prod française avec des acteurs américains filmé dans random pays de l’est me l’offre. Le blockbuster US de base n’est pas mort, il a juste muté. Ses fans ont pris le relais.
Lockout est la meilleure suite non-officielle que Die Hard pouvait espérer. On en regretterait presque de ne pas l’avoir vu en VHS, VF, circa la fin des années 80. Die Hard dans l’espace, tout simplement.
Ow cette voix off. <3
Com-Robot